Posté en tant qu’invité par lilounet:
J2LH Pointe Centrale du Sapey : Delit de fuite -
Commentaires personnels :
Ca faisait des années que je n’avais pas refait l’intégrale, c’est vrai que la voie est belle
Rozenn Pointe Centrale du Sapey : Delit de fuite -
Explications.
Délit de fuite avait été la 1ère grande voie de Pascal. Puis la mienne. Mais histoire d’ajouter de l’enjeu, pour moi ce fut : « grande voie sportive avec handicap »… En effet, au bout d’une (désormais aussi) traditionnelle variante de Pascal, je m’étais royalement gauffrée dans le pierrier lors de la marche d’approche. J’avais néanmoins attendu la 8ème longueur (en plein milieu, pour simplifier l’affaire du premier de cordée) pour estimer qu’il serait plus sage d’aller me faire plâtrer le poignet…
Donc, je m’en souvenais bien de cette voie, mais il me manquait les 3 dernières longueurs.
Départ parking : 10h.
La marche d’approche se fait tranquillement : faudrait pas se fatiguer avant d’attaquer les « difficultés » ! Nous aurions dû toutefois nous méfier : sans variante, on ne tenait déjà plus l’horaire…
Départ du pied de la voie : 11h30.
Histoire d’être certains de sortir la voie, nous avions décidé cette fois de shunter les 3 premières longueurs.
Avec une cordée de 3 et une de 2, aucune en réversible, nous pouvons considérer que nous avons pas trop mal grimpé. Tout le monde était satisfait, même ceux qui ont un peu tiré sur les clous pouvaient être contents d’eux.
Pascal est sorti le premier à 16h15. Merci aux deux cordées coincées derrière notre embouteillage d’être resté courtoises.
Pascal avait (ne me demandez pas pourquoi) décidé de redescendre en rappel. Retour de courtoisie : nous avons laissé le « bouchon » se décanter avant de commencer à descendre. Allez savoir pourquoi, nous étions les seuls à ne pas redescendre à pied.
Heureuse idée, disais-je, que ces rappels. Surtout quand il y en a 9 à enchaîner et que tout le monde ne maîtrise pas franchement les manip dans la rapidité… Et ce soleil qui s’estompait…
A un moment, je me suis dis : au rythme où on va, on va finir de nuit dans la forêt. Sauf que je n’avais pas bien imaginé ce que ça pouvait être. Est-ce là la nuance entre idée et réalité?
Retour au pied de la voie : 19h45. Quatre cordes à lover. Deux qui lovent et trois qui bouffent.
20h : début de la redescente en désordre. Pierrier casse gueule, forêt dense, pente raide… Pas de frontale, évidemment… Qui aurait songé à prendre une frontale pour faire Délit de fuite. Qui, hein? A part des anglais…
Et Fédo, parti seul devant, qui décida de ne pas suivre le chemin au motif que « dans le pierrier on voit mieux ». Logique imparable. Il nous fallu donc tous le rejoindre. Sauf que personne ne savait où aboutissait ce pierrier. Ca tombe bien, il aboutissait dans la forêt - enfin, limite maquis par endroit. Dans la forêt, point de sentier; de toute façon, il y en aurait eu un qu’on ne l’aurait pas vu.
Noir de chez noir.
La voie lactée avait beau être splendide, c’était du Halliday dans sa période déprime. Noir, donc.
On a bien dû passer 2h dans à zigzaguer dans environ 200 mètres carrés…
Fédo eu l’intelligente idée de mettre son T-shirt blanc pour faire luciole et de transformer son sac à dos en sac à ventre, c.a.d. en air-bag fort utile au demeurant. En conséquence de quoi, je passerai sous silence le nombre exact de branches qu’il m’a lâchées en pleine poire - à ce stade, toutes les prises étaient autorisées. Casse gueule, qu’on vous dit!
J’ai également tenté de proposer un vote démocratique dans les moments de décision cruciale, arguant du fait qu’à 5, si tout le monde prenait part au vote, nous aurions forcément une majorité nette. Finalement nous avons dû nous rallier à la décision du plus (… NDLR : intervention du modérateur).
Après une pause collective pour cause de besoin pressant et une bonne trentaine de minutes d’avancée dans ce terrain hostile, me sentant légère, je réalisai que j’avais oublié la corde par terre. Curieusement, personne n’émis le désir de faire demi-tour - sauf moi - et j’en suis désormais pour 135 Euros de ma poche (appel à donnation). Dans la série matos perdu, j’avais déjà à mon actif (à mon passif, du point de vue de mon compte en banque) de sérieuses références mais là, je crois que je domine largement la question.
Après avoir secrètement envisagé la possibilité - soyons franc, la certitude - de dormir dans cette forêt, nous avons nénamoins fini par retrouver le parking.
Nous tenons à remercier nos sponsors : les téléphones Siemens et les altimètres Suunto, qui nous ont soutenu dans notre quête de lumière…