Aux modos : je comprend pas comment mettre en forme correctement ??
Gilles,
Il est difficile de débattre avec toi car tes propos se contredisent sans cesse. Ainsi tu me reproche d’avoir mal compris ta thèse que je résume en deux points :
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L’alpinisme se définit par son rapport à la mort
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L’escalade se définit par l’aseptisation des lieux de pratiques et la normalisation
On trouve pourtant tous les éléments dans ton discours, bien qu’ils varient selon la ligne/la page j’en conviens
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Page 17 de ton livre, chapitre « L’essence de l’alpinisme » : « J’en viens donc à ma thèse : l’essence des pratiques liées à la montagne et recourant à l’escalade en tant que technique de progression […], c’est leur rapport à la mort ».
Je ne citerai pas les nombreuses autres occurrences qui montrent que tu séquestre l’alpinisme à un rapport à la mort, oubliant malheureusement de t’intéresser à la façon
dont l’alpinisme se définit aussi :
- Par un milieu spécifique : il est profondément différend de s’engager dans une grande paroi des alpes, ou même simplement au Cullasson en hiver, que dans une falaise comme Presles ou le Verdon. L’altitude, le froid, l’éloignement, l’absence de moyens de communications (hors radios), l’intensité des phénomènes météo, créent une différence de pratique liée au milieu.
- Par les techniques : si l’escalade se cantonne au rocher, l’alpinisme fait usage de techniques d’ascension sur neige,
glace, mixte, …
Il est dommage que tu n’aies pas traité de façon même superficielle des thèmes aussi important dans un ouvrage qui se voudrait scientifique.
On retrouve dans ta réponse à mon premier texte les mêmes contradictions puisque tu me reproche de mal comprendre ta thèse puis tu répètes plus loin dans ton texte « Je veux bien qu’on dise que ce n’est pas de l’alpinisme, bien que pour moi le
rapport à la mort revienne dans la pratique, mais ce n’est sûrement pas de l’escalade sportive ».
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Tu te défends de définir l’escalade comme une pratique aseptisée et normalisée pourtant tu défends une vision extrêmement étriquée de l’escalade, puisque tu refuses
de reconnaitre à l’escalade dite « clean »… son statut de pratique d’escalade !!
C’est donc que pour toi l’escalade ne se conçoit que sur spits. La qualifier d’aseptisée et de normalisée te dérange pourtant c’est une réalité que tu défends implicitement dans ton discours.
Un autre exemple de tes contradictions, qui rendent le débat difficile avec toi… Tu pourfends l’idée que l’escalade « clean » sur coinceurs mécaniques puisse être de « l’Escalade »
selon la définition étriquée qui est la tienne, soit. Pourtant dans ton livre, afin de mettre en évidence l’explosion de la pratique de l’escalade, tu utilises comme preuve l’augmentation du vocabulaire lié à l’escalade. Il est hilarant de constater que tu attribues à l’escalade sportive (qui rejette la
protection amovible) le mérite de l’invention des termes « friends » et « aile de poulet » qui sont tous deux des termes liés à l’escalade « clean » sur protections amovibles !!
Ceci étant posé, je suis content de voir que nous sommes d’accord sur le fond du problème : la nécessité de
préserver toutes les formes de nos pratiques !
C’est pourquoi je mets autant d’énergie à démonter la thèse que tu essayes péniblement de bâtir dans ton livre, car ce
qui m’inquiètes, et qui en inquiète beaucoup d’autres dont Bernard et Rozenn qui te l’ont dit, c’est que tu n’as aucune idée du danger qu’elle représente.
Je vais donc te résumer les conséquences que nous craignons :
Puisque ta thèse se réfugie dans une vision étriquée de l’escalade ayant comme seul support le spit et comme
seule issue la disparition des notions d’exposition (danger de blessure ou de mort) et d’engagement (nécessité d’une gestion du mental) ; puisque les escalades dites « trad » et « clean » sont bien de l’escalade et non de l’alpinisme, par leur milieu de pratique notamment ; puisqu’il existe déjà des conflits d’usage très nombreux (dalles du charmant-som,
classiques des pré-alpes, Annot, Pointe du Vallonet, Sainte-Victoire, …) :
la conséquence de ta thèse pourrait être à terme la destruction de ces pratiques variées au profit de la seule escalade sportive.
C’est pourquoi il est important de réaffirmer une autre vision de nos pratiques qui ne soit pas basée sur le faux problème du rapport à la mort mais sur des fondations plus saine.
C’est pourquoi j’accorde autant d’importance à cette notion de « continuum des pratiques » qui a un ancrage réel que tu ne vois pas par manque de curiosité. Ainsi C. Moulin pourra t’expliquer qui fréquente les équipes alpinisme qu’il a en charge : souvent des jeunes venus de l’escalade avec un fort niveau, pratiquants de couenne et résine, qui ont commencé par pratiquer des voies d’escalade sur spit plus engagées, avant de pratiquer le clean, le trad, et aujourd’hui l’alpinisme de haut niveau.
Tu souhaites ensuite engager un autre débat qui est : « pour quelles raisons la composante sportive de l’escalade se développe plus que les autres ? »
Tu as développé une piste qui est intéressante en parlant de la notion de risque, il serait intéressant de dérouler aussi une analyse liée au milieu de pratique, aux conditions d’accès,
de formation, à la proximité avec les lieux de vie et de travail, …
Il y aurait encore beaucoup de choses à réfuter dans ton livre, et beaucoup de choses à ajouter à ce débat
qui, par ton livre, part sur des bases étriquées. Pour la réfutation je n’en ai pas la patience, quand à enrichir le débat et à proposer une autre vision de nos pratiques, on est plusieurs à y travailler