Bonjour à tous,
Voilà un sujet très intéressant voire perturbant. L’approche du risque et son acceptation par autrui est bien difficile. Et la non acceptation de ce risque par nos proches peut conduire à la non acceptation personnelle de ce risque. Je vous livre ici quelques réflexions au cours de 10 ans de « montagne », passant du mode « jeune con inconscient » à « à peine plus vieux mais trouillard » à la suite d’événements parfois tragiques.
Je pense que nos comportements doivent varier en fonction des proches. Voici les miens, basé sur ma pratique à tout petit niveau (pas bien bon, pas bien exposé sauf à ski).
Les parents
Par respect pour eux, je lève le pied. Je ne les laisserai jamais se faire appeler par le PGHM pour annoncer que la faucheuse est passée. Ils sont jamais été au courant des pépins vécus (avalanches, météo plus que mauvaise), des situations border line ou des copains blessés ou disparus. Ils manquent, de fait, une partie de ma vie et de mes épreuves, mais je cherche à les préserver: ils n’ont peu voire pas de culture de la montagne. On marche parfois ensemble sur les montagnes à vaches.
Maman (toujours stressée): elle sait quand je sors en montagne car mon camp de base est chez mes parents. Activité et massif connu, rien de plus. Elle ne sait pas quand je pars seul
Papa (un peu moins flippé): il sait quand je pars seul, un peu plus d’info sur le sommet, la difficulté et les conditions. Il me fait un peu plus confiance. Je l’ai initié à la grimpe. Je lui fais part de mes doutes a priori et des paramètres auxquels je ferai attention.
Je les appelles de retour au parking.
La copine
Elles ont toujours été au courant et une sorte de contrat moral est passé dès le début. La montagne tue, même en limitant les risques. La part aléatoire est toujours présente et il se peut que l’on ne revienne pas. Un peu dur, mais cela construit des bases saines. Pour la dernière en date, je ralentis aussi beaucoup la prise de risque. Il m’est arrivé plusieurs fois de pleurer dans ces bras, pour discuter de l´égoïsme de la prise de risque. Elle est au courant de tous les pépins et disparitions: cela forge la confiance.
L’initiation évoqué précédemment est un bon truc: mon père est rassuré et je découvre de nouveaux plaisir. Faire du 4 en grande voie avec mon père, apprendre le chasse neige à ma copine qui n’a jamais skié. Ces partages, ces sourires décrochés au relais ou au virage me rendent plus heureux, avec l’age, que de tracer un 5.x en poudre vierge. J’ai acheter un ABS pour elle.
Les copains (non montagnards) et la famille plus éloignée
Ils savent peu de chose, juste quelques anecdotes ou faits majeurs. Je pars du principe qu’un ami doit nous accepter tel que l’on est. on peut perdre un ami, on peut relativement accepter de mes perdre un copain par sa passion (montagne, moto, …) ou ses addictions.
Les enfants
Pas (encore) concerné. Je pense que j’arrêterai presque tout de trop osé (ski d’hiver), TATA jus’à ce que le dernier soit indépendant. Je plussoie de ne pas mettre tous les oeufs dans le même panier. Mon petit neveu et filleul m’a fait prendre beaucoup de plomb dans la cervelle et est probablement la cause principale de la réduction d’engagement.
J’ai commencé des lectures pour trouver des réponses à l’acceptabilité du risque. J’en ai besoin pour me sentir en vie, pour prendre un peu recul. Eric Fromm a bossé sur la pulsion de mort, mais je n’ai pas encore fini. J’espère y trouver un équilibre pour atteindre le mode « vieux sage » le plus rapidement possible.
A propos du lit, c’est l’endroit le plus dangereux du monde: la plupart des gens y meurent. Les autres comparisons sont un peu foireuses (avis personnel): les selfies sont plus dangereux que les requins (vrai) :), les sorties de boites sont souvent binaires et pas toujours contrôlables.
EG