Devons nous continuer à utiliser les pitons?

James Titt est fabricant d’amarrages pour l’escalade et il a voulu faire des tests sur la tenue des pitons.
Un article intéressant et inédit, un peu bouleversant quand même en ce qui me concerne…

http://test-materiel-outdoor.fr/news/35/61/Devons-nous-continuer-a-utiliser-les-pitons/d,actualitesfinal.html

Article très intéressant effectivement et bien traduit.

La principale surprise est que beaucoup de pitons lachent très tôt indépendament du placement par défaut de solidité.

Les conclusions ne sont cependant pas totalement alarmistes :

  • Les pitons en acier dur dans du granit semble pour leur part assez fiables, à l’inverse des pitons en acier doux.
  • Utiliser ses propres pitons reste possible à partir du moment ou on peut juger de sa tenue lors du plantage. Le principale problème est celui des vieux clous sur lesquels on ne sais pas grand chose. Utiliser des pitons inox serait un piège , vu que pour certains grimpeurs « brillant » implique « solide », alors qu’en fait la rouille aide à la tenue.
  • Une partie de la problématique est typiquement anglaise, vu que les pitons en place sont utilisés comme alternative aux spits ou gougeons.
    Le titre de l’article, c’est bien « Devons-nous continuer à utiliser les pitons comme ancrages à demeure, ou est-il temps de les retirer du service actif ? »

« it is going to be pot luck whether it was produced from steel rejected by an Italian car company or the best the U.S (and British) steel industry could produce. »
J’adore …

[quote=« jymets, id: 1440497, post:1, topic:127549 »][/quote]
Super intéressant et instructif! Je vais modifier certaines de mes pratiques et changer de pitons…
Merci pour ce lien!

Vu la hausse du prix du métal, dans pas longtemps on pourra plus s’en payer des pitons !!!

Rien de nouveau à l’horizon.

C’est connu depuis la nuit des temps : tout piton planté n’engage que celui qui l’a posé, sans être certain qu’il sera à cent pour cent efficace.On fait de son mieux, en fonction de la configuration du rocher et du matériel disponible sur soi (éventail de pitons).

Quand on arrive à hauteur d’une difficulté notoire, le fait de trouver un piton rassure, en ayant à l’esprit qu’il ne ne remplit pas forcément les conditions maxi de solidité.Soit on le remplace (moins bonne des solutions, se séparer d’une belle cornière, ça fait mal au coeur ! ou par économie physique), soit on le double (sangle, cordelette), soit on s"y fie corps et âme parce que le rocher ne présente aucune solution alternative (rocher compact).

Rappel : les pitons en acier « mou », c’est pour le calcaire.Quand on a appris à grimper dans le Sud (calanques) on apprend naturellement ces choses-là, on y est très vite sensibilisé (cotoyer des pitons tendres noircis par la corrosion de l’air marin, c’est quasi-quotidien).

L’idéal, pour la sauvegarde du rocher, serait de tous les remplacer progressivement par des clous à demeure (broches bétonnées, pas de spits ou la problématique se posera à nouveau) (ce qui, paradoxalement, enlève le caractère engagé d’une voie). On ne peut cependant exclure l’usage des pitons dans des circonstances exceptionnelles : sous-estimation de la difficulté, erreur d’itinéraire, etc…

Par ailleurs, on nous parle de pitons tendres dans du granit !!! A mon avis, c’est pas vraiment leur vocation, d’où des problèmes de tenue…

Enfin, il y a un paramètre qui n’est pas mentionné : c’est la longueur du piton.Elle détermine sa tenue au même titre que sa composition.Les deux éléments sont indissociables.Une longue lame en métal « mou » verrouillée (déformée) dans une fissure est indélogeable (c’est un piton d’assurance). Le même qui fait seulement 8cm sera un piton de progression.Inutile de lui demander l’impossible.

Bien que pratiquant et appréciant l’escalade sur coinceurs, j’ai beaucoup de mal à comprendre une éthique qui accepte les pitons à demeure mais pas les spits dans les sections qui ne peuvent pas être protégées autrement. L’article montre bien que cette solution n’en est pas une et pose un vrai problème. Nettoyer les fissures des vieux pitons qui y trainent, quitte à rajouter un spit ou deux là où on ne peut pas faire autrement me semble de loin la meilleure solution…

Rapport très intéressant! merci!

Posté en tant qu’invité par oggy1:

très interressant;
le pire placement se rencontre souvent par chez nous :confused:
les voies en trad ont souvent des pitons dans les pas durs ou tire clou improtégeables autrement; ma dernière rencontre avec un truc comme ça s’est soldée par une fracture de colonne, je serais assez pour le remplacement par des goujons de 12; ou tout enlever et laisser les gens se débrouiller. on pourrait parler aussi des pitons à compression, spits de 8 et autres plaquettes alu, bref : de la nécessaire maintenance des équipements fixes

Posté en tant qu’invité par Rurp:

Rien de bien nouveau.
L’article orignal http://www.thebmc.co.uk/is-there-a-future-for-pegs-in-british-climbing
La question a été abordée à diverses reprises sur ce forum.

J’aime bien aussi l’article caribou.

Je sors.

Posté en tant qu’invité par herve:

Si James Titt avait eu à dépitonner les clous d’un certain Crespi G., il n’aurait certainement pas écrit le même article… et c’est pas Jymets qui me contredira !
Ce qui nous ramène à un autre vieux de la vieille marseillais qui écrivait : « Quand je garantis un piton, on peut y accrocher un porte-avion. »

Celui qui trouve l’auteur de ces lignes gagne un… « as de coeur » !

Merci pour le lien, très intéressant.

A moi l’as de cœur! C’est le Grec!

:cool:

Arf, trop tard!

[quote=« herve, id: 1440835, post:12, topic:127549 »]Si James Titt avait eu à dépitonner les clous d’un certain Crespi G., il n’aurait certainement pas écrit le même article… et c’est pas Jymets qui me contredira !
Ce qui nous ramène à un autre vieux de la vieille marseillais qui écrivait : « Quand je garantis un piton, on peut y accrocher un porte-avion. »

Celui qui trouve l’auteur de ces lignes gagne un… « as de coeur » ![/quote]

Ah mais à Marseille c’est pas pareil !! :slight_smile:
Nous y-a la rouille qui sert à la fois pour donner le goût à la bouillabaisse et qui cimente en même temps le piton dans le caillou.
Du coup vaut mieux déplacer la falaise que de sortir le clou :stuck_out_tongue:
C’est pour ça qu’on évite de tomber peuchère :lol:
salut Hervé :wink:

Posté en tant qu’invité par Cyrill:

Hello,

Très intéressant comme document.

Pour ma part j’essaie un maximum de remplacer les pitons de relais fixes par des coinceurs, si cela est possible.

Il coûtent moins cher qu’un piton et sont beaucoup plus facilement contrôlables par les cordée suivante, ou par moi-même si je reviens 5 ans plus tard.

Pas besoin de marteau aussi, et en plus on a aujourd’hui bien plus l’habitude d’utiliser des coinceurs que des pitons!

En Patagonie par exemple, la pratique de l’alpinisme et bien plus récente que dans les Alpes, et les alpinistes qui ont du équiper des voies de descente en rappel on préférer laisser des coinceurs qu’ils ont sans doute utilisé durant leur ascension, plutôt que de trimballer 40 piton!

Après une première réaction à chaud sur ce dossier très intéressant, quelques commentaires qu’il m’inspire :

« …rien sur la solidité du piton…peu de recherches semblent avoir été faites sur la tenue des pitons… »

Le pitonnage est le fruit d’une longue (+ ou - selon les individus) expérience et de pratique sur tous les terrains (essentiellement calcaire/dolomie et granit(e) et reste très subjectif : on ne pitonne pas de la même manière suivant que :

  • qu’on est lucide ou non (diminué par la fatigue, blessure)
  • qu’on est à l’aise ou stressé (conditions météo, de la paroi)
  • l’état du rocher (solide, délité)
  • la nature du rocher (calcaire, aragonite, etc)

Pour un modèle piton donné, d’excellente facture, présentant les meilleures qualités de résistance et d’adaptabilité au rocher, on ne peut garantir une tenue maximale. En aucun cas cela dépend uniquement du matériau utilisé et de la conception mécanique du clou, mais bien de l’utilisateur.L’étude n’aborde que ces paramètres, pas ceux de l’individu et sa capacité à utiliser les pitons dans des conditions optimales.

« …un peu de rouille n’est pas mauvais car le coeeficient de frottement dans le granit(e) d’un piton légèrement rouillé est 20% supérieur à celui du même piton sans rouille… »

Faut-il en déduire que les pitons rouillés sont préférables à ceux flambant neufs ? Certainement pas et on doit rester vigilant en présence d’un clou oxydé.Comment évaluer ses qualités mécaniques ? Au vu de sa couleur ? Existe-t-il une échelle d’appréciation de l’état d’avancée de l’oxydation ? Va-t-on mettre en place un test (à l’instar des analyses !) que l’alpiniste frottera
sur le clou et qui virera d’un ton clair vers le plus foncé en fonction du degré d’oxydation ? Plus sérieusement, en présence d’un clou rouillé, la prudence est de mise ! (on l’ignore, on le remplace ou on le double).

« …les pitons en acier doux ou mi-dur vont rester en place parce qu’ils sont impossibles à enlever au marteau une fois placés et trop déformés pour être réutilisés… »

Dieu merci…heureusement que les concepteurs de matériel ont prévu qu’un piton soit planté pour tenir ! Devrait-on planter un piton avec l’idée qu’il faille tout en mettre en oeuvre pour que celui-ci soit facilement récupéré, au détriment de la sécurité ?!

« …mythe n°2 : …dans tous les tests ces pitons étaient constamment et de loin, les plus mauvais, qu’ils soient déformés ou non… »

Faux, ou très excessif.Un piton en acier doux est adapté au calcaire (pas au granit(e).Sa qualité mécanique lui permet de se verrouiller par déformation en épousant la fissure.Normal qu’il soit difficile à enlever et si, par bonheur, on y parvient, le clou a tellement pris de coups (à la pose mais aussi à l’extraction) que le nerf de l’acier, affaibli, rend dans la majorité des cas sa réutilisation impossible…

Il faut par ailleurs faire la distinction entre une lame (plus fine) et une cornière (en « U ») beaucoup plus résistante et moins déformable.

Ajoutons que la capacité d’un clou à résister à l’arrachement suite à un choc ou simplement au poids du grimpeur (sur ses étriers par exemple) découle :

  • du sens de la traction : un clou planté perpendiculairement à la paroi est préférable à celui planté à 45° comme préconisé dans certains manuels (selon mes propres observations en artif’ notamment)
  • de la longueur de lame enfoncée (ainsi, un piton branlant mais suffisamment enfoncé aura toutes les chances de résister à un choc qu’un piton solidement frappé jusq’à la garde mais plus court (piton de progression).

« mythe n°3 : …au contraire, la résistance maximum a été obtenue quand les pitons étaient « frappés à mort »… »

Ne pas frapper un piton « à mort ».Un coup « de trop » et c’est la solidité de l’ensemble qui peut être compromise (nerf de l’acier brisé, fissure détériorée, jeu du piton dans son logement).

Le son clair d’un piton est un excelelnt indicateur mais ne remplace ni l’expérience ni l’observation.

Conclusion"pitons en place : sont-ils bons ou mauvais ?"
Tout piton trouvé en place doit être considéré comme suspect.La règle « on l’ignore, on le remplace ou on le double » s’applique donc.Dans la progression, il peut néanmoins constituer une aide appréciable quand la situation le réclame :

  • le seul endroit disponible pour fixer un piton est celui occupé par le clou à demeure (rocher compact) (spits exclus)
  • la difficulté du passage impose la rapidité et exclut la possibilité de mettre un clou en place
  • aide psychologique non négligeable

Le renouvellement des vieux clous au profit de clous neufs entraîne une détérioration du rocher.Un vieux clou peut se casser lors de l’extraction et rendre impossible la mise en place d’un neuf.Il faut donc le laisser en place avec la prudence qui s’impose quant à son utilisation (pour l’assurance ou la progression ?).Bien entendu, leur utilisation pour le rappel est à proscrire.

A mon sens, la solution idéale consiste à poser des clous scellés (en doublure des clous traditionnels à demeure qui « mourront de leur belle mort ».Pour autant, on ne peut exclure totalement l’usage de pitons traditionnels (erreur d’itinéraire, sous-estimation de la difficulté d’un passage, relais ou descente imprévu(e), installation d’un bivouac en paroi, fissure ne pouvant recevoir les coinceurs, etc).Oui, les pitons traditionnels ont encore de beaux jours devant eux, en complément des coinceurs.

A mon vis, le plus frappant dans ce style d’étude et dans les commentaires, marteau excepté, c’est :

  • le fait que les autres soient toujours considérés comme des imbéciles incapables de comprendre une réalité complexe,
  • le besoin de légiférer, de créer des règles strictes s’appliquant systématiquement !

Mine de rien ce second point constitue à mon avis le cancer du monde moderne :rolleyes: : déresponsabilisation, perte de sens dans le travail de chacun réduit à l’exécution d’un process , perte de liberté …

Pour le fond des tests, rien de nouveau sous le soleil ou sous les embruns britons …

Faut-il encore être sûr que le piton se soit déformé, c’est à dire que le fond de la fissure soit tordu, et suffisamment, en « S », pas un simple arrondi !
Ce qui n’est pas facile à voir car par définition un tel piton se plante dans une fissure de 3 à 5mm de large…
Quand j’ai commencé en TA, j’avais entendu que les pitons mous était pour le calcaire, à cause de ses fissures tordues. Du coup, j’ai éliminé d’emblée les coinceurs nécessitant des fissures planes, entre autre les ball-nuts que je ne savais pas poser dans des fissures tordues à l’époque (et qui sont de toute façon plus facile à poser dans des fissures planes).
Et à la première voie un peu difficile, je me suis fait chier à protéger difficilement avec des coinceurs/friends alors qu’il y avait plein de fissures faciles pour les ball-nuts. Car selon les nuances du rocher, il y a bien sûr de nombreuses fissures planes en calcaire, en particulier les fissures fines, à piton. Et inversement, il y a plein de fissures tordues en granite.

Et par expérience de plantage et surtout déplantage de qq pitons, je pense que les pitons durs sont moins adapté au calcaire car si la fissure n’est pas parfaitement plane, la moindre bossette risque de déformer le piton de façon élastique, ajoutant un énorme frottement qui peut empêcher son dépitonnage, et donc empêche d’utiliser ce piton en piton de progression (que le second enlève).
Mais ces petites bossettes sont bien insuffisantes pour coincer un piton mou : on le sort sans trop de difficulté, mais quand même un peu plus difficilement que si la fissure était bien plane. Par contre s’il fait vraiment un S, c’est bien plus difficile.
On constate facilement que parmi les pitons mous à demeure, les moins branlants sont les pitons les plus épais, c’est à dire les moins mous…

Tout ça pour dire que ce n’est pas facile de connaitre la tenue d’un piton de progression mou, que ce soit en granit ou en calcaire, et que les pitons durs sont utilisables en calcaire.
Ensuite, tout dépend son aisance à trouver les bonnes fissures.

Merci de nous avoir fait partager ton expérience.

Il n’y a pas comme une contradiction, là ?