Descriptif du Probatoire Guide de haute montagne 2023

Salut,
Parce que ce n’est pas toujours évident de trier le vrai du faux parmi ce qu’on entend ici et là, voici mes notes sur le déroulement des épreuves du probatoire 2023. J’espère que ça servira à ceux qui souhaitent y aller prochainement. J’ai différencié le factuel des commentaires perso, qui ne témoignent que de ma propre expérience, de ce que j’ai pu entendre les années précédentes, et de mon ressenti.

Liste de courses :
Factuel : Elle est dispo sur le site de l’ENSA, les critères sont très clairs.
Commentaires persos : le jury peut considérer qu’une course rentre dans les critères selon les topos, mais pas selon les critères ENSA (manque de continuité, d’engagement etc.). En ce qui me concerne, la goulotte Pas d’Agonie I (faite jusqu’au sommet du Rognon, avec descente par le couloir E du Rognon) placée en course TD 300m a été refusée. Cela m’a été signalé par mail en me demandant d’en fournir une autre. Ainsi, il est bon de ne pas être ric rac sur la liste et d’avoir un peu de marge.

Entretien individuel :
Factuel : Pour le préparer, nous avons reçu les infos suivantes :
Avant l’interrogation de votre liste de courses, vous devez exposer oralement pendant 5 minutes votre projet professionnel (vous avez la possibilité d’avoir des notes avec vous).
Cet exposé doit présenter 4 parties bien distinctes :
Présentation personnelle (Identité, lieu de résidence, cursus personnel et professionnel, diplômes obtenus, origine de votre apprentissage…) ;
Motivations pour rentrer en formation dans le cursus du D.E. d’Alpinisme Guide de Haute Montagne ;
Les qualités et compétences que vous estimez être primordiales pour le métier de guide de haute montagne. Votre vision personnelle de votre pratique future du métier de guide ;
Le planning prévisionnel de votre cursus de formation dans le temps (dispositif de financement, organisation par rapport à vos activités personnelles et/ou professionnelles.
Vous devrez également exposer brièvement au jury une expérience de renoncement ou de « galère » que vous avez vécue en montagne en faisant apparaître les enseignements que vous en avez retenus.
Le jury s’attachera à évaluer la clarté et la richesse de votre exposé (structuré et synthétique) et votre aisance à l’oral.
À l’issue de votre exposé, le jury pourra vous questionner pendant maximum 5 minutes.
Cela dure 10 minutes ; puis après cette présentation le jury nous interroge pendant 30 minutes sur notre liste de courses, avec pour objectif de pouvoir décrire les courses : le contexte, l’approche, le déroulement, la descente…
Commentaires persos : Cette épreuve a un côté « examen scolaire » stressant, surtout lors de l’attente derrière la porte. En ce qui me concerne les 2 guides membres du jury m’ont tout de suite mis en confiance. La présentation perso permet d’aborder des sujets annexes légers : où on a grandi, où on habite, notre boulot etc. Ainsi la discussion est détendue lors de l’interrogation sur la liste de courses. Grosso modo, le jury m’a demandé de parler de quatre courses différentes ; à chaque fois, j’ai simplement raconté la course comme je l’aurais raconté à un pote qui s’y connait bien en montagne, donc en donnant des détails (là c’était le crux, là on a pris le temps parce qu’on voulait pas se perdre, la descente était pénible, etc. etc.). Je n’ai eu aucune question piège. Globalement je n’ai pas été interrogé sur les courses les plus techniques mais plutôt sur celles d’ampleur. Seules quelques personnes ont été recalées à cette épreuve.

Ski :
Factuel : L’épreuve nous est présentée la veille dans le détail (lieu, horaires, critères d’évaluation etc.). Dans notre cas, il fallait avoir un sac de 6 kgs minimum toute la journée. La montée doit être réalisée dans un temps imparti, mais aller vite n’apporte pas de points supplémentaires. Dans notre cas, nous partions par vagues de 8 du parking des Grands Montets jusqu’au sommet du télésiège de la Herse (1350m D+, efficace, jalonné donc sans risque de se perdre, tracé). Nous avions 2h05 maximum, et 15 minutes de repos au sommet. Autrement dit, si tu partais à 8h du parking, tu attaquais la descente à 10h20. La descente s’effectue par groupe de 8 en compagnie de 2 guides évaluateurs. On skie très peu (2 virages max) jusqu’au départ du premier atelier. On est évalué par une note sur chaque atelier, et la moyenne des 2 donne la note finale. Chaque atelier dure environs 100 mètres. Le premier atelier, un grand champ de poudreuse traffolée sans obstacles, peu raide (pente type piste rouge). Le deuxième atelier, une première pente, puis un replat suivi d’une courte pente raide (type piste noire, 30-35°) qu’on ne peut pas voir du dessus). Cette pente a été travaillée par les guides le matin même pour être un peu bosselée et verglacée.
Commentaires persos : Il faut savoir s’adapter aux ateliers, et engager au maximum de ce qu’on peut faire tout en restant propre. Ainsi, le premier atelier, il fallait vraiment attaquer, mais évidemment sans finir dégingandé, et également ne pas faire de straight. Le second atelier, il fallait improviser (on ne voyait pas la seconde pente) et attaquer le plus possible, sans se faire malmener par les bosses ou déraper sur la glace. Globalement, on a tout intérêt d’avoir des chaussures 4 crochets et des skis les plus larges et rigides possibles (ça dépend évidemment des conditions, mais pour nous des skis à 100 au patin auraient été idéals). Il faut simplement être sûr de pouvoir les monter dans le temps imparti.
55 personnes ont été recalées à cette épreuve.

Course d’orientation :
Factuel : L’épreuve nous est présentée le matin même, puis on part ensemble au lieu de départ (Servoz cette année). A noter que les autres épreuves de la semaine sont chaque fois présentées en amphi la veille au soir. Pour la CO, on a chacun une carte différente (en tout cas il y a beaucoup de cartes différentes, c’est-à-dire avec des balises différentes). Départ toutes les 3 minutes. On a 2 heures pour poinçonner 6 balises, pour un parcours qui fait environ 10 km et 350m de dénivelé. Les balises sont à des points remarquables (lisière, croisement, épingle, bâtiment isolé, pont, rivière, ligne maîtresse de niveau). Chaque carte contenait une balise qui ne pouvait être identifiée avec certitude qu’au moyen d’un altimètre (c’est-à-dire par exemple à l’altitude 1000m sur un sentier qui monte droit dans la pente). Il n’y avait pas de balises très rapprochées (je dirais toujours au moins 100m entre deux balises). Le fond de carte est un zoom x2 de la couverture top 25 IGN, l’échelle était précisée, il s’agissait donc de 1:12500ème. Il faut poinçonner correctement et impérativement toutes les balises, une balise manquante ou fausse est éliminatoire.
Commentaires persos : ce n’est pas dur, on est loin d’une vraie CO : il faut oublier les azimuts, les repères précis vis-à-vis de talus ou micro reliefs car le fond de carte est peu précis (les IGN TOP25 récentes lissent le relief et atténuent les détails en comparaison des anciennes, pour rendre la carte plus lisible). Globalement il faut raisonner en randonneur, suivre les sentiers en sachant toujours où on est, et courir un peu. Le temps donné est large pour quelqu’un qui court. Peu de risques de se tromper quand on poinçonne, mais il faut prendre le temps de bien vérifier. Les confusions peuvent venir de chemins non marqués sur la carte (par exemple les pistes de VTT, ou les chemins de débardage à l’abandon ; également les bâtiments récents non répertoriés), ou à l’inverse de sentiers abandonnés marqués sur la carte mais qui n’existent plus. Environs 5 personnes recalées.

Terrain varié :
Factuel : Départ de l’ENSA, 1 dossard toutes les 1 minute 30, pour une montée de 1300m à réaliser en moins de 2h15 (cette année l’épreuve avait lieu au plan de l’Aiguille, sous les Lames Fontaine). On a 15 minutes de repos avant la première épreuve, en plus de l’avance faite à la montée. On doit avoir toute la journée les grosses et un sac à dos de 4 kg minimum. 4 ateliers successifs, qui s’enchainent avec peu de repos. Chaque atelier est noté sur 3, il faut avoir au moins 8 à la fin de la journée, une chute ou un 0 n’est pas éliminatoire.
Premier atelier : parcours de bloc chronométré, délimité par un couloir de rubalises, dans un pierrier de gros blocs, technique, avec de pas d’escalade ou de désescalade très court, des franchissements, un peu de pierrier instable, une dalle raide à descendre, quelques virages qui surprennent (il faut rester lucide). Les critères d’évaluation sont la vitesse, la fluidité, l’agilité, la maitrise. Ca dure 2 minutes environs.
Deuxième atelier : escalade en tête à vue, magnésie et gants de fissure autorisés. On grimpe une seule voie, globalement du 5c fissure. L’atelier finit quand on clippe la dernière dégaine. On doit grimper la voie dans un temps maximal (qui est plutôt large pour quelqu’un à l’aise dans ce niveau). Sortir la voie dans le temps donne une note de 2 au minimum.
Troisième atelier : désescalade, en moulinette sur demi cabestan, à vue, magnésie et gants autorisés. Pareil, c’est à faire dans un temps imparti. Dans notre cas du 4, en fissure. Si pas de chute et dans les temps, une note de 2 au minimum
Quatrième atelier : un parcours de bloc en descente, dans un pierrier de gros blocs : il faut courir de bloc en bloc en restant sur les crêtes, descendre des marches (en sautant proprement, ou en désescalade, selon le cas), franchir éventuellement un petit ressaut. Critères identiques à l’atelier 1.
Commentaires persos : La montée se fait assez facilement dans les temps, inutile de courir, il faut simplement se fatiguer le moins possible. Les parcours de bloc ça ne s’invente pas, il faut être agile, c’est très amusant à réaliser pour ceux qui sont à l’aise dans cet exercice, très pénible et stressant pour ceux qui peinent à mettre du rythme. Le premier atelier faisait également sacrément monter le cardio, c’est un atout d’avoir un gros cœur ! L’escalade et la désescalade étaient faciles cette année pour qui maitrisait les verrous, très dure pour ceux qui n’étaient pas à l’aise dans ce style. Les années précédentes, l’atelier d’escalade était plutôt dans le 6a voire le 6b. Concernant les parcours de bloc, il n’est pas évident d’avoir un regard objectif sur sa performance, et la réussite de l’atelier n’est pas binaire contrairement à l’escalade ou à la CO ; quelques personnes ont été surprises de se voir recalées. Environs 15 personnes recalées.

Escalade:
Factuel : Cette année c’était au rocher de Leschaux. On est appelés chacun son tour, l’heure de rendez-vous est donnée la veille. Il fallait s’échauffer par ses propres moyens, puis se présenter au contrôle au parking. De là, une heure (obligatoirement) avant notre passage, on attaque la marche d’approche, un peu plus de 30 minutes en marchant très tranquillement. On arrive à l’aire de régulation où l’on attend notre tour, on peut au soit refaire un peu d’échauffement (articulaire, poutre, agripper quelques prises sur le rocher mais pas possible de grimper). Puis on est appelé, on se dirige vers la filière A, B ou C. Chaque filière contient une voie 1 et une voie 2. On s’encorde puis on nous donne le top départ. Il faut alors grimper la voie 1 en moins de 9 minutes (le temps de lecture est compris dans ces 9 minutes). Si on tombe, on redescend, on se repose 12 minutes, puis on repart dans la voie 2, qu’il faut grimper en moins de 10 minutes 30. Pour valider l’épreuve, il faut enchainer en libre à vue l’une des 2 voies. Donc si on réussit directement la voie 1, on a validé, on peut repartir. Concernant le chrono, on peut demander au jury de ne rien nous dire, de nous dire toutes les minutes, de nous dire seulement quand il restera 2 minutes ; on peut aussi lui demander à tout moment combien de temps il reste. Globalement, on a le temps de faire la voie en grimpant normalement et en délayant un peu ; on se met dans le dur si on trompe et on désescalade, et si on est daubé et qu’on doit délayer tous les 3 mouvements. Les prises sont globalement bien marqués (pof sur les prises, et quelques tickets parfois pour orienter la grimpe).
Commentaires persos : L’ambiance est bien stressante sur cette épreuve, on attend beaucoup, puis on grimpe de manière très codifiée (départ dans 3 minutes ; départ dans 1 minute ; top tu peux lire). J’ai vu des grimpeurs de 7c à vue se rater dans la première voie à cause de stress ou d’un excès de confiance. Les voies qu’on grimpait faisaient 20 à 25 mètres. Il y avait des 6c+, des combinaisons de 7a (départ dans l’un, traversée puis fin dans l’autre), des 7a+ tronqués (la voie s’arrête deux dégaines avant la fin), des 6c avec des zones de prise interdites par de la rubalise. Il semble que chaque année la difficulté des voies oscille entre 6c+ et 7a ; pour quelqu’un qui grimpe lentement et à l’économie, il faudra mettre du rythme sous peine de ne pas avoir le temps de sortir la voie ; pour quelqu’un qui grimpe naturellement vite, il y a un peu de temps pour repoffer, lire etc. Le gros avantage de cette épreuve, c’est que tu sais si tu as réussi ; pas besoin d’attendre les résultats le soir. Environs 20 personnes recalées.

Glace :
Factuel : à la mer de glace cette année. La moitié des dossards prend le train de 8h (le dossard fait office de forfait), l’autre moitié celui de 8h30. L’ENSA considérait 1h d’approche puis laissait 30 minutes au premier dossard pour s’équiper et s’échauffer. Derrière, ça part toutes les 3 minutes. Comme le terrain varié, 4 ateliers qui s’enchainent, notes sur 3, 8 minimum pour être admis. Les consignes sont de privilégier le 10 pointes (sauf troisième atelier), et d’être fluide, efficace et en maitrise. Tous les ateliers se font avec un sac à dos de 4 kg minimum, et un seul piolet d’alpinisme classique donc droit ou légèrement courbé (sauf le troisième atelier).
Premier atelier : traversée ascendante droite gauche, longé sur une corde fixe, dans une pente qui permet de progresser parfois en piolet ramasse, parfois en piolet ancre ; je dirais comprise entre 60 et 70° selon les endroits, avec des mini marches formées par le passage pour les pieds. La sortie est plus raide, elle passe en 10 pointes mais peut aussi se faire plus efficacement en pointes avant, à chacun de choisir ce qu’il souhaite montrer.
Deuxième atelier : Désescalade (assurée du haut au demi cab) dans une pente globalement à 60° avec une petite marche à 75° (à peu près hein) ; tout peut se descendre en dix pointes (encore une fois, rien d’obligatoire, beaucoup se sont retournés en pointes avant pour passer la marche).
Troisième atelier : Escalade en tête, mur à 90-95° de dix mètres, on doit clipper les lunules au fur et à mesure, et on doit sortir en moins de 3 minutes. Comme pour l’atelier d’escalade de l’épreuve de terrain varié, sortir la voie sans chute dans les temps garantit un 2 minimum. Pour cet atelier, on se fait prêter un second piolet d’alpinisme classique : on peut choisir entre deux modèles (un droit plutôt lourd et un légèrement courbé, plus long et plus léger) afin de prendre celui qui nous plait le plus (par exemple le plus proche en taille ou en poids de notre piolet).
Quatrième atelier : Traversée ascendante gauche droite, globalement similaire au premier atelier mais avec ancrages de l’autre main donc. De nouveau, tout peut passer en dix pointes.
Commentaires persos : l’épreuve ou personne n’est certain de sa réussite. Comme les parcours de bloc en terrain varié, on ne peut rien mesurer (à part le troisième atelier). Dur d’être objectif sur sa propre démonstration, dur de savoir si on a placé le curseur propreté / engagement au bon niveau. Globalement, le bon conseil (mais qui n’avance pas à grand-chose) est de faire le plus de 10 pointes possible, sans pénaliser sa propreté d’exécution (donc pas de zipettes, de réajustements d’ancrages ou de pieds), tout en mettant le plus de rythme possible. Jusqu’à la fin on n’est sûr de rien, et on a beaucoup de surprises lors des résultats. Concernant l’atelier 3, beaucoup de personnes ont été surprises par la difficulté, en glace on a tendance à privilégier la préparation en 10 pointes, mais je me suis fait la réflexion qu’un peu de dry ou de glace raide récente m’aurait permis d’être plus serein. Il faut savoir que les années précédentes, cette épreuve était un vrai atelier de piolet traction dans un mur bien raide avec piolets ergo. Cette année, la configuration des glaciers a fait qu’il n’était pas possible d’avoir accès à un mur suffisamment raide pour faire ça en piolet ergo, d’où les piolets droits. Egalement concernant cet atelier, ça parait con, mais avoir des petits gants avec un bon grip, ça aide. C’était le dernier jour, l’attente des résultats l’après-midi était vraiment très dure. Environs 20 personnes recalées.

Semaine montagne
Factuel : Après la dernière épreuve, on nous explique en amphi comment cette semaine va se dérouler. On insiste sur le fait que le but n’est plus de faire ses preuves mais de démontrer qu’on a bel et bien l’expérience montagnarde qu’on est censés avoir via notre liste. On insiste également sur le fait qu’on garde les bénéfices des épreuves validées pour l’année prochaine (donc si on se fait recaler à la semaine montagne, on n’a pas besoin de repasser le skis la glace etc. l’année suivante ; on refait uniquement la semaine montagne). On se retrouve lundi matin à l’ENSA, on rencontre notre groupe de la semaine (un guide examinateur et 3 candidats ; toute la semaine, on évolue en deux cordées, 1 encordé avec l’examinateur, et 1 cordée autonome). On file faire des manips aux Gaillands pour réviser les bases de la sécu pour cette semaine (s’encorder, relier des points, faire un rappel, …). Puis on check la météo, les condis, les envies de tout le monde et les courses déjà faites, et on tombe d’accord sur un programme pour la semaine. Certains groupes partent en refuge ou grimpent dès le lundi. Exemples de courses réalisées cette semaine parmi tous les groupes : Ex Libris, Arête des Papillons, Perrons de Vallorcine, Pèlerins voie Carmichael, arête Grutter, Midi Plan, Contamine Grisolle, Tacul arête E, Grandes Jo Arête des Hirondelles, Arête de Jéthoula, Aiguille de Rochefort, Les Jardins de Neptune, Maudit treize, Le Premier matin du monde, Aiguilles Ravanel et Mummery, Drus voie Contamine…
Commentaires persos : zéro stress cette semaine, on a simplement à faire de la montagne comme on a l’habitude, si ce n’est en faisant attention à ce qu’on a dit lundi lors des manips. Il faut également préparer minutieusement les courses, on a le droit bien sûr de faire des mini erreurs d’itinéraires mais il faut être sérieux sur ce point. J’ai trouvé cette semaine encore difficile physiquement, il fallait pouvoir enchainer les courses malgré la fatigue encore présente de la semaine précédente. Le programme dépend beaucoup de l’examinateur qui nous encadre, certains groupes avaient une semaine bien plus fatigante que d’autres. Attention d’ailleurs à la fatigue, un copain a fait une chute lors de cette semaine (zipette dans une cheminée humide en grosses lors d’une course d’arête) et s’est blessé. Personne n’a été recalé à la semaine montagne, à part justement la personne qui s’est blessée et repassera donc la semaine montagne l’année prochaine.

Pour résumer :
La première semaine d’épreuves est très éprouvante, pas tellement physiquement (encore que, on ne fait pas tellement d’efforts, mais ils sont intenses car on donne tout) ; mais surtout nerveusement : on passe beaucoup de temps à attendre et à stresser, on voit les copains être éliminés au fur et à mesure, c’est dur à gérer. Il ne faut pas négliger cet aspect et être préparé mentalement. Au total, sur 170 personnes qui se sont présentées cette année, 48 ont été admises.
La CO, si on a l’habitude d’en faire c’est un jeu d’enfant, sinon c’est bien de la préparer pour savoir quelle attitude et quelles stratégies adopter ; et c’est bien de savoir courir pour avoir le temps de checker les balises avant de les poinçonner. Rester concentré car les erreurs arrivent tout de même, même à des bons.
Le terrain varié, c’est bien de grimper en grosses avec sac à dos avant le proba pour ne pas être déstabilisés ; et c’est surtout bien de se tester à fond dans des parcours de bloc, surtout si on n’est pas trop un chamois. Avoir un minimum de caisse permet d’attaquer les ateliers frais.
L’escalade, il faut être dans le niveau 7a à vue sur tout type de rocher (calcaire, gneiss), et tout type de config (rési, bloc) ; et surtout se préparer mentalement à être au bon niveau d’intensité/relâchement au bon moment.
La glace, pour beaucoup ça change de notre pratique habituelle, donc il faut s’y préparer spécifiquement et assimiler toutes les bases : piolet canne, piolet ramasse, piolet ancre, piolet rampe, croisé décroisé, pas Charlet, trois quarts… Puis les travailler pour gagner en aisance, être propre, et savoir mettre du rythme.
La semaine montagne, rien de spécial, on sait faire.

Bon courage à ceux qui s’y présenteront l’année prochaine !

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Il serait intéressant que tu indiques « factuellement » ce que représente le coût de ces différentes épreuves du probatoire…
J’ai bien l’impression que cela a explosé par rapport à il y a quelques années.
De même il devient de plus en plus « conseillé » d’avoir suivi une formation de préparation à ce proba…
Coût ?
De là à imaginer une pompe à fric ou une sélection par l’argent…
:roll_eyes:

Merci pour ce compte-rendu.

Je tique là-dessus. 90° c’est vertical, 95 du dévers. C’est pas assez raide pour des piolets tractions ?

Intéressant.
A comparer à ce qui se faisait dans les années 70 pour le concours de l’aspi.
Une liste de courses (une trentaine, niveau D minimum).
Une épreuve d’escalade, niveau 6 en grosses (dalles des Chésery, Brévent ou Gaillands).
Une épreuve de glace (Bossons ou Taconnaz) technique 10 pointes, l’influence du père Charlet, qui freinait des quartes fers sur les pointes avants, si je puis dire, étant encore très prégnante à l’époque.
Une marche d’endurance dans les aiguilles Rouges à faire en 5 heures, sac de 13 kg. Départ Chamonix, Brevent, Planpraz, lac Cornu, Index, lac Blanc, la Flégère. C’était toujours la même.
Il y avait aussi un certain, disons « a priori positif » pour les candidats « de la vallée « .

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Le proba a effectivement un cout important pour les candidats. Les épreuves hivernales (liste, entretien et ski) coutaient cette année 143 euros ; les épreuves estivales (CO/escalade/terrain varié/glace) coutent 245 euros ; la semaine montagne coute 553 euros (en internat obligatoire : repas et chambres a l’ENSA, si montée en refuge les nuitées et repas sont payés par l’ENSA).

En effet, une formation de préparation est très utile mais pas obligatoire, ça dépend des personnes et des qualités personnelles. Une semaine de préparation coute souvent 300 à 500 euros. Certains font plusieurs semaines de prépa pour le ski et 4 semaines de prépa pour le proba estival, d’autres font simplement 1 semaine de « proba blanc estival », voire rien.

La sélection par l’argent, je pense qu’elle se fait bien avant, l’alpinisme étant encore malheureusement un loisir de classe sociale aisée.

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Bien sûr que si, mais il ne faut pas raisonner comme ça. Le proba est un examen, où on nous pousse dans des situations « extrêmes » : difficultés élevées, chronomètre, etc., pour voir notre marge. On ne fera sans doute jamais de murs à 95 degrés avec deux piolets droits dans notre vie ; mais ils veulent voir si on en a la capacité. Idem pour la CO, idem pour le 7a (encore que), idem pour les parcours de bloc chonométrés, idem pour le cramponnage dix pointes dans du 70° : Si on sait le faire, alors on a la marge technique nécessaire pour intégrer la formation.

Et puis, c’est un concours, il faut bien faire le tri.

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:+1::muscle:t3:.
Merci pour ce partage qui me ramène 40 année en arrière .
Mais que vous restent ils à apprendre après de telles épreuves de sélection ?! :wink:
J’ai un ami qui n’a jamais compris pourquoi il avait été recalé à l’époque ( 25 ans ) uniquement sur l’épreuve du ski. Il m’en a encore parlé il y a peu . Une chose était certaine : il n’était pas né les skis aux pieds :hot_face:
« Être » guide ou ne pas « être » ? :wink:

La préparation et la conduite d’une course avec des clients ? (plutôt qu’avec des potes surentraînés comme soi).

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Comme dit Sylvain Maurin, « maintenant que vous avez passé la sélection, on va vous apprendre à ne pas vous tuer »
(Je précise que je n’ai pas passé le proba. Dans du 70, en piolet traction je passe tout juste :smiley: )

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En gros la « pédagogie » en direction du client « «néopraticant » :sunglasses: Le tonneaux de Danaïde . :wink:
Et puis savoir réclamer son dû pour faire bouillir la marmite dans l’âtre du chalet familiale niché au fond de la vallée verdoyante :wink: .
C’est parfois une difficulté pour certains quand il s’agit de passer du statut d’amateur à celui de professionnel .

C’est la moindre des choses. Tu travailles gratuitement ?

Salut et merci à Pinguin- teigneux pour cet excellent descriptif …
Il se trouve que j’ai eu mon diplôme de Guide en 1970 et la description des épreuves faites par François est tout à fait exacte …
J’ai toujours trouvé que ce diplôme mettait la barre très haut et le programme 2023 la met encore plus haut …
C’est un peu comme si on formait des cosmonautes pour piloter des petits avions !
Peut être y a t’il toujours un numerus clausus comme cela se disait dans les années 70 ?

Dans les années 70, le numérus clausus (pour parler français: le nombre de places) était de 45, avec une liste complémentaire de 5.

On ne fera sans doute jamais de murs à 95 degrés avec deux piolets droits dans notre vie

Et le jour où tu auras mal évalué la rimaye et que tu n’auras que ton piolet droit et celui de ton client ?

Exact, déjà 50 nouveaux Guides par an, soit 500 en 10 ans, ça fait plus que les clients potentiels ?

S’il y a 50 guides de formés chaque année. Combien meurent, arrêtent ou changent d’activité ? Combien n’exerce pas en pleine activité ?

En 2020, sur un échantillon de 419 guides adhérents au SNGM :
. 34% de guide mono-actif (plus de 50% chez les <39 ans, moins de 30% chez les >59 ans
. 40% des pluriactifs ont leur deuxième activité dans un domaine non sportif.
. Nombre moyen de jour travaillé par an et par guide : 88

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Je pense que beaucoup changent d’activité très rapidement, en général dès que vient le 1° enfant :smiley:
Tout le monde ne s’appelle pas A Robert pour grimper en solo dans du 7A avec les gamins qui jouent au pied de la voie comme à la plage …
Déjà en 70, dans ma promo, nombreux étaient fortement diplômés et n’avaient pas besoin de la médaille pour gagner leur vie : un architecte, un médecin, un journaliste qui deviendra un spécialiste des émissions de montagne, un agrégé d’histoire et plein d’autres talents …
Et chez les profs qui nous encadraient, il y avait aussi des montagnards très diplômés dans de nombreux secteurs autres que la montagne ou l’agriculture …
J’ai le sentiment que la multi activité à démarré en 70 ( j’ai pas dit grâce à moi !)
En 2023 il est probable que 100% des candidats au stage sont super diplômés dans d’autres secteurs …
En tout cas, chapeau pour ceux qui obtiennent la médaille de nos jours vu la diversité et le niveau des compétences nécessaires !
Ah depuis Frison Roche, beaucoup de choses ont changées …

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Cela reflète aussi les pratiques modernes des amateurs qui passent l’année en montagne.
Ski de randonnée, cascade, escalade, trad, alpinisme l’été. Avec pour les jeunes parfois moins jeune un bon niveau dans toutes ses disciplines.

Merci pour ce retour d’expérience super intéressant et avec des infos clés qui sont assez difficiles à trouver.
J’avoue avoir pris peut sur la glace, 95° en piolets droits, et pas avec les deux mêmes, c’est dur, va falloir s’entrainer aha.

Bravo pour ton proba, bon courage pour la suite !

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Attention à bien s’entrainer de façon pas trop spécifique. En 2022, l’ENSA a proposé une épreuve de traversée en glace avec un seul piolet. Les organismes de préformation (CRET, Compagnie des Guides de la Vanoise ou de Chamonix, corps constitués) ont entrainé leurs stagiaires à cela mais l’épreuve de cette année était de la glace raide avec deux piolets droits !