Tout à fait d’accord ça n’augmente pas le risque considérablement (encore que, un Patrick ne serais pas de cet avis), néanmoins tout les grimpeurs n’agissent pas de la même manière et on ne peut pas exiger d’eux qu’ils agissent de la même façon que nous.
J’ai déjà fais quelques chutes pour bien des raisons (fatigues, fautes d’attentions, terrain pourrave, exprès…) et il en suffit d’une seule mauvaise pour tirer sa révérence, des grands noms de l’alpinisme et quelque uns de mes collègues ont disparus de cette manière, qu’ils soient encordés ou non, peu importe leur expérience.
Pour la barrière psycho, demandez aux débutants, même des jeunes en stage de renforcement pro s’il est simple de retirer la corde dans un passage expo ou un peu aérien les premières fois alors qu’on leur a martelé durant toute leur formation initiale « qu’au bout de la ficelle, c’est leur vie ».
Il y a bien sûr le contre exemple, petit, je ne comprenais pas pourquoi mon père me tenait au bout d’une corde qui m’entravait plus qu’autre chose. Aujourd’hui, il y a de nombreuses fois pour avancer plus vite ou d’autres raisons (inavouables ?), après en avoir discuté avec mon ou mes compagnon (s) de cordé, on n’hésite pas à virer la corde, en ayant à l’esprit le risque qu’on prend.
Mais qui ne le fait pas lors de sorties perso. Cependant lors de sorties pour formation ou ayant un but plus ludique que pour la perf, on essaie juste d’être exemplaire auprès des gens qu’on encadre ou qu’on a sous notre responsabilité (famille, amis…).
Pour des guides le fait de garder la corde dans des passages un peu tendu où il ne faut pas tomber car on sait qu’on sera incapable d’enrayer une chute juste pour le simple fait de rassurer un client, cela aussi ils en ont conscience mais ajouter un stress supplémentaire dans une situation délicate qu’on ne peut contourner, dans le cas du professionnel qui n’avait pas prévu ce cas de figure ou avait des informations erroné des conditions de la course ne serait pas très malin, on ne peut pas livrer les gens à eux-mêmes dans toutes les circonstances.
De même que sur un glacier complètement bouché où il est avéré que le risque est minimum certains seront totalement hostiles à l’idée de ne pas progresser sans corde…
Il faut l’accepter, tout le monde n’a pas le même niveau (qu’il soit technique ou/et mentale).
Il faut que les gens maitrisent leurs outils et la façon de les utiliser comme avoir connaissance des techniques d’évolution selon le milieu et le contexte, c’est indispensable, quant à l’utilisation de ce savoir, ils sont les seuls à décider de la manière dont ils useront de ces connaissances mais en gardant à l’esprit les risques et conséquences de leurs actes pour eux ainsi que pour les autres et c’est très bien comme ça.
J’accepterais difficilement qu’un de mes collègues ne respecte pas le choix que je fais en partant en solo sur telle ou telle course parce qu’il estime que ce n’est pas bien. Tout comme celui que je fais en gardant la corde même si je marche sur un chemin (faut peut être pas abuser mais l’idée est là) pour rassurer une personne de ma cordée.
Je suis ouvert d’esprit et je prendrais la mesure de ses paroles, je me remettrais en question également mais si je juge son intervention injuste je ne manquerais pas non plus de lui faire remarquer.
On a tous nos limites dans différents domaines. Il est donc évident que pour l’engagement en alpinisme il en soit de même, n’en déplaise aux guerriers des cimes comme aux nounours des prés et le choix de l’encordement ou non n’échappe pas à cette règle.
Oui parfois on progresse avec plus de sécurité sans corde, si on tombe dans un passage délicat non-protégeable, au moins on chute seul et les autres membres resteront en vie.
La question est : êtes-vous prêt à dire à votre femme, votre fils ou votre ours en peluche fétiche de se des-encorder dans un de ces passages en ayant conscience que si c’est lui qui chute, vous ne ferez qu’assister à la scène ? Je reste persuadé que pour tout le monde ce n’est pas si évident, mais ça reste le choix de chacun.