Bonjour,
la convention sur l’escalade dans la réserve existe depuis de nombreuses années. Rappelons bien qu’elle ne concerne que la réserve des hauts plateaux et pas l’ensemble de la Chartreuse, loin s’en faut. Elle est accessible sur le net. Elle est publiée dans le topo de la FFME (pour les sites de couennes) et dans le topo de la Chartreuse (pour les grandes voies). Bref, difficile de l’ignorer, encore plus quand on se veut équipeur. Si ces derniers ne jouent pas le jeu, il est logique que leurs voies ne soient pas maintenues en l’état. A partir du moment où des règles de conduite ont été fixées, par un consensus certes pas parfait mais qui a essayé de prendre en compte les volontés des partis concernés, respectons-le.
En toute honnêteté, les secteurs concernés sont peu nombreux et peu fréquentés par les grimpeurs. Si la réserve souhaite garder ces lieux vierges d’équipement de type école d’escalade, pourquoi pas ? Dans la mesure où leur demande est argumentée, pas « extremiste » (ce qui est très loin d’être le cas sur le massif de la Chartreuse), quel problème y-a-t-il à cela ? Et puis on peut toujours aller discuter, se renseigner, rien n’est gravé dans le marbre, les choses évoluent.
Pour la majorité des grimpeurs, soyons honnêtes, des sites de couennes ont été équipées récemment dans la zone des Entremonts (Cochette, Rigauds), des secteurs entiers de grandes voies sont accessibles sans aucune restriction y compris à proximité immédiate des zones concernées (granier face ouest, Outheran). Le granier face sud (alpette) est accessible tout l’automne. Bref, il y a de quoi faire de belles choses et de belles choses se font.
Pour ceux (très peu nombreux mais dont je fais partie) qui voudraient aller à la face Est du granier ou en face nord du Pinet, cela peut être frustrant, mais c’est quand même pas l’affaire du siècle. Pour ma part, ne pas aller dans ces parois crée encore plus le mystère autour d’elles et suscite un sentiment de rêverie (le plaisir des yeux, des zones inconnues…).
Alors, quelle est la nécessité de mettre en place de telles règles ?
Pour ma part, en dehors de l’aspect naturaliste que je ne maitrise pas bien, je considère comme dit dans un poste avant, que ces réserves, PNR et Parcs Nationaux sont des gardes fous contre les aménagements de toute sorte. On peut rappeler que la réserve en question est située entre une ville de 500 000 habitants et une autre de 150 000, que des pressions d’aménagements n’ont pas toujours été nulles (col du coq, aup du seuil…) et que certains secteurs appartiennent à des privés qui sont loin d’être des enfants de coeur (le marquis de Ponsonnas par exemple, qui voulait en son temps interdire tout passage (hormis les chasseurs) sur l’ensemble du secteur de l’aup du seuil qui lui appartient…).
Considérer ces administrations comme « inutiles et liberticides », on pourra répondre à super lapin et à ses copains issus des seventies que leur discours moralisateur sur les « jeunes grimpeurs moutons actuels qui n’ont rien compris à la liberté… » peut faire sourire . Car pendant qu’ils défendaient leur liberté individuelle chérie et leur ego à coup pitons et de directissime sur spits dans les préalpes ou dans le Verdon, la terre ne s’est pas arrêtée de tourner pour les écouter : bon nombre de stations se sont sur-développés, des secteurs entiers ont été aménagés à des fins purement mercantiles… Si les parcs nationaux ou les réserves n’avaient pas été crées par ces « méchants extremistes écolos », il est certain que la Vanoise, Les écrins et le sud Vercors auraient été en partie saccagés.
Bref, on grimpe encore en Chartreuse, on ouvre encore en Chartreuse, et il me semble que mise à part les grincheux du siècle passés, les grimpeurs ne sont pas à plaindre.
Bonne grimpe !
Julien