Oui oui bien sûr. Quand je dis « je suis sûr », ça signifie « le risque est inférieur au risque acceptable », en supposant un risque acceptable (RA) du type 0,001%.
Premier point : il est toujours possible d’évaluer le risque. C’est impossible de se dire « je n’arrive pas à évaluer le risque ».
La réalité, c’est : la pente part ou ne part pas quand je la skie. Les valeurs possibles sont 1 ou 0.
Mais avant de la skier, je suis incapable de garantir l’une des 2 valeurs, à cause des inconnues. Je peux juste évaluer la probabilité que ce soit 1 ou 0 : j’évalue le risque que la pente parte.
J’évalue le risque grace à plein d’infos différentes, permettant de donner des valeurs à différents paramètres.
Si je n’ai pas d’info sur un paramètre, je prend la valeur qui donne le risque le plus élévé (on surévalue le risque), et je l’utilise dans le calcul du risque.
Ainsi, quand on a aucune info, on a toujours un risque de 100%. Au fur et à mesure que l’on ajoute des infos, on améliore l’évaluation, et on a une valeur entre 0 et 100%.
On a donc toujours une évaluation du risque.
Deuxième point : le but est d’aller dans des pentes dont le risque évalué est sûr d’être inférieur au RA.
C’est à dire que la valeur du risque évalué < RA, et en tenant compte de la marge d’erreur de l’évaluation, on est aussi < RA.
La plupart des accidents proviennent du fait que les victimes avaient évalué un risque < RA, mais la marge d’erreur était très grande (ça on en est sûr vu que leur évaluation s’est révélée fausse), et donc en tenant compte de la marge d’erreur, ça dépassait allègrement le RA. Sauf qu’elles n’ont pas tenu compte la marge d’erreur…
C’est ça le « facteur humain » : la négligence de la marge d’erreur.
Pour tenir compte de la marge d’erreur, il faut l’évaluer. Et pour ça, se poser la question : « Suis-je sûr que ma valeur du risque est bien inférieur au RA ? ». Ou dit autrement : « Qu’est ce qui me fait penser que ma valeur du risque est inférieur au RA ? Sur quoi est basé mon affirmation que la valeur du risque est inférieur au RA ? ».
Quand on regarde les situations d’accident, on voit des raisonnements hallucinant :
- Le BRA me donne un risque > RA, mais j’évalue un risque < RA grace à mon observation de la même pente les 2 autres fois que je suis venu là. En fait si je calcule le risque minimum en tenant compte uniquement de mon observation, j’ai 1/3 > RA (si ça part cette fois-ci, ça ferait 1 fois sur 3). Comme les autres infos à ma disposition me donne un risque > RA en les utilisant seules, l’utilisation de toutes les infos ne peut pas aboutir à un risque < RA. Mais je ne fais pas ce calcul de marge d’erreur, donc j’y vais.
- J’évalue un risque > RA, mais je cherche des arguments pour faire baisser le risque, et j’en trouve, donc j’y vais… Sans chercher des arguments qui ferait monter le risque, du coup le bilan est biaisé.
- Le BRA me donne un risque > RA, mais j’utilise des observations locale, et grace à une théorie inventée de toute pièce à cet instant, j’arrive à baisser le risque, donc j’y vais. (Je ne veux pas dire qu’il ne faut pas utiliser les observations locale, c’est juste que personne n’est là pour nous dire qu’on s’en sert n’importe comment).
- Le BRA me donne un risque > RA, mais j’utilise des observations locale pour remettre en cause les prévisions nivo-météo d’une pente située 1000m plus haut, sans argument crédible, donc j’y vais.
- Je n’arrive pas à évaluer correctement le risque, qui reste donc > RA, mais je réfléchis beaucoup, j’utilise plein de méthodes. Au bout de 20mn, j’estime avoir assez bossé pour mériter ma poudre, donc j’y vais.
Le principe de base de la gestion de risque est « dans le doute, je n’y vais pas ».
Ne pas tenir compte de la marge d’erreur dans son évaluation du risque est équivalent à utiliser le principe « dans le doute, j’y vais ».