La réforme de 1990 n’est jamais passée dans l’usage.
C’est très récemment la ministre de l’éducation Vallaud Belkacem sous Hollande qui, d’une décision purement politique, a imposé son application pour les manuels scolaires, qui ont obtempéré, sans vouloir courir le risque de ne pas être validés par le ministère.
Au prétexte essentiel qu’une simplification de orthographe pourrait diminuer le nombre d’erreurs des élèves à l’écrit…
L’Académie Française s’est même fendue d’une lettre à la ministre pour lui dire que la proposition de 1990 n’était jamais rentrée dans les mœurs, et qu’il fallait la laisser aux oubliettes au lieu de la ressortir après tant de temps.
Dès que le document leur a été communiqué, les membres de l’Académie se sont attachés, dans la séance du 10 janvier 1991, à étudier les dispositions prévues par le Conseil et ont ouvert un large débat sur cette question, où s’est exprimée une grande diversité d’opinion. Au terme de cet échange de vues, l’Académie a assorti son approbation d’une invitation à la mesure et à la prudence dans la mise en œuvre des mesures préconisées, mettant en garde contre toute imposition impérative des recommandations.
La Compagnie a rappelé à cette occasion son attachement au principe selon lequel doivent être exclues toute réforme et même toute simplification de l’orthographe. Ce principe est conforme à sa position constante : hostile à toute réforme visant à modifier autoritairement l’usage, l’Académie n’a jamais été pour autant fermée à des ajustements appelés par les évolutions de la langue, et que les différentes éditions de son Dictionnaire se sont attachées à refléter. […]
Certaine que l’usage ne saurait être modifié par décret, l’Académie, opposée à toute prescription de caractère obligatoire en matière d’orthographe, a préféré, pour présenter ces modifications limitées et mesurées, suivre la voie de la recommandation : elle a approuvé la résolution selon laquelle, dans tous les cas, les deux graphies – la graphie actuelle et la graphie proposée par le Conseil supérieur – devront être admises.
L’Académie française et la « réforme de l’orthographe » | Académie française