Témoignage sur une expérience difficile au Mont Blanc

Posté en tant qu’invité par Gex:

 Bonjour,

  Je tiens à vous faire partager une expérience difficile en montagne : c'était ce WE au Mont Blanc.

http://gexdesmontagnes.free.fr/randonnees_longues/2005_06_-_mont_blanc_temoignage/

 Voilà Voilà...

 Gex

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par Cyril.g:

http://gexdesmontagnes.free.fr/randonnees_longues/2005_06_-_mont_blanc_temoignage/

Posté en tant qu’invité par jc:

Je viens de lire ton récit. Dans le genre rocambolesque, c’est pas mal. C’aurait pu se terminer très très mal, cette histoire. Il me semble que beaucoup de signes avant-coureurs de problèmes en perspective auraient pu vous rediriger vers une course moins « dangereuse » (bien que le Mont-Blanc…): l’absence du « guide », l’absence de préparation sérieuse (matos, vivres, etc), la méconnaissance du cramponnage des membres de la cordée: c’est peut-être le pire: il faut au minimum passer par les Bossons ou autre avant d’aller cramponner à 4000, même si ce n’est pas trop raide (la preuve). Je ne juge pas, j’en ai aussi fait « de belles » il y a qq années. Mais c’est juste pour te dire que ton système d’alerte perso doit fonctionner plus tôt; ça faisait trop de signes. Dans le même genre, j’avais envisagé la face Sud directe du Granc Pic de la Meije, à 2 cordées de 2. Il nous manquait le 4ème: on l’a « recruté » sur Grenoble, un gars qui passait du 6 à l’aise en falaise, mais qui ne connaissait pas bien la montagne. 1ère erreur… Puis à la montée au ref. du Promontoire, on a pris un sévère orage, déjà retardés par un premier plus bas: arrivée à 23h30 trempés. Départ 2h du mat le lendemain, un peu hébétés. A la première longueur, le gars « recruté » se prend un vol (dans du IV+). Allez c’est bon, on rentre. Tant pis pour la Pierre Allain. On reviendra quand on sera moins c… Heureusement qu’on n’a pas insisté, je pense qu’on aurait fait la une des journaux…
La montagne se charge de nous rappeler à l’ordre.

Posté en tant qu’invité par fab:

Bravo pour ton témoignage très lucide et j’espère plein de leçons pour tous ceux qui, sans aucune expérience de la montagne, vont aller cet été se ruer sur la voie normale du Mont-Blanc car on leur a dit que « le Mont-Blanc ? Pfffff…!! c’est d’la rando…! ».
Personnellement j’ai gravi 3 fois le Mont-Blanc par les 3 voies normales françaises et j’y ai toujours croisé des cordées en difficulté et des gens qui visiblement ne savaient pas trop ce qu’ils faisaient là, alors qu’un simple stage d’une semaine en Oisans ou en Vanoise avant le Mont-Blanc leur aurait beaucoup simplifié la tache…
Et puis franchement, débutter l’alpinisme par le Mont-Blanc, ce n’est vraiment pas une bonne idée…toutes les conditions y sont réunis pour vous dégouter à jamais de la montagne : Altitude, gros dénivelée, longueur, Refuges sur-peuplés dans une ambiance exécrable, retour très long et pénible, dangers objectifs, froid, etc…

Posté en tant qu’invité par Julien R:

Toutes les courses sont propices à un apprentissage. La, tu viens d’apprendre plein de trucs en même temps, dont le fait qu’il faut connaitre tes compagnons de cordée (mental, niveau, resistance, expérience…). Il faut savoir capitaliser cet enseignement. Je dis ca d’expérience: il me faut en général trois ou quatre erreurs pour que ca rentre dans ma tete de moineau. Il y en a une que j’essaye de capitaliser depuis pas mal de temps: « on ne regarde pas le topo seulement qu’en on est perdu!! », rapport à ma tentative sur le Mt Blanc, il y a deux semaines, où j’ai remonté le grand couloir par sa gauche au lieu de la droite… Donnez moi un fouet que je me frappe!
Meme si tu aurais surement du rebrousser chemin plus tot, je trouve assez humble d’avoir su rennoncer à 100m du sommet. Ton récit est une bonne piqure de rappel pour moi également qui ai fait de temps en temps le guide de service alors que mon expérience de me le permettait pas.
Je vois ton expérience comme une chance (vu qu’il n’y a pas eu de gros blessé) de faire un saut dans ton apprentissage de la montagne.

Posté en tant qu’invité par strider:

bon c’est hélas assez classique…il suffit de consulter les archives du PGHM…le Mont blanc est un grand sommet mais il souffre de son succès et patie un peu de l’ignorance des foules…ton groupe et toi, bien qu’ayant le sens du danger, avaient grimpé le sommet un peu comme des randonneurs (ce que « randonneurs » soit un mot péjoratif car la randonnée mène à la montagne et par extention à l’alpinisme) …or le Mont Blanc c’est de la Haute Montagne et c’est déjà de l’alpinisme…
il faut savoir bien utiliser une corde, bien cramponner…je suis sur que le pente sous Vallot sur laquelle certains ont dévissé n’était pas une vraie pente raide exposée.

En Vanoise et aux Ecrins (sauf au dome des Ecrins), les refuges font leur chiffre d’affaire grâce à au moins 50% de randonneurs qui ne vont pas plus loin et dans ces massifs la distinction est forte et bien souvent, les alpinistes sont soient débutants et encadrés par un guide ou un gars expérimenté, soient eux-mêmes assez expérimentés. Au Mont Blanc, bye, bye la rando,hélas, il n’y a que de la Haute Montagne et comme le massif a du succès on trouve de tout dans les cohortes de l’altitude. Certains ont appris gràce à des stages ou des amis expérimentés et d’autres improvisent ce qui très difficile d’improviser.
Par exemple le même WE, aux domes de miage j’ai vu à plusieurs reprises des cordées de 3 à 4 personnes encordés à 1à 2m de distance chacun sur le long plat glaciaire vers le col infranchissable…je me suis alors demander pourqoi ces gens étaient encordés…pour se rassurer?parce que si lorsqu’on est encordé dans un plat glaciaire qui a des bosses crevassées et qu’il y a des crevasses invisibles, si on est encordé de trop près, en corde non tendue, on ne peut pas retenir l’autre si un pont de neige cède, on est entrainé et être encordé est alors encore pire que ne pas l’être, parce que là ce n’est pas un qui tombe dans la crevasse mais toute la cordée. Sur de tels plats il faut avoir au minimu 10m de distance chacun et rester corde tendue au max pour pouvoir bloquer la chute de qulqu’un dans une crevasse. Le fameux encordement de près (1 à 2m) ne concerne que les pentes raides où il faut retenir immédiatement la personne qui s’apprête à chuter. C’est la souplessse de l’encordement qui fait l’expérience des alpinistes dans ce genre de courses. C’est aussi une élégance de bien s’adapter à la montagne car il y a un savoir faire et un amour des choses bien faîtes qui se complètent avec la beauté d’une course.

Posté en tant qu’invité par strider:

je me recites sur une phrase mal tapée, pour éviter les malentendus!:

strider a écrit:

…ton groupe et toi, bien qu’ayant le sens du danger,
avaient grimpé le sommet un peu comme des randonneurs (SANS que
« randonneurs » soit un mot péjoratif car la randonnée mène à la
montagne et par extention à l’alpinisme) …or le Mont Blanc
c’est de la Haute Montagne et c’est déjà de l’alpinisme…

Posté en tant qu’invité par erick:

La lucidité de ton témoignage contraste avec l’inconscience d’avoir, ne serait-ce qu’imaginer, une telle course dans de telles conditions (incompétence, sous-niveau physique, prévenir le MAM en allant dans une pharma…etc…etc…).
OK pour classer cette course PD. Il y a beaucoup trop de courses considérées à tort comme faciles parce que classées F.

Posté en tant qu’invité par Hugues:

Intéressant.
Malheureusement, il semble bien que ce genre de mésaventure soit assez fréquent sur cet itinéraire.
Ce sommet attire un trop grand nombre de non-alpinistes qui chaussent des crampons pour la première et dernière fois de leur vie à cette occasion. Pas de problème quand ils le font avec un guide, mais ceux qui se lancent sans guide dans cette ascension avec une inexpérience totale (je ne te mets pas dans le lot) me surprendront toujours.

Posté en tant qu’invité par Gypaëte barbu:

J’ai apprécié ton témoignage, qui est classique malheureusemant mais qui se fini bien, tant mieux.
Une seule remarque sur ton récit, tu classes cette course PD, Pas Difficile.
J’attire ton attention que ds le système de cotation, PD ne veut pas dire Pas Difficile, mais Peu Difficle.
Ce qui veut dire comportant certaines difficultés tout de même…
Bcp de gens considèrent le sigle PD comme n’ayant pas de difficulté, mais il ne faut pas oublier qu’il y a le mot difficile dedans et qu’une course PD peut devenir ABO suivant les conditions météo, nivologiques, et l’état des alpinistes.
Bonnes futures courses

Posté en tant qu’invité par swissmarmot:

Hello Gex des montagnes

C’est avec pas mal de surprises que je lis ton récit ici … à présent je comprends beaucoup mieux ce qui s’est passé ce week-end au Mont Blanc.
Figure-toi que j’y étais aussi, avec mon copain. Pour te situer, on est arrivé au refuge du Goûter avant vous (en emmenant un couple belge) et on a « simplement » fait le Dôme du Goûter le samedi. Là nous avons fait demi-tour… j’avais beaucoup trop froid et mes pieds recommencaient à geler. Continuer c’était regeler… et ça je ne voulais pas.

On vous a vu partir à fond (un peu trop vite je trouve), le couple (qui est allé au sommet) nous a dépassé et vous a rattrapé… nous avons vu des frontales plus haut… et tout d’un coup 3 frontales dans l’autre sens… mais très vite en bas, tiens c’est bizarre j’avais pas remarqué que certains redescendaient !!! On les croise : on a dérapé sur de la glace… étrange, ?? J’ai essayé de me réchauffer, sans y parvenir. Nous sommes redescendus lentement (mes pieds gelés me faisaient affreusement mal) et avons retrouvé les éclopés au refuge du Goûter. Mais je ne comprenais toujours pas comment ça avait pu arriver, ce qui s’était passé… et c’est vrai que leurs explications étaient plus que vagues. Maintenant que j’ai la version complète, ça change tout !!! Et ça aurait pu très mal finir… Après de longues heures, j’ai enfin réussi à me réchauffer et nous sommes redescendus.

Bon ben, les conclusions je suppose que tu as pu les tirer toi-même. Le Mont Blanc est tout de même affaire d’alpinistes et il ne faut jamais considérer une course à la légère. Tout doit être bien préparé, et surtout quand les refuges ne sont pas gardés ou qu’il y a peu de monde en montagne. Préparer aussi l’aspect technique : qui décide, quelles cordées, qui va devant, qui est techniquement capable, par où on passe, le timing, le départ, l’encordement, la bouffe… et pas tout en dernière minute. Ce n’est pas parce qu’une course est cotée F ou PD qu’il faut y aller comme ça, à la légère.

Je trouve que c’est bien de ta part d’avoir pris des décisions quand il fallait… mais n’hésite pas à en prendre d’autres, quitte à chagriner les potes. Quand c’est ta vie qui est encordée avec une autre personne, il faut que tu puisses faire confiance à l’autre et savoir de quoi il est capable (cramponnage, technique, sauvetage). Si tu n’as pas confiance, tant pis, le Mont Blanc sera encore là et tu pourras revenir le faire. Si les potes ont mal aux genoux, tu as le droit de leut dire « tu restes en bas, c’est pas sage de venir avec… ». C’est ta vie qui est attachée à l’autre bout de la corde… tout de même !!

Bon bon, je te laisse. Peut-être qu’on se recroisera en montagne, avec d’autres gens à l’autre bout de la corde…
La marmotte suisse qui gèle trop vite…

Posté en tant qu’invité par typloum:

ce qui fait réfléchir c’est aussi le fait de se dire que celui qui a un niveau (compétence et expérience) même légèrement supérieur, à ses compagnons, est aussi celui qui trinque systématiquement en cas de cata ? vis à vis des secours ou autorités, etc…je me trompe ou quoi?

Dans ce cas cela doit être bien délicat d’emmener des personnes avec soi pour partager un bonheur que l’on connait, ou de se déclarer meneur en cas d’incompétence manifeste de personnes qui sont pourtant des adultes consentants (mais pas forcément à même d’estimer les risques certes)

hummm, à méditer

Posté en tant qu’invité par Bubu:

Tout doit être bien préparé, et surtout quand les refuges ne sont
pas gardés ou qu’il y a peu de monde en montagne.

Si je comprends bien, votre (toi et Gex) matos et votre entrainement varie selon la fréquentation de la course ?
Ah ben ouais, c’est sympa pour les autres: si ya du monde de prévu, vous prennez peu de matos, donc en cas d’accident ou d’incident, les autres seront obligés de porter secours car vous serez incapable de faire un auto-secours. Je veux dire par là que les autres porteront bien sûr secours sans savoir qui c’est, mais la plupart du temps ils ne sont plus nécessaire une fois arrivés sur les lieux, car la cordée accidentée a su se débrouiller toute seule entre temps.
De plus, pas besoin d’accident: ça peut être seulement un passage en glace demandant une broche pour assurer ceux qui mettent les crampons pour la première fois (par exemple un ressaut de 2m qui est normalement lissé par la neige): vous êtes dépendant des autres et ceux-ci devront vous attendre, ne voulant pas être responsable d’avoir laissé une cordée démunie se planter. Ils le feront quand même, mais si ils sont un peu fatigués, ce poids n’est pas forcément agréable. Surtout lorsqu’on sait que ces boulets ont volontairement omis de prendre du matos en se disant qu’il y aura bien une bonne âme qui les ramenera de toute façon !!! (ou qui leur montrera le chemin… j’hallucine: si le brouillard était arrivé, ce qui n’est pas rare au Mont Blanc, qu’était-il de prévu ?).
Que l’on ait besoin des autres parce que l’on a fait une erreur, c’est normal. Mais c’est normal seulement si on a fait une erreur :

  • on a tout fait pour être autonome, mais on a oublié un détail, et finalement on est dépendant
  • c’est la première et la dernière fois que l’on fait cette erreur: si ce n’est pas la première fois, c’est que l’on savait ce qu’il ne fallait pas faire, mais on l’a fait quand même, ça mérite des coups de boules :slight_smile:

Posté en tant qu’invité par Marika:

Et bien Gex, tu devrais le savoir depuis le temps qu’il faut se mefier des Marseillais…Je t’avais dit qu’on ne peut pas leur faire confiance!!
:wink:

Posté en tant qu’invité par fab:

La morale de cette histoire, est qu’en haute montagne, il est bon de bien savoir avec qui on part et d’établir d’abord une relation de confiance, même avec un débutant…et surtout si on se retrouve embarquer dans un groupe de 6 ou 8 personnes, là il faut être intransigeant avec la sécurité et la condition physique lorsque la course l’exige.
Parce que le coup des crampons oubliez (plus ou moins velontairement) une fois arrivé au glacier, le casse-croute oublié, les chaussures neuves jamais essayées, la tendinite de derrière les fagots qui traine en fait depuis 3 mois et se réveille comme par enchantement sur l’arète des Bosses, etc…certains s’en sont fait une spécialité.

Posté en tant qu’invité par Hugues:

ce qui fait réfléchir c’est aussi le fait de se dire que celui
qui a un niveau (compétence et expérience) même légèrement
supérieur, à ses compagnons, est aussi celui qui trinque
systématiquement en cas de cata ? vis à vis des secours ou
autorités, etc…je me trompe ou quoi?

Non tu ne te trompes pas vraiment.

C’est effectivement ce qui semble avoir le plus gêné Gex et je le comprends, c’est de se voir obligé de prendre le leadership du groupe par le simple fait qu’il avait manifestement plus d’expérience que les autres, alors que ce n’était pas prévu au départ. Et de ce fait, se sentir un peu responsable du groupe contre son gré.

Je pense qu’au vu de cette experience, il ne faut sans doute pas craindre de dire stop assez vite dans une situation de ce genre, même si ce n’est pas évident.
On ne doit pas se sentir obligé de prendre la responsabilité d’un groupe si on ne le souhaite pas, surtout si ça s’avère devoir être le cas de manière innatendue avec des gens insuffisamment préparés et qu’on ne connait pas vraiment.

Posté en tant qu’invité par Charles:

Il y a un truc que j’ai vérifié (indépendamment de l’expérience) c’est que lorsque ça commence pas très bien , ça s’arrange rarement avec les heures qui passent .
Tu perds 1/2 heur e au départ (tu ne t’es pas réveillé) , puis t’arrives pas à mettre ces p… de crampons , alors que d’habitude , ça marche du premier coup . Tu te gourres d’itinéraire (comme d’hab) mais là ,tu mets plus de temps à t’en rendre compte .
Tic tac tic tac , les heures défilent et tu as beau te dire que tu vas rattrapper le temps perdu , tu ne cesses en fait d’en perdre .
Je pense que c’est dans ces moments là où il faut se dire « stop » . Si ça ne va pas , ce n’est pas seulement le fait du hasard . Ce peut être une inadéquation entre le niveau requis par la course et le sien . un manque de forme (souvent) . Une appréhension (ça doit pas s’écrire comme ça!) etc…

Posté en tant qu’invité par fab:

Donc déjà, dans la voiture, si un du groupe s’apperçoit qu’il a oublié sa gourde, on annule tout…cela évite de faire 2000 m de dénivelée et se lever à minuit pour rien.

Posté en tant qu’invité par J2LH:

Marika a écrit:

Et bien Gex, tu devrais le savoir depuis le temps qu’il faut se
mefier des Marseillais…

Ca c’est sûr ! (une phrase qui devrait faire rire ceux qui me connaissent :wink:

Posté en tant qu’invité par ian:

Une série d’actes manqués que tu nous comtes là.
Le bon vieux mal des rimayes, qui vous fait rentrer à la maison avant que maman se lêve… « Je crois que c’est les oeufs d’hier qui n’étaient pas frais, j’ai mal au ventre… »
T’es sûr que c’est pas la trouille…