Série d'avalanches meurtrières dans les Alpes du Sud

Parlons juste de faits (loin de moi toutes idées polémiques)…

D’une manière générale, les victimes d’accidents d’avalanche concernent à plus de 80% des personnes averties et bien expérimentées. Cela veut dire que les victimes avaient à leur actif un nombre considérable de sorties dont des sorties saines puis d’autres moins saines mais dites « validées ».
Psychologiquement parlant on retrouve le cas du : « c’est passé, je valide, je prends confiance et consort ».
Mathématiquement parlant, en fonction de :

  • ma pratique (pente raide ou pas),
  • mes prises de risque (sortie par grosse poudre ou autre),
  • la fréquence de mes sorties (une par semaine, mois, année…),
  • mon caractère (capacité à renoncer ou pas, attrait de l’objectif, conquérant et ambitieux…),
  • du décompte annuel des accidents et de l’analyse de ces dits accidents,

  • On peut, pour une personne donnée, établir une probabilité plus ou moins forte d’accident d’avalanche.

Ne me dites pas non!!! On a tous eu ds la coin de la tête une réflexion du type : « c’est vraiment dommage, mais c’est vrai qu’il était souvent sur la sellette ces derniers temps » voire " je ne suis pas étonné" ou encore « fallait s’y attendre ».
Premièrement, c’est ce que je me suis dit quand j’ai eu mon accident. « Tiens à force de faire le con, voilà ce qu’il t’arrive ».
Deuxièmement, c’est ce que m’ont dit mes proches quand j’ai eu mon accident.
Troisièmement, c’est ce que m’ont dit ceux qui ne partageaient pas ma passion.

Et ce qu’il y a de plus pervers dans cette réflexion c’est que le fait de répéter une action avec un risque minime ne fait qu’amplifier le risque à la prochaine répétition. Le fait d’échapper à l’accident à chaque répétition ne fait qu’augmenter notre confiance à la répétition suivante et le fait d’augmenter son capital confiance à chaque répétition ne fait qu’augmenter le risque d’accident pour la suivante voire la prise de risque des sorties. Et ainsi de suite. L’équation s’en trouve accélérer si la prise de risque augmente volontairement (ou inconsciemment) à chaque sortie.

Les règles que l’on cherche à utiliser ne font que donner une justification à une prise de risque et assoir notre capital confiance.
Qd tu as eu ton accident, que tu t’en sors vivant et que tu rencontres, par exemple, ton banquier pour les mensualités de ton prêt que tu n’arrives plus à payer parce que ta vie à complètement changée, tu te rends bien compte de la connerie des méthodes de régression des risques. Les seules questions qui te viennent à la tête, c’est pourquoi y suis-je allé ce jour là, pourquoi ai-je eu autant d’obstination, pourquoi n’ai-je rien vu?
Tout simplement parce que ce que je faisais était risqué et que mon capital confiance était au delà du seuil de sécurité… Sécurité de ma propre personne mais aussi de mon couple et de mes gosses!!!

Merci d’avoir lu jusqu’ici, mais les nombreux jours passé à regarder les sommets enneigés par la fenêtre et les nombreuses discussions avec ceux qui ont un regard extérieure au ski m’ont conduit à cette réflexion…

Excusez-moi, j’ai oublié une méthode: On va se coucher et on attend la mort en espérant que le plafond ne nous tombe pas sur la tête. En ce cas, la pente n’est pas sûre à 100% mais le risque d’avalanche est très réduit.

Bien vu!!!tiens une comparaison entre les comportements boursiers et …alpins:
sur chaque titre boursier est indiquéla maxime suivante:
les résultats passés, ne présument pas des résultats futurs… :cool:

Ben oui, plus on sort, plus on a de risque de se faire avoir. C’est pas nouveau. A enfoncer des portes ouvertes, on risque de s’écrabouiller sur le mur d’en face. A condition qu’il y ait un mur. Si c’est une fenêtre, je vous dis pas…

Bon tu plaisantes mais la seule chose qu’on peut conclure c’est quand on se fait coffrer, ce n’est pas parce qu’on ne s’est pas fait coffrer que la pente était sûre.

Bonjour,

Ca ne me parait pas aussi simple, et ça dépend peut-être des individus. Certains, comme le décrit Clemsouille, ont tendance à considérer que chaque sortie leur donne de l’expérience de ce qui va bien, et que cette expérience les incite à faire un tout petit plus à la sortie suivante, et ainsi de suite, jusqu’à la sortie où ce sera de trop. En fait, avec ce mécanisme, la marge se réduit de plus en plus, et la probabilité d’accident augmente, et l’accident finit par arriver après un certain nombre de sorties.
Mais pour d’autres, chaque sortie peut être l’occasion de réfléchir, de comparer sa sortie qui s’est bien passée avec d’autres sorties qui ont eu des accidents, de se demander s’ils ont bien été capables de voir tout ce qui aurait pu déclencher un accident comparable pendant leur sortie. Et là, chaque sortie peut être l’opportunité d’apprendre à reconnaitre certains signaux supplémentaires, certains facteurs de risques mal perçus auparavant, et leur comportement peut devenir de plus en plus prudent.

Bernard

Exacte Bernard.

On peut pour une personne donnée, établir une probabilité plus ou moins forte d’accident.

Dans ta première partie de commentaire, la probabilité est forte et dans la deuxième, la probabilité est faible.
Mais jamais nulle. Et même si elle est faible, elle augmente avec l’age.
A pratique égale, tu as plus de chance de te faire embarquer à 70ans qu’à 20 ans.

PS : Je ne suis pas sûr que François arrive à suivre depuis son lit. :smiley:

Bref.
Bonne saison à vous tous.