Posté en tant qu’invité par J.Marc:
Comme je suis paresseux, copié-collé !
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J’ai commencé en 1980. Enfin pour de vrai. Parce que ça faisait 7 ans que je grimpais dans ma tête… Depuis ce jour où mes parents m’avaient emmené à la Grave, au pied de la Meije, et qu’à 11 ans, j’avais fait le voeu de la gravir… Seulement comme ma famille avait décidé que l’alpinisme, c’est dangereux, j’ai dû attendre ma majorité pour me lancer… Mais cette longue attente m’a donné le temps de lire : Rébuffat, Frison-Roche, Terray…
J’aurais bien directement commencé par la haute montagne, mais quand on habite en Normandie… Alors je me suis dit qu’à l’instar de Rébuffat dans ses Calanques, ma carrière pourrait commencer sur des falaises…
Et les plus proches étaient en craie ! A 45 minutes de vélo de la maison, s’offraient à mon appétit les tours de Connelles, dans un cadre sympathique au dessus de la Seine…
Alors je me suis inscrit au CAF de Rouen, et me suis décidé à les retrouver tous les dimanches - sans pluie - sur le terrain.
La première fois ? je m’étais équipé en suivant scrupuleusement les conseils de Gaston dans « Glace, Neige et Roc » : knickers, chemise de laine et grosses en cuir… Pas de baudrier bien sûr : encordement à la taille, assurage à l’épaule… Bon, on ne s’est pas trop moqué de moi, parce que visiblement, dans le club, il y avait des nostalgiques des tricounis…
Je me souviens encore de ma première voie : un dièdre-cheminée de 20m, coté III ; la première longueur de « l’E », à la falaise de « l’M », pour ceux qui connaissent. J’étais en second, et je connaissais par coeur, pour les avoir lues et relues, les techniques d’oppositions. A ma grande surprise, à peine décollé du sol, j’avais l’impression d’avoir toujours su grimper, et ce fut une joie intense que de pouvoir enfin, pour de vrai, défier la pesanteur !
10 mois plus tard, c’était l’été, et j’affutais ma technique de rochassier sur les montagnes de l’Oisans…
NB : le voeu… je l’ai réalisé, mais bien après, en 1998 !
http://escalade.camptocamp.com/forums/read.php?f=15&i=90058&t=89443
Bon, j’ai un peu pipoté mes débuts… car j’avais commencé bien avant !
J’avais 7 ans. Nous passions nos vacances dans un petit hameau de Bretagne, à 500m de la mer. Oh, pas une belle plage de sable fin, non, juste une petite crique rocheuse. Nous y déscendions tous les matins, avec ma grande soeur et mon grand frère ; c’était l’aventure, on crapahuttait un peu partout…
Et là, au milieu d’un chaos de blocs de granit rose, il y en avait un plus beau, plus grand que tous les autres… j’y étais souvent monté, car il réserve un accès facile côté mer ; pour la vue, pour le fun… Mais à l’opposé, c’est une véritable paroi verticale qu’il offrait au regard. Et sans savoir pourquoi, l’envie de la gravir commençait à me tarauder…
Un jour que frangine et frangin étaient occupés avec quelques crustacés un peu plus loin, je ne pus m’empêcher de saisir l’occasion. Et c’est armé de mes seules espadrilles, que j’ai affronté la paroi.
A ma grande surprise, tout se passe bien : le rocher est bien sculpté, je m’y aggrippe sans mal, et m’élève peu à peu. Déjà, les pieds sont loin au dessus du sol. Le sommet est proche. Je suis presque déçu de ne pas avoir dû combattre une quelconque adversité. Tant pis, ce n’est pas encore aujourd’hui que je deviendrai un héros. Plus qu’une bonne prise à aller chercher, et ce sera fini. Allez, je n’ai pas que ça à faire !
Bon, voir la bonne prise, savoir que c’est elle qu’il faut attrapper, c’est bien… mais comment ? Je m’aperçois, un peu tard, que ma petite taille ne m’aide pas, et qu’il me manque au moins 20cm pour me sortir de là ! Le constat est vite fait : je suis bloqué !!! Pas question de redescendre, trop dur ; ni de sauter, trop haut, avec ces blocs saillants qui m’attendent… et impossible de monter : mes pieds sont sur une bonne vire, ma main gauche tient un petit quelque chose, mais mon bras droit refuse catégoriquement de s’allonger…
Je ne sais plus combien de temps je suis resté dans cette position, pas vraiment fatiguante, mais pour le moins inconfortable… Que faire ? D’un premier réflexe finalement assez raisonnable, j’appelle au secours ! Hélas en vain, les vagues se fracassent sur les rochers dans un vacarme qui couvre sans peine ma petite voix… Pleurer ? Non, ça, je sais que ça ne sert à rien… Attendre ? Après tout, on finira bien par s’inquiéter de ma disparition…
Et puis soudainement, une horrible pensée m’envahit… Que va-t-il se passer, après ? Une fois secouru… Non, pas ça !!! Pas l’engueulade de ma soeur , qui quelques minutes avant, m’avait instamment priée de ne pas m’éloigner, et surtout, de ne pas grimper sur les rochers tout seul ! Et je ne parle pas du savon qui suivrait à la maison… Jamais !
Aussi, complètement terrorisé à l’idée d’essuyer les foudres de la réprimande, c’est sans réfléchir, aggripé aux doigts de ma main gauche, que je monte le pied droit en appui, pousse dessus, décolle le pied gauche… et c’est presque en spectateur que je vois les doigts de ma main droite aggriper avec frénésie la prise salvatrice !
Sommet du rocher, grand vide dans la tête… et silence sur cette histoire pendant des années !
J’attendrai même 4 ans avant de retenter la moindre ascension…
Et aujourd’hui ? je grimpe en Alsace et autour, environ une fois par semaine, sur le grès ou le granit des Vosges, le calcaire du Jura, je m’entraîne au TA en Allemagne, et l’été me voit arpenter, coinceurs au baudrier, grandes voies ou courses rocheuses alpines ou corses…
Tout ça dans un niveau tranquille qui fluctue avec ma forme (et mon poids ;-)) entre 5c et 6b.
La dernière nouveauté : je me remets depuis peu au bloc… nostalgie de mes vacances en Bretagne ?