Sherpas, les véritables héros de l'Everest

Posté en tant qu’invité par perreand:

bonjour,

j’ai vu se docu aussi comme vous tous, je doit dire que j’ai été très choqué par se rapport entre sherpas et alpinistes et cette conception de l’alpinisme, en effet j’estime que lorsque l’on s’attaque à de tel sommets on doit avoir une compétence technique et physique suffisante, je veux dire par l’a qu’il n’est normal d’avoir des sherpas j’usqu’au sommet, je veux bien que l’on est quelques porteur pour le camp de base mais de l’a à avoir autant de sherpas qui en plus vous trace toute la route jusqu’au sommet et ou à chaque difficultés vous place des échelles au péril de leur vie (vu les conditions de sécurité), je me demande bien qui sont les alpinistes dans tous ça ? et le guide qui est le guide, ou est-il a part pour parler comme un paternaliste montagnard, il ne va mettre les cordes lui c’est pas son rôle ? pourrais-t-on connaître le prix de sa prestation à lui ?
pour reprendre ce que dit bacchus par rapport à nos montagnes tu n’a pas totalement tord mais je pense que se n’est pas pareil, il s’agit tout de même du toit du monde et les alpinistes qui le gravissent sont censés faire parti de l’élite, peut-on parler d’élite après se que l’on a pu voir ?
en tout cas après ce que j’ai vue pour moi ce n’est pas de l’alpinisme !
enfin pour terminer j’ai cru faire une crise cardiaque quand j’ai vu que ce n’était même pas les alpinistes
qui allaient chercher leur compagnons mais ces sherpas ? trouver vous sa normal ? alors qu’il s’agit normalement d’un sport ou la solidarité est présente ? vraiment j’ai honte de ces faux alpinistes européens, honte il n’y a pas d’autres mots !!!

Léo

Pas que pour un sociologue… Dur là aussi de juger les compatriotes et co-expéditionnaires de l’alpiniste mort, si on se met à leur place: ils sont européens (donc plus du tout habitués à voir la mort en face - chez nous c’est à l’hôpital et très institutionalisé); ils sont en position de clients encadrés, avec une marche à suivre (ont-ils la marge d’autonomie suffisante pour déclarer « je remonte le chercher? »); ils sont exténués. Les images choquent et c’est normal, on se sent bien mal à l’aise, comme si on avait perdu un bout d’humanité. Ce qui n’est sans doute pas faux, on m’avait toujours appris que les hommes étaient devenus humains le jour où ils ont enterré leur morts…

Posté en tant qu’invité par Seb132:

Je comprends l’étonnement de certains, mais ça fait des années, voire des décennies que ça se passe comme ça sur l’Everest. Et les alpinistes qui le tentent ne sont certainement pas une « élite ». Plus depuis longtemps en tout cas.

Quant à définir ce qui est de l’alpinisme ou pas, c’est un problème difficile :

  • Un téléphérique, ce n’est pas de l’alpinisme, on est tous d’accord.
  • Des dizaines d’échelles en alu, une échelle boulonnée au rocher près du sommet (côté chinois), des cordes pré-installées ? Alpinisme assisté ?
  • Des camps déjà installés avec tente mess ? C’est bien moins confortable que les refuges des Alpes.
  • L’oxygène ? On sait que ce n’est pas obligatoire à 8000m depuis les années 60.

Personnellement, l’alpinisme que j’apprécie est celui où l’aide extérieure s’arrête au camp de base (et encore). Ensuite, gravir le sommet, je dois le faire par moi-même, avec mes compagnons. Je pense que c’est une des raisons pour lesquelles le style alpin est revenu en force dans l’Himalaya ces dernières années. Beaucoup d’alpinistes en ont marre des expéditions lourdes où l’administration prend le pas sur la grimpe (et fuient de toute façon les sommets sur-fréquentés par les expéditions commerciales - Everest et Cho Oyu pour ne pas les nommer).

Ceci étant dit sans intégrisme. Chacun est libre de grimper comme il l’entend, selon ce qu’il recherche dans la pratique de l’alpinisme.

Oui, heureusement.
Mais, vois-tu?, on a déjà trouvé un point en commun entre peuples lointains:
« Exploitons les sommets emblématiques pour nous faire du fric, et laissons les sommets inconnus aux baba-cools »

C’est rassurant de savoir que certains valeurs sont communs à tout le genre humain. ça donne des repères. :stuck_out_tongue:

Posté en tant qu’invité par Max421:

Juste quelques réflexions suite à vos post sur cet excellent film :

sur le rapport Sherpa/Alpiniste : ok on est dans un rapport client/fournisseur mais on sent dans le film que ça va quand même au-delà (témoignage des deux sherpas qui ont pris en charge Gianni Goltz). Et je n’ai senti à aucun mépris des alpinistes vis à vis des sherpas bien au contraire (même si on ne voit que ce que l’auteur du film veut montrer, bien sûr)
Par ailleurs je ne suis pas sûr que les sherpas voient d’un bon oeil les expé légères en style alpin, ça ne m’étonnerait pas que ça soit tout le contraire ! puisque cela leur retire l’opportunité d’une importante source de revenus.

sinon globalement avec l’Everest on est dans le syndrome « Mont Blanc » à la puissance 10 : surfréquentation et expéditions commerciales avec tout ce que ça comporte, mélange d’alpinistes de haut niveau et de semi-alpinistes qui viennent pour « l’avoir fait » (il doit falloir quand même une sacré caisse, même avec l’oxygène non ?)

Quand à sa vision de l’alpinisme, c’est une notion personnelle et c’est bien ainsi. Le problème c’est quand les pratiques des uns empêche les autres de faire de l’alpinisme suivant leurs valeurs.

En fait à moi ce qui me surprend c’est la surprise générale devant ce reportage.

D’un coté le niveaux des « alpinistes ». Que n’importe qui peut faire l’Everest sans aucune préparation particulière c’était déjà bien connu et médiatisé depuis le best-seller de Jon Krakauer dans les années 90.
J’ai des amies (en fin, 1 amie + 3 autres copines du club) qui ont fait d’abord le Shisha Pangma (première 8000 d’une expe entièrement féminine, sherpas inclus; il faillait bien trouver un argument pour attirer les sponsors!) et après elles ont fait l’Everest (cette fois-ci, que des filles européennes, mais des mecs locaux).
Ben donc… avec tout le respect par mes amies, elles avaient une forme physique du plus courant. Bien inférieure à celle de toutes les filles c2c que je connais bien (4 ou 5). Et le niveau technique, encore plus bas. Et pourtant avec son histoire de « only girls » elles sont devenues célèbres et sorties à la TV et tutti quanti!

D’autre coté le traitement néo-colonialiste des travailleurs des pays en développement… ben ça vous surprend? Vous n’avez jamais vu des reportages sur les mines d’or en Afrique du S, p.ex? Oui, oui… l’or de nos anneaux de fiançailles. Vous n’avez jamais vu des reportages sur les enfants qui ont fait votre t-shirt? Sur les travailleurs qui ont cultivé le cacao de votre chocolat de ce matin, au prix fixé par Cargill?
Je ne vois pas pourquoi il faillait s’attendre à que les travailleurs du Nepal soient en meilleurs conditions que ceux du Burkina Faso. Le surprenant serait plutôt le contraire.

Il me semble que la surprise générale est due à un erreur de base:

Les personnes qui montons des montagnes (ou « alpinistes » si vous préférez) ne sommes, en ensemble, ni meilleurs ni pires que le reste de personnes.

Et si les personnes prises individuellement (le type qui achète une bague en or à sa fiancée, ou mon amie qui s’en va monter l’Everest) ne sont pas forcément méchantes, les structures supra-personnelles (l’industrie de l’or, du cacao ou de la montagne) le sont souvent.

Oui excellent livre, « Into thin air ». Joe Simpson en parle aussi dans un de ses livres, « Dark shadows falling » je crois.
Ils parlent des corps abandonnés sur le bord de la voie normale (qu’il faut parfois enjamber si je me souviens bien, éxagération?), et des nombreux cas de non assistance à personne en danger (parcequ’on a payé 50k pour monter, alors pas le temps d’aider). Heureusement ils décrivent aussi quelques actions héroïques pour venir en aide aux « alpinistes » en perdition.

Pour ceux qui veulent la revoir, ca repasse le 19 a 14h sur ARTE ( pas la 5)

http://tv.voila.fr/programme/arte/2009-09-06/sherpas-les-veritables-heros-de-l-everest-31075428.html

A ne pas raté.

Posté en tant qu’invité par blacky:

… inévitable
mais nous sommes tous dans ce jeu-là

à l’heure actuelle des larbins perdent une partie de leur dignité en consacrant leur vie à faire le ménage ds des salles dans lesquelles sont entreposés les serveurs informatiques qui permettent à camptocamp de fonctionner et à nous, riches (puisqu’on a le tps et l’argent d’être sur le net), de papoter sur un forum

il faudrait surtout développer un droit du travail consistant pour les sherpas.
… et puis sortir un peu de cette mauvaise conscience occidentale concernant le fait d’embaucher les gens pour de l’argent. C’est pas malin de critiquer ceux qui « exploitent » les sherpas… : qui sur ce forum, lorsqu’il est de voyage dans un pays du tiers monde, vérifie les contrats de travail des aides-cuisiniers dans les restos qu’il fréquente ?
On est ds ce rapport là, qui est essentiel, à nous juste de l’humaniser

Même une petite expé a besoin d’un peu de logistique.
Et dans ce cas, les deux ou trois sherpas (Népal), ou les horsemens (Laddakh/zanskar)… sont en relation directe avec les trekkeurs / alpinistes.
Il bénéficient alors des pourboires, des vivres de course en trop, parfois d’un peu de matériel… alors que dans une expé avec une grosse logistique, ils n’ont que leur salaire, et s’il y a des à cotés, c’est plutôt le guide / le sirdar qui en bénéficient.
Par ailleurs, une petite expé va s’arrêter dans les villages, et y chercher le gîte et le couvert, ce qui n’est pas le cas forcément d’une grosse expé qui est autonome.
Mais peut être ma vision des choses n’est plus bonne, c’était il y a longtemps…

J’avais vu un autre film (SherpaSig - festival du film de montagne l’an dernier à Grenoble) où le grand monsieur en question, français établi au Népal, cherchait à créer sur place l’équivalent d’une formation de guide: comme ça les Européens seraient amenés à traiter avec les sherpas comme avec des collègues, et les autochtones pourraient gagner leur vie sans être tributaires des agences occidentales. Je ne sais pas où ça en est… C’est peut-être aussi pour leur éviter d’équiper des pentes de neige raide en s’assurant à la corde fixe…
Finalement à une autre échelle c’est un peu ce qui s’est passé dans les Alpes, historiquement les grands clients laissaient leur nom à la paroi dont ils avaient fait « la première » en second, alors qu’on oubliait le guide qui était monté en premier tout le temps…

Tout à fait.
J’aimerais bien être une petite mouche du s.XVIII pour voir comment était la relation entre les lords-« alpinistes » anglais et les bergers-guides des Alpes, à l’époque.

Posté en tant qu’invité par Max421:

[quote=« Vivagel, id: 918899, post:26, topic:90857 »]Ca me fait penser à quelque chose :
Par ailleurs je ne suis pas sûr que les sherpas voient la commune de Saint Gervais voit d’un bon oeil les expé légères en style alpin alpinistes qui bivouaquent, ça ne m’étonnerait pas que ça soit tout le contraire ! puisque cela leur retire l’opportunité d’une importante source de revenus.[/quote]
Ne serait-ce pas plutôt les problèmes d’hygiène qui serait communs entre les camps de base himalayens et les bivouacs du Mont Blanc ?

Je ne suis pas allé là-bas et je ne prétends pas non plus détenir la vérité. Ce que je voulais dire aussi par là c’était qu’avec nos yeux de riches occidentaux un boulot qu’on juge dégradant et mal payé peut être bien perçu aux yeux d’un montagnard pakistanais. Et ne pas faire à leur service par peur de les « exploiter » ne peut-il pas être ressenti par eux comme de l’avarice ?
Il m’a également semblé dans le reportage que les sherpas avaient une très bonne image dans le pays, notamment ceux qui étaient allés au sommet.

[quote=« blacky, id: 918989, post:30, topic:90857 »]Francois a écrit :

Il y a donc un rapport fournisseurs-clients avec tout ce que cela implique.[/quote]

Donc tu es fournisseur, je suis le client => implique que par les lois universelles, je perde mon humanité ou que je nie la tienne, ce qui revient au même ?
N’y a t-il pas d’automatique, que ce que nous voulons bien ?

[quote]… inévitable
mais nous sommes tous dans ce jeu-là

à l’heure actuelle des larbins perdent une partie de leur dignité en consacrant leur vie à faire le ménage ds des salles dans lesquelles sont entreposés les serveurs informatiques qui permettent à camptocamp de fonctionner et à nous, riches (puisqu’on a le tps et l’argent d’être sur le net), de papoter sur un forum

il faudrait surtout développer un droit du travail[/quote]
Je ne partage pas ce point de vue si j’ai bien compris.
Qu’est-ce qui est inévitable ?
Le fait d’avoir une relation contractuelle avec rémunération ?
Ou bien le fait que se comporter comme si on avait acheté les personnes avec la prestation, ce qui donnerait la légitimité pour les mépriser ?
Dans cette dernière hypothèse, je ne vois pas où est la fatalité sinon à considérer que le règne du cynisme soit une fatalité.

En tout cas le cynisme ne devrait pas amener à la fatalité, sinon plutôt au contraire.

[quote=http://fr.wikipedia.org/wiki/Cynisme]Cette école tente un renversement des valeurs, et enseigne désinvolture et humilité aux grands et aux puissants de la Grèce antique. Radicalement anticonformistes, les Cyniques, et à leur tête Diogène, proposent une autre vision de la philosophie et de la vie en général, subversive et jubilatoire.

[…]

le but est de subvertir tout conformisme, tout modèle moral. Sa philosophie se traduit par des actes volontaires et provocateurs. Il transgresse les fondements de la culture, urine et aboie comme un chien, se masturbe en public ; il n’hésite pas à mendier, ne respecte aucune opinion et provoque même les puissants. Le mouvement cynique, inscrit dans la société antique, se présente avant tout comme un modèle contestataire.[/quote]

Posté en tant qu’invité par csv:

[quote=« Bacchus, id: 919107, post:36, topic:90857 »]

En tout cas le cynisme ne devrait pas amener à la fatalité, sinon plutôt au contraire.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cynisme[/quote]

Je crois que Gépi parle du cynisme du sens commun, plus que de l’école philosophique cynique…
http://www.fonjallaz.net/Philo/Cynique.html
« Les cyniques n’ont jamais été si présents parmi nous: escrocs animés par le ressentiment, ils parlent au nom de l’intérêt général pour mieux poursuivre leurs intérêts propres, sont volontiers manipulateurs et menteurs; ils sont les gangsters des temps modernes. Mais ce cynisme-là, vulgaire, est le poison de notre société. Il n’a rien à voir avec la sagesse cynique, héritée de Diogène. Au contraire! Si les cyniques grecs récusent les lois, c’est précisément parce qu’ils les suspectent de n’être que des conventions sous lesquelles se dissimulent des mobiles peu reluisants. »

Posté en tant qu’invité par brodanni:

Bonjour à tous,
C’est bien la 1ere fois que je viens sur ce site. Je ne suis pas alpiniste. J’ai simplement vu le reportage hier soir sur ARTE7. Et depuis je suis un peu sous le choc. Je ne pense qu’à tout ce que j’ai vu et entendu. Je ressens comme un profond malaise que j’ai du mal à m’expliquer. C’est pour cela que j’ai fais une recherche de commentaire sur Internet et que j’ai trouvé ce forum.

Je suis quelque peu réconfortée de lire tous ces commentaires qui vont dans le même sens que mes propres sentiments. J’ai été très choquée de voir que l’argent donne le pouvoir de considérer un homme comme bête de somme.

J’ai aussi pensé que tant qu’à faire une expé de luxe avec chaise, table (vous avez tous oublié de mentionner les gâteaux au chocolat ou aux pommes!!!) et parcours balisé, pourquoi ne pas faire monter tout cet équipement par téléphérique, ou monte charge. Ça ne changera rien de l’exploit réalisé par les touristes.

Bien sûr le salaire des Sherpas en serait diminué. Comme il semble que cette ascension ne peut se faire « qu’un seul jour par an », les Sherpas ne peuvent-ils pas gagner leur vie en guidant toutes les autres expé dans toute la région le reste du temps?

Il me semble aussi que si tout ceci était organisé par une agence locale, les Sherpas pourraient alors être les maîtres des expé. Ceux sont tout de même eux les experts!!! Il semble que la seule chose qu’ils ne maîtrisent pas soit le contact radio avec la météo pour décider du grand jour!!!

Excusez mes remarques qui sont certainement tout à fait naïves et déplacées, je n’y connais rien au monde de la montagne.

Bonne montagne à tous

Posté en tant qu’invité par émue:

J’ai vu ce reportage dont certains passages m’ont ému et je partage l’avis de tous ici.

J’ai eu aussi cette impression d’un reste d’impérialisme qu’on croyait disparu.

Et j’ajoute, reprenant un point abordé :

Tout à fait d’accord, ce sont les Sherpas, les guides experts en alpinisme et ils restent malgré tout profondément ‹ humbles › face à leurs exploits.

Y a-t-il beaucoup d’auteurs occidentaux qui ont l’humilité d’écrire dans leur livre que sans l’aide voire le sacrifice des guides alpinistes Sherpas, ils n’auraient jamais pu réussir à gravir la plus haute montagne du monde ?

Les guides Sherpas ont sans doute une meilleure connaissance intuitive de la montagne car ils vivent plus en harmonie avec les éléments de la Nature . Et avant chaque ascension, il y a ce rituel pour recevoir une sorte de bénédiction protectrice, ils ont ce respect de la Nature qu’ils vénérent.

« Ils ne semblent pas maîtriser le contact radio avec la météo » ? Mais pourquoi n’en sont-ils pas instruits pour les mettre à l’égalité des connaissances vis-à-vis des occidentaux ? Les maintient-on dans l’ignorance pour mieux les exploiter ?

D’un autre côté, les clients leur apportent beaucoup d’argent. Il faudrait les aider à trouver une autre voie de gain fructueux (pour améliorer leur condition de vie) pour qu’ils ne se laissent plus exploiter et presque obliger de risquer leur vie dans le but et l’espoir de pouvoir offrir un avenir meilleur à leurs enfants.

Je repense au passé. En Europe, dans les Alpes, il fut également une époque où des hommes, habitant Chamonix, étaient exploités tout en recevant beaucoup d’argent pour servir de guides à de riches touristes suisses et anglais afin de les mener au sommet du Mont Blanc. Une élite étrangère qui se vantait tout autant de leur exploit en parlant peu ou pas de ceux qui leur avaient montré et préparé le chemin vers le sommet.

J’aime beaucoup cette dernière intervention « émue » pleine de respect et de considération pour les Sherpas. Je connais particulièrement le problème puisque j’organise des treks et expéditions au Népal (mais pas à l’Everest). J’ai aidé une famille sherpa à créer sa propre agence, et le fils, âgé de 26 ans, prépare son brevet de guide (UIAGM). Il a participé à 6 expéditions et a été 6 fois au sommet de l’Everest, la dernière fois comme siredar (responsable de la logistique dans une expé).
Je peux dire qu’en général (mais il y a des exceptions) l’attitude colonialiste décriée ne vient pas des organisateurs mais des clients qui ont « acheté » l’Everest et considèrent les Sherpas comme des domestiques. Je déplore vraiment cette attitude.

La connaissance intuitive de la montagne ne suffit pas pour organiser des expéditions. Il y a encore très peu de Sherpas qui ont un brevet de guide de montagne (UIAGM) et une connaissance suffisante. Ils ont encore besoin d’un encadrement de guides occidentaux, organisateurs ou engagés par des organisateurs pour se former et améliorer leur connaissances. Mais peu à peu, les Sherpas (ou membres d’autres ethnies) seront capables de relayer complètement l’aide occidentale.
L’Everest est un mauvais exemple car la clientèle est spéciale : des clients qui paient très chers pour « faire l’Everest » obnubilés par leur but, n’ont plus aucun respect pour la « main d’œuvre » sans laquelle ils ne traverseraient même pas le Ice fall. A l’exception de quelques responsables expérimentés, la plupart des Sherpas engagés dans ces expéditions le sont en qualité de « travailleurs d’altitude » pour porter le matériel et équiper les camps d’altitude.
Ce travail particulièrement dur et dangereux leur rapporte plus d’argent que dans les autres treks et expéditions, et en même temps, ils sont assez fiers d’être engagés pour ce travail, même si c’est au péril de leur vie.
Dans les autres expéditions et trek, les Népalais engagés peuvent apprendre et progresser en fonction de leurs capacités intellectuelles et physiques. Certains restent porteur toute leur vie, tandis que d’autre peuvent devenir de bons organisateurs, et d’autres de bons guides. Dans les agences actuelles, quelles soient népalaise ou occidentales, il y en a qui ont le souci de travailler dans le respect des porteurs et sherpas, de favoriser leur formation et d’améliorer leurs conditions de vie, tandis que d’autres n’ont que le souci de faire des affaires. Gardons-nous de généraliser.

Actuellement, il n’y a pas d’autres voies permettant aux montagnards népalais de continuer à vivre dans leurs montagnes. La plupart trouvent dans la participation aux trekkings et expés un heureux complément à leur activité de paysan de montagne. Ce qui leur permet de rester dans leur village et de scolariser leurs enfants. L’avenir meilleur pour leurs enfants n’est surtout pas de quitter leur village et s’en aller vivre dans la banlieue de Katmandou sans possibilité de trouver un emploi.
Il ne faut surtout pas que les occidentaux se sentent honteux de fournir du travail au Népalais en les engageant comme porteur ou comme guide, mais au contraire d’être heureux d’apporter quelque chose au Népal.