Bonjour, Sevenup
Tout le monde a un peu raison sur ce coup, en avançant par ci, par là des arguments valable, au delà des quelques invectives qui fusent.
Il est clair que commencer une activité de montagne dans un club est l’idéal car il présente l’avantage de disposer d’encadrant de bonnes compétences à un coup raisonnable, en cumulant la convivialité d’une pratique collective et de rencontre.
L’étape d’une expédition lointaine, éventuellement en haute altitude, pour ma part j’ai pris le temps de l’envisager bien plus tard. Alors même que je sentais en moi-même plus de compétences alpines et d’autonomie. Tout cela permettait justement d’envisager des excursions avec un budget raisonnable, car il faut bien le dire les expéditions de type commerciale sont relativement cher. Partir également avec un club en expédition c’est également un certain investissement souvent moindre qu’avec des professionnels. Pour donner une exemple : le Pic Lénine coûte disons entre 3500/4000 euros avec un professionnel européen, 1500 euros avec un professionnel kirghize, 700 euros tout compris en autonomie totale. Dernièrement revenant tout juste du Khan Tengri j’ai dépensé environ : 850 euros également en comptant le vol d’avion depuis Lyon/Paris A/R et l’hélico de retour vers Karkara. Par ailleurs choisir un club pour partir en expé avec, ca n’est pas vraiment le critère pour entrer dans un club. Le but de départ étant plutôt d’apprendre la montagne dans le partage et l’entraide (en tout cas c’est comme ca que je le vois). D’autre part ce ne sont pas tous les club qui partent loin. On peut donc être frustré parfois par le peu d’esprit d’aventure de certain…
Pour le financement, ce ne sont que des exemples et le context est effectivement différent pour ma part car j’ai quelques opportunités d’organisation qui facilite un peu le travail sans pour autant bénéficier de services gratuits.
Mais sauver de l’argent, ne peut-être le seul critère, car les conditions de l’ascension se trouve radicalement différente : moins de confort, des charges de portage plus lourde, moins de services, donc au final plus éprouvant. J’imagine qu’une expédition bien faîte peu avoir ces bons cotés, voire plus « reposante ». Comme autre critère de choix, il faut savoir ce que l’on recherche : est-ce un défi personnel concernant l’altitude, ou bien un esprit d’aventure ou d’exploration qui n’implique pas forcément un exploit. Pour ma part j’en suis un peu revenue de l’ivresse de la haute altitude, peut être en adoptant un point de vue plus raisonnable du genre : j’aimerais bien en revenir vivant et si possible en un seul morceau. Mais ceci ne peut tenir de conseil, car chacun doit bien vivre sa propre expérience (cela vaut pour messieurs les donneurs de leçon).
Je partage maintenant le point de vue qu’il faut de tout cela en retirer du plaisir ou tout du moins un juste équilibre entre le plaisir et la souffrance (il ne faut pas se voiler la face, la haute altitude est dure !).
Dans tous les cas de figure, plus d’autonomie personnel dans la pratique de l’alpinisme ne peut être qu’un plus lorsque l’on affronte les dures conditions d’une expédition en haute altitude voire même ses insatisfactions.
Quant à ce qui est d’établir qui aurait ou n’aurait pas le droit de s’exprimer selon son carnet de course est franchement déplacé ici. Car croyez en moi ma propre expérience, il ne faut pas se fier aux apparences et rester franchement humble en montagne, un esprit qui devrait animer les rédacteurs.
J’en viens aux lieux qui paraissent les plus opportuns pour combiner ces critères pour une première expédition. Vous l’aurez compris un endroit qui me tient à coeur : la Kirghizie (encore me dirais vous, certes):
- un avantage imbattable en terme de prix d’avion : continental et proche de l’europe
- une montagne pour commencer la haute altitude : le Pic Lénine et surtout autour avec quelques sommets très abordables entre 5000/6000 car on n’est pas obligé d’être focalisé sur le 7000 du Lénine mais sur d’autres objectifs plus modeste tout en bénéficiant de l’infrastructure en place
- des tonnes de montagnes plus modeste (autour de 4000) mais qui permettraient de satisfaire l’esprit d’aventure et d’exploration à un cout tout à fait modeste contrairement à certaines expéditions dans des coins reculées de la planète. Je réalise avec Vladimir Komissarov un guide de l’alpinisme qui comporte déjà 250 pages
Mais attention d’autres coins de la Kirghizie sont plus exigeant : comme le Tien-Shan central, où je déconseillerais fortement de partir seul :
- des bédières affolantes qui t’emporterait sans laisser de traces
- des avalanches en pagaille
- un vent de folie
- une neige de dingue qui enfoui totalement les tentes
- des crevasses béantes
Bref un coin où il faut impérativement partir avec des personnes de confiance, que l’on connait très bien et qui possède les mêmes compétences alpines (ce qui fut effectivement le cas cette année). Ce n’est pas un lieu propice à l’improvisation !
Après la Kirghizie, le deuxième lieu qui recueillir mes faveurs est l’Amérique du sud. En effet dans ces coins, les expéditions commerciales sont en général moins légion, et l’on retrouve donc plus cet esprit d’aventure et de liberté. Et les infrastructures existantes se prêtent plus à l’autonomie. Hormis le prix d’avion, le reste est effectivement beaucoup plus abordable qu’au Népal par exemple. Je trouve que c’est un bon compromis pour des souvenirs qui sont également inoubliables. Pour tout dire je brûle d’envie d’y retourner, n’y étant allé qu’une fois en Argentine.
Henri Lévêque