Posté en tant qu’invité par braque:
[quote=« jeff, id: 1018145, post:443, topic:75044 »]Ce qui serait bien, ce serait d’avoir des statistiques sur les accidents(causes, gravité) au caroux sur une longue durée pour mieux voir le lien avec l’équipement(ou l’absence d’équipement) en place!
En tout cas, je ne peux résister à l’envie de faire part de mon expérience personnelle au caroux.
On m’a fait découvrir ce massif montagneux(200 m en bas, 1000 m en haut) en 1986: arête des charbonniers,viallat, déplasse, voie azéma au pilier du bosc, rocher marre, petite suisse et rocher georges vergues lors d’un premier séjour.
Le virus était pris et cela fait donc 24 ans que j’y retourne régulièrement, en tout au moins une soixantaine de fois.
J’y ai appris à poser des coinceurs et mettre des sangles entre deux pitons éloignés, j’y ai fait certainement quelques erreurs sans conséquence et j’ai eu des horaires peu glorieux, en tout cas, cela m’a forgé une certaine expérience avant de me lancer en montagne et haute montagne dans des voies de même difficulté. Et c’est quand même bien de ne pas tout avoir à découvrir en même temps en montagne, car il y a plein d’autres paramétres à gérer. Et puis une erreur au caroux n’a pas les mêmes conséquences que la même erreur en montagne:le peu d’éloignement, la faible longueur des voies,le rocher du caroux(et ses arbres) qui se prête si bien à la pose de matériel, tout cela permet un apprentissage en douceur, on retient des leçons de ses erreurs sans avoir à subir une sanction trop dure et définitive.
Et puis, l’équipement rencontré dans les voies du caroux ressemble de par l’esprit à l’équipement que l’on trouve en montagne dans les voies de difficulté correspondante: peu de points en place dans le III/IV , bien plus dans les sections en V/Vsup(par exemple voie cassin au badile). Ce qui habitue à une recherche d’itinéraire dans les sections en III/IV et permet de se concentrer sur la difficulté dans les sections en V/Vsup.
Puis, j’ai acheté mes trois premiers friends en 1991, aprés une longueur en IV sup dans la voie du chandelier au pouce, que j’avais eu du mal à protéger avec mes coinceurs. Depuis, j’ai agrandi ma collection petit à petit, et quand je reviens au caroux, c’est avec 6 friends.
pendant ces 24 ans, j’ai bien-sur fait la plupart des classiques(certaines plusieurs fois) et d’autres moins classiques(la voie du marin à la tour du guet en 2008 par exemple)
Parlons maintenant de l’équipement et de son évolution au caroux à partir de deux exemples:
D’abord l’arête nord-est de la tête de braque, idéale pour un premier contact avec la pose de protections. Avoir quelques points éloignés pour indiquer la direction de la voie, pourquoi pas! avoir quelques points dans les passages difficiles à protéger, pourquoi pas! Avoir deux broches sur une plateforme entourée d’arbres au diamétre plus que respectable, par contre me semble bien inutile: l’endroit comme halte pour faire un relais est évident et le construire en toute sécurité ne pose aucun problème.
De même, le rappel dans le ravin de descente se faisait de tout temps sur un arbre évident(voire désescalade en III inf) et là aussi d’un diamétre plus que respectable, et le relais sur chaine semble bien inutile.
En fait, on dirait que tout est fait pour que les gens puissent parcourir cette voie avec 10 dégaines comme seul bagage. Cela ne semble pas correspondre à l’esprit du caroux, il y a bien d’autres lieux plus adaptés pour ça et si peu comme le caroux adapté à l’apprentissage de la pose de points.
Comme deuxième exemple, je parlerai de la grande paroi. J’ai en 2009 refait la classique du pilier, puis la clapas, en tête dans une demi-journée(j’en avais déja enchainé trois, la clapas, le fil du pilier puis la batarde en tête(sauf la premiére longueur de la clapas), en libre et dans la journée en 1991)
Là encore, quand il y a une plateforme avec un arbre de diamétre respectable, pourquoi en rajouter?une bonne sangle suffit amplement. Par contre, dans les longueurs en V/Vsup, il est clair qu’il y a toujours eu pas mal de pitons dans ces sections même quand elles sont pleines de fissures et que les remplacer par des points évoluant mieux dans le temps(broches) ne semble pas dénaturer l’escalade.
Certes, on peut les garder espacées, surtout que grâce aux friends modernes(très petites tailles), la moindre fissure peut être plus facilement utilisée si on en éprouve le besoin.
Avec cela, la transposition à la montagne sera plus délicate, car des broches en altitude, il n’y a pas beaucoup de volontaires pour aller les planter, et les pitons que l’on rencontrera, il faudra quand même penser à avoir le reflexe de les vérifier, voire de les changer, donc d’en prendre avec soi!
En résumé, ni le tout broche, ni le tout vierge ne semble convenir à ce massif, mais plutot un panachage des deux:
ne pas équiper les endroits trop faciles à protéger naturellement(arbre,fissure,becquet), mettre des points(donc broches) dans les endroits difficiles à protéger, garder à l’esprit que le cheminemant de la voie doit être clair(quand il y a plusieurs possibilités équivalentes, un indice(donc broche? ou un topo clair?) doit permettre de prendre la bonne bifurcation.
Garder aussi à l’esprit que l’amateur moyen de ce type de voie(et de massif) est plus au maximum un grimpeur de 6a que de 7a , et que autant il apprécie de poser des points dans du III/IV bien en appuie sur ses pieds, autant il aime bien avoir quelques points fixes(même espacés) dans du V/Vsup quand les bras sont plus sollicités!
Voilà, je pense que ce forum est fait pour donner son avis, j’ai longtemps hésité avant de franchir le cap, mais je pense que plus on sera à le donner, mieux on cernera les attentes des grimpeurs et la vocation de ce massif du caroux.
Enfin, une dernière chose, concernant les écoles d’escalade sportive sous la tête de braque, au georges vergues, au beylot ferran, à lafage et au bassel. Il me semble que le massif est assez vaste pour supporter quelques lieux dédiés à l’escalade sportive, cela permet de se détendre dans un paysage magnifique et cela ne gène vraiment pas grand monde.
jeff[/quote]
Je me reconnais tout à fait dans le discours de Jef par exemple. J’ai fait mes premières escalade dans l’arète nord est de la tête de braque. Même conduit par un pointu de l’escalade, j’ai trouvé « rassurant » les équipements tant pour monter que pour le rappel. Cela ne nous à pas empêché de prendre l’arbre pour le rappel ! Je persite à dire qu’il en faut pour tout le monde du débutant lors de sa première sortie au plus expert. C’est seulement hier, lors de ma sixième sortie sur la même tête de braque dans la même voie (à une variante près) que j’ai commencé à vraiment ressentir le plaisir de la grimpe « avec les pieds » plutôt « qu’avec les bras » ! vous voyez ce que je veux dire. Bref pour des « petits » comme moi, franchement qu’il y ait un équipement de trop reste un détail à cette heure. Il ne faudrait pas, qu’un jour pour cause d’équipement déposé, les débutants comme moi soit mis dangereusement en difficulté. Ne peut-on pas donner à chacun dans un Caroux aux multiples possibilités l’opportunité de grimper à son niveau ?