S'encorder ou pas?

Tout a fait vrai.
Et également, poursuivre encordé n’augmente pas de bcp le risque pour le compagnon.

Conclusion, quoi que l’on fasse, poursuivre encordé ou desencordé, la variation de risque est mince (disons de 0.000001 à 0.000002) et donc elle ne mérite pas les calories dépensées dans l’acte ni les watts dépensés par le serveur pour héberger cette discussion.

On pourrait dédier ce temps sur la pente à penser en une autre chose plus importante pour notre sécurité. P. ex. a parler avec le copain de cordée sur les bénéfices de sa complémentaire de santé , voir si on n’aurait pas intérêt à y changer.

Ça c’est si le copain ne peut jamais arrêter la chute. Le pire des cas.

Sommes-nous confortables avec un P=99.999% de ne pas tomber et au même temps inconfortables avec un P=99.998% ?

la P=0.000001 donnée en exemple est bien sur aléatoire. La P peut bien être 0.01 (1/100) selon la tolérance au risque de chacun. Mais alors le tête brûlée qui est confortable avec un 99% chances de pas tomber, ne le serait pas avec un 98%?

Et pour finir, compte tenu l’erreur dans le calcul de P, la différence de P entre être encordé ou pas semble certainement plus petite que l’erreur et donc insignifiante dans la prise de décision de s’encorder ou pas.

ll est certain que sur certains passages on augmente la sécurité en se désencordant (c’est à voir sur place). Pourquoi ne le fait-on pas ? Selon moi, parce que ça fait perdre du temps, ça augmente les manip etc. Se désencorder, plier la corde, se ré-encorder, palabrer pour savoir si oui ou non il faut virer la corde, toussa, toussa…

En fait la seule circonstance ou la décision est claire est si on est sûrs à 100%

Si on est sûrs que sur ce passage on va tomber on se tiendra encordés.

Si on est sûrs de que c’est le copain qui va tomber, on lui demandera gentiment de se desencorder avant d’attaquer.

ça me fait penser au proverbe inuit « pars toujours à la chasse avec un AMI qui court moins vite que toi… » (because l’ours bien sur)
plus grave : moi je ressens très bien la différence entre (avant) se décorder si ça craint objectivement avec un copain et (maintenant) ne pas me décorder si ça craint avec ma compagne ou mon fils… dans la mesure ou ils ont moins d’expérience que moi, c’est idiot mais je ne me vois pas leur survivre si j’avais une chance de faire quelque chose…
d’autre part je vois pas trop la différence entre pente de neige et glacier à partir d’un certain niveau par exemple typiquement la redescente d’Argentière avec régulièrement ceux qui passent dans la rimaye …

Tout à fait d’accord ça n’augmente pas le risque considérablement (encore que, un Patrick ne serais pas de cet avis), néanmoins tout les grimpeurs n’agissent pas de la même manière et on ne peut pas exiger d’eux qu’ils agissent de la même façon que nous.

J’ai déjà fais quelques chutes pour bien des raisons (fatigues, fautes d’attentions, terrain pourrave, exprès…) et il en suffit d’une seule mauvaise pour tirer sa révérence, des grands noms de l’alpinisme et quelque uns de mes collègues ont disparus de cette manière, qu’ils soient encordés ou non, peu importe leur expérience.

Pour la barrière psycho, demandez aux débutants, même des jeunes en stage de renforcement pro s’il est simple de retirer la corde dans un passage expo ou un peu aérien les premières fois alors qu’on leur a martelé durant toute leur formation initiale « qu’au bout de la ficelle, c’est leur vie ».

Il y a bien sûr le contre exemple, petit, je ne comprenais pas pourquoi mon père me tenait au bout d’une corde qui m’entravait plus qu’autre chose. Aujourd’hui, il y a de nombreuses fois pour avancer plus vite ou d’autres raisons (inavouables ?), après en avoir discuté avec mon ou mes compagnon (s) de cordé, on n’hésite pas à virer la corde, en ayant à l’esprit le risque qu’on prend.
Mais qui ne le fait pas lors de sorties perso. Cependant lors de sorties pour formation ou ayant un but plus ludique que pour la perf, on essaie juste d’être exemplaire auprès des gens qu’on encadre ou qu’on a sous notre responsabilité (famille, amis…).

Pour des guides le fait de garder la corde dans des passages un peu tendu où il ne faut pas tomber car on sait qu’on sera incapable d’enrayer une chute juste pour le simple fait de rassurer un client, cela aussi ils en ont conscience mais ajouter un stress supplémentaire dans une situation délicate qu’on ne peut contourner, dans le cas du professionnel qui n’avait pas prévu ce cas de figure ou avait des informations erroné des conditions de la course ne serait pas très malin, on ne peut pas livrer les gens à eux-mêmes dans toutes les circonstances.

De même que sur un glacier complètement bouché où il est avéré que le risque est minimum certains seront totalement hostiles à l’idée de ne pas progresser sans corde…
Il faut l’accepter, tout le monde n’a pas le même niveau (qu’il soit technique ou/et mentale).

Il faut que les gens maitrisent leurs outils et la façon de les utiliser comme avoir connaissance des techniques d’évolution selon le milieu et le contexte, c’est indispensable, quant à l’utilisation de ce savoir, ils sont les seuls à décider de la manière dont ils useront de ces connaissances mais en gardant à l’esprit les risques et conséquences de leurs actes pour eux ainsi que pour les autres et c’est très bien comme ça.

J’accepterais difficilement qu’un de mes collègues ne respecte pas le choix que je fais en partant en solo sur telle ou telle course parce qu’il estime que ce n’est pas bien. Tout comme celui que je fais en gardant la corde même si je marche sur un chemin (faut peut être pas abuser mais l’idée est là) pour rassurer une personne de ma cordée.
Je suis ouvert d’esprit et je prendrais la mesure de ses paroles, je me remettrais en question également mais si je juge son intervention injuste je ne manquerais pas non plus de lui faire remarquer.

On a tous nos limites dans différents domaines. Il est donc évident que pour l’engagement en alpinisme il en soit de même, n’en déplaise aux guerriers des cimes comme aux nounours des prés et le choix de l’encordement ou non n’échappe pas à cette règle.

Oui parfois on progresse avec plus de sécurité sans corde, si on tombe dans un passage délicat non-protégeable, au moins on chute seul et les autres membres resteront en vie.
La question est : êtes-vous prêt à dire à votre femme, votre fils ou votre ours en peluche fétiche de se des-encorder dans un de ces passages en ayant conscience que si c’est lui qui chute, vous ne ferez qu’assister à la scène ? Je reste persuadé que pour tout le monde ce n’est pas si évident, mais ça reste le choix de chacun.

On ne parle pas de débutants ici, mais de personnes aguéries, qui sont à l’aise sur le terrain (techniquement).

De manière générale, j’hallucine comment cette histoire d’encordement ou non pose des problèmes pour l’alpinisme, alors que par ailleurs sur des randos pédestre avec des passages de pente d’herbe expo la plupart des gens ne se posent pas cette question : soient ils renoncent, soient ils passent en solo.

Posté en tant qu’invité par Tprout:

Plus on aime ses compagnons de cordée plus on reste encordés…Vieux piton , je trouve que tu as si bien dit :on ne se voit pas survivre à la chute d’un proche…Donc si mon fils tombe je tombe(voire je saute)…mais s’il est plus fort et que je risque de l’entraîner alors je lui suggère de se décorder ,et que c’est Ma décision afin qu’il ne culpabilise pas si sa mère part dans le trou :slight_smile: …Bon, maintenant,avec un gars rencontré sur un forum,je préconise le double solo dès que ça craint :j’enmèle pas mes tripes avec n’importe qui!

justement, si je suis seul dans ce terrain j’ai un vieux marteau piolet à dispo (ça plante bien dans l’herbe meme gelée)… et si je suis pas seul j’ai un bout de corde en plus… ptetre parce que j’ai fait une chute dans ce genre de terrain entrainé par un très gros sac
-perfo, rappel, etc- et que j’ai eu la chance que ça n’a duré que 30-40m et que … j’en reviens encore pas j’avais mon casque !!! : que deux côtes cassées… j’avais l’impression d’etre un survivant ! Depuis dans les « paturages verticaux » je crains plus pour les autres que pour moi… Eh oui on a pas tous le même vécu !

j baptiste ,je te suis dans tes propos .
Si on est 2 ,les décisions se font à deux d’un commun accord.

Dans une course ,bien sur que tu sais que le danger peut être omniprésent mais franchement en pleine action+ ta concentration + ta recherche sur certains passages ,et ton niveau mentale et physique ,tu ne pense pas que tu peux tomber sinon tu ne fais pas de l’alpi ,enfin pour nous.
Et dans une course tu sais a l’avance ses difficultés ,ses conditions donc si tu juges d’encorder ou pas , je ne pense pas que tu fais des manip de changement tout les 100m

Le problème n’est pas de penser que tu peux ou ne peux pas tomber, encore qu’il faut parfois l’avoir à l’esprit ne serais-ce que pour protéger les autres.
Mais les gens que tu « encadres » parce qu’il te juge le plus expérimenté, eux peuvent tomber, mais ils se disent qu’ils ne risquent rien, puisque tu es là pour les retenir. Les clients d’un guide ne l’engage pas seulement pour qu’il serve de GPS vivant.

Peut importe ce que tu as prévu au chaud chez toi dans ton canap en étudiant le TOPO, comment tu progressera sur tel partie de l’itinéraire. Tout tes certitudes peuvent s’envoler devant la gueule du couloir ou la pente expo que t’as en face de toi une fois les pieds dans la neige. Et aucune préparation de condition ou topo ne préviendra une éventuelle chute, que ce soi la tienne ou celle d’un amis et/ou client.

Posté en tant qu’invité par COUSIN HUB:

LES GUIDES français et étrangers encordent toujours leur client.