En 2012 ou 2013 j’ai fait un gros stage de recyclyage du caf dans le Beaufortain. Nous étions plus de 80, pas très jeunes et totalisant à nous tous au bas mot 5000 sorties à ski de rando.
J’ai demandé en assemblée combien d’entre nous avaient récupéré vivant un camarade enseveli grâce au dva.
Une personne s’est manifestée pour un cas.
Une question que je me pose mais qui n’est pas très Charlie est de savoir combien personnes décèdent par an dans une avalanche d’un traumatisme parce qu’ils sont sortis par des conditions limites en pensant que le dva leur permettait en cas de pépin d’être récupérés.
Je ne sors plus beaucoup mais je me sentirais tout nu sans mon dva même si je sais qu’il ne sert pas à grand chose…
De l'utilité des DVA
5000 sorties à 80 , ça fait 60 sorties par personne… j’appelle ça un début en montagne hivernale…
Oui et c’est cela qui me gêne : aujourd’hui la trilogie est obligatoire de façon juridique et sociale peu importe la sortie à ski et on va tout de suite aller chercher des poux à ceux qui voudraient sortir des clous. Dans toutes les autres activité montagne, je ne crois pas avoir ressenti un tel dogme : il y a un vrai choix entre les tendances solo/ultralight et ceux qui emmènent une tonne de matos pour être prêts à tout.
Du coup en ski, on perd cette richesse et ces choix personnels. C’est particulièrement flagrant quand on fait d’autres activités avec un risque d’avalanche : on ne prends le dva/la trilogie que quand on juge que ça en vaut la peine. A partir du moment ou tu as les skis aux pieds, il n’y a plus de réflexion.
Certe le dva c’est 150g. Mais pour mettre les choses en perspectives, 150g, c’est 2 broches à glace. Il y a plein d’équipements qui permettent de sauver des vies en montagne et pourtant on ne prends pas tout.
Même si tu parvenais à interviewer un nombre significatif d’avalanchés (y compris les morts…) il leur serait impossible de répondre à cette question. La décision d’y aller ou non est une somme de paramètres, certains objectifs, d’autres inconscients, on ne peut pas les dissocier un par un pour les peser…
Sans compter qu’une bonne partie d’entre eux ne pensaient probablement pas être en situation limite (c’est mon cas)
Et je ne connais personne qui raisonne en disant c’est bon j’ai le Dva, je peux y aller même si c’est chaud (ça peut être d’avantage le cas pour l’airbag)
Ce qu’on peut constater par contre, c’est que l’explosion de la pratique ces 20 dernières années (en nombre de pratiquants et en temps de pratique) n’a pas fait augmenter le nombre de morts en avalanches. Je ne sais pas dans quelle proportion la généralisation du DVA a pesé dans ce maintien mais on peut penser qu’il a eu son rôle.
80 pratiquants qui n’ont jamais été confronté à un cas d’ensevelissement complet, ça ne fait pas un panel valable pour en tirer des conclusions sur des accidents qui, en nombre, restent relativement rares.
Ca date de 2009 :
Tous les cas d’avalanche annoncés au SLF survenus en Suisse avec au moins une personne entièrement ensevelie et dont aucune trace n’était visible à la surface de la neige ont été analysés.
Sur les 166 victimes, 88 (54 %) ont pu être localisées et sauvées grâce au DVA ; 46 % sont décédées. Si l’on considère uniquement les cas de sauvetage par les camarades, les chances de survie s’accroissent d’environ 70 %
https://www.slf.ch/fileadmin/user_upload/WSL/Mitarbeitende/schweizj/Etter_etal_Notfallausrustung_LesAlpes_2009.pdf
En ski de rando non glaciaire à la journée ( 80-90% de la pratique en moyenne ?) il n’y a pas 36 équipements qui permettent de sauver des vies, kit APS, airbag, téléphone, radio ou balise, bout de corde, quoi d’autre ? Le poids n’est pas vraiment un problème
Peut-être mais ça me parait illusoire de revenir sur le fait que le DVA soit considéré comme quasi obligatoire, au moins en club et pour les pros. Du moins tant qu’on a pas inventé un truc plus efficace.
Concernant les clubs, la question qui fait débat aujourd’hui c’est plutôt l’obligation ou non de porter un casque en ski de rando (mon billet qu’on y viendra assez vite, même si l’utilité me parait moins évidente qu’un DVA)
Et pour les pros l’obligation d’équiper leur clients d’airbag ?
En ce qui me concerne, le DVA ne m’a jamais servi. Par contre le casque me sert plusieurs fois par an, pour des petits chocs la plupart du temps (pierre, branches, chutes). Même pour les itinéraires faciles, je trouve toujours une excuse pour le prendre quand même. Parfois je l’oublie et ce n’est pas la fin du monde (je ne change pas d’objectif), mais j’ai pu apprécier l’intérêt du casque.
Je ne vois pas trop non plus l’interet de la question …
à la limite de l’acheter : c’est à dire d’assumer de ne jamais l’avoir (on faisait bien comme ça avant)
ça peut s’envisager si tu sors avec des gens que tu n’aimes pas et que tu sais n’avoir aucun regret si tu n’arrives pas à les retrouver !
Mais ça, je pense que personne ne l’envisage (ce n’est en tout cas pas ce que tu décris)
Donc, une fois que tu l’as acheté, le laisser dans son tiroir et sortir sans … le mot qui me vient est ridicule (ça ne devrait pas être modéré ça)
Dans le nb total des sorties faites, celles où tu es à 800g près (APS) sont ultra minoritaires.
Et comme tu mets des piles neuves tous les débuts de saisons, autant l’utiliser !
Lis ce post :
Je connais bien le Daniel dont il est question. Je te garantis que le traumatisme de ce genre d’accident, même sans faute (il n’y en a pas eut là) serait encore bien pire (et il a été énorme) s’ils n’avaient pas pu sortir qqun par absence de DVA …
Cotoie qqun dans ce cas et tu verras que la question ne se posera plus du tout …
Si tu fais un peu de montagne tu as du rencontrer plein de paradigmes similaires: noeud en bout de corde, port du casque, corde ou solo, longueur ou corde tendue, mise des crampons, chaussons ou grosses, combien poser de protections etc. Avec malheureusement plein de conséquences tragiques sur certains choix. Pourtant, je ne trouve pas « ridicules » ceux qui prennent des choix différents. Pas plus que de me sentir obligé de prendre la trilogie quand je remonte une autoroute quasi damée et de ne pas prendre d’airbag (j’en ai pas) dans des conditions plus limites.
Sinon il faut pousser la logique plus loin et équiper tous les gens qui se baladent dans un coin enneigé. Ou ne pas sortir du tout si le risque est devenu inacceptable.
Par définition même si tu ne te mets pas dans une situation à risque le DVA est inutile. Très souvent je ne prends pas de DVA, parce que je sais que le risque est nul.
Et combien avaient déjà connu une situation d’avalanche avec des personnes ensevelies ?
C’est la logique des clubs mais pour d’autres raisons que la sécurité de la sortie elle-même. Si je sors en club ce sera avec DVA, pelle et sonde pour les mêmes sorties itinéraires que ceux que je décrivais plus haut. Pas de DVA hors club parce qu’il n’y a aucun risque mais DVA en club au même endroit dans les mêmes conditions pour des raisons diverses et notamment la formation.
Ma mère est décédée par une avalanche en ski de rando, il y a 40 ans, elle n’avait pas de DVA.
Je prends toujours mon DVA en ski de rando. Depuis que je suis papa, j’ai acheté un airbag.
Il est hallucinant que certains se posent la question de savoir si on prend ou pas un DVA…!
En HP on prend le DVA (et le reste !) et on sait s’en servir !
C’est qu’ils n’ont jamais été coffré. Le jour où ils seront pris dans un coin « qui ne risquait rien », ils changeront d’avis.
Qqs questions à se poser pour un skieur régulier qui hésiterait encore :
Y-a-t-il qq part un risque d’avalanche où sommes nous assez infaillibles pour qu’ils soient négligeable ?
Si je suis pris (ou mon équipier), est il possible que je sois enfoui ?
Si on est enfoui, qu’est ce qui augmente au maximum les chances de survie ?
Ce qq chose a-t-il des inconvénients de couts excessif, de poids ou de volume démesuré ?
Ce qqch c’est un airbag (je n’en ai pas)? Ce j’essaye de dire c’est que le dogme du dva est devenu culturel ou societal et que le doute ou l’hesitation font partie pour moi des vertus en montagne.
Les questions, on devrait se les poser à chaque fois et se demander où est-ce que le dva serait utile, à quel endroit on risque d’être enseveli.
Et plus personnellement, une de mes questions actuelle est ; si je prends la trilogie quand c’est safe, pourquoi je n’achète pas un airbag pour les conditions plus limites ?
A ben moi c’est pile l’inverse, il ne se passe pas une saison sans que un ou plusieurs amis aient eu besoin du DVA. Et perso, je l’ai utilisé 3 fois en 35 ans. Mon cercle d’amis et moi n’avons pas la même pratique.
Je suis d’accord.
Il est très rare d’être juste deux personnes (l’encadrant et encadré) dans une sortie club.
Et les cas référencés où il y a plusieurs enfouis sont assez rares (10-20% de mémoire, c’est un ordre de grandeur, je n’ai pas le chiffre exact en tête), ce qui veut dire qu’en sortie club, si tu dois faire une recherche DVA il y a toutes les chances que tu ne sois pas seul, la personne avec numérique sera normalement plus rapide que toi (quoique, ça se discute pour un mono enfoui) et tu lui laisseras la tâche de retrouver la personne dessous, tu te concentreras sur l’appel des secours, la coordination, le pelletage.
Mais ça se discute, je le conçois.
PS: j’ai un vieux F1 de 1992 qui marche toujours et qui n’a pas dérivé en fréquence. Mais désormais j’utilise un tout récent.
@MI2 et J2LH : je trouve personnellement plus simple d’avoir le DVA « à demeure » dès que je sors à ski, sans avoir à me poser la question de savoir si le risque est vraiment nul ou pas ( risque que moi je déclenche ou risque d’être témoin d’une avalanche d’un autre groupe sur un itinéraire plus engagé que le mien). Ca fait un problème de moins à traiter et ça me laisse la souplesse de changer de plan.
Pour ce qui est du poids, la pelle (qui est le truc le plus lourd dans le trio) est parfois bien utile en dehors du problème de l’avalanche.
Moi il ne m’aurait jamais servi (je ne le prends que dans certains cas très spécifiques) mais je me suis dit 2 ou 3 fois que ça aurait été peut-être mieux de l’avoir.
Le risque majeur me semble de faire comme Schumacher… : chute la tête devant dans des cailloux masqués par la neige.
Je trouve ça nettement plus contraignant que le DVA mais j’y viendrai probablement un jour…
En gardant en tête que comme pour les avalanches, il faut tout faire pour qu’il ne serve pas (donc skier avec prudence et pas trop vite quand on ne sait pas ce qu’on peut avoir sous les skis)
Pour éviter de polluer ce fil et pour ceux qui voudraient débattre du cas de l’airbag:
Mes élucubrations intellectuelles sur le DVA tiennent en deux points:
1/ Molière. Les femmes savantes
« Oui, mon corps est moi-même et j’en veux prendre soin:
Guenille si l’on veut; ma guenille m’est chère «
2/ Si ma guenille qui m’est chère dépend de 850g de matériel, je n’hésite pas longtemps, vu que quand on est mort, on n’a plus trop l’occasion de gloser sur DVA ou pas DVA.
Ajoutons que en 90 je me suis fait coffrer bien comme il faut et sans DVA en vertu du principe que l’avalanche, c’est pour les ploucs incapables d’interpréter les signes et que l’électronique n’a rien à foutre en montagne.
J’ai radicalement changé d’avis depuis.
En lisant un sujet connexe sur l’air bag, j’ajoute que le critère DVA n’entre pas en ligne de compte dans le choix des courses.
C’est bizarre comme approche, est-ce que tu fais la même chose pour le casque ?
Perso, à partir du moment où j’en possède un, pourquoi me priverais-je de l’avoir branché sur moi ?
Je ne parle pas d’un risque négligeable mais d’un risque nul.
Ca fait des décennies qu’il n’y a pas une formation où on n’entend pas « Vous constaterez que sur l’échelle européenne du risque il n’y a pas de risque 0, c’est parce que le risque 0 n’existe pas » mais c’est une bêtise.
Le risque 0 n’existe pas pour l’échelle du risque parce que ce sont des massifs vastes qui sont envisagés. A l’échelle d’un itinéraire le risque 0 existe. (et d’ailleurs si c’est risque 0 un jour, c’est risque 0 toujours)
Le jour où je serais pris dans le circuit des Tannes et Glacières au Margeriaz je changerais d’avis mais ce n’est pas pour demain. Pourtant en club je ne le ferai pas sans DVA, pelle et sonde. Avec peut-être 15° de pente, 20° au plus raide, je doute même que la station ait un PIDA.
Je te rejoins, et de toute façon tous ceux qui n’ont pas vécu un vrai secours (et pas qu’un entrainement comme la majorité) sont dans la poésie et sont déconnectés de la réalité de l’intervention, la vraie, celle où ta vie, ou celle d’un autre sont vraiment en situation critique, voire très critique, et quand en plus c’est un enfant qui est « dessous » et bien t’es mal, très mal, pendant que le temps tourne…
Donc lire toutes ces « approximations » sur le DVA ça fait peur. Autant passer à autre chose.