Alpinisme solo

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[quote=« lashemale, id: 1663622, post:34, topic:124727 »]déjà fait une ou deux fois, mais j’avoue, c’était de la connerie
en même temps des fois j’ai songé à le refaire, notamment sur une course où mon partenaire m’a laché 3 fois la veille ou le jour même … je serais en tête donc j’ai le niveau, mais ce serait de la connerie, je le sais
donc pour l’instant je suis resté raisonnable
le solo il faut vraiment pas grand chose pour se mettre terreur …
et pas grand chose pour que la connerie arrive[/quote]

Concernant ta remarque sur le niveau, il me semble que c’est plus une question d’énergie mentale que de capacités techniques ou physiques. Je fais du 5c ou 6a en tête, et je ne me vois pas faire plus que du 4a en solo sur une paroi en montagne. C’est ma limite personnelle, et encore, je n’ai envie de m’y confronter qu’exceptionnellement.

Si tu considères que c’est une connerie, à mon avis il vaut mieux éviter de la faire ! Lorsque j’ai ce sentiment, et ça m’arrive régulièrement en montagne, sans même parler de solo, alors je m’arrête pour trouver une solution m’apparaissant raisonnable (ce qui ne veut pas dire sans risque) : c’est le signe que je ne suis pas prêt à faire plus, et s’obstiner dans ces conditions me semblerait trop dangereux.

Ce n’est donc pas mon état d’esprit. Au pied de la voie, j’ai un mélange de peur et de grande détermination. Je sens ma peur quand la paume de mes mains transpire, phénomène qui m’arrive aussi parfois en tête. En même temps, je me sais physiquement largement au niveau pour faire la voie, et j’ai confiance en ma capacité de la faire en toute sécurité. Mais j’ai peur quand même.

Le fait de chercher en moi le courage de dominer cette peur pour grimper va ensuite me donner un sentiment de fierté, pour avoir osé quelque chose d’inhabituel. La peur disparaît dans l’action, même si dans certains passages le doute n’est pas exclu, la volonté de sortir sain et sauf au sommet galvanise l’énergie pour y arriver, ce qui va de pair avec une forte dépense d’énergie mentale.

Même si pour moi cela reste une pratique exceptionnelle, tout ceci me donne au final un peu plus confiance, et un surcroît de sérénité pour faire face à des situations ultérieures plus difficiles en montagne.

Merci Simon pour l’interview de Moulin: je ne l’avais pas vue et elle est super interessante !

rajoute Speed et SoloS à sa liste de bouquins à lire

Posté en tant qu’invité par lacigalelibre:

:wink: super sympa ces témoignages et vécus! Merci à tous pour les films, photos et interviews! Un oscar à fab pour le cervin en 2005!Incroyable! Les photos permettent de rêver…entre 2 ascensions et escalade!ah! :stuck_out_tongue: :lol: Longue vie à camptocamp a+

Posté en tant qu’invité par unparmidautres:

Petit témoignage de soliste sur 30 ans.

Solo souvent subi car difficile de rencontrer le/la partenaire avec le même profil et les mêmes motivations.

Du coup, ça oblige à fréquenter des coins un ton en dessous du niveau habituel; mais le sentiment de liberté est total.

Par contre, j’ai toujours nourri une détestation maximale à l’ennemi no1 du soliste: les glaciers crevassés! Je crois lire en eux: « passe ton chemin, ce n’est pas pour toi ». Un glacier crevassé, c’est pire que tout, une roulette russe immonde et sournoise. Le vide, la difficulté technique, on peut les appréhender, les surmonter ou renoncer; le danger se voit. Donc ,en tant que soliste, je HAIS les glaciers.

Comme exemple dans les Ecrins (mais pas que), les classiques accessibles aux solistes modestes comme moi sont les Fétoules, les Rouies, Neige Cordier des 2 côtés, le Pelvoux en AR, le Coolidge, l’Ailefroide Orientale, les Agneaux (black & white), l’Olan, le Plaret, Lauranoure, le Soreiller, … mais pas le Dôme des Ecrins selon moi.

J’ajouterai que la peur est venue avec la naissance de mon fils, et que j’avais plus la trouille (dissimulée) quand je l’emmenais en alpi entre 7 et 14 ans que quand je faisais ces sommets en solo.

Posté en tant qu’invité par figolu:

Sentiment partagé. « Là-dessous », c’est un autre monde.

Posté en tant qu’invité par figolu:

Roche Faurio aussi.
Pour le dôme, tu peux faire la face nord.Tu grimpes à l’aplomb du sommet, tout droit (à droite de la vn).C’est du 45-50 facile.
Pour la descente, tu peux attendre une cordée qui redescend et demander un bout de corde pour sauter « la » crevasse.

Il y a des solos « imposes », le partenaire malade au pied de la voie – mais on pourrait faire demi-tour donc il faut decider d’y aller --, il y a des solos prévus avec des difficultés imprévues et des moments très limites, il y a des solos imprévus mais qui sont harmonie complete meme difficile techniquement ; pourquoi ? instant de grace …
le ski extreme, solo exceptionnel …
Pas de solo en rocher … trop expo !
Plus de solo depuis quelques années et plus de ski extreme, mais quel souvenir et quelle intensité …
Video Moulin-Chappaz, tout est dit !

" … mais pas le Dôme des Ecrins selon moi." complètement d’accord et l’idée de demander un bout de corde j’en serai incapable… faut etre cohérent et puis « sauter la crevasse » , quelle crevasse , ça dépend des années, certaines années les ponts de neige en fait sont des margelles de plusieurs mètres !!! ça bouge tout le temps le dome…et je vois pas ce qu’il y a de jouissif d’etre le premier en haut ! si la moitié de ceux que tu as doublé ont un pedigree 10 fois ou 100 fois le tien (ya de fortes chances bien que ce jour ils soient encordés avec des débutants) là faut qu’on m’explique (surtout dans le 1 cas sur mille ou les memes vont aller te chercher au fond un peu après) :smiley:
sinon en solo neige on peut ajouter la VN du grand paradis je pense ? et des tas d’autres voies comme en rocher, ça n’a de sens que par rapport à ton niveau technique et d’entrainement et au caractère sain ou pas du support.
Une fois à l’époque « mode à l’Edlinge » un gars m’a passé en solo dans la voie d’a coté à En Vau… il était tellement fébrile qu’il m’a gaché la journée… :frowning:

Posté en tant qu’invité par figolu:

Faut arrêter les réactions épidermiques.Perso, le Dôme ne m’a jamais posé aucun problème. Le bout de corde est une solution extrême proposée plutôt que d’aller se mettre dans une situation scabreuse.Cela dit, si le solo sur le dôme te pose un problème, faut arrêter de se poser en soloïste revendiqué !! Quant à la crevasse, qu’elle soit bouchée ou non, tu ne le sais que lorsque tu es sur place quand t’as fait 2/3 de l’itinéraire et bien malin qui peut prédire que les conditions ont changé ou pas (redoux, etc) mdr…

Même pas!
Tu ne peux jamais savoir ce qu’il y a dessous. Ce n’est pas parce que ça à l’air bouché que ce n’est pas un pont de neige.
En fait, il n’y a que quand tu passes au travers que tu sais vraiment à quoi t’en tenir.

Comme dit l’autre: faut pas déconner ! N’importe quel alpiniste un peu débrouillé est capable de faire le Dôme en solo. Quant aux ponts de neige, si 20 gugus sont passés avant toi, il y a de forte chance qu’ils tiennent. De toute façon, c’est un risque à prendre. En solo sur glacier, il faut s’attendre à un peu plus de risques que pas en solo.

C’est sur que si tu es dans la file qui monte au dôme un dimanche de juin et que tu es obligé d’attendre que celui qui te précède avance pour avancer à ton tour, ça ne risque pas grand chose.
Mais quand on parle de solo, ce n’est pas à ça que je pense.

Posté en tant qu’invité par figolu:

Etre seul sur le dôme au lever du soleil quand tout est calme (pas pour longtemps d’ailleurs) après une bonne séance de fractionnée (d’où l’intérêt d’être en tête pour ne pas avoir à doubler et subir des à-coups), et bien oui c’est jouissif ! Encore faut-il l’avoir fait pour en être convaincu.

J’l’ai pas fait, mais j’en suis convaincu :slight_smile:

Posté en tant qu’invité par Mimi_Maestro:

Partir en montagne « solo » n’est que le reflet de soi-même.
Si tu es indépendant et solitaire tu t’orienteras naturellement vers le solo sans te poser de questions.

Dans notre société quelle est la différence entre être seul dans la vie
et seul en montagne, réponse: Aucune, tu ne pourras compter que sur toi-même.

Si tu a horreur de la solitude et que tu ne peux vivre qu’entouré de personnes, alors le solo
sera pour toi dangereux, inconcevable et une connerie. cqfd

Posté en tant qu’invité par figolu:

[quote=« Mimi_Maestro, id: 1664811, post:56, topic:124727 »]Partir en montagne « solo » n’est que le reflet de soi-même.
Si tu es indépendant et solitaire tu t’orienteras naturellement vers le solo sans te poser de questions.

Dans notre société quelle est la différence entre être seul dans la vie
et seul en montagne, réponse: Aucune, tu ne pourras compter que sur toi-même.

Si tu a horreur de la solitude et que tu ne peux vivre qu’entouré de personnes, alors le solo
sera pour toi dangereux, inconcevable et une connerie. cqfd[/quote]

Réflexion intéressante mais qui, en ce qui me concerne, ne me correspond pas . Après quelques tentatives en solo qui m’ont donné beaucoup de satisfaction et surtout de nouvelles sensations, j’ai estimé que le jeu n’en valait pas la chandelle: pb de recherche en cas d’accident (glaciers), souci pour l’entourage, réactions parfois d’hostilité du microcosme, etc…

Posté en tant qu’invité par Mimi_Maestro:

Il serait interressant d’avoir une analyse statistique sur les accidents de « soloiste » et de « cordée »
toute proportion gardées, je ne sais pas si ça existe, mais je pense que l’on aurait des surprises.
il est evident que seul on ne se ballade pas n’importe comment sur n’importe quel glacier dans n’importe
quelle condition, tout se reflechis, tout ce calcule, c’est le jeu du solo savoir positionner le curseur au bon endroit

Posté en tant qu’invité par Solo or not solo:

La règle qui dit qu’il faut toujours que quelqu’un sache où tu es, pour moi elle reste valable en solo. Imagine une caillasse te pète un bras ou une jambe et te bloque, sans réseau tél ? Si quelqu’un sait où tu es, tu sais que les secours vont finir par te chercher, sinon tu peux au choix te la jouer super-héros de la souffrance comme dans certains livres/films célèbres ou attendre de mourir à petit feu. Pour moi faire de la montagne c’est connaitre les risques, et les minimiser en fonction de son envie d’engagement. Faire du solo c’est engager plus, accepter plus de risque (peut-être) pour vivre un truc « en plus », mais ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas minimiser. Bien sur si tu es perdu au fin fond d’une vallée reculée du Pérou ou du Kirghizstan ça sert moins de prévenir.
Pour éviter le stress de l’entourage proche, une première technique consiste à mentir un peu en disant que tu fais la rando/le truc facile qui est juste à coté d’où tu vas vraiment (mais ça dépend pas mal du lieu!). Sinon il y a toujours un gardien de refuge, un bistrot etc qui pourra toujours te remettre en garde pour être sur que tu es bien convaincu de te démarche, ou te traiter de fou mais d’une part tu ne le connais pas, d’autre part tu peux lui faire remarquer que le fait de prévenir montre que tu fais pas ça sur un coup de tête.

[quote=« Solo or not solo, id: 1664962, post:59, topic:124727 »]

La règle qui dit qu’il faut toujours que quelqu’un sache où tu es, pour moi elle reste valable en solo. Imagine une caillasse te pète un bras ou une jambe et te bloque, sans réseau tél ? Si quelqu’un sait où tu es, tu sais que les secours vont finir par te chercher, sinon tu peux au choix te la jouer super-héros de la souffrance comme dans certains livres/films célèbres ou attendre de mourir à petit feu. Pour moi faire de la montagne c’est connaitre les risques, et les minimiser en fonction de son envie d’engagement. Faire du solo c’est engager plus, accepter plus de risque (peut-être) pour vivre un truc « en plus », mais ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas minimiser. Bien sur si tu es perdu au fin fond d’une vallée reculée du Pérou ou du Kirghizstan ça sert moins de prévenir.
Pour éviter le stress de l’entourage proche, une première technique consiste à mentir un peu en disant que tu fais la rando/le truc facile qui est juste à coté d’où tu vas vraiment (mais ça dépend pas mal du lieu!). Sinon il y a toujours un gardien de refuge, un bistrot etc qui pourra toujours te remettre en garde pour être sur que tu es bien convaincu de te démarche, ou te traiter de fou mais d’une part tu ne le connais pas, d’autre part tu peux lui faire remarquer que le fait de prévenir montre que tu fais pas ça sur un coup de tête.[/quote]

A mon avis, si tu commences à discuter avec un quidam du bien fondé de ta démarche au pied de la voie, c’est que tu as un déficit de préparation et/ou de motivation. Ce qui n’empêche pas de dire aux proches où tu vas. Sauf que quand on part plusieurs jours en hiver, ça ne permettra pas aux secours d’arriver forcément à temps. Si ce risque n’est pas accepté, alors il faut partir en groupe.