Bonjour à tous,
Je me suis fait une triple fracture de la cheville (péroné et malléole interne et externe) avec luxation à Arkose Genevois (salle d’escalade de bloc) le 28 novembre 2019. Ça m’a beaucoup aidé de lire des témoignages d’autres personnes durant mon immobilisation, et cela m’aide encore aujourd’hui pour la rééducation, alors je me suis dit que peut-être mon expérience pourrait servir à d’autres. Il va sans dire qu’elle n’est nullement généralisable, ce n’est qu’un (tout) petit plus par rapport aux conseils que vous pourriez obtenir des professionnels de santé !
J’ai donc 26 ans, pas un très gros niveau de grimpe (6b max en tête en extérieur), mais je suis assez sportive : athlé, rando, ski, badminton entre autres. J’étais fatiguée physiquement et psychologiquement, le moral n’était pas au beau fixe, je suis tombée de tout en haut du mur et j’ai très très mal réceptionné. Les pompiers m’ont emmené au Centre Hospitalier Alpes Léman, ou l’on m’a retiré le chausson puis fait quelque radios, avant de me shooter à la morphine et au protoxyde d’azote pour réduire la luxation. Les soignants étaient très sympathiques et enclins à blaguer, ce qui m’a vraiment aidé à gérer la douleur durant tout le processus.
Je suis passée sur le billard le lendemain vers 12h, sous anesthésie générale. Le chirurgien orthopédique est venu me voir avant l’opération pour me rassurer, et après mon réveil pour m’expliquer ce qui avait été fait : pose d’une plaque sur le péroné et la malléole externe, broche pour maintenir la malléole interne, et deux vis pour réencastrer des fragments à l’arrière du pilon tibial. Je suis sortie deux jours plus tard avec un plâtre fendu, interdiction de prendre appuis pendant 6 semaines, et un rendez-vous 15 jours plus tard pour faire une radio de contrôle, enlever le plâtre et passer à une résine.
Les 15 premiers jours ont été assez difficiles, j’avais peu de douleurs à la cheville donc quasi pas d’anti-inflammatoires en journée, par contre mon pied gonflait énormément. Le plâtre était écarté au max mais il appuyait quand même sur les vaisseaux à cause de l’oedème, ce qui me causait d’étranges sensations de brûlure la nuit. J’ai d’ailleurs perdu un peu de sensibilité sur le dessus du pied, mais c’est aussi lié au matériel dans la cheville. Je maintenais toujours la jambe en l’air pour limiter le gonflement, et surtout j’ai été sauvée par la glace. C’est hyper efficace pour faire refroidir le plâtre et ça fait un bien fou ! J’ai vraiment rongé mon frein pendant cette période, mais les livres, les films et mes amis m’ont permis de surmonter le manque d’activité physique. Par contre j’ai énormément bougé les doigts de pied et contracté le mollet, sur les conseils de mon chirurgien.
Au bout de 15 jours on m’a donc enlevé le plâtre pour me mettre une résine, beaucoup plus légère, un vrai soulagement ! À cette occasion j’ai pu constater à quel point la fonte musculaire était rapide, c’est un peu flippant mais c’était le prix à payer pour guérir correctement. Le point positif c’est que la radio était très encourageante pour la suite. On m’a aussi enlevé les agrafes des incisions, j’étais bien plus à l’aise dans la résine grâce à ça.
S’en est suivi encore un mois d’immobilisation, au cours duquel j’ai occupé mon temps de diverses façons : encore plus de bouquins, de films, un peu de muscu pour ralentir la fonte musculaire quand j’étais motivée, des « balades » de 200m sur le chemin devant chez moi en béquilles, et une petite semaine chez mes grands-parents en Bretagne pour ne plus entendre parler de ski et de neige, haha. Je dois préciser ici que j’habite en coloc’, c’était vraiment cool d’avoir du monde avec qui discuter tous les soirs et ils m’ont beaucoup aidé au quotidien. Pour moi ça a été un vrai soulagement car c’est difficile de tout faire chez soi lorsqu’on est en béquilles, et qui plus est ça ne permet pas de se reposer réellement. Ça ne veut pas dire qu’on ne peut rien faire, mais j’ai du bien calmer le jeu. ^^
Le 13 janvier je me fait enlever le plâtre, la radio de contrôle est nickel, de bons cals osseux sont apparus, l’interne me dit que je peux poser le pied directement et essayer de prendre un semi appui avec les béquilles. C’est donc ce que je fais dans les couloirs de l’hôpital, et à ma grande surprise (mais ça fait bien mal quand même) je tiens debout, tadaaam !
L’après-midi même j’ai rendez-vous chez la kiné, et là je tiens à dire que je suis tombée sur un petit centre au top : balnéo, salle de muscu et plein d’accessoires bien adaptés. Des professionnels très à l’écoute, et surtout l’organisation permet de rester longtemps à chaque séance car il y a beaucoup de place. Mes séances durent à chaque fois entre 1h30 et 2h entre l’échauffement, les éxos et les étirements. On m’a tout de suite recommandé de faire des balades quotidiennes tout en gardant les béquilles, pour remuscler tranquillement sans que ne s’installe une boiterie. Deux semaines plus tard j’ai complètement lâché les béquilles, et au bout de trois semaines j’ai repris le volant (quelle libération !), recommencé à faire mes courses, tout en continuant mes marches quotidiennes en forêt.
En deux mois j’ai beaucoup récupéré grâce à la kiné, aux exercices modérés et au repos. Le travail s’est concentré d’abord sur la souplesse de l’articulation, puis beaucoup sur la proprioception, en enfin la remusculation. J’ai repris les petites randos après un mois sans plâtre.
Aujourd’hui tout n’est pas rentré dans l’ordre, j’ai encore pas mal de raideurs et parfois des douleurs au niveau du cartilage, je ne peux pas dire que je marche « sans y penser ». Mais j’ai refait un peu d’escalade avant le confinement, aucune douleur ! Je marche sans problème, je recommence même à courir tranquillement, j’attends la fin du confinement pour commencer le vélo et reprendre la kiné. Je fais aussi beaucoup de renforcement musculaire, et des étirements. J’ai toujours une poche de froid au congèl’ pour après l’effort, je ne prends pas d’anti-inflammatoires. Je me ferais enlever le matériel au printemps prochain (à ma demande pour profiter de l’hiver, mais ça aurait pu se faire en octobre), après quoi je devrai limiter les activités sportives pendant trois mois. Ma cheville gonfle encore pas mal mais c’est normal, je me suis fait prescrire des bas de contention pour pallier à cela, ça marche assez bien. Je n’ai pas retrouvé tous mes muscles mais j’y travaille ! D’ailleurs si vous avez des idées pour faire travailler uniquement la jambe gauche, je suis preneuse.
Voilà, j’espère que mon témoignage sera utile à quelqu’un, et je souhaite plein de courage à ceux qui sont encore immobilisés, c’est long mais ça vaut la peine de faire les choses correctement.
Bon confinement à tous !