Avalanche au Mont Blanc du Tacul le 24 août 2008

Posté en tant qu’invité par BAILLY-BASIN Jacques:

[quote=joce25]Bon ben des donneurs de leçons et des moralisateurs, il y en aura toujours.

Je ne sais pas si d’autres personnes sur ce forum étaient présentes.
Nous, nous étions au mauvais moment, mais à un endroit « pas si mauvais que cela » et nous avons eu la chance de nous en sortir sans la moindre égratignure. Nous avions rattrapé depuis peu une cordée de 3 italiens et également 5 français. Nous suivions, attendant un profil plus favorable pour passer. Après l’avalanche, nous nous sommes tous relevés indemnes et c’est 2-3 mn plus tard que nous avons réalisé qu’on ne voyait plus aucune trace des cordées devant.

Au retour, nous avons pris sur notre corde 1 russe, qui partait seul mais qui avait quand même un baudrier. Nous avons également ramené un autre étranger, mais qui était parti sans piolet et sans baudrier.
Ceux qui ont disparu avaient pris toutes les précautions, avaient tout fait pour éviter l’accident. Ils avaient le matériel, étaient encadrés, bénéficiaient de conditions météo idéales, …
Ils étaient simplement au mauvais moment au mauvais endroit. Quand je pense à ceux que j’ai ramené, eux avaient vraiment pris des risques.

Oui, il avait neigé peu de temps avant, mais des petites quantités et si seule cette neige était partie dans l’avalanche, le résultat aurait été tout autre. Les conditions étaient vraiment bonnes (hormis l’exposition aux chutes de séracs). Cela m’a été confirmé par les gendarmes du PGHM à qui j’ai exposé mes doutes sur les risques pris.

Pour une fois, la presse n’a pas fait d’acharnement et les articles parus me semblent assez objectifs.
Il ne semble alors pas utile que des polémiques soient lancées par des alpinistes eux même.

Parmi les conclusions que je tire de cet accident, je retiendrais l’importance du casque (de retour au refuge, le mien était rempli de neige tassée), le piolet permet un ancrage contrairement au baton (5 mn avant, nous étions dans une partie moins raide et mon piolet était coincé sur le sac).
Désormais, je me questionne sur l’ARVA : oui, mais sans pelle et sans sonde son utilité me semble assez réduite à la recherche des corps.

Ces lignes ne valent que comme simple témoignage et ne sont là ni pour lancer des polémiques ni pour donner des leçons.

Bon courage aux familles touchées par cet accident et bon rétablissement aux blessés.

A bientôt en montagne[/quote]
Merci pour ce point de vue, de loin un des meilleurs et des mieux argumentés de ce forum. Vous étiez sur place : ceci explique celà.
Pour ma part, et bien que n’étant pas croyant, je laisserai chacun méditer cette inscription à la mémoire de plusieurs skieurs-randonneurs emportés par une avalanche : « La montagne qu’ils aimaient tant les a rendus à Dieu ». Loin de toute polémique ou d’une excessive religiosité, c’est émouvant et respectueux. Cette inscription se trouve sur le sentier qui mène à la cabane du Vélan, dans le Valsorey.
Bonne soirée à tous.

Faudrait il amener ARVA pelle et sonde pour aller faire le une voie a sérac en été ?

Le système ne marche que si il y a consensus de la majorité des alpinistes
qui évolue autour (comme c’est aujourd’hui heureusement le cas en ski de rando)

JOCE25, pense tu que vous auriez été aptes a entamer une recherche dans la demi-heure
si vous aviez eu ce matériel a porte de main ?

[quote=floriano]JOCE25, pense tu que vous auriez été aptes a entamer une recherche dans la demi-heure
si vous aviez eu ce matériel a porte de main ?[/quote]
cela répondra peut être à ta question.

Ces corps dans leur linceul de glace

Posté en tant qu’invité par Jette 2 L’Huile:

Ben pour moi, quand tu prends des risques hasardeux comme tu dis, si tu y restes c’est que tu n’as pas eu de chance !

Tout le monde prend des risques, et heureusement la plupart du temps ça se finit bien, même en prenant beaucoup plus de risques qu’en allant faire le Tacul.

Passer sous un Sérac, ben ça arrive, des fois t’es obligé, des fois tu le fais exprès, mais quoi qu’il en soit s’il tombe à ce moment là, c’est que tu n’as pas eu de chance.

Ben pour moi, quand tu prends des risques hasardeux comme tu dis, si tu y restes c’est que tu n’as pas eu de chance !

Tout le monde prend des risques, et heureusement la plupart du temps ça se finit bien, même en prenant beaucoup plus de risques qu’en allant faire le Tacul.

Passer sous un Sérac, ben ça arrive, des fois t’es obligé, des fois tu le fais exprès, mais quoi qu’il en soit s’il tombe à ce moment là, c’est que tu n’as pas eu de chance.[/quote]
C’est clair.

Visse, tu l’enlise légèrement au fil de tes réponses, enfin à mon avis.

Je suis passé sous ses séracs 4 semaines avant. Ma copine et moi on avait la caisse, et effectivement, cet endroit m’a fortement impressionné, tellement que je n’ai pas pu m’empécher de pousser ma première gueulante en montagne, car une bonne femme, qui avait acheté son Mont blanc, avait décidé de poser son cul en plein dans la trace, bloquant tout le monde sous les séracs, qui à ce que je me souvienne, ressemblaient à un mur de 20m environ, incliné du côté ou il allait tomber! On aurait aimé passer en courant. Une fois en haut de l’épaule, j’étais vraiment rassuré…

A la nouvelle de ce dramatique accident, on a eu des bouffées de chaleur, des hauts le coeur. C’est vraiment pas de chance? On connaissait la réputation de ce Tacul, mais voir des gens le monter et descendre à toute heure de la journée nous avait un peu rassuré, si peu…

Certes je prends un peu les choses sous le coup de l’agacement, mais enfin comment se fait-il tout simplement qu’il y ait autant de monde sur une voie aussi exposée ??

Un part importante des accidents sont des accidents cardiaques.
Tu peux y ajouter les chutes dans les endroits où il faut pas.
Maintenant il faudrait regarder combien il y a de morts en vélo, à pied en ville, les accidents domestiques, etc… pour comprendre que la rando n’est pas dangereuse mais qu’on peut mourrir en rando.

Le danger et la difficulté sont deux choses bien différentes, c’est un 4000 très accessible.

Rien ne peut protéger de la chute d’un sérac, bien sûr, le bon sens est de prendre l’ARVA (APS) sur l’itinéraire des 3 Monts-Blanc car le Tacul et le Maudit sont avalancheux, surtout si on fait l’itinéraire en A/R et que l’on revient par grosse chaleur. Il y a des avalanches chaque année l’été.

[quote=floriano]Le système ne marche que si il y a consensus de la majorité des alpinistes
qui évolue autour (comme c’est aujourd’hui heureusement le cas en ski de rando)?[/quote]
Non, pas seulement. L’itinéraire est fréquenté et le Tacul est suivi des Cosmiques. En cas d’accident les secours seront sur place en un temps court. Si on n’est qu’ensevelli alors on a plus de chance de s’en sortir, mais pas une chance à 100% loin de là je te l’accorde.

A 3h du matin j’en doute, à 3h de l’après midi beaucoup plus probablement.

Merci Sofie pour ton commentaire.
Toutes mes condoléances aux familles touchées par ce drame.

Posté en tant qu’invité par Jette 2 L’Huile:

ben… y’a du monde partout tout de manière

[quote=floriano]JOCE25, pense tu que vous auriez été aptes a entamer une recherche dans la demi-heure
si vous aviez eu ce matériel a porte de main ?[/quote]
Je pense qu’on aurait pu commencer une recherche ARVA. Ceci dit, il faisait nuit, la coulée était large, grosse épaisseur au niveau de la rimaye, on voyait pas s’il y avait encore des risques importants au dessus, … En conclusion : apte = oui, efficaces = j’en doute.
Et après, difficile de sonder d’après les secouristes (mélange de neige et de blocs de glace).

Posté en tant qu’invité par VR:

j’y suis passé à la descente il y a 3 semaines (en rentrant de l’éperon de la tournette) et j’ai vraiment trouvé la face très très exposée au séracs et donc très dangereuse, même à la descente où l’on passe pourtant nettement plus vite. C’est bien connu que les séracs peuvent tomber n’importe quand et donc que d’y être à 3h du matin ne change rien au problème. En tout cas je me suis dit que dans l’état de la face je n’envisagerai pas de la remonter et je me suis fait la réflexion que si j’étais guide je n’irai surtout pas là (et pourtant il y en avait ce jour là un grand nombre). Il a fallu de (trop) nombreux accidents pour que le passage par les grand mulets soit à peu près abandonné en été, combien en faudra t il pour qu’il en soit de même avec le tacul?

Mes amitiés aux familles des victimes.

le proto.[/quote]
Peux tu me dire dans ce cas quel itinéraire prendre mise à part la voie normal presque aussi dangeureuse et surfréquentée? le versant italien est bien plus long d’accès et l’itinéraire des aiguilles grises ou de la tournette plus difficile… Dans ce cas il ne reste plus qu’à rennoncer à cette objectif magnifique qu’est le mont blanc…

Tout est dit… il faut parfois savoir renoncer.

[quote=floriano]Faudrait il amener ARVA pelle et sonde pour aller faire le une voie a sérac en été ?

Le système ne marche que si il y a consensus de la majorité des alpinistes
qui évolue autour (comme c’est aujourd’hui heureusement le cas en ski de rando)

JOCE25, pense tu que vous auriez été aptes a entamer une recherche dans la demi-heure
si vous aviez eu ce matériel a porte de main ?[/quote]
J’ai déjà vu en été des cordées de l’EMHM avec les ARVA sur la VN du Tacul, et perso je n’irais pas là sans ces petites choses. Trop con de les laisser sur l’étagère alors que ça peut servir (cf la catastrophe de la crète du Lauzet), surtout les pelles … Car indépendamment de la question des séracs, la VN du Tacul est bien connue pour ses plaques à vent.

Ceci dit, là ça n’aurait pas servi à grand chose compte tenu de la masse de neige mise en mouvement.

Et pour la mise en oeuvre, une copine qui est passé sous une avalanche m’a racontée que, selon le récit de ses collègues, le guidos avait l’ARVA en main en position recherche avant même que l’avalanche s’arrête. Trois minutes et demi pour localiser sa tête, trois minutes et demi pour dégager son visage, total sep minutes. Mais le guidos prenait toujours les ARVA y compris pour skier en famille, et s’entraînait tous les dimanches … Y’a pas de secret, avec les ARVA il faut s’entraîner régulièrement.

Et vous, vous vous entraînez souvent au maniement de l’ARVA ?

Henri

solution : monter aux Grands Mulets et prendre l’arête du dôme du Goûter. ensuite, Vallot, sommet.

Posté en tant qu’invité par Hugues725:

Je constate que certains n’ont pas apprécié mon humour vachard sur les randonneurs « clampins ». Désolé de les avoir vexés.

Mais à lire CDB (« Contrairement à ce que tes écris, la randonnée en moyenne montagne, comporte énormément de situations ou le « randonneur moyen » et même expérimenté expose sa vie, bien souvent sans le savoir, à contrario de l’alpinisme(où les dangers sont beaucoup plus visibles) »), je comprends mieux maintenant ces accidents mortels: les randonneurs sont des inconscients.

Hum bon, certains vont considérer que j’aggrave mon cas…

Posté en tant qu’invité par lulu74:

je vais répondre à Visse, car c’est moi qui est écrit « la montagne est cruelle parfois… » donc t’explique je parlais surtout pour toutes les familles qui ont perdues des êtres chers en montagne, et non de la montagne en elle même.
Je sais que la montagne est dangereuse (merci pour cet info), c’est les gens qui sont cruels…

Posté en tant qu’invité par bahoui:

Autre solution pour ceux que la foule rebute mais qui acceptent la prise de risques (je me souviendrais à vie de l’ENORME chute de pierre dans le couloir sous le refuge du Gouter juste avant notre passage. Gloups!): attendre septembre, la fermeture des refuges et différents moyens mécaniques d’approche. Résultats une photo à 7h30 tout seuls au sommet avec seulement monis d’une dizaine de cordées en visite pour cette journée là.
La vie est un engagement. Il faut savoir faire des choix, s’engager, se résigner, renoncer…

Je vais aller dans le sens de Visse sur le fond.
Personne dans un itinéraire glaciaire de hte montagne n’est à l’abri d’un sérac qui casse au mauvais moment. Mais il faut constater que la VN du Tacul est particulièrement exposée à ce danger objectif que sont les chutes de sérac.
Je n’ai jamais fait cette course mais pour avoir traîné plusieurs fois dans le secteur, il faut tout de même constater que cet endroit n’inspire pas confiance et que nombreuses sont les traces certes petites qui attestent de la chute de blocs de glace ou de séracs tout au long de l’année.
J’ai d’ailleurs dans mon entourage un couple d’amis qui a échappé de très peu à une chute de sérac dans des circonstances assez proches de ce qui s’est passé ce dernier WE.
Pour moi (mais ça n’engage que moi!) il n’y a pas de fatalité à cet accident, c’est la conséquence de la grande fréquentation de cette face qui entraîne le drame que nous connaissons ici. Il sûrement des faces aussi dangereuses dans les Alpes mais sont-elles aussi fréquentées ? Et donc potentiellement dangereuses ?

Pour terminer, toutes mes condoléances aux familles et proches des victimes et un amical salut aux rescapés.