Vol de plaquette ou érosion?

Posté en tant qu’invité par Thierry AVE:

A plusieurs reprises il m’est arrivé de me retrouver dans des grandes voies en montagne ou il manquait des plaquettes. J’ai ce souvenir en particulier à Ailefroide.
Le spit n’est pas endommagé, mais la plaquette a été dévissée et a disparu. Seule la tige filetée du spit dépasse de la roche.

Comme je n’imagine pas que la nature puisse arriver à faire cela toute seule, je peste toujours contre ce que je pense être du vol de plaquettes.

Depuis j’ai toujours quelques plaquettes et boulons en rab à la ceinture au cas où….

Mais cet été à Bavella en Corse j’ai eu un doute. J’ai trouvé sur un relais une plaquette complètement dévissée. Mais comme les deux plaquettes du relais étaient reliées ensemble par une cordelette, la plaquette dévissée pendait attachée à la cordelette.

J’ai du mal à croire que ceci soit l’œuvre de l’homme :

  • il faut vraiment être un psychopathe pour aller piquer des plaquettes dans un site aussi peu équipé que les grandes voies de Bavella, alors qu’il existe des centaines d’autre sites plus accessibles et beaucoup plus équipés.
  • Pourquoi avoir laissé la plaquette pendre à la cordelette sans l’emporter ? Le voleur n’aurait pas réussit à couper la cordelette ? . dans ce cas à quoi bon dévisser la plaquette. Ca n’a pas de sens….

Donc ceci me fait dire que c’est peut-être un phénomène naturel.

Votre avis ?

Thierry

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par gege:

je pense que c’est l’oeuvre d’un puriste qui désequipe les voies!

Posté en tant qu’invité par Baltardive:

Non, c’est l’oeuvre de grimpeurs, d’age mental 4 ou 5 ans ( « tiens, comment ça marche ce truc là » ou " je garde la plaquette en souvenir").
Il y a des exemplaires de ce genre de taré aussi ici à C2C.
Remèdes : la colle Loctite blocfilet et les coups de pied au cul.

Posté en tant qu’invité par Michel:

Bonsoir,

L’équipement en altitude ou au bord de la mer est soumis à des contraintes climatiques fortes. Les exemples de dégradation naturelle d’équipement abandonné ne manquent pas : ainsi après des crues dans la Cascade Notre Dame (Bourg d’Oisans), j’ai pu observer des plaquettes et des goujons totalement inutilisables. Il est fréquent que dans de tels terrains, un changement des anneaux de rappels, voire plus, s’impose… Les relais de Williamine Dada (Blaitière) seraient actuellement fort dangereux.

Il faudrait savoir si ton observation a eu lieu dans un site « sportif » ou dans un site classé « Terrain d’aventure ». Tu trouveras sur http://www.ffme.fr/texte/ffme/escalade-classement.pdf le texte officiel de la FFME qui établit ces classements. Dans les sites sportifs, TOUS les équipements nécessaires sont en place et maintenus par la FFME.
Dans les « terrains d’aventure », les équipements sont rares ou inexistants (dixit FFME) et ne répondent pas à la norme fédérale : les grimpeurs qui passent sont donc libres de compléter ou de nettoyer le « rare » équipement en place, sauf prescription particulière comme dans le parc des Ecrins où la convention limite les moyens utilisables pour l’équipement.
Il arrive donc souvent à chacun d’entre nous de retaper un clou, laisser un anneau de corde, revisser une plaquette … et parfois en enlever. Il n’y a aucun vol dans la mesure où il n’y a pas de propriétaire ou que celui ci a abandonné son matériel.

En tout état de cause, les terrains d’aventure situés dans des zones protégés comme les parcs nationaux ou régionaux (c’est sans doute le cas à Bavella) sont soumis à la réglementation de ces zones sensibles : il est interdit d’y laisser des équipements à demeure ou d’y abandonner des détritus de toute sorte comme des goujons à coté de fissures permettant une protection de qualité pour un grimpeur compétent. En Corse, le sujet des constructions est toujours sensible.

Quant à « age mental 4 ou 5 ans » et « ce genre de taré aussi ici à C2C », d’éminents grimpeurs comme Bernard Amy, Bernard Vartanian ou Reinhold Messner, ou des jeunes actifs comme ceux d’Inititative Terrain d’aventure (ITA) considèrent que c’est au grimpeur de s’élever au niveau de la voie qu’il tente, ce n’est pas à l’équipement à pallier le manque de compétences du grimpeur. Une solution raisonnable (je n’ai jamais entendu de contradicteur sur ce point) semble être, par principe, de ne pas laisser en place un équipement plus abondant que celui utilisé à l’ouverture de la voie.
Pour la colle Loctite blocfilet et pourquoi pas une via ferrata ou un téléphérique tant qu’on y est : le potentiel de terrain grimpable est vaste en France, mais il n’est pas illimité. Il existe sur Saint Ours un exemple de ce qu’il conviendrait d’éviter, et sur le secteur du Soreiller un exemple de ce qui est possible …. avec du talent (pour les ouvreurs) et un peu d’intelligence.

Bonne grimpe

Michel,

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par Thierry AVE:

Ok Michel pour l’ éthique d’équipement en grandes voies.

Mais dans les cas que je cite, je ne pense pas que l’éthique soit la motivation.

à Ailefroide la plaquette manquante était en plein milieu d’une dalle non protégeable par coinceurs (j’ai dû cravater la tige du spit avec un petit câblé pour m’assurer),

dans l’autre c’était à un relais d’une voie équipée dans le respect de l’esprit qui me semble règner à Bavella, c’est-à-dire avec quelques spits dans les dalles et rien dans les longueurs en fissures (je crois que j’ai du compter 5 ou 6 spits , hors relais, dans cette voie qui fait 200 mêtres… on est loin du sur-équipement).

Dans ces cas je n’arrive pas à expliquer ……

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par Lucio:

devait y avoir du monde qui poussait derrière alors pour être tranquilles ils ont dévissé la plaquette… voilà pour mon analyse :wink:

Thierry AVE a écrit:

à Ailefroide la plaquette manquante était en plein milieu d’une
dalle non protégeable par coinceurs (j’ai dû cravater la tige
du spit avec un petit câblé pour m’assurer),

Posté en tant qu’invité par chris:

d’accord avec toi, Thierry, les grandes voies d’ailefroide et a fortiori de bavella ne sont
pas surequippées: spit tous les 4à5m dans les dalles d’ailefroide et generalement
pas de possibilités de mettre des coinceurs; spits (de 8 et souvent rouillés) tous les 5 à
10 m dans les dalles compactes de certaines « classiques » de bavella comme le dos de l’elephant. la tres grande majorite des grimpeurs qui frequentent ces sites sont heureux de clipper sans risquer systematiquement une blessure grave , et pour les autres les possibilites de faire du vrai terrain d’aventure pas équipé sont tres nombreuses avec un peu d’imagination, surtout s’ils ont le niveau des grimpeurs que cite michel…

Posté en tant qu’invité par Michel:

Bonjour,

J’ai aussi du mal à comprendre pour Ailefroide et Bavella : dans le contexte d’une action « militante », enlever une ou deux plaquettes n’a guere de sens. Il faut aussi reconnaitre (ça m’est arrivé) que buter parce qu’il manque une plaquette est particulièrement rageant.

Où j’ai du mal à te rejoindre Chris, c’est quand tu dis « les possibilites de faire du vrai terrain d’aventure pas équipé sont tres nombreuses avec un peu d’imagination » : je n’ai certes jamais été au niveau des grimpeurs que j’ai cités, ni au niveau de bons grimpeurs, … mais je trouve les possibilités de (vrai) TA fort limitées en France : je dois donc manquer cruellement d’imagination.

J’appelle vrai TA, des voies qui ne soient pas sur pitons pourris, avec un rocher de qualité et où l’usage des coinceurs soit significativement obligatoire : je vois une poignée de voies aux calanques, à Ste Victoire, au Verdon, Polka directe, les voies Piola… bref pas grand chose en hiver. On peut tenter un inventaire plus précis, mais le terrain est plutot en voie de régression.

Michel,

Posté en tant qu’invité par Lucio:

Je rejoins Michel sur ce point. Il est vrai qu’en arrondissant son éthique on parvient à ranger un certain nombre de voies dans la boîte « TA ». Mais le potentiel s’amenuise peu à peu, entre les rééquipements sauvages :wink: et tout simplement le fait que les ouvreurs modernes sont plus nombreux (ou plus actifs) que les ouvreurs TA… En cherchant un peu, on trouve (en effet), mais c’est pas forcément de la grande escalade.

Michel a écrit:

niveau de bons grimpeurs, … mais je trouve les possibilités
de (vrai) TA fort limitées en France

tenter un inventaire plus précis, mais le terrain est plutot en
voie de régression.

Posté en tant qu’invité par Alex:

Je rejoins Michel sur ce point. Il est vrai qu’en arrondissant
son éthique on parvient à ranger un certain nombre de voies
dans la boîte « TA ».
Du TA à la Piola, c’est quand même plus sympa que de grimper des fissures herbeuses ou des renfougnes pas possibles (inévitables si on reste dans le IV à Cham…), et entre grimper sur des pitons en carton et des spits clairsemés et loin des fissures bien sûr, chacun fait son choix… Mais il faut éviter de mettre tous les terrains à la sauce Piola (ou à une autre sauce) et laisser un peu de zones totalement vierges…

Mais le potentiel s’amenuise peu à peu,
entre les rééquipements sauvages :wink: et tout simplement le fait
que les ouvreurs modernes sont plus nombreux (ou plus actifs)
que les ouvreurs TA…
Pourtant marteau+pitons c’est moins lourd que perceuse+plaquettes ;o))
effectivement, du TA type « grande face des Ecrins » manque un peu en moyenne montagne, mais certaines voies sont équipées « intelligemment » comme :
http://alpinisme.camptocamp.com/itineraire526.html

En cherchant un peu, on trouve (en
effet), mais c’est pas forcément de la grande escalade.
La Lauzière ? ;o))

A+

Posté en tant qu’invité par p’tetbenquoui:

il est une constatation souvent facile :

joli rocher sain : qqes lignes de plaquettes

150m plus loin, rocher délité et entrecoupé de vires herbeuses avec son lot de parpaings : voies TA

quand on vous dit qu’il reste du potentiel…

–certes, c’est un poil carricatural, mais pas tant que ça à mon avis…–

Posté en tant qu’invité par strider:

Michel a écrit:

Où j’ai du mal à te rejoindre Chris, c’est quand tu dis « les
possibilites de faire du vrai terrain d’aventure pas équipé
sont tres nombreuses avec un peu d’imagination » : je n’ai
certes jamais été au niveau des grimpeurs que j’ai cités, ni au
niveau de bons grimpeurs, … mais je trouve les possibilités
de (vrai) TA fort limitées en France : je dois donc manquer
cruellement d’imagination
.

hé ben Michel, il ne te reste plus qu’à aller au pays de Galles ou en Ecosse…là-bas c’est l’éthique c’est le TA absolu…c’est bien simple : tout équipement intempestif est vite saccagé,les relais n’échappant pas à la règle, ils vont pas dans la demi-mesure les anglo-saxons…en même temps, le rocher hercynien là-bas est ancien et très fissuré (gneiss, granit, micaschiste dont fissures à coinceurs et friendises) , donc les dalles lisses improtégeables (type calcaire de chez nous) sont plutôt rares! Et pour les descentes en général, elles sont faisables sans rappel! Mais incontestablement les rochers là-bas sont « propres »!

Posté en tant qu’invité par Lucio:

Presles c’est déjà de la (moyenne) montagne ? Ok je sors…

Alex a écrit:

effectivement, du TA type « grande face des Ecrins » manque un
peu en moyenne montagne, mais certaines voies sont équipées
« intelligemment » comme :
http://alpinisme.camptocamp.com/itineraire526.html

Posté en tant qu’invité par Alex:

Si je m’en remets à la définition culinaire :
« Le saucisson de montagne a séché à une altitude supérieure à 800 m. »
Pour Presles, on sort au plateau entre 874 et 1100m (ouf ;o))

Alex

Lucio a écrit:

Presles c’est déjà de la (moyenne) montagne ? Ok je sors…

Posté en tant qu’invité par Lucio:

Tu exagères, la Lauzière n’a rien à envier à Belledonne :wink:

Alex a écrit:

En cherchant un peu, on trouve (en
effet), mais c’est pas forcément de la grande escalade.
La Lauzière ? ;o))

Posté en tant qu’invité par Simon:

strider a écrit:

hé ben Michel, il ne te reste plus qu’à aller au pays de
Galles ou en Ecosse…là-bas c’est l’éthique c’est le TA
absolu…c’est bien simple : tout équipement intempestif est
vite saccagé,

c’est aussi valable a la Sainte Baume …

Posté en tant qu’invité par chris:

pour la beaute des lignes on retrouve tres souvent du rocher compact ou il est bien
difficile de poser quoi que ce soit et je suis généralement content qu’un gentil équipeur
ai posé quelques plaquettes pour nous permettre de grimper. les lignes a proteger
soi meme sont souvent un peu moins jolies hormis les fissures granitiques type
cham- enorme reservoir de TA pas si loin que ça- . on trouve aussi beaucoup de voies
peu ou pas équipées en Belledonne (voir nouveau topo maurienne de Patrick Col)
Bonne grimpe avec ou sans spits !

Posté en tant qu’invité par paul:

Pour le dos de l’Elephant la voie à été réequipée , plus besoin de coinceur , dommage , des pts ont été rajoutés dans Jeef également.
A l’Acellu j’ai refait la GPQ , un massacre à spit devant des fissures protegeable, fini le relais sur sangle dans le tafone.
Faut revenir 10 ans en arriere pour retrouver de la grimpe clean dans la région.

Posté en tant qu’invité par etienneh:

Michel a écrit:

mais je trouve les possibilités
de (vrai) TA fort limitées en France : je dois donc manquer
cruellement d’imagination
.

J’appelle vrai TA, des voies qui ne soient pas sur pitons
pourris, avec un rocher de qualité et où l’usage des coinceurs
soit significativement obligatoire : je vois une poignée de
voies aux calanques, à Ste Victoire, au Verdon, Polka directe,
les voies Piola… bref pas grand chose en hiver. On peut
tenter un inventaire plus précis, mais le terrain est plutot en
voie de régression.

Michel,

Effectivement tu dois manquer un peu d’imagination: il reste de belles choses dans les préalpes, les massifs moyennement élevés (Belledonne, Lauzière, Mercantour, Pyrénées et j’en passe). Il ne me semble pas que toutes les voies historiques des Ecrins et du Mont Blanc soient devenues des via ferrate.
Quant à la Corse si tu aimes le terrain d’aventure, n’hésite pas à déménager pendant quelques mois, tu ne t’ennuiras pas…

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par le-sherpa:

Sinon y’a aussi toutes les voies du fer à Cheval à Sixt, on part de 950m et le sommet peut être autour des 3000 !! Ces voies rocheuses ne sont parcourues que très très rarement et ne croulent pas sous les spits. Pas de risque d’être poussé ou gené par d’autres cordées. Ambiance grandes voies assurées