Alpinisme et vos proches

pour ma part, ma femme n’aime pas l’alpi donc c’est réglé , on a plein d’autres plaisirs en commun donc je dirai que c’est même sain pour le couple car de temps en temps, chacun fait sa petite activité dans son coin…
après comme dans tous les couples, c’est un compromis :
d’abord j’ai arrêté l’alpi en solo… :expressionless:

c’est clair que le plus dur c’est l’inquiétude que peuvent avoir les proches, en parlant longuement avec elle, elle m’a fait comprendre à quel point c’était dur pour elle (inquiétude) à chaque sorties en montagne et que je m’en rendait pas totalement compte.
Du coup j’essaye d’en faire avec des partenaires de cordées qu’elle connait (dans le sens ou elle sait qu’ils sont pas trop « casse coup »)

Je trouve cette discussion très intéressante. Bien sûr, le sujet n’est pas nouveau, mais il plutôt rare qu’il fasse l’objet d’un débat, tellement il touche à quelque chose de sensible, d’intime. Comment concilier le risque et la vie de famille ? Où se situe, pour chacun, la limite en la raison et la passion, l’égoïsme et ses antonymes ? Est-il légitime ou raisonnable de renoncer à l’un pour l’autre, et si non, comment trouver le « juste » milieu, sorte de compromission où l’on ménage la chèvre et le chou dans un délicat exercice d’équilibre ?

Joe Rhasse, tu peux toujours ressortir à tes proches cette phrase de Coelho : « Si vous pensez que l’aventure est dangereuse, essayez la routine, elle est mortelle ». Je ne sais pas si ça suffira à calmer les craintes, mais ça incitera forcément à réfléchir. Revers de la médaille : ta compagne/épouse pourra s’en trouver profondément blessée si elle en conclut qu’elle est à tes yeux l’objet même de cette routine…

Mes proches, ma femme en particulier, ont tous pratiqué l’alpinisme (ou le pratiquent encore). Je ne ments jamais sur la difficulté, le risque d’une course.
Ce serait vain : ils se renseignent sur ce que je vais faire (merci C2C !) et de toute façon, question de sécurité il ne me viendrait pas à l’esprit de mentir sur l’itinéraire.

L’alpinisme a toujours fait partie de ma vie, de celle de mon père, donc c’est comme ça. J’ai rencontré ma femme et j’en faisais, elle a suivi (sinon elle ne serait pas devenue ma madame :smiley: ).

Nous devons accepter les choix individuels et égoistes que nos proches font, il en va parfois de leur équilibre, de leur bonheur. C’est ce que mes proches font. Je modère aussi parfois mes ardeurs. J’ai une femme, 3 enfants, je ne (re)ferai pas certaines choses qui me font envie pourtant.

Il est plus que probable que dans quelques années (peut-être moins) je sois confronté au problème : mon fils a vraiment pris le virus et pour le moment il ne veut pas faire de course avec un autre que moi. Mais il arrivera un jour où il ira sans moi et là, c’est moi qui ne dormirai plus. Encore qu’il est plus puident que son père… mais un frigo qui se détache c’est pour tout le monde, les prudents et les pas prudents…

Le débat est en tout cas très intéressant et mérite d’être un peu plus fourni, pour une fois :slight_smile:

le compagnon de cordée : ça c’est vrai. de mon coté, j’ai pratiqué avec des inconnus qui sont restés tels… et avec des inconnus qui sont devenus des potes voire des amis. Ca ne change pas grand chose au final : il faut juste, en cas de doute, savoir dire stop et redescendre, quand c’est encore possible et avant que ça ne parte en vrille. bon, j’imagine que des fois ça ne prévient pas… et c’est trop tard. On va dire que j’ai eu de la chance. Mais quand même : jusque là les premières heures de marche et de discussion ont toujours été éclairantes sur la suite de la « relation ».
le fait qu’un compagnon de cordée soir très (très - relativement à moi, il ne serait pas content que je le qualifie ainsi :wink: ) fort n’est pas nécessairement un avantage pour les proches : ça permet de faire des trucs qu’on aurait pas fait sans eux… et de prendre de l’expérience pour faire de même avec d’autres, passer devant… Et ça, les proches ben ils le voient bien. Mais c’est le jeu ma pauv’ lucette :smiley:

Célibataire, mais j’ai ce « problème » avec ma famille.

Je crois en effet que l’inconnu fait peur… Je leur dis que je risque beaucoup plus ma vie en prenant la voiture pour me rendre au boulot sur une des routes les plus dangereuses du Valais (par là comprendre: où il y a le plus d’accidents) tous les jours… Ce qui est réel. Je me suis d’ailleurs faite 2-3 frayeurs sur cette route… Mais curieusement, ce n’est pas du tout un argument qui convainc :slight_smile:

Et j’essaye de les convaincre que je suis prudente. Ils ne semblent pas le comprendre car pour eux le fait même d’aller en montagne est une imprudence. A mon père qui, fin août, m’a appelé pour me dire « tu as vu tous les morts qu’il y a eu ce week-end? Tu fais attention hein? » Je lui ai répondu que j’avais pris congé deux jours exprès pour aller en montagne et que, au vu des conditions, je n’étais finalement pas allée. Je crois que seulement à ce moment-là il s’est rendu compte qu’en effet, j’étais prudente…

Mais c’est en effet l’inconnu qui fait peur… Ma mère faisait pas mal d’alpi et de grimpe. Elle sait donc ce que c’est, et avec elle je peux en parler. Elle me dit également d’être prudente, mais pas sous forme de « reproche » ou la voix pleine de peur… D’un côté, cette peur liée à l’inconnu est « rassurante » dans le sens où il y a beaucoup trop de gens qui ne semblent pas se rendre compte des dangers liés aux sports de montagne… Mais c’est pas toujours facile de faire comprendre aux gens au final, pourquoi on fait ça, pourquoi on prend tel ou tel risque, etc. J’aime bien la phrase de Coelho dont tu parles Altaï :slight_smile:

Edit: d’accord avec toi elcap’. On fait tous des choix égoïstes, à chacun de faire la part des choses dans un sens… De trouver des compromis. J’aime bien comme tu vois la relation avec ton fils, on voit que l’inquiétude est quelque part légitime lorsqu’on aime quelqu’un… Je me demande comment je verrai la chose si un jour j’ai des enfants!! Certainement que les opinions changent :slight_smile:

Oui, quand c’est tes enfants qui y vont sans toi, ça change…Il faut faire confiance : confiance en eux, en toutes les connaissances que tu as transmises, en leur bonne assimilation…
Dans mon cas, mon fils ainé est directement allé accompagner des amis à lui dans des itinéraires courts et que nous avions parcourus ensemble.
Avant de le laisser partir (avec mon matériel qu’on a sélectionné ensemble), j’ai été clair sur l’importance de l’aspect « autorité du leader qui est responsable et doit faire appliquer ses consignes » : mener en sécurité un groupe d’amis, jeunes, c’est pas rien…Quand j’ai vu qu’il en était très conscient et que le choix des amis étaient fait en connaissance de cause, j’ai été rassuré. On a répété ensemble les manipulations au relais pour se rassurer tous les deux.
Ensuite : que du bonheur ! De la fierté : et pour atténuer mes angoisses légitimes de père, je me suis rappelé de mes expériences exactement au même âge (16 ans)…Mes premières grandes voies en autonomes, les amis que j’ai initiés…Laisser partir, faire confiance, encourager et apprendre à ne pas étouffer ses proches avec ses propres angoisses…
Après on a débrieffé ensemble les sorties : une étape importante aussi !
C’est bien et bon de voir un enfant accepter l’autonomie, faire avec ses acquis et gérer à sa façon. C’est une allégorie de la vie.
Pour conclure, je vous avoue que je suis très soulagé que mon fils se tourne plus vers le vélo enduro et DH : il y a des dangers dans ces disciplines, mais à côté des risques encourus en montagne, je reconnais que c’est beaucoup beaucoup plus facile à vivre pour moi.

Voili voilou :slight_smile:

La solution: cordée réversible avec sa compagne et niveaux identiques. La scène de ménage au sommet du pic Coolidge dans la tempête a nettement plus de gueule qu’au milieu des assiettes de la salle à manger… A essayer absolument.

Si tu savais… :rolleyes:
Perso j’ai choppé un mal des rimayes aigü, au point de ranger les piolets quelques années.
Et puis, bosser la semaine, se barrer en montagne le WE… ben j’ai préféré aussi passer plein de moments avec ma femme et mes enfants. Plus tard je les emmenerai probablement avec moi (j’ai déjà commencé avec les randos avec porte-bébé, initiation à l’escalade, ski dès que possible, …), et la notion de partage n’en sera que décuplée (si elles ne traînent pas les pieds pour venir… mais bon, la grande me réclame déja de monter au mont Blanc, elle a 5 ans :stuck_out_tongue: )

J’ai emmené ma femme en haute montagne, elle a trouvé que le milieu était superbe, mais beaucoup trop hostile pour elle.

La passion reste, mais tu la vis différemment, avec les contraintes que les responsabilités d’être parent apportent.
Je ne suis pas sûr dêtre méga content si elles partent sans moi en alpinisme un jour… :lol: mais bon, je crois que je préfère ces dangers-là que les sorties de boîte de nuit alcoolisées.

tout est dit. c’est, je crois, ma hantise de parent. mais là aussi on ne maitrise pas. et c’est pas plus mal. :wink:

pour en avoir déjà vu s’engueuler, franchement ça fait aussi peu rêver sur les sommets qu’à la maison…

[quote=« Altaï, id: 1866205, post:44, topic:170535 »]Je trouve cette discussion très intéressante. Bien sûr, le sujet n’est pas nouveau, mais il plutôt rare qu’il fasse l’objet d’un débat, tellement il touche à quelque chose de sensible, d’intime. Comment concilier le risque et la vie de famille ? Où se situe, pour chacun, la limite en la raison et la passion, l’égoïsme et ses antonymes ? Est-il légitime ou raisonnable de renoncer à l’un pour l’autre, et si non, comment trouver le « juste » milieu, sorte de compromission où l’on ménage la chèvre et le chou dans un délicat exercice d’équilibre ?

Joe Rhasse, tu peux toujours ressortir à tes proches cette phrase de Coelho : « Si vous pensez que l’aventure est dangereuse, essayez la routine, elle est mortelle ». Je ne sais pas si ça suffira à calmer les craintes, mais ça incitera forcément à réfléchir. Revers de la médaille : ta compagne/épouse pourra s’en trouver profondément blessée si elle en conclut qu’elle est à tes yeux l’objet même de cette routine…[/quote]

Que de questions qui attendent des réponses !

J’aime bien cette phrase de Coelho mais c’est vrai qu’elle est ) double tranchant :lol: je pense qu’avec ma femme ça risque de pas le faire, je vois bien la crise arriver !

Je viens de trouver ce poème, j’ avais déja entendu le titre « Vivre c’est risquer », je ne connaissais pas la suite:

[quote]Rire, c’est risquer de paraître fou
Pleurer, c’est risquer de paraître fragile
Aller vers quelqu’un, c’est risquer de s’engager.
Exposer ses sentiments, c’est risquer d’exposer son moi profond
Présenter ses idées, ses rêves aux autres, c’est risquer de les perdre.
Aimer, c’est risquer de ne pas être aimé en retour.
Vivre, c’est risquer de mourir.
Espérer, c’est risquer de désespérer.
Essayer, c’est risquer d’échouer.

Mais, il faut prendre des risques,
car le plus grand danger dans la vie
c’est de ne rien risquer.
Celui qui ne risque rien ne fait rien,
n’a rien,
n’est rien.
Il peut éviter la souffrance mais il n’apprend rien
ne ressent rien
ne peut ni changer ni se développer,
ne peut ni aimer ni vivre.
Enchaîné par sa certitude,
Il devient esclave, il trahit sa liberté
Seuls ceux qui risquent d’aimer sont libres.[/quote]

Faire un blog.

Depuis que j’ai le mien, où je raconte mes courses, j’ai l’impression que ma famille (je suis célibataire) s’inquiète moins quand je suis en montagne. Avant, ils m’appelaient systématiquement le vendredi soir pour savoir si j’allais en montagne le week-end. Maintenant, je peux laisser passer 2 semaines sans appeler.

Je pense qu’en voyant les photos (et c’est pas que des photos de fleurs, mais je suis plutôt du genre à parler de relais foireux, de longueurs de 50m protégée avec un cablé enfoncé au piolet et une broche à moitié vissée dans une motte de terre gelée…) et mes commentaires ça dédramatise grandement le truc.
Après, il sont aussi au courant que j’ai fait des formations au CAF, ça aide aussi.

Il est de Kipling.

En fait, il faut savoir ce que signifie la précaution qu’on prend.
En ne se couchant jamais dans un lit, on a la certitude de ne pas mourir dans un lit. Autrement dit, on a la certitude de mourir ailleurs que dans un lit.
Pour la montagne, c’est pareil : en n’allant jamais en montagne, on a la certitude de ne pas mourir en montagne, et donc de mourir ailleurs qu’en montagne.
Est-ce vraiment intéressant pour la qualité de vie de mourir ailleurs qu’en montagne et ailleurs que dans un lit ? A chacun de choisir. En ce qui me concerne, je préfère continuer à aller en montagne ou dans un lit. Du coup, je ne sais pas si je mourrai dans un lit ou en montagne ou ailleurs, mais je garde toutes les possibilités, et de préférence pour le plus tard possible.

Bernard

C’est marrant, pareil au Col de la Temple. Ca doit être le coin.

Il fallait bien traverser avant que ce ne soit plus possible, la descente du Glacier Noir a tenu plus de la Chevauchée des Walkyries avec les avalanches qui dégringolaient des 2 côtés.
Arrivée au pré de Madame Carle, en retournant ses Koflach pour en extraire le demi-litre d’eau qui les baignait, elle était heureuse.

Comme quoi …

Mais 10 ans plus tard, quand elle est venue ce dimanche soir dans cette chambre d’hôpital après avoir casé les 2 fistons chez des voisins, je n’ai pas réussi à trouver les mots. Pas facile de dire que tout va bien en fait malgré les 2 jambes pétées, en attendant l’opération.

Elle ne m’en a jamais voulu.
11 mois plus tard notre fille est arrivée.

Aujourd’hui on fait de la montagne en famille. Des fois en s’encorde. Des fois pas.
Les risques on en parle avant pour mieux les gérer pendant.

Sinon, vis-à-vis de mes parents, on ne s’est jamais compris sur l’alpinisme. C’est pourtant eux qui m’ont emmené en montagne randonner, inscrits à mes premiers stages d’alpinisme dès 16 ans. Mais quand j’ai été autonome j’ai rapidement compris qu’il valait mieux éviter d’en parler.
Ils ne m’ont jamais rien demandé au sujet de mes 3 expés, ni sur mes activités d’encadrant. C’est comme ça.

A contrario on peut se poser cette question : ceux qui font de l’api n’ont-ils pas le désir profond et refoulé de ne pas mourir dans un lit ? (:stuck_out_tongue: )
(J’ai cette hantise d’une mort lente et annoncée, allongé et prostré , attendant que la grande faucheuse remplisse ses macabres offices…).

Le tout n’est-il pas de parvenir à convaincre ses proches que la montagne est un endroit où l’on meurt bien moins souvent que dans un lit , et que finalement c’est un lieu de bonne fréquentation ?

Bonjour à tous,

Voilà un sujet très intéressant voire perturbant. L’approche du risque et son acceptation par autrui est bien difficile. Et la non acceptation de ce risque par nos proches peut conduire à la non acceptation personnelle de ce risque. Je vous livre ici quelques réflexions au cours de 10 ans de « montagne », passant du mode « jeune con inconscient » à « à peine plus vieux mais trouillard » à la suite d’événements parfois tragiques.

Je pense que nos comportements doivent varier en fonction des proches. Voici les miens, basé sur ma pratique à tout petit niveau (pas bien bon, pas bien exposé sauf à ski).

Les parents

Par respect pour eux, je lève le pied. Je ne les laisserai jamais se faire appeler par le PGHM pour annoncer que la faucheuse est passée. Ils sont jamais été au courant des pépins vécus (avalanches, météo plus que mauvaise), des situations border line ou des copains blessés ou disparus. Ils manquent, de fait, une partie de ma vie et de mes épreuves, mais je cherche à les préserver: ils n’ont peu voire pas de culture de la montagne. On marche parfois ensemble sur les montagnes à vaches.
Maman (toujours stressée): elle sait quand je sors en montagne car mon camp de base est chez mes parents. Activité et massif connu, rien de plus. Elle ne sait pas quand je pars seul
Papa (un peu moins flippé): il sait quand je pars seul, un peu plus d’info sur le sommet, la difficulté et les conditions. Il me fait un peu plus confiance. Je l’ai initié à la grimpe. Je lui fais part de mes doutes a priori et des paramètres auxquels je ferai attention.

Je les appelles de retour au parking.

La copine

Elles ont toujours été au courant et une sorte de contrat moral est passé dès le début. La montagne tue, même en limitant les risques. La part aléatoire est toujours présente et il se peut que l’on ne revienne pas. Un peu dur, mais cela construit des bases saines. Pour la dernière en date, je ralentis aussi beaucoup la prise de risque. Il m’est arrivé plusieurs fois de pleurer dans ces bras, pour discuter de l´égoïsme de la prise de risque. Elle est au courant de tous les pépins et disparitions: cela forge la confiance.
L’initiation évoqué précédemment est un bon truc: mon père est rassuré et je découvre de nouveaux plaisir. Faire du 4 en grande voie avec mon père, apprendre le chasse neige à ma copine qui n’a jamais skié. Ces partages, ces sourires décrochés au relais ou au virage me rendent plus heureux, avec l’age, que de tracer un 5.x en poudre vierge. J’ai acheter un ABS pour elle.

Les copains (non montagnards) et la famille plus éloignée

Ils savent peu de chose, juste quelques anecdotes ou faits majeurs. Je pars du principe qu’un ami doit nous accepter tel que l’on est. on peut perdre un ami, on peut relativement accepter de mes perdre un copain par sa passion (montagne, moto, …) ou ses addictions.

Les enfants

Pas (encore) concerné. Je pense que j’arrêterai presque tout de trop osé (ski d’hiver), TATA jus’à ce que le dernier soit indépendant. Je plussoie de ne pas mettre tous les oeufs dans le même panier. Mon petit neveu et filleul m’a fait prendre beaucoup de plomb dans la cervelle et est probablement la cause principale de la réduction d’engagement.

J’ai commencé des lectures pour trouver des réponses à l’acceptabilité du risque. J’en ai besoin pour me sentir en vie, pour prendre un peu recul. Eric Fromm a bossé sur la pulsion de mort, mais je n’ai pas encore fini. J’espère y trouver un équilibre pour atteindre le mode « vieux sage » le plus rapidement possible.

A propos du lit, c’est l’endroit le plus dangereux du monde: la plupart des gens y meurent. Les autres comparisons sont un peu foireuses (avis personnel): les selfies sont plus dangereux que les requins (vrai) :), les sorties de boites sont souvent binaires et pas toujours contrôlables.

EG

[quote=« Altaï, id: 1866558, post:57, topic:170535 »]

A contrario on peut se poser cette question : ceux qui font de l’api n’ont-ils pas le désir profond et refoulé de ne pas mourir dans un lit ? (:stuck_out_tongue: )
(J’ai cette hantise d’une mort lente et annoncée, allongé et prostré , attendant que la grande faucheuse remplisse ses macabres offices…).

Le tout n’est-il pas de parvenir à convaincre ses proches que la montagne est un endroit où l’on meurt bien moins souvent que dans un lit , et que finalement c’est un lieu de bonne fréquentation ?[/quote]

Je me dis pareil… De toute façon la perte d’un proche est horrible. L’accident est horrible, qu’il arrive en montagne, dans l’eau, sur les routes ou n’importe où ailleurs. Mais avec du recul, c’est encore pire de voir quelqu’un souffrir et attendre la mort…

Après moi j’ai cette sorte de « croyance » en une sorte de « destin ». Je sais pas comment dire… A mon avis les choses qui doivent arriver arrivent. On peut les retarder, mais quelque part les choses sont « écrites ». Je cherche pas à ouvrir un débat là-dessus, c’est juste comme je vois/ressens les choses… Mais (je ne suis pourtant pas croyante en une religion ni pratiquante ni rien), je pense qu’on a tous quelque chose à accomplir ici bas… Et qu’ensuite c’est fini. Quand tu vois des jeunes à qui il arrive des choses horribles (en montagne ou ailleurs). Quand tu vois des personnes âgées qui attendent désespérément que tout ça soit fini (je pense à mon grand-père que j’ai vu souffrir et attendre que la mort l’emporte)…

Bien sûr, une telle vision des choses ne rassure pas les proches, ni ne les console. Mais peut-être que cela permet de relativiser au niveau de la prise de risques… Qu’il faut profiter à fond de faire ce qu’on aime parce qu’on ne sait pas quand on sera plus là! Après, c’est peut-être juste un moyen égoïste de déculpabiliser, j’en sais rien :stuck_out_tongue:

Ceci dit, j’essaye de penser comme ça pour la vie en général, pas seulement pour les risques pris en montagne. Je me dis souvent (ou j’essaye, surtout quand je viens de me prendre une grosse claque dans la tronche :stuck_out_tongue: ) « Si ça doit se faire, ça se fera. Sinon, c’est que ce n’était pas pour moi » (et par là je n’entends pas être passif et attendre que les choses nous tombent dessus non! Juste que si malgré nos efforts, quelque chose ne se passe pas, c’est que ce n’était pas « fait pour être »). ça aide à relativiser beaucoup de choses, en montagne comme ailleurs.

[quote=« bernard guérin, id: 1866538, post:55, topic:170535 »]

En fait, il faut savoir ce que signifie la précaution qu’on prend.
En ne se couchant jamais dans un lit, on a la certitude de ne pas mourir dans un lit. Autrement dit, on a la certitude de mourir ailleurs que dans un lit.
Pour la montagne, c’est pareil : en n’allant jamais en montagne, on a la certitude de ne pas mourir en montagne, et donc de mourir ailleurs qu’en montagne.
Est-ce vraiment intéressant pour la qualité de vie de mourir ailleurs qu’en montagne et ailleurs que dans un lit ? A chacun de choisir. En ce qui me concerne, je préfère continuer à aller en montagne ou dans un lit. Du coup, je ne sais pas si je mourrai dans un lit ou en montagne ou ailleurs, mais je garde toutes les possibilités, et de préférence pour le plus tard possible.

Bernard[/quote]
Certains alpinistes develloperaient donc une phobie du lit ? :wink:
A tout hasard il y en aurait ici qui ne se couche jamais dans un lit par crainte d’y trépasser ?
Et puis il y a mourrir dans un lit et mourrir dans un lit.
En France la tendance est a mourrir systématiquement dans un lit d’hopital.
Et pas chez soi. Ce qui change un peu les choses.
Mais parait qu’ils commencent a y refléchir( ca coute « cher » un lit d’hôpital pour le populo)
Personnellement je préfèrerai mourrir dans mon lit d’une seul pièce plutôt que de contraindre une tierce personne ( même si c’est son " métier") à venir me recuperer en très mauvais état au pied d’une parois ou ailleurs.
J’aime bien mon lit (ou ma couche ) quand je reviens d’un périple.

Pour ma part, nous grimpions souvent ensemble avec mon épouse … Depuis les enfants, c’est plus compliqué. Compliqué pour les faire garder, et compliqué pour l’histoire de ne pas mettre tous les œufs dans le même panier. Même le ski, on n’y réfléchi à deux fois, même si le risque des deux est facilement gérable. Bon, nous grimpons toujours un peu chacun de notre côté. Suffit de gérer à coup de texto les retards si c’est possible. De toute façon, suivant le lieu de la course, on sait si ça va passer ou pas.

Sinon, moi j’ai jamais rien géré en vrai. Égoïste ? Je ne sais pas. Inconscient, je ne sais pas. Mais c’est vrai que j’ai toujours dit ce que mes compagnes ou ma mère voulait entendre (oui je serais de retour à Grenoble en début d’après-midi, t’inquiète, je pars pas longtemps … Dans le Grand Clôt intégral). Mon père n’a jamais rien compris (une fois à la Meije pour la voie normale, il était allé à la Grave pour avoir accès à la lunette au pied du télé … Il ne m’a pas trouvé évidement). Mes enfants ne se rendent pas (encore) compte.

Mais c’est vrai que j’ai enregistré malheureusement un paquet de copains et copines décédés en montagne. Principalement avalanche. Une seule mort sur la route dans mon entourage.

:smiley: