Salut Jonathan,
Petit retour d’expérience un peu similaire à la tienne (je venais d’Auvergne, je ne connaissais personne qui grimpait, je rêvais de façon candide à faire de la montagne, etc…).
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Un premier conseil qui t’as été donné par à peu près tout le monde, c’est de grimper. Effectivement ça te sera toujours utile, même si rapidement tu auras un niveau suffisant pour envisager n’importe quelle course en montagne pour faire tes premières armes. Grimper à bleau est une super idée : tu vas acquérir de la technique, de la force et surtout des sensations. Un crashpad c’est mieux mais si tu n’en a pas c’est pas grave, de toute façon en alpi, surtout au début dans le facile, tu n’auras pas le droit de tomber alors autant t’habituer à savoir où se trouvent tes limites et où tu reste dans le contrôle.
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De ma propre expérience, et je crois que Lulu a ressenti un peu la même chose. Je te conseille surtout de faire des activités de Cardio. Du vélo, ou de la randonnée surtout. Comme je l’ai vécu, l’alpinisme c’est avant tout une question de condition physique, de caisse comme on dit. Mes souvenirs d’Alpi, que ce soit en goulotte, en neige, dans les plus dures comme Mitchka ou dans une course facile comme la Roche Faurio, j’ai toujours ce souvenir d’être à fond en train de cracher mes poumons, surtout dans les approches, les retours pour ne pas manquer la dernière benne, et pas forcément dans les passages les plus difficiles. Entre un niveau 7b à vue et une fréquence cardiaque a 45 au repos, pour l’alpi je choisis la deuxième sans hésitation : à mes yeux c’est le plus important. A voir ce que te diront les autres.
Pour sortir de ce qui est de la condition physique, tu dois découvrir l’univers de la haute-montagne et te familiariser avec :
- Des ouvrages de formations existent, des sortes de bibles de pratique. Il y a la méthode anglo-saxonne, les méthodes françaises et plus européennes. C’est toujours intéressant de les lires car à l’intérieur sont régulièrement évoqués les problèmes auxquels doivent faire face les alpinistes. Tu vas te familiariser avec beaucoup de problématiques (sécurité, bivouacs, matériel, environement) et découvrir des méthodes, des manips, et potentiellement des réponses à la plupart de tes questions.
- Lis également de la littérature alpine. Lorsque je me suis pris de cette passion j’en ai lu des caisses. Ils vont te familiariser au terrain de la haute-montagne, au vocabulaire, aux dangers, à la pratique et ils renforceront ta motivation. Ça ne remplacera pas l’expérience du terrain, mais une fois sur celui-ci, tu intégreras plus vite car ce sera un environnement que tu « connais » déjà. Quelques ouvrages classiques que je te conseille
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- A mes montagnes (Bonatti),
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- Au delà de La Verticale (Livanos)
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- Béghin, l’homme de tête (François Carrel)
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- Prisonnier de l’Annapurna (Lafaille)
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- La liste pourrait être longue si tu en veux plus tu pourras me MP.
Le dernier point qui reste essentiel, c’est celui de te former sur le terrain, car quoi que tu fasse en préambule, c’est en forgeant qu’on devient forgeron. Pour cela il y a des solutions, mais aussi des entraves comme celui d’être à Paris ou tout simplement loin des montagnes (j’y reviendrai).
- Comme il l’a été judicieusement évoqué plus haut : UCPA, Club Alpin (mais attention certains sont plus dangereux et douteux qu’autre chose), éventuellement un guide mais c’est cher. Une autre solution par laquelle j’étais passé mais il faut être assez jeune (et je pense de plus en plus avec l’essort de la pratique) c’est les équipes jeunes départementales. Il y a des sélections plus ou moins difficiles selon les régions (ça dépend du nombre de candidats) et si tu es sélectionné, tu pars plusieurs fois dans l’année avec ton groupe encadré par des guides. C’est très formateur et c’est gratuit. Une dernière possibilité ce sont les formations gratuites organisées par des marques comme Arc’teryx par des grimpeurs pros. Jamais allé mais parait que c’est super. Attention les places s’arrachent et il faut-être très réactif pour espérer y aller. Voilà pour les possibilités de se former, il est très difficile de faire sans l’une de ces solutions, l’escalade en autodidacte ça passe, l’alpinisme beaucoup moins.
- Si tu en as l’occasion, trouves toi un mentor. Quelqu’un de pédagogue, qui sera heureux de t’emmener, de t’apprendre et de partager cela avec toi. Je ne te cache pas que c’est difficile, je n’en ai pas trouvé, par la suite j’ai pu le devenir mais pas par altruisme, plus parce que l’amitié était déjà présente et que j’avais 10 ans de plus que celui que je revoyais vivre ma jeunesse (j’ai bien fait, maintenant c’est lui qui me traîne). Souvent en Alpinisme les gens cherchent des partenaires autonomes et efficaces et souvent pour ça il faut de l’expérience, un débutant est difficile à gérer et vu/vécu comme un boulet en montagne. C’est difficile, mais avec un peu de chance tu trouveras !
- Dernier point et c’est le plus important : je te conseille de déménager de Paris. A moins que t’aies du fric et du temps à ne plus savoir quoi en faire, les trajets coûtent cher et le temps nous est tous précieux. Les grimpeurs vivent généralement prés des montagnes. Ce sera plus facile d’être dans un milieu propice à ta pratique en étant proche de ton terrain de jeu que l’inverse. Un point qui est essentiel et que tu ignores peut-être encore pour l’instant, c’est que ce n’est pas toi qui décidera quand est ce que tu grimperas les montagnes que tu convoites, mais elles. Il faut que les courses (les voies) soient en conditions (avec la neige, la glace, l’environnement change), et c’est compliqué de le savoir quand on est loin. Habiter à coté rend tout plus facile : c’est moins cher, c’est moins loin, on a moins besoin de temps, et c’est moins dangereux car on est moins amenés à prendre des risques. Je me souviens encore des weekend d’Alpi en partant d’Alsace. On fait 4h00 de route, on est crevés, on prends la benne, on arrive au pied de la Modica-Noury par exemple, ah bah les bonnes conditions sont pas là, c’est hyper moyen… c’est craignos, sauf que tu te dis que t’as pas l’occasion tous les jours, que t’as déjà claqué 200 balles pour venir ici, t’as 25 ans t’es pas forcément un génie, alors t’y vas quand même… et là t’as une pratique qui est franchement limite et qui s’inscrit pas vraiment dans le long terme.
Bref. Mon meilleur conseil après ce pavé, si vraiment tu veux faire de la montagne c’est : casse toi de Paris, va vivre près de ta passion, car si tu ne le sais pas encore, c’est chronophage, et la bonne volonté ne suffit pas. Tu es motivé, mais lorsque l’on commence, on a tous envie de bouffer les plus hautes cîmes. Mets toutes les chances de ton côté, si tu veux faire les choses bien ça sera là-haut, et pas sous la Tour Eiffel.
Bonne grimpe, le plus dur c’est de débuter.