J’ai tellement de beaux souvenirs… le choix est trop difficile !
Allez, je vais quand même jouer au jeu : une activité - un beau souvenir.
Rando pédestre
Août 1979. Ascension du Pic de Campbiehl, mon premier 3000. Il a plu 5 jours de suite, il n’en reste plus qu’un avant de boucler bagages… et c’est par une luminosité extraordinaire, dans 50cm de fraîche, que je vais fouler cette cîme tant convoitée… Depuis la corniche sommitale, toutes les Pyrénées à mes pieds, de la Méditerranée à l’Atlantique… et l’impression de pousser la porte du monde des alpinistes.
Alpinisme
Juillet 1998. Je réalise un rêve de gosse, imaginé 25 ans plus tôt, quand petit garçon de 11 ans je l’admirais depuis la Grave : la Meije ! Une traversée superbe, un moment d’intense émotion au sommet du Grand Pic, la satisfaction d’avoir été fidèle à mes promesses d’enfant… Et tous ces sommets, ces lacs, ces villages, d’où mille fois j’ai contemplé ma montagne préférée, je les embrasse d’un seul regard circulaire, comme si toute ma vie de montagnard défilait en cet instant.
Grandes voies rocheuses
Juillet 2003. Au dessus du petit village familial de Bastelica, en Corse, une aiguille de granit me nargue depuis des années ; j’ai gravi toutes les montagnes de la vallée, sauf cette dent inconnue du massif de la Mantelluccia, qui répond tout de même au nom de Punta Secca. Il me faudra 3 étés pour déjouer les pièges du maquis et trouver un accès possible depuis le bas de la vallée.
Et le jour venu, après 3 heures de marche harassante, je gravis une belle face fissurée de 100m, versant NE, maintes fois repérée aux jumelles.
La première longueur fut la plus éprouvante, surtout dans la traversée foireuse qui me conduira à un nid de tafonis où je pourrai enfin faire relais, alors que mon compagnon a déjà dû entamer son escalade malgré les 50m de corde ; mon dernier piton tient mal, je n’ai confiance que dans le friend posé 10 m avant… jamais je n’ai été aussi concentré de ma vie, posant les pieds sur des micro-grattons, les doigts glissant sur les bords arrondis d’une petite fissure horizontale évasée improtégeable ; heureusement que mon pote ne m’a pas dit que j’étais en bout de corde et qu’il avait dû démarrer… Le soulagement d’atteindre les bacs que constituent ces tafonis (trous) dans le rocher est indescriptible. Et je ne vous dis pas comme mon compagnon a dû lui aussi batailler… ah, les traversées en second ! Cette longueur fut ainsi un grand moment de confiance mutuelle dans l’assureur… en TA c’est primordial !
La suite sera plus facile, et l’arrivée au sommet un grand moment de satisfaction… j’avais ouvert ma voie sur mon aiguille !
Un reste de cairn nous montre que nous ne sommes pas les seuls fous… notre face ne recelant aucune trace de pitonnage (pourtant nécessaire), nous repérons lors du rappel un autre itinéraire possible, sans doute plus facile, en versant SE… itinéraire caché, mais logique si on a tenté l’accès au pied de la dent depuis le haut du massif.
On poursuivra à pied jusqu’à la Punta di Mantelluccia, histoire de finir en beauté et de dominer furtivement ce petit monde ; pour finir cette petite expédition sous un soleil déclinant, déshydratés, mais heureux comme des gamins… et n’aspirant plus qu’à une bonne Pietra !
Grandes voies sportives
Juillet 1998. Quelques jours avant la Meije, « Ventre à terre » dans la face SW de l’Aiguille de Sialouze. Un granit de rêve, l’agréable sensation de dominer toutes les difficultés, de se ballader dans le 6a, et la naissance d’une cordée réversible mixte à la symbiose parfaite, qui se reforme chaque été dans les Alpes avec toujours autant de plaisir et de connivence.
Escalade en falaise
Octobre 2000. « Fausses fractures », une superbe fissure légèrement déversante du Kronthal, le site de grès rose sur lequel tous les grimpeurs bas-rhinois font leurs armes, à 15 minutes de chez moi. J’ai « flashé » pour cette voie, et c’est la seule que j’ai vraiment travaillée avec acharnement (un an) ; il m’aura fallut 12 essais pour un enchaînement extraordinaire, dans la mesure où je me suis étonné à me trouver parfaitement fluide, dominant tous les mouvements, sans aucune hésitation… comme si toute pesanteur était anéantie.
Je me suis même payé un petit luxe : d’ordinaire on termine la voie au point sous le relais, sinon impossible de mouliner à cause du frottement ; mais je voulais que l’enchaînement soit parfait, tout en installant la moule pour mon assureuse ; je suis donc allé jusqu’au relais final, sans le clipper, puis j’ai désescaladé jusqu’au point du dessous, et c’est seulement à cet instant que je me suis mis dans la corde et ai pu pousser un cri libérateur… pour mon premier 7a !
Ski de rando
Janvier 2006. Ascension du Brisen, dans les Alpes suisses. C’est mon premier sommet à skis… et le début d’une nouvelle passion !