Il était annonçé depuis longtemps (projet Natura 2000), la réintroduction des Vautours Fauves et Moines préfigurant celui du Gypaète Barbu.
Espèce déjà réintroduite dans les Pyrénées (ou elle est la plus stable) et la Haute-Savoie (Bargy, Aravis, réserve Sixt Passy) non sans grincements de dents, le Gypaète Barbu va faire son apparition d’ici quelques mois sur le secteur d’Archiane (Vercors sud, Drôme) selon un rapport très récent du Parc Naturel Régional du Vercors (daté Avril 2010). Cette réintroduction va se faire avec le concours d’ASTERS (Haute-Savoie), bien connue des défenseurs aux sites de pratiques des sports de pleine nature.
“La réintroduction du Vautour fauve a permis d’initier le retour naturel d’autres espèces et ainsi de contribuer à l’enrichissement de la biodiversité du Parc du Vercors. Ainsi, suivant l’installation du Vautour fauve, le Vautour Percnoptère est revenu spontanément sur notre territoire et s’est même reproduit en 2008, après plus de quarante ans d’absence. Le Vautour moine, autre élément de la chaîne alimentaire, nécrophage comme les autres vautours ne devrait plus tarder à s’installer sur les bordures du massif. Le dernier élément de la chaîne alimentaire, l’équarrisseur naturel ultime, celui qui se nourrit d’os d’où son surnom de “casseur d’os”, est vu ponctuellement sur le Vercors. Ce vautour, le Gypaète barbu, ne reviendra pas spontanément, de part son habitude à rester fidèle à son lieu de naissance. Le bureau du Parc a validé le principe d’une réintroduction du Gypaète en 2010.” (extrait du Journal n°55 du Parc de 2009)
L’accès aux sites de pratique de l’escalade, de la randonnée, du paralpinisme, de la via-ferrata, des parcours aventure, du vol libre, du VTT sont directement menacés, sur ce secteur historiquement fréquentés par l’homme. Les interdictions de pratiques vont être mises en place. Mais l’inquiétude est d’autant plus grande que ce programme va être bientôt étendu aux Grands Causses (Millau) et aux Gorges du Verdon (Alpes de Hautes Provence).
“le site Natura 2000, qui répond aux directives «Habitats» et «Oiseaux» et qu’à proximité, se situe un Espace Naturel Sensible (ENS). Ces différentes mesures permettront, si besoin, de mettre en place des mesures de protection spécifiques au Gypaète barbu.”
Si on peut se réjouïr d’une tel retour, on peut aussi s’inquiéter des derniers espaces de gande nature où l’homme est aujourd’hui mis au banc. Car le Gypaète Barbu est protégé par une règlementation des plus stricte nationale et Européenne, faisant de ce rapace le fer de lance et l’aboutissement des grands combats écologiques.
Le Gypaète Bardu est protégé par la loi Française du 10 juillet 1976 et son arrêté d’application du17 avril 1981 modifié (JORF du 19 mai 1981) fixant la liste des oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire. il l’est aussi au niveau Européen. Un arrêté ministériel daté du 12 décembre 2005 stipule que “La perturbation intentionnelle des oiseaux de l’espèce Gypaète barbu (Gypaetus barbatus) sur leur aire de nidification et sur le lieu ou placette où ils se nourrissent est interdite sur tout le territoire national du 1er octobre au 31 août.”
A l’image du futur Parc National des Calanques, les combats vont devenir rudes. Car l’avenir des accès libres aux espaces naturels semble n’être que « peau de chagrin », des espaces qui risquent à terme de devenir de grands « zoo à ciel ouvert » au nom d’une biodiversité au goût d’artifice. Si plus que jamais nous voulons que l’homme cohabite harmonieusement avec la nature, il ne faut pas l’en exclure.
Si règlementation il doit y avoir sur les espaces naturels, elle doit être tolérante des usages doux et respectueux fait par ceux qui y puisent un équilibre à travers leur passion, ce depuis des lustres, et qui en sont les premiers protecteurs.
Jérôme