Posté en tant qu’invité par Thierry:
Bonjour,
Je suis l’auteur du règlement intérieur qui fait couler beaucoup d’encre dans les posts qui précèdent.
Je faisais parti du club de Perros où a eu lieu l’accident. Je connais bien l’ex président du club de Perros.
Le résultat du procès m’a surpris car je ne m’attendais pas à ce que le club prenne 100% des torts alors que les grimpeurs disaient avoir de l’expérience, qu’il arrivaient avec leur propre matériel, qu’on leur avait demandé s’ils voulaient se faire former, que le grimpeur comme l’assureur ont fait des fautes de pratique…
A titre perso, je pense que nous avons été très mal défendu… Enfin, le résultat est là.
Ce qui est reproché au club, c’est de ne pas avoir mis en place les moyens qui auraient permis d’éviter l’accident.
Dans le cadre d’un club, nous sommes dans « une obligation de moyens »
(Les sorties entre « copains » en SNE sortent de ce cadre => Mettez ou ne mettez pas de casques, c’est votre problème. Par contre, les sorties SNE club rentrent dans ce cadre => En cas d’abscence de casques, de nombre d’encadrant trop faible, de choix de voies trop difficiles par rapport au niveau des grimpeurs, …, le club pourra être tenu pour responsable.).
L’obligation de moyens en SAE signifie: Pouvoir justifier du suivi du matériel, de la compétence des encadrant, de la formation des grimpeurs et de l’évaluation des grimpeurs.
En fait, c’est sur ce dernier point que nous avons été épinglés.
Le problème ne se pose pas avec des débutants car en général ils sont demandeurs de formation et ne se lancent pas à l’aveuglette, la fleur au fusil dans des voies d’escalade.
Le problème se pose avec des gens qui ont déjà pratiqué: Sont-ils bien formés? Ont-ils arrêtés de pratiquer depuis longtemps? Sont-ils conscient qu’en SAE il ne faut pas assurer avec des grandes boucles de mou comme en SNE? L’assurage en 5 temps est-il respecté? Sautent-ils des points d’assurage? Parrent-il le grimpeur?
Bref, on nous a reproché de ne pas avoir évalué les grimpeurs avant de les laisser pratiquer en « libre » en tant que grimpeur confirmé.
Exiger un passeport d’escalade ne résoudra pas le cas d’un grimpeur qui a eu son passeport a une époque lointaine mais qui n’a pas pratiqué (Essayez donc de faire assurer votre voiture si vous ne pouvez justifier de votre pratique: Le simple permis ne suffit pas, il faut avoir été assuré auparavant sinon c’est retour au tarif jeune conducteur.). Il s’agit bien d’une problématique d’évaluation dont on parle.
A partir de cela, on a beaucoup cogiter sur le règlement intérieur.
La problématique de base est de réaliser un accueil des grimpeurs qui permette de détecter efficacement:
- les grimpeurs non licenciés (Et oui, cela arrive… Ne me faite pas croire que cela n’arrive jamais en début de saison.)
- Les grimpeurs non évalués
Pour que le responsable de séance puisse bosser, on lui fourni:
- Une feuille de présence que l’on met à jour à partir des dossiers d’inscription.
Cette feuille de présence garanti que la personne est licenciée et à jour de la visite médicale.
Le responsable de la séance s’assure que les grimpeurs signe la feuille.
Cela permet de prouver en cas de problème que le grimpeur a une pratique régulière, cela permet également de détecter les « intrus ».
Un grimpeur d’un autre club qui décide de tester notre SAE est ainsi détecté.
- Un cahier des grimpeurs qui centralise les coordonnées de chacun des grimpeurs connus du club avec l’état de leur formation. Ce cahier centralise le résultat des évaluations (Le grimpeurs signe en face de chacunes des compétences requises et l’évaluateur contresigne. La feuille des compétences requises n’est pas manuscrite comme le suggère un post précédent, mais je retiens l’idée.).
- Une procédure d’urgence en cas d’accident avec entre autre les coordonnées des personnes qui peuvent saisir dans l’urgence une « licence découverte » si l’accidenté n’a pas pu présenter de licence (La licence découverte doit être saisie avant minuit).
Grace à cela, le responsable de séance détecte les grimpeurs non évalués: Il peut s’agir de débutants comme de grimpeur que l’on ne connait pas. Ces personnes sont alors aiguillées vers des initiateurs qui se chargent soit de les former, ou de les évaluer.
Le but de l’évaluation d’un non débutant est de s’assurer que le grimpeur est au courant des règles de sécurité concernant la SAE.
Cela n’empèche pas le grimpeur de faire plus tard une bétise, mais il ne pourra pas prétendre qu’il ne savait pas.
Nous avons convenu que la notion de « grimpeur confirmé » qui fait suite à une évaluation n’a de validité que sur la saison. On remettra le couvert à chaque début de saison sachant que pour la plupart des grimpeurs, il ne s’agira que d’une piqûre de rappel concernant les règles de sécurités.
Pour terminer, j’ajoute que je suis également plongeur et que je me suis fortement inspiré du fonctionnement des clubs de plongée. Il faut savoir que la plongée est un des rare sport où un bénévole risque le pénal s’il sort du cadre de la loi (Car en plongée, il éxiste un arrêté de loi qui fixe le cadre de la pratique en club. Par exemple, en tant que guide de palanquée (Niveau 4), si j’emmène un niveau 1 à 30m, même s’il n’arrive rien pendant la plongée, je peux être attaqué en justice pour « mise en danger de la vie d’autrui ».)
Voila, j’espère que cela éclaire un peu le débat sur la responsabilité d’un club, sur la notion d’obligation de moyens dans un club et la responsabilité individuelle lors d’une pratique hors club.
J’espère que la fédé va faire quelque chose pour:
- Améliorer la protection juridique des bénévoles d’un club
- Systématiser un « modèle » de règlement intérieur
Bonne grimpe.