Compatibilité Escalade et Taï-Chi

Salut!

J’arrête l’escalade et je vends mes 16 dégaines black diamond!

quelle tristesse!

Non, non, truc de fou, c’est même pas triste : elle a trouvé plus « prenant » !..
Comme quoi, c’est possible… :wink:!

Elle a fait un schtroumph en clair :stuck_out_tongue:

Cela ne regarde personne, mais puisque ça la rend tellement heureuse, je transmets (si d’autres voulaient aussi se reconvertir) : mieux que le schtroumph pour combattre l’escaladaddiction, le taï-chi !

Et oui: le tai Chi Chuan! En fait, c’est pas trop compatible… J’explique, à l’occasion, si y’a des curieux! :wink:

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Va falloir que jt’initie, ma belle! Et tu verras, cette fois, tu m’sortiras pas ta réplique cultissime! :smiley:

(cette réponse était destinée à Lulu002, of course)

Lulu qui se met au Taï Chi à la place de l’escalade, tu freine de 15% la vitesse d’usure des voies des calanques :stuck_out_tongue_winking_eye: (et encore elle n’utilise pas un gramme de pof…)

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L’usure des voies des calanques est due aux compte-rendus de Lulu sur C2C tellement chouettes que ça attire du monde :blush:

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Je suis très curieux, je veux bien une explication détaillée !

Héhé fait gaffe, @cori risque d’être loquace sur le sujet !

Et non, ma douce, je ne veux pas que tu m’inities : trop peur que tu arrives à me convaincre, et qui va patiner les voies, après ??? :stuck_out_tongue_winking_eye:

Ben moi :slight_smile:

Et bien pour commencer, il faut …lâcher-prise! :smiley: Et au-delà du jeu de mots, y’a une vraie philosophie, assez longue à acquérir, en fait. Je commence à peine à l’entrevoir, au bout de 8 ans de pratique…!! C’est archi long et hyper exigent, cet art martial; comme beaucoup d’autres, oui oui, mais cette notion de lâcher-prise est juste la clef. Et dans cet art martial en particulier.
Et pourquoi je le trouve pour le moment incompatible avec la grimpe? Parce-que la pratique du tajiquan demande - entre autre - d’être extrêmement ancré dans le sol, et d’être totalement détendu des épaules, des bras, de la nuque…de tout le corps, mais là surtout!
Les crispations et tensions dans le haut du corps sont à faire disparaître, ainsi qu’une trop grosse musculature de ce côté-là. Or moi quand j’escalade, comme je ne grimpe pas très bien, je suis pas mal sur les bras, je crispe beaucoup, et j’ai tendance à développer une grosse carrure. En plus, j’ai souvent des tensions inconscientes dans cette zone, comme la plupart des occidentaux, mais particulièrement quand je grimpe souvent. Là, depuis que j’ai arrêté, tout ça a disparu…
Et ce point sur les postures que nous avons tendance à avoir de ce côté de la planète (tout dans le haut du corps) me donne pas mal à réfléchir aussi: sur nos attitudes face à la vie, sur ce que ça représente d’être tournés tout le temps vers le haut, vers l’avant, sur les conséquences que ça a sur notre être intérieur et notre relationnel… Bref. Ouais, ça remue,et quand tu mets un pied là-dedans et que ça fait écho en toi, ben …l’escalade passe soudain loin derrière d’autres considérations. Mais je le reprécise: c’est ma prise de conscience, et c’est en ce moment. Après avoir intégré tout ça, je reviendrais peut-être vers une autre pratique de l’escalade un jour! qui sait?

OK ok, je garde ça pour ta reconversion! :wink:

Je pense que le lâcher prise peut s’intégrer parfaitement à tous les sports, à un certain niveau. Je veux dire que la grimpe peut se faire relaché (mais en contractant ses muscles, ce qui ne veut pas dire qu’après on ne peut plus les détendre…) et dans un esprit tout à fait cohérent avec les arts martiaux.
Se détacher de soi même, de son corps, le ressentir différemment, c’est peut être dans l’escalade qu’on le fait le mieux (par rapport aux autres sports)…
Enfin bref… je pense que tu y reviendra ! :slight_smile:

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Mmm. Oui, j’ai toujours pensé ça jusqu’à présent, depuis que je pratique l’escalade (15 ans…bigre). Mais je n’ai pas expliqué cette histoire de lâcher-prise: je me demande aujourd’hui ce qui me motive à grimper, en fait! Pourquoi ce besoin de m’agripper au rocher, pour arriver en haut… Et les principes du Tai Chi me semblent, du coup, aller à l’encontre de cette nécessité puisqu’il s’agit justement de ne plus en avoir (de la nécessité).
Le non-agir est au cœur de sa pratique, tout comme la disparition de la force dure et la disparition du renforcement de la partie supérieure du corps. L’attention doit être portée sur le sommet de la tête, la détente constante des épaules et le point « Source jaillissante » sous les pieds (un peu d’acupuncture au passage, puisque c’est lié…). Ceci afin que le poids du corps s’exerce vers le bas, pour que l’énergie interne monte du sol… En falaise, c’est tout de suite plus balèse! :smiley:
Grand Maître Cheng disait que « notre unité avec le sol est l’expression de l’énergie du corps entier unifiée avec celle de la Terre et surgissant d’elle ». Beaucoup de pratiquants avancés semble éprouver ce besoin de se défaire de toutes ces tractions accumulées dans d’autres sports qui ont sur sollicité le haut du corps…
Et puis, ce principe de non-volition et de ne pas lutter va aussi dans le sens contraire, toujours selon moi, de l’escalade, où tu dois fournir un effort, résister parfois… Dans le Tai Chi, toute résistance doit être abandonnée: on n’attaque pas, on se défend; et en se défendant, on doit se posturer dans une écoute et un accueil de la force contraire de l’autre, sans y opposer aucune résistance… On doit faire le vide en terme psycho, mais aussi physique: tout l’art réside justement dans cet abandon de la contraction, qui est un réflexe hyper dur à perdre… et que je cultive si je continue de grimper. C’est simple: j’ai un abonnement dans une salle de grimpe près d’ici et je n’y ai pas mis les pieds depuis le début de l’année (sco). D’ailleurs, si ça intéresse quelqu’un… c’est du pan. Je n’arrive plus à me remettre dans ces crispations, certes passagères, mais qui chez moi entraîne une dureté du dos. Que je cherche donc à perdre! :slight_smile:

Et puis y’a encore cette histoire de posture: j’ai employé le terme « attitude » (face à la vie) dans mon autre message, mais je parlais de nos postures. Physiques. Indécollables de nos attitudes psychiques, of course… Je me questionne sur notre façon d’être occidentale de - je caricature, hein! - montrer force et puissance avec le haut du corps: j’ai en tête l’image du mec des pubs (pas de tv depuis un bail mais chui sûre que ça n’a pas changé!) --> gros biscottos, penché en avant, imposant des épaules, etc… Même si on n’est pas tous pourvu comme ça, j’ai pu constater que les grimpeurs et les grimpeuses ont souvent ces postures (bien souvent inconscientes, j’en suis convaincue), dues à ce développement dorsal… Je l’ai éprouvé moi-même: il y a une sensation de force à cet endroit, et parfois, j’ai pu m’observer (avec un peu de recul) en train de « jouer les gros bras » dans des situations de résistance (type discussions vives au boulot, ce genre de truc), me sentant dans mon bon droit et équipée pour me défendre… Je n’éprouve plus cela et ces rares anecdotes me font aujourd’hui rire de moi-même, de m’être laissée prendre à ces jeux d’épaules… Mon maître Tai Chi me disait d’ailleurs très souvent à mes débuts que j’avais un côté trop fonceur et rentre-dedans qu’il fallait abandonner!! J’ai dû grandir depuis car maintenant je ne dois plus que « me relâcher des épaules »! :smiley: Mais je vois bien aussi que ce n’est pas fini!! et qu’il y a encore du boulot: c’est super dur, en fait, le Tai Chi… Du coup, c’est pour ça que je disais que si je reviens un jour vers l’escalade, ce sera en ayant perdu toute attitude conquérante (mais cela m’attirera t-il toujours du coup?) et c’est que je serai devenue sage!! :smiley:

Hé bé voilà !
Je le savais, je t’avais prévenu, @Carcharoth, qu’il ne fallait pas la laisser développer son idée…

Je n’ose lire davantage qu’en diagonale tellement j’ai peur de trouver l’argumentation sensée !
Alors, comme j’aime bien me faire l’avocat du diable (cela ne t’étonnera guère, @cori), vais t’opposer ce qui ne colle pas, à mon sens :

  • Le lâcher-prise, déjà, c’est aussi la base de l’escalade, nan ? Enfin moi, c’est là que je m’y retrouve (entre autres !) : quand le cerveau n’a plus son mot à dire, que c’est juste le corps qui te guide, c’n’est pas du lâcher-prise, ça ?

  • La musculature du haut du corps, peut-être que j’me voile la face, mais il ne me semble pas que ma pratique de la grimpe l’ait plus développée que celle du bas (mais peut-être est-ce aussi dépendant du style de pratique : tu es bloqueuse avant tout, je suis grand’voidiste avant tout…)

  • L’abandon de la contraction, faire le vide : té, encore une différence de pratique, c’est dans la grimpe que j’me sens le plus détendue, c’est grave docteur ?
    Ne pas lutter, c’est la base aussi : ma grimpe préférée, c’est celle où je me sens juste en harmonie avec le caillou, où les mouvs se font naturellement sans avoir à forcer, et où, où, l’énergie interne vient bien du sol, puisque le poids du corps s’exerce sur le bout d’orteil qui va bien…
    Pour t’aider à t’élever, certes !
    Un exemple : j’ai encore du mal avec la grimpe en fissure, parce que je la ressens comme un « combat », une aggression, une lutte contre le caillou… Alors qu’il y a plein d’autres styles où tu n’es pas du tout en posture d’attaque, mais bien en posture d’écoute : si tu écoutes le rocher, que tu le lis, que tu te restes ouvert à ce qu’il est et ce qu’il a à t’offrir, tu n’es même plus dans ce que tu nommes une posture de défense… Juste dans une posture d’harmonie, de lien, d’être ensemble… Nan ?

  • C’est triste, l’escalade conquérante, ça m’fait peur…

Bon, tu auras noté que je ne trouve rien à opposer à la notion principale à mon sens de posture psychique et d’orientation au monde, et sur celle de la nécessité…
Nous en reparlerons lors de la pré-citée reconversion ! :wink:

+1. Cf :
Le meilleur grimpeur du monde, de Bernard Amy
Lâcher-prise, de David-Andrea Anati
La voie des guerriers du rocher d’Arno Ilgner

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