Posté en tant qu’invité par Papours:
Waou ! Les tenants du principe « L’homme comme maître et possesseur de la nature » se livrent désormais ici à une curée anti-écolo quasi hystérique ! Surprenant… ce n’est pas l’idée que je me faisais du monde de la grimpe. Mais j’ose espérer que les caricaturistes spécialisés de cette discussion ne sont pas représentatifs, sinon il y a vraiment de quoi pleurer. J’espère aussi que ceux qui tiennent les propos les plus hallucinant sont d’une autre génération…
Je n’ai pas envie de perdre beaucoup plus de temps que ça ici avec des butés qui adorent faire dirent à leurs interlocuteurs non seulement ce qu’ils n’ont jamais dit ni écrit mais aussi ce qu’ils n’ont jamais pensé. Je reviens juste sur deux choses :
1 - non, les pyrénéens ne sont pas majoritairement opposés à l’ours. Il fait partie de leur patrimoine naturel ET culturel. Intéressez vous un peu au sujet et vous tomberez de haut… Il y a chez la plupart des pyrénéens (je parle de majorités, pas d’allumés qui organisent en 2013 une battue à l’ours au lieu de venir en aide aux sinistrés d’ inondations historiques…)il y a donc dans les Pyrénées une « neutralité bienveillante » vis à vis de cet animal. dans « neutralité bienveillante », il y a bien « bienveillance ». 20 ans à m’intéresser à ce sujet me permettent de l’affirmer. Ce n’est hélas pas suffisant pour sauver l’ours mais peu le savent. Il faut savoir aussi que les projets de restaurer la population d’ours des Pyrénées est venus de villages… pyrénéens bien entendu ! (que ce soit en 96, en 97 ou en 2006, années de lâchers).
Non, les pyrénéens ne sont pas opposés à 70 % ! Pas du tout ! Par contre, l’ours n’est pas un sujet assez prioritaire pour peser aux élections, ce qui est bien compréhensible et plutôt sain ! Donc on peut difficilement se fier à autre chose qu’à des sondages bien étalonnés pour en juger. Les voilà, visiblement, peu les connaissent… :
Et pour les détails, c’est ici :
http://www.paysdelours.com/fr/les-infos/base-doc-ours/base-doc-cohabitation.html
Voilà, on parait toujours (un peu) moins stupide quand on connait ce dont on parle avant de s’emporter comme un dératé…
2 - le loup (comme le lynx) DISPERSE bien les populations d’ongulés sauvages (sangliers, chevreuils, cerfs, mouflons…). Tout en les régulant bien entendu. Mais 250 loups ne peuvent réguler les 1 millions de sangliers présents en France et dont 500 000 (seulement;-) sont prélevés chaque année par les chasseurs… qui bien souvent jouent le double jeu de continuer à les agrainer au maïs voire à en relâcher ! Et oui, toujours en 2013 !
Mais 250 loups face à cela, c’est mieux que rien et ça régule quand même un peu.
Par contre, selon les personnes qui se sont penchés dessus pour l’étudier (et sont payés pour ça, quelle honte fabuleuse qu’être payé pour étudier la nature !), le loup joue bel et bien un rôle important de DISPERSION de ces ongulés qui se montrent plus craintifs et se regroupent moins lorsque le loup est présent sur leur territoire. Moins concentrées sur les mêmes secteurs, les ongulés agissent de façon beaucoup plus diffuselocalement sur les jeunes pousses d’arbre par exemple, ce qui change tout et permet une meilleure régénération de la forêt (régénération indispensable bien entendu !). Cet effet de dispersion facile à comprendre car très logique, est une donnée qui se vérifie dans le monde entier et c’est pareil en France (même si beaucoup croient dans notre pays que les choses sont forcément différentes …). Les chasseurs le confirment, eux qui râlent de cet état de fait !
Alors bien entendu, le loup, comme l’ours, participent au fonctionnement des écosystèmes où ils ont toute leur place. Faut-il rappeler que l’ours n’a jamais totalement disparu des Pyrénées et que le loup, présent depuis 40 000 ans en France, n’y a été absent que 60 ans ? De nouvelles habitudes de cohabitation sont à prendre voire à retrouver, avec les moyens de notre époque.
Enfin, l’enjeu réel avec une population humaine de 7 milliards toujours en croissance, c’est bien entendu de pouvoir nourrir, soigner, éduquer et offrir une vie décente à tous (dont les loisirs bien entendu : les peuples en guerre réclament de la nourriture et un abri, mais toujours de la culture aussi et bien plus prioritairement qu’on ne l’imagine. demandez à qui trvaille dans l’Humanitaire ou dans les grands conflits mondiaux, vous verrez. Sans culture, l’Homme n’est qu’une brute épaisse, une bête ou un être malheureux… Et l’Homme n’est pas qu’un tube un peu fragile qu’il suffit de remplir par un bout pour que tout aille bien, ne soyons pas simplistes à ce point… ).
Vivre à 7 milliards, ça passe par une diminution drastique du niveau de gaspillage dans nos sociétés occidentales car il faudrait plusieurs planètes en plus pour que chaque humain vive à l’américaine ou à la française.Les disparités actuelles entérinent une sorte de racisme ou d’apartheid insupportable. Donc à nous de changer pour permettre aux autres de vivre.
C’est pour moi l’une des bases les plus importantes de l’écologie.
L’autre base, c’est que sans écosytèmes vivants donc fonctionnels, donc aussi complets que possibles, il est illusoire de croire que le génie humain pourra réussir quoi que ce soit pour 7 milliards d’individus. Croire cela c’est faire la pari mortel du scientisme.
Faisons confiance en la nature au lieu de la défier sans cesse.
Accueillir le retour du loup, permettre le retour de l’ours, ce sont des actes qui participent de cela, avec bien sûr plein d’autres choses : pourquoi cette mentalité de la contradiction obligatoire (si tu sauves l’ours, tu négliges le desman, si tu acceptes le loup, tu condamne l’éleveur…) ce ne sont la plupart du temps que des constructions très idéologiques et bien souvedont totalement ridicules car fausses pour peu qu’on fasse preuve d’un peu de rigueur et d’un minimum d’objectivité… Pensons encore une fois aux 400 postes de bergers que l’ours permet de financer dans les Pyrénées. C’est un fonctionnement systémique, un système d’interactions. Le retour de l’ours a permis bien d’autres choses pour les bergers dans les Pyrénées :
- réfections des cabanes d’estives
- dons de radiotéléphones pour lutter contre l’isolement
- héliportage de tout le matériel en montée et redescente d’estive
- renforcements du droit du travail (jours de congés, couverture maladie…)
- aides pour la protection des troupeaux (filets de protection, chiens patous, postes d’aides-bergers…)
etc…
Une partie est lisible ici :
Fiep-ours.com, Programme Pastoralisme
Franchement ? Je ne pensais vraiment pas avoir à revenir sur ces données là dans cette discussion. Je dois avoir une image assez fausse d’un certain milieu de l’escalade. Certains ici sont très lassants, très fatigants à ressasser des discours des années 50 sur le rôle de l’Homme dans la Nature… surtout que je suis persuadé qu’ils sont là dans des postures totalement construites que le format « forum » favorise.
Ils seront balayés de toute façon : soit leur mentalité triomphe et nous finissons tous par aller de catastrophes en catastrophes, soit leur mentalité ne devient plus que la leur et ils sont obligés de s’adapter à la nouvelle donne ou de disparaitre (idéologiquement, je m’entends : je ne prône ici la disparition de personne !). C’est un peu ce que je souhaite à Kairn et Dollo…
Ils m’ont bien fatigué en tout cas … alors bonne nuit