Posté en tant qu’invité par l’Urbain:
Mais plutôt courtes les anécdotes
Oui, bon, on fait ce qu’on peut.
Mon premier refuge sans « adulte ».
On arrive, avec un copain, assez tard et plutôt fatigué (on vient de faire l’Arpire, et le lendemain, on a prévu la Pierra Menta).
Le gardien est absent, mais il y a une famille de bidochons qui est venue dormir.
Bon, comment ça marche, pour payer ? Pas question de demander aux bidochons (je ne me mélange jamais à cette engeance).
Ha, là, c’est marqué : « taxe de jour : 5F ».
Tiens, et là : « Utilisation de l’eau : 2F ».
Pour le gaz, voyons voir… Bah, laissons tomber, on a un réchaud.
Donc, c’est facile : 2 x 5 pour la nuit + 2 pour l’eau = 12 F. Pas cher.
Bon, ça tombe bien, on a le compte, mais qu’est-ce qu’on en fait, des sous ?
Ha, une boîte aux lettres.
Toc, toc, toc, font les piècettes en tombant au fond de la boîte en bois.
Après ça, une belle nuit sereine d’alpiniste honnête et scrupuleux.
Le lendemain, on a à peine le temps de faire 200m, en sortant du refuge, qu’on entend des cris. Un énergumène, sortant du refuge, nous coure après.
« Vous avez payé ? », nous hurle-t’il.
Ben… oui…
« Venez me montrer ! »
Il ne rigole pas, mais alors pas du tout, en voyant nos piècettes…
Evidemment : le tarif de nuit, c’est 40 balles par personnes, qu’il faut mettre dans une enveloppe, en précisant nos noms et prénoms.
Pendant qu’on se fait copieusement engueuler (mon sac est jeté dehors, le gardien menace même de foutre en l’air ma carte du CAF si je la lui présente), le père bidochon passe discrètement avec des enveloppes, et les glisse dans la boîte aux lettres.
Des coups comme ça, c’est à vous dégouter de l’honnêteté.
Quelques années plus tard, je retourne au même refuge, au printemps.
Comme j’ai un compte à régler avec le gardien, je préviens mon pote : on ne paie pas, et on surveille. Si on aperçoit le gardien qui se radine, on remplis vite fait ces foutues enveloppes et on les jette dans la boîte aux lettres.
Hélas, quelques heures après, on a vite fait de repérer un randonneur, seul, qui avance rapidement vers notre lieu de repos. Vite, les sous, les enveloppes, la boîte aux lettres.
Quand il débarque, on siffle innocemment sur la terrasse. Il nous jette un oeil méfiant. Des jeunes. Et avec des surfs en plus. Graine de déliquants. A tous les coups, z’ont même pas payé. Il rentre dans le refuge sans dire un mot. Ouvre la boîte aux lettres…
Et bien, je peux vous dire que je n’ai jamais été si bien accueillis dans un refuge. Il en avait les larmes aux yeux, le brave homme.
Des coups comme ça, ça vous réconcilie avec l’honnêteté.