Voici la copie d’une lettre ouverte du Maire de Lans en Vercors, qui me paraît remettre les choses à leur juste place.
Ils s’appellent Monique, Dominique, Philippe, Manu, Pauline, Isabelle, Michaël, Astrid, Jonathan, Yann, Damien, Pierre, PB, Eric, Nadège…
Qui sont-ils?
Des saisonniers de la station, ou des partenaires mais avant tout des habitants du village ou du Vercors.
Ils ont un autre métier en été, parce que lorsque l’on habite en montagne certains métiers ne s’exercent pas en hiver, ils sont aussi agriculteurs, s’occupent de leur bêtes toute l’année et même avant de commencer leur service en hiver, mais pour eux tous, la Saison leur permet de vivre décemment.
Le Vercors a une histoire d’accueil, de maison d’enfant au début du 20e siècle aux colonies, classes de neige, classe verte… en difficulté ces dernières années mais nécessaire à l’ouverture de nos enfants où la station a encore un rôle.
Pourquoi ces exemples? parce que depuis quelques temps, quelque soit le sujet, on entend des voix s’élever pour demander la fin des stations de ski alpin, la crise climatique, la crise économique, la crise énergétique. Au delà, des propos que je trouve choquant: militer pour que certain perdent leur travail dans un contexte aussi difficile m’interpelle.
Beaucoup de stations de ski, ont un rôle social, un rôle de cohésion, on oublie parfois ce qu’était la montagne et ses conditions de vie avant leur avènement.
La majorité des non skieurs, imaginent des hordes d’anglo saxons ivres dépensant des milliers d’euros enrichissant des patrons destructeurs de montagne. Mais une station de ski c’est tout autre chose. Le panier moyen de la station de Lans est de 9€/jour par exemple loin du fantasme général du ski inabordable, quand le prix d’une place de cinéma est de 8€…
Alors oui, l’augmentation du coût de l’électricité pour une station comme Lans ne concerne pas que les remontées mécaniques mais menace un château de carte à l’équilibre fragile, dont les acteurs vivent et travaillent sur le territoire. Ils ne travaillent pas pour des entreprises de l’agglomération mais travaillent pour les gens qui descendent chaque jour y travailler, taillant leur pelouses, leurs arbres, construisant leurs maison l’été, ou leur apportant de bon produits en circuits courts.
quelques chiffres pour finir:
charges de la station 1 200 000€ dont 100 000€ d’électricité
chiffre d’affaire 1 400 000€
avec les nouveaux contrats c’est 1 000 000€ d’électricité donc des charges prévisionnelles de 2 100 000 pour 1 400 000 de chiffre d’affaire. Nous n’avons pas attendu 2022 pour faire des économies, depuis longtemps notre domaine n’ouvrent pas toutes ses remontées en semaine par exemple…
Malgré cette équation impossible sans aide à équilibrer, nous ne pouvons nous résoudre à garder une station fermée, car une station comme Lans ce n’est pas que des skieurs riches en SUV (il y en a), ce sont aussi des familles modestes qui viennent passer un bon moment et ce sont surtout des familles qui en vivent.
Aujourd’hui, je ne peux supporter le discours de certains politiques et certains français qui veulent utiliser la crise pour tordre le modèle actuel à leur convenance, tout en se qualifiant de bienveillant, en battant à mort un animal déjà blessé, en voulant en faire un symbole. La première marche de l’écologie, c’est de pouvoir travailler à côté de son lieu de vie et de pouvoir vivre de son travail, en consommant local.
En cherchant un peu le gaspillage énergétique, je les appelle à ouvrir les yeux sur le « metavers » et de laisser la montagne tranquille, parce qu’en terme de consommation inutile d’énergie on atteint ici des sommets, et qui ne sont pas enneigés ceux-ci.
À Lans on ne cherche pas les profits, on veut juste permettre d’offrir un travail ou à certains de vivre décemment.
Michael Kraemer