Posté en tant qu’invité par Alexis:
Au risque de passer pour un con, je vais vous raconter mon apprentissage :
J’ai appris au CAF a Grenoble, on sortait les mercredi apres-midi. Pdt un an ou deux, je sais plus trop bien, j’avais 13-15 ans par la. Toujours est t’il que, malgré cet apprentissage (qui ne se resumait pas a une courte semaine avec l’UCPA), des erreurs classiques j’en ai fait un max. Je suis descendu en moulinette sur une cordelette passee dans une lunule parceque j’avais bute en troisieme longueur a Comboire. Je suis tombe sous la vire en seconde longueur a Comboire parceque j’avais pas mis de point renvoi. Je suis arrive au relais et la corde est tombee parceque j’avais pas fini mon noeud. J’ai fait tomber ma corde au relais parceque je ne l’avais pas attachee pour faire la manip. Je suis parti trop tard dans une trop longue voie et nous sommes descendus de nuit dans le brouillard et pied nus sur un versant du Gerbier que nous ne connaissions pas et dont nous n’avions pas la carte. En artif, j’ai fait remonter sur corde mon second sur un vieux spit pourri sans renvoi. J’ai assure mon second sur un relais avec des pitons pourris qui sont partis a la main lorsque mon second est arrive parceque je ne les avaient pas testes, … et beaucoup d’autres erreurs que j’ai oubliees.
Maintenant, il m’arrive toujours de faire des erreurs, parfois meme des erreurs de debutant, parceque l’habitude tue l’attention due a la peur de la nouveaute.
Un jour, avec un camarade, il s’est trouve que nous sommes alles faire le couloir sous l’Aiguille du Midi : le Porter-Mallory, avec un grand de l’alpinisme : Erik Decamp … Bon, il n’est pas reste longtemps avec nous, car il allait trop vite dans cette voie en solo (d’ailleurs, plus haut, nous nous sommes decordes avec mon camarade, car il allait plus vite que moi - enplus, il voulait tenter d’en remontrer a Decamp) ; il n’empeche que lorsque nous nous sommes revus le soir, nous avons discute et il nous a parle de formation. Il nous a dit que nous tenions nos piolets comme des crayons, que notre cordee n’etait pas securit, etc … Il nous a dit que des erreurs idiotes, il en avait fait un paquet lors de son apprentissage, et qu’il etait conscient qu’en apprenant nous en faisions beaucoup, et que c’etait ce qui lui faisait le plus peur lorsque son fils irait en montagne sans lui, et ce, quels que soient les conseils et l’apprentissage qu’il aurait pu lui communiquer. Cela m’avait marque …
J’ai des copains qui ont appris tard dans des bouquins et en echangeant sur le tas avec d’autres. Je n’ai pas l’impression qu’ils aient pris plus de risques, ni qu’ils aient fait plus d’erreurs que moi.
Je crois, oui, que l’on peut apprendre « seul » l’escalade, mais en allant toujours chercher des conseils a droite ou a gauche, en bouquinant ou en venant poser des questions ici par exemple lorsque quelque chose ne marche pas, et surtout en se posant des questions a chaque instant. Pour avoir fait beaucoup d’erreur, et pour connaitre beaucoup de belles erreurs arrivees y compris a des gens connus et reconnus aujourd’hui, je crois que la montagne pardonne, contrairement aux hommes, beaucoup plus qu’elle ne condamne.
Alexis, dont l’avis, comme dirait Ben, n’engage que lui.