Posté en tant qu’invité par J-Marie:
Qui n’a pas maintes fois croisé de ces couples typiques ? Visiblement, monsieur ne supporte pas de consacrer ne serait-ce qu’une demi-journée de son précieux week-end à autre chose que sa passion et (en)traîne son infortunée compagne dans une course qu’elle n’a peut-être pas le niveau de réaliser ou en tout cas pas l’envie. Enfin pas avec lui, qu’elle aime, c’est pour cela qu’elle est là, mais qui n’est pas franchement patient (enfin si, il est patient avec tout le monde sauf elle, il l’aime, cela devrait suffire). Bref, à l’arrivée beaucoup de frustration pour les deux et de consternation pour les témoins involontaires de la scène. Le pire, c’est qu’elle pourrait aimer çà mais l’absence de perspective de pouvoir faire autre chose lui gâche le plaisir.
J’entends le sourd grondement de la critique qui monte (et c’est tant mieux). Au misogyne, crie l’opinion publique ! Bon, en fait, le paragraphe précédent est une autocritique. Eh oui, l’être ignoble qui a forcé toutes ses copines à le suivre en montagne, c’est moi. Avec invariablement le même résultat : la rupture. Et invariablement les mêmes bonnes résolutions : la prochaine fois, on ne m’y reprendra plus, je serai patient, j’irai à la plage (et pas que deux petites heures après une semaine de grimpe intensive, genre 400-600m par jour), et même que si elle veut pas grimper, j’irai avec des potes (le point de savoir s’il est possible qu’un couple dans lequel un seul grimpe perdure a déjà abondamment été discuté, je vous renvoie donc à ces débats d’une grande qualité). Résolutions intenables.
Il est effarant que ma passion me fasse culpabiliser. Face à bon nombre de connaissances, je suis obligé de me défendre comme un criminel. Mais c’est ainsi, j’aime la montagne et ne vous en déplaise, cet attachement viscéral est tout à fait sain, et je l’assume dorénavant pleinement. Je veux être en montagne dès que possible et le plus souvent. Ma pratique est variée : rocher, glace, ski de rando, randonnée pédestre au long cours. Mon éthique s’appuie sur la tradition familiale (troisième génération d’alpiniste) et mes lectures. J’aime le dépouillement, l’économie de moyen, la communion avec la nature (bivouac, impact minimum sur le milieu). J’aime l’échange, les liens tissés avec les compagnons de cordée sont au-delà des mots.
Et enfin, je l’ai fait, j’ai quitté la grande ville qui m’étouffait pour m’installer dans le Faucigny, entre Genève et Chamonix. Toujours pas de boulot, mais cela viendra, je suis maintenant à ma place.
Certaines d’entre vous auront deviné la motivation de cet élan d’exhibitionnisme : je suis à la recherche de la perle qui m’évitera de retomber dans les travers cités en début de message. Bref, si une bonne âme dans les 25-30 ans veut venger les pauvres innocentes que j’ai emmenées en montagne, il vous suffit d’être dans le 6c à vue, à l’aise sur coinceurs dans le 6b et en tête en glace dans le 5. J’ai en effet tranché pour moi-même LA question du couple : il me faut une compagne qui non seulement grimpe mais soit plus forte que moi, histoire de calmer mon enthousiasme débordant.
Jean-Marie
PS : je suis plutôt dispo en ce moment, et donc parfois simplement à la recherche de partenaires