Syndrome de l'expert

Sauf erreu de ma part, il me semble qu’il n’a pas encore été partagé ici… alors voici un article intéressant ! ('fin, ce n’est que mon avis !)

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Je cite en partie le préambule de l’article :
"Les avancées techniques et scientifiques n’ont pas manquées ces vingt dernières années […]
Pour autant le nombre de personnes décédées est resté relativement constant et cette situation interroge."

Avec un postulat de départ posé ainsi, je ne suis même pas allé plus loin dans la lecture de cet article !
C’est un peu vite oublier que ces dernières années, le nombre des pratiquants a été multiplié par 20 (sans doute bien plus), et comprend en grand nombre des skieurs de pistes, n’ayant pas toujours pratiqué en hors pistes et aidés en cela par un matériel ultra performant et « tolérant ». La plupart n’ont aucune pratique, ni culture montagnarde, ni alpinisme, ni même randonnée à raquettes.
Par ailleurs, et pour reprendre les propos d’Alain Duclos, il ne faut pas confondre X-années d’expérience et X-années de chance (dont j’estime être un des chanceux bénéficiaires !).

B.A.

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Tu as tort de t’être arrêté si vite. L’article parle essentiellement de la pratique pour les guides ou les encadrants bénévoles, c’est intéressant (bien que les biais cognitifs soient connus depuis longtemps).

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« L’objectif à présent est de faire que des experts ne se fassent pas surprendre dans des conditions qu’un novice aurait identifiées comme dangereuses »

J’ai tiqué moi aussi sur ce préambule, mais j’ai lu tout l’article qui pose pas mal de pistes de réflexion, entre autres sur les professionnels ou autres « experts » de l’activité qui se font piéger.
Il est intéressant de se poser ces questionnements, et aussi pour soi-même. J’ai peut-être lu trop vite mais il m’a semblé qu’il n’a pas assez parlé des contraintes de « réussite » portées par les sites « sociaux ».
Son voeu de déplacer les critères de sensation d’une sortie réussie (poudreuse, pente, rareté…) est intéressant mais je trouve son choix (vers ceux de réussir à déjouer les pièges) réducteur.
Où est l’émerveillement de se balader dans la nature ? la joie du partage au sein du groupe ?
Ah c’est has been… ? :cry:

En tous cas ceux qui randonnent seuls ou entre copains ne se rendent pas compte de la contrainte très forte du groupe lorsqu’on encadre de façon officielle, bénévole ou pro. Ce n’est pas toujours simple effectivement de leur faire accepter le 1/2 tour, ou une balade de repli. C’est peut-être encore plus difficile si on est pro car les gens ont payé ?
J’ai encadré comme bénévole dans mon club caf, surtout en ski de rando et j’ai toujours eu en tête l’accident de ma soeur blessée dans une avalanche en raid avec le caf, des fortes têtes du groupe avaient refusé le 1/2 tour voulu par l’encadrant.
Effectivement c’est important de bien expliquer les pièges et de les garder en tête pour maintenir ses choix et décisions.

Mais le syndrôme de l’expert, c’est aussi la satisfaction, consciente ou non, du besoin de valoriser et légitimer son statut.

On peut rapprocher ça de ton commentaire:

ça existe encore, mais je ne sais pas quelle proportion de la clientèle des guides cela représente.

C’est vrai que les publicités montrent plus des gros virages en poudre dans des grandes pentes que des pic niques saucisson et des traces de chamois :wink:

C’est dommage de jeter en bloc ces concepts.
En fait, les 3 premiers concepts sont simplement des concepts nécessaires quand on applique une méthode scientifique pour prévoir un phénomène.
Mais la grosse erreur qui a été faite, c’est que ces concepts ne sont pas suffisants pour que la méthode qui en résulte soit qualifiée de scientifique. De plus, il faut être rigoureux, et accepter que ça peut prendre du temps pour arriver à un résultat intéressant.

Cette méthode (ou d’autres) permet d’obtenir une estimation du risque, plus ou moins précise.

Ensuite, une fois qu’on a cette info, il faut s’en servir correctement.
On passe alors à la gestion du risque : c’est là qu’on prend la décision d’y aller ou pas, selon le niveau de risque acceptable qu’on se donne.

Le fait de rejeter les 3 premiers concepts implique qu’on renonce à appliquer une méthode scientifique pour améliorer l’estimation du risque. Pas de problème, mais ça signifie qu’on se contente de la précision du risque inhérente à la méthode employée, sans pouvoir l’améliorer.
Or comme cette précision est assez faible, ça signifie beaucoup de renoncements, pour voir d’autres skieurs descendre la pente sans problème (quel que soit leur propre estimation du risque : le fait est qu’il n’y a eu aucun problème). Ceci sans aucune perspective de pouvoir y aller sereinement qq années plus tard dans des circonstances similaires, vu que la méthode utilisée n’autorise aucune amélioration de la précision du risque.

Ça me fait penser à un BE qui dans une conversation récente me parlait de l’évolution de sa clientèle en Canyon et de l’accidentologie qui en découle:
Avant il avait une majorité de gens style randonneurs qui voulaient découvrir un milieu pour lequel ils n’avaient pas les compétences techniques. Aujourd’hui il a beaucoup de gens qui achètent une descente comme on achète un tour de manège, qui veulent de la sensation forte absolument, et qui s’en tapent quand il leur parle de la rivière ou des grenouilles. Il disait qu’à cause de ces comportements il voyait beaucoup plus l’hélico.
Pas de raison que les comportements soient différents en ski et la pression sur les guides doit être encore plus élevée.

C’est hélas l’évolution actuelle de la majorité des comportements, avec bien sûr les selfies pour frimer sur fessebouque.
Il y a globalement un manque d’éducation à la nature au niveau des tout jeunes. J’imagine par exemple que les enfants qui vont à l’école à Vallouise, qui font plein d’activités avec des personnes du Parc des Écrins (les veinards) garderont pour la plupart cet émerveillement et cet intérêt sur les écosystèmes dans lesquels ils se baladent.

Je pense qu’au contraire les jeunes générations sont beaucoup plus sensibilisées à l’écologie et beaucoup par le biais de l’école. En comparaison, la génération de mes parents jetait ses poubelles partout dans la nature (e.g. dans le glacier Blanc au refuge des Ecrins).

On n’a pas eu les mêmes parents :joy:
Mais je suis d’une génération antérieure à la tienne…
Nous on redescendait nos ordures plus celles trouvées en chemin, dans la mesure de la capacité des sacs poubelles qu’on apportait.
Tu as raison, maintenant on fait le tri des poubelles, les gamins y sont sensibilisés à l’école :slight_smile:
et en montagne avec le réchauffement on voit apparaître sur les glaciers des tas de détritus laissés par les anciens dans les crevasses, il y a des campagnes de ramassage, ça motive les gens à ne pas en rajouter.
Je pensais plus au comportement dans la nature utilisée comme stade.

Pourtant on trouve bcp de vielles boites de conserve (sardines…) en montagne, svt sous les cailloux.
Et les glaciers laissent aussi apparaitre les anciennes poubelles et débris de verre dont on se débarrassait à bon compte ds les crevasses.
Les anciens n’étaient pas forcément exemplaires de ce côté là, ils étaient juste moins nombreux…

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Oui tout le monde ne faisait pas comme nous, beaucoup jetaient dans les crevasses, cachaient sous les pierres, mettaient dans les trous de marmottes… J’ai participé à des opérations de nettoyage en montagne, c’était impressionnant la quantité de cochonneries qu’on récoltait.

Maintenant, je trouve qu’il y a peu de déchets en montagne l’été. Bon évidemment, je ne vais pas me promener sur les pistes de 3 vallées !

Un article ?
Si je comprends bien, à la base, c’est juste un post de blog. Ça n’a rien d’une étude ou même d’un travail journalistique digne de ce nom. C’est l’avis de Denis Crabiere, basée sur son expérience certes plus significative que la plupart des nôtres, mais ce n’est, en l’état, rien d’autre. Ce n’est même pas un entretien guidé et maîtrisé.

Avant d’avancer que les guides font ci ou font ça, qu’ils meurent plus ou moins, la moindre des choses, si on veut en plus juger de la rationalité des décisions, c’est de de faire une étude rationnelle. Beaucoup d’idées sont intéressantes dans ce qui est écrit, mais rien ne justifie leur pertinence.

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L’auteur du blog est qd-même guide et ancien Pt de la SNGM.
On peut tt à fait discuter de ce qu’il dit, mais de là à écrire que « rien » ne justifie de leur pertinence ???

Cet article fait écho à une réunions des guides à Nice. Je crois que les guides connaissent bien les sources d’accidents dans leur profession…

" Sur la dernière décennie, les guides français ont enregistré cinq fois plus de décès que leurs collègues suisses."
On pourrait commencer par se demander pourquoi. Ce serait peut-être l’amorce d’une solution.