Posté en tant qu’invité par Rozenn:
Mer trop agitée, j’ai laissé tombé la chasse au requin et puis c’est pas la saison…
C’est marrant comme ce forum incite à la discussion. Hier j’en ai fait le résumé à mon partenaire de grimpe et on a poursuivi la discussion de notre côté. Lui m’a raconté que la perle rare, il avait cherché pendant 6 ans, après un divorce, et pas trouvé. Il avait bien eu pendant 2 ans une relations épisodique avec une nana « géniale » mais « pas sportive ». Au bout de 2 ans, la fameuse nana « géniale », qui doit avoir 35 balais, elle en avait marre d’une relation adolescente et demandait un peu plus d’engagement. Pas prêt qu’il était le garçon. Sauf que 6 mois après, il trouve toujours cette fille géniale, que depuis 2 ans et demi ça ne l’a pas empêché de grimper, de skier et d’aller en expé un mois l’été prochain… Bilan, ils ont décidé de remettre ça de manière un peu constructive. Je pense que dans la mesure où mon pote faisait une deuxième crise d’adolescence avec une envie boulimique de tout faire; son histoire n’était pas possible. Maintenant, il fait partie des gens qui se disent sagement qu’on peut peut-être baisser son niveau d’exigence et ne pas être mono-obsessionnel; y’a pleins de choses dans la vie; ce serait dommage de ne manger que les mêmes plats, même de très haut rang. Il a découvert avec passion, grâce à cette fille « géniale-pas-sportive », les spectacles de danse et d’opéra, des trucs auxquels, il était totalement hermétique. Il se dit qu’on peut trouver des grandes voies où s’éclater dans le 5 sup, que faire 15 jours de skis de rando dans l’année pour un parisien, plus une semaine de piste avec les gamins, c’est finalement pas si mal, et que dans les dentelles de Montmirail il n’y a pas que de l’escalade à faire…
Peut-être que tout ça ça s’appelle la maturité.
J’avoue en être encore loin. Je suis boulimique (mais déjà vachement mois qu’avant). Et quand mon jules bosse trop et bien tant pis, un p’tit tour au CAF et je n’hésite pas à partir sans lui. Je n’hésite pas parce que je pars de Paris, depuis chez moi. Symboliquement, si je devais partir de chez lui/nous en le voyant là, sur la pas de la porte, esseulé, je me sentirais beaucoup plus coupable (sentiment typiquement féminin d’après les copines). Mais cette année m’a aussi servie de leçon : être boulimique, ça crève. Je finis l’hiver (oui l’hiver se termine seulement maintenant) sur les rotules, au propre comme au figuré (arrêt médical, les skis au placard). J’en ai certes bien profité mais je pense que je mettrais un peu plus la pédale douce l’an prochain. Le but c’est que ça dure longtemps et pas de cramer toutes mes cartouches à 33 ans.
Mes parents étaient comme moi à 20 ans. A mon âge, avec 2 gamines, c’était déjà le début de la fin (je pense cependant que faire des enfants ça change fondamentalement la vie, c’est une évidence, et ta pratique). Maintenant à pas loin de 60, mon père me bassine de j’ai-tout-vu-j’ai-tout-connu-et-l’important-c’est-pasède-savoir-faire-un-mouflage-c’est-de-pas-tomber-dans les-crevasses-et-de-mon-temps-etc… et s’il a toujours un style trop-class-de-vieux-beau quand il met les pieds à Fontainebleau 2 fois par an, la montagne il en cause mais il en vit plus. Il en jouit plus. Le travail, la baraque à retaper, les enfants sont passés par là. D’autres ont su trouver un équilibre. Et pendant ce temps là, j’ai des amis d’une cinquantaine d’année qui partent en ski de rando et en cascade avec leurs enfants, chacun à son rythme, chacun avec ses envies; je pars aussi avec mes retraités du CAF et ça godille dans la poudre à 70 ans!!!
C’est facile de dire des choses, moins facile de les réaliser… L’important c’est d’être heureux, lucide et, surtout, sans amertume; non?
Rozenn