TB docu TV sur la tragédie des Vignettes d'avril 2018

Analyse très intéressante, merci à Jerome de l’avoir signalé.
Pour Robertin :oui, ca ne peut pas se faire à la maison. Mais ca peut se faire à côté d’un refuge, histoire d’avoir un repli possible, non ?
Parce que faire le test en conditions réelles, ca sous-entend soit qu’on est capable de gérer des conditions critiques, soit qu’on a plus de marge de sécurité.

Mais qui est capable d’évaluer par avance si les conditions sont juste un poil plus critiques que ce qu’on est capable de gérer ? Et puis c’est quoi se former à une situation critique ? Est-ce que c’est rentrer à l’abri dès que le vent devient un peu, moyennement, tout à fait insupportable ?
Là au moins ils ont appris plein de choses et ils en sortent plus aguerris.
Bravo à eux !

Oui, parce que au final ils n’ont pas eu besoin de faire déplacer les secours, ce qui me semble l’essentiel.
Et ils ont fait un CR détaillé assez riche pour permettre une analyse, ce que peu de monde fait.

Manque une info : avaient ils au moins l’expérience du bivouac en conditions calmes, avant de tester ds la tempête ?
Perso, le jour où je dois bivouaquer ds la tempête, ma 1ère préoccupation sera de trouver une zone (un peu) protégée du vent !

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Leur compte rendu n’est pas anonyme, Paul tu peux leur poser la question.

Après visionnage du documentaire (que je trouve très bon), je me pose une question qui n’est pas abordée dans le film. Aux Vignettes personne ne s’inquiétait car le groupe du guide (10 personnes ) n’avait d’une part pas réservé et que d’autre part pour le groupe de 4, le gardien ne se formalise plus au sujet des personnes qui réservent et n’annulent pas. Steve House parle de zone grise à ce sujet dans le documentaire.

Par contre à la cabane des Dix, le gardien savait très probablement que les 3 groupes avaient passé la Serpentine (il me semble que le passage est visible depuis le refuge et que d’après les images de Steve House, ce n’était pas encore tout bâché lorsqu’ils attaquaient le passage ?) . Il n’a pas communiqué avec les Vignettes voyant la météo se dégrader plus rapidement que prévu et que les groupes avaient entamé la traversée ?

J’ai souvenir, mais peut être que je me trompe, que sur le tour de la Meije, les différents refuges s’informent les uns les autres des déplacements des groupes sur les différentes étapes.
Il semblerait que ce ne soit pas le cas sur la haute route? C’est vrai qu’il y a bien plus de groupes , les refuges étant plus grands. Donc c’est peut être pas évident.

Mon objectif n’est pas de lancer une quelconque polémique. Mais peut être qu’un des retours d’expérience de cette tragédie serait de mettre en place un fil de communication entre les différentes cabanes lors de raids classiques ? Surtout lorsque les conditions sont mauvaises, éviter au maximum cette zone grise dont parle Steve House ?

Après même si l’info était passée, l’organisation de la caravane terrestre de secours, à la vue des conditions, restait un problème. Et pas des plus simples à régler sans faire prendre de gros risques aux sauveteurs!

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On ne peut pas être à la fois labellisé usine et assurer un suivi inter-refuge, sinon on perdrait son label usine.

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Dans les Écrins, ça se fait toujours, même pour les gros refuges. En cas de traversée, ils préviennent le refuge suivant, même si les grimpeurzégrimpeuses n’ont pas prévu d’y dormir. Et les gardiens préviennent systématiquement les secours passé une certaine heure (qui fluctue en fonction de l’horaire de base de la course). C’est du vécu, dont une fois où j’étais impliqué.

Pointe Louise, au sommet sous l’orage on perd du temps à trouver le rappel de descente, on est trempés mais pas inquiets ; 16h00, la gardienne de Carron appelle l’helico, qui arrive quand il ne nous reste plus que 2 rappels pour arriver sur le glacier. On lui fait signe que tout va bien, le mecano nous fait un grand sourire (il s’est approché vraiment près, pour être sûr), et fait demi-tour. (On est quand même allés leur claquer la bise 2 jours plus tard à Briançon, parce que ça fait du bien au moral de les voir, même si on n’a pas besoin deux…)

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Vu le monde qu’il y a sur la Haute Route et le fait qu’il y ait pas mal d’options de routes et de refuges possibles ça me semble extrêmement difficile d’assurer un suivi. De plus est-ce que ça aurait pu changer la donne ? Impossible de chercher dans la tempête un groupe dont on ne connait du tout pas la position. Par contre si le guide avait eu une radio ou une balise là ça aurait été peut-être possible de gagner quelques heures dans le secours.

ils auraient pu par contre envoyer des secours plus tôt le lendemain matin

Oui c’est certain. Quand il fait beau il y a beaucoup de monde. Ca doit être compliqué à gérer.
Mais quand la météo est mauvaise, il y a beaucoup moins de monde qui tente l’étape du jour. Et c’est dans ces conditions que ça risque d’être le plus utile non?

Même pas.
Dès le lever du jour l’équipe de Steve House a vu les survivants depuis les Vignettes et House est monté auprès d’eux après avoir appelé les secours; mais c’était trop tard.
Comme dit plus haut par P.tit.etoile, le bilan aurait été peut-être moins lourd si le groupe du guide italien s’était mis plus à l’abri du vent comme les français ont eu la lucidité de le faire en faisant l’effort de monter une cinquantaine de mètres au-dessus dans un creux. Mais le guide italien semblait épuisé comme ses clients.

Analyse du documentaire par un guide Valaisan : https://www.watson.ch/fr/sport/valais/366027446-7-morts-au-pigne-d-arolla-le-guide-a-fait-tout-faux
Je trouve qu’il soulève une bonne question : pourquoi le groupe de Steve House n’a pas alerté les secours en ne voyant personne arriver derrière eux à la cabane des Vignettes ? Sachant qu’ils avait du voir les deux groupes s’engager derrière eux dans la Serpentine. Au moins aurait-ils pu appeler la cabane des DIx pour savoir si les deux groupes n’étaient pas redescendus vers Arolla ?

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Que pouvaient faire les secours dans un temps pareil si on n’avait pas la localisation des personnes ?
Ds les décisions de choix, il faut prendre en compte le mauvais temps : s’il arrive quoi que ce soit qui serait anodin dans d’autres circonstances, il n’y aura pas de secours possible…

Pour autant que je me souvienne, le groupe de Steve House a pris les devants et pouvait légitimement penser que ceux qui les précédaient avaient rebroussé chemin.
Et de toute façon vu les conditions météo, alerter les secours n’aurait pas servi à grand chose, un hélico ne pouvant monter voir (et où ?) ce qu’il en était.

Mouais. Même si dans le gros de la tempête les secours n’auraient pas pu faire grand chose, cela ne me semble pas rendre l’argument caduque. Si il avait été clair qu’il y avait du monde dans la nature (echange entre les cabanes) les secours se seraient tenu sur le pied de guerre et serait certainement monté a la premiere occasionnellement, sans doute avant le petit dej du groupe de House.

C’est drôle comme question ?
Je prends des décisions, je ne dis pas où je vais, je pars dans le mauvais temps, et ce serait aux autres de faire des calculs pour savoir si je suis bien arrivé ?
Ca me semble pertinent de se poser la question de lanceur d’alerte (prévenir le refuge où l’on va, a minima), mais de là à compter sur le fait que d’autres groupes nous ont vu et vont faire qq chose, ca me semble un truc très marginal dans l’analyse globale…

Ca tombe bien. La question (d’ailleurs, y’a pas de question !) posée concerne précisément le lanceur d’alerte. Et c’est ce que fait House quand il parle de zone grise. Ca ne dédouane pas les groupes dehors.

Le groupe de Steve House savait qu’il y avait quelqu’un engagé derrière eux. On voit les tignards derrière eux en haut de la Serpentine (vidéo à 37min). Et ce jour-là, la montée de la Serpentine était le point de non-retour (d’après le docu : montée en glace, ils ont mis les crampons).
Si j’arrive au refuge à midi, dans une tempête sérieuse et que je sais qu’il y a des gens derrière moi, je vais peut-être m’inquiéter si je ne les vois pas arriver avant la nuit…
Mais Steve House s’est peut-être dit que le/les groupes de derrière étaient quand même redescendus en crampons côté Arolla/cabane des Dix.

Bon, c’est toujours facile de refaire l’histoire a posteriori, mais à titre personnel, j’en tire deux leçons :

  • discuter vite-fait avec les groupes autour de moi pour leur dire mon objectif et connaître les leurs (surtout par mauvaises conditions) ;
  • en cas de doute, il n’y a pas de doute : prévenir (ou si j’avais dans ce cas, au moins appeler à la cabane des Dix)
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« Steve House s’est bien marché dessus… » il a pas sa langue dans sa poche le « Dédé » mais avant de lancer des polémiques à deux balles dans un journal, il aurait pu en discuter avec l’intéressé. Et puis c’est plutôt le boulot du gardien de s’assurer du sort des clients qui ont réservé et qui n’arrivent pas (les 4 Français) non ?

Perso les leçons que j’en tire c’est surtout que ce coin est particulièrement piégeux par temps de foehn plus l’idée d’essayer de ne pas reproduire les nombreuses erreurs du guide.
Rien ne dit qu’une colonne de secours aurait sauvé une des victimes (tu as l’exemple de l’accident de cette année, les secours avaient été prévenus, savaient où était le groupe et pour autant tout le monde est mort…)
Le suivi entre groupes c’est très bien et c’est la base de l’esprit montagnard, mais dans un coin aussi fréquenté que la Haute Route avec des centaines des skieurs, de nombreux refuges et de multiples options d’itinéraires ça me semble totalement impraticable.

Je suis passé au Pigne d’Arolla, vendredi dernier (sous un soleil radieux), difficile de ne pas penser à ceux qui ont bêtement perdu la vie sur cette arête.

Oui en temps normal lorsqu’il y a 150 personnes sur l’étape c’est compliqué à faire. Mais lorsqu’il n’y a que 3 groupes qui tentent l’étape c’est tout à fait possible d’assurer un suivi.
Le but est de réduire cette « zone grise » lorsque les conditions sont mauvaises et donc propices à un drame.
Avec un meilleur suivi des groupes, le secours auraient été alertés bien plus tôt (la veille l’après midi). Est ce que ça aurait changé le bilan du drame, personne ne peut le dire.