Posté en tant qu’invité par Jean-Denis:
Quand tu avances que le concept de devenir est primordial, je suis tout à fait d’accord : l’homme et plus spécialement, le marcheur et l’alpiniste, part en aventure (élan, physique et intellectuel), s’arrêtera à un moment ou à un autre, mais ce qui fait son aventure personnelle ce n’est ni le départ ni l’arrivée, ni le laps de temps entre les deux extrémité, mais ce qui se passe pendant ce laps de temps, soit, le devenir. La montagne est un lieu propice au devenir, car elle nous offre un rapport « naturel » (mais pas le même que celui de la nature, mais c’est une autre question) au temps, c’est-à-dire dans la durée (qui n’est pas le temps, bien sûr) - tandis que la ville, par exemple, impose souvent un rapport tronqué, où le départ et l’arrivée priment sur la durée (il faut aller plus vite, et plus court).
Cela dit, « prendre son temps » et essayer de ne « pas le perdre », ce n’est pas tellement une question de chronométrage. En fait, je crois que ce qui te pose problème ce n’est pas la durée qu’on surveille, mais l’autre qu’on surveille en prétextant de la durée comme compétition. Est-ce cela ? (dans une moindre mesure, d’ailleurs, l’idée est vraie dans le sens de la durée allongée, avec les exploits de durée de bivouac en haute montagne, ou de vie dans l’espace, ou de durée d’apnée, etc, où c’est toujours l’autre qui vient en arrière-plan). C’est vrai que la montagne n’est pas a priori un espace de compétition, mais dès l’instant que des hommes y pénètrent, ce serait bien utopique d’essayer de leur effacer ce trait, non ? (tout du moins, ça demande de réfléchir sur sa pratique, car on peut très bien être spectateur de sa pratique, et ça ne vaut pas beaucoup mieux que de ne rien faire, amha).