Posté en tant qu’invité par oli974:
Pour te consoler, voilà une petite anecdote pas à mon avantage et encore moins à celui de mon compagnon d’occasion!
Une fois, alors que j’étais encore un gamin inconscient, voire suicidaire sur les bords, j’ai commis la faute immense de demander à quelqu’un de me guider seulement dans une voie PD +.
Donc, on n’est pas encordés (???), on grimpe à côté, pour le cheminement et encore plus pour le moral.
Il est d’accord… mais à mi chemin, comme il me trouve trop lent, alors qu’il est chevronné, profitant que je me suis fourvoyé , il me distance, et malgré mes appels angoissés, il disparaît dans le nuage me laissant me débrouiller tout seul.
Il ne restait que 600 M de dénivelé sur 1200: une paille!
Redescendre me paraissait impossible, et très peu dans mon tempérament de toute façon.
C’était facile (un peu de III, III + max.), mais très long (1200 m en tout) et très exposé à deux ou trois endroits.
Il m’a fallu du courage pour ce solo insensé, moi qui n’avait que des rudiments d’alpinisme.
Je suis arrivé au sommet fort tard, j’ai pris un terrible orage dans la descente de la VN,
avec éclair et un énorme paquet de grêle (un premier août!) et je suis arrivé bon dernier au refuge.
Le gardien du refuge était mort d’inquiétude.
Il n’avait rien fait, d’abord parce que mon « guide » lui avait assuré m’avoir laissé au sommet, ensuite, parce qu’avec l’orage, il n’y avait rien à faire!
Ce type-là m’a vraiment abandonné: si je m’étais tué, il aurait eu la plus grande part de responsabilité, lui qui était expérimenté, lui qui était avec un petit jeune, lui qui avait accepté.
Il m’a abandonné parce qu’il voyait le mauvais temps arriver: circonstance atténuante?
Agravante plutôt, car le risque devenait encore plus grand pour son infortuné compagnon.
Le pire, c’est d’avoir affirmé au gardien qu’il m’a laissé au sommet!
Même pas eu le courage d’avouer sa vilenie!
Quand on se sort vivant et intact d’une telle histoire, on apprend beaucoup, sur soi-même, sur la vie, sur la montagne, et sur les autres:
Echelle de Jacob, entre le sublime et la pire bassesse.
Voilà, François, le comportement d’un alpiniste qui n’était pas virtuellement , mais bien réellement criminel!
PS: Inutile de me dire que j’étais un petit con etc.
L’autocritique est, me semble-t-il, déjà faite, refaite, et parfaite!!!