Tout à fait d’accord avec Paul G et jerome64 sur le fait de ne sortir la corde que lorsqu’elle sert à quelque chose. J’ajouterais juste qu’on a un peu tous tendance à mettre la corde plutôt de ne pas la mettre ou de l’enlever, même lorsqu’elle ne sert à rien. Il me semble donc utile de dire et de répéter que dans certaines situations la corde augmente le risque et devrait rester dans le sac.
S'encorder ou pas?
Vaste sujet que celui là.
Cependant l’utilisation de la corde et plus largement, la sécurité durant une progression, semble dans le domaine « loisir » très subjective et relative au niveau de technique que s’attribue chaque alpiniste.
Dans le milieu professionnel, une commission d’expert/pro se réunira pour savoir si le guide ou le secouriste à pris en compte toutes les mesures de sécurité pour le bien de ces clients. Malheureusement, on s’accorde a dire que ce qui ressort de ces analyses, au cas par cas, lors de ces incidents ne sont pas forcement représentatives car ils ne prennent bien souvent pas en compte l’état d’esprit des individus et rendent un verdict en fonction des éléments qui sont en leur possession après une enquête, plus ou moins complète.
Nous sommes tous d’accord qu’il faut qu’il y ait une base, cela dit, en fonction des compétences de chacun, nous devons prendre conscience que les schémas type n’ont de valeurs que sur le papier. Selon la situation, on adaptera des attitudes bien différentes des modèles qu’on nous a enseigné, les mentalités changent, les techniques et les outils également.
Un alpiniste a dit à très juste titre je pense, « ceux qui écrivent les guides de survies sont des rigolos », car bien souvent lors d’incident on ne réagit pas comme on le souhaiterait, ni comme une commission nous commanderait de le faire, on fait juste ce qu’on peut a un moment donné…
Il suffit d’ailleurs d’échanger avec quelque personnes qui ce sont retrouvé dans des situations difficiles pour ce rendre compte que malgré tout les entrainements qu’on veut et peu importe le nombre de fois où on s’est jeté sur un glacier pour retenir une chute factice, la réalité c’est autre chose. Ces « survivants » ont eu le bon geste, la bonne intuition, la chance, l’instinct au bon moment.
Ce qui ne veut pas dire que l’enseignement ou l’entrainement ne sert à rien (il faut une base ! je le répète).
Il y a juste des fois, où on ne contrôle pas grand-chose. Dans un milieu comme le notre, qui comporte autant de dangers objectif, il nous faut parfois l’accepter, c’est une des réflexions sur le terme de l’engagement en montagne propre à l’alpinisme.
Un point important, se rassurer en s’encordant car on veut éviter de s’engager mentalement dans une action ne peut être bénéfique, un travail interne doit être effectué pour éviter de contourner les problèmes par des solutions faussement sécuritaires pour notre personnes comme celle d’un tiers quitte à faire le douloureux choix de renoncer.
Le 1er travail interne à faire est justement de faire en sorte qu’un renoncement ne soit pas douloureux (quand il est facile techniquement).
Déjà juste ça, ça élimine une pression psychologique, ça rend zen, on reste calme, on garde son sang froid, on prend de meilleures décisions, etc. En gros, ça élimine plein de problèmes d’un coup.
arrêtons de nous leurrer, un renoncement est toujours douloureux, sinon ce ne serait pas un renoncement de par sa nature (je vous laisse le soin de rechercher dans le dico, je pense que la définition est très claire)
Malgré ma toute petite expérience pro et perso en montagne, j’éprouve toujours un peu d’amertume lorsque je suis forcé de me retirer lors de l’attaque d’une voie ou c’est que je ne tenais pas tant que ça à ce projet.
Ce n’est pas mauvais en soi, c’est qu’il y a toujours une marge de progression, c’est donc sain
[quote=« ETZUT, id: 1659681, post:20, topic:147079 »]Si je comprends bien tu es parfaitement au courant des circonstances de cet accident, (genre qui a emporté l’autre, crampons ou pas, lanières qui ne traînent pas, écoles de neige ou pas, piolet main amont ou encore la panne en avant …etc…) : alors SVP il faut développer pour que la discussion soit constructive, sinon comment établir une règle à partir d’un cas particulier. Les accidents résultent souvent, je pense, d’une somme de conditions qui font que chacun d’eux est une circonstance particulière !
Quelle est la vraie question ? Celle de l’encordement ou celle, pourquoi pas, de l’anti-botte ou de je ne sais quoi[/quote]
Non ,je ne suis pas parfaitement au courant de l’accident mais ces incidents se répètent et cela est une constatation.La polemique dont je fais allusion a été le débat lors de réunion de professionnels que j’avais lu mais ceci date déjà de quelques années ,et dont je n’ai plus les références.
Ma question était simple et précise et je pense que les réponse qui ont suivi etaient bien dans le sujet.
Pour ma part nous nous sommes toujours encordés dans les moments nécessaires (surtout en rocher bien sur) bien sur mais souvent cette question nous a souvent interpellé sur glacier.
Cela fait plusieurs années que nous pratiquons et forcément avec des enfants qui attendent que tu rentres tu est obligé d’y penser au niveau sécurité (avant la course mais pas pendant sinon on reste chez soi)…mais là on s’eloigne du sujet ,tu vois!
Bref,a niveau equivalent ,la corde peut et je dit bien"peut" s’averer utile sans doute sur de la bonne neige ou peu pentue mais j’émets des interrogation pour des situations plus risquées
J’aurais tendance à penser que, s’il y a un endroit où la question de s’encorder ou pas ne se pose pas du tout, c’est justement sur glacier.
Je suppose donc que tu voulais dire « en pentes de neige »
Dernière sortie au Grand Paradis.
Le soir à Chabod je discute encordement avec des skieurs de rando du groupe me disant qu’ils ne s’encordent pas dans du 45°, chaqu’uns pour soi. Je trouve ca un peu bof et leur dis.
Le lendemain ils partent sur la petite FN et avec les novices ont part sur la VN.
A leur retour ils nous diront s’être bien fait peur car au 2/3 ils sont arrivés sur de la glace noir petante juste recouverte. Le plus haut placé à juste eu le temps de brocher, deplier et balancer la corde aux 2 autres. A peine accroché le 2eme lachait tout et quelques seconde apres le 3eme faisait de même. Encordé ils aurais pu brocher/corde tendue, se vacher ou tirer des longueurs.
A quelques secondes pres, il y avait 2 belles boites voire pire.
Pour ma part je m’encorde systematiquement, l’aventure relatée me conforte dans mon choix jusqu’au jour ou ma cordée sera emportée entière.
Je prefère tirer des longueurs quitte à exploser l’horaire (j’adapte mon reveil en consequence !!!) ou renoncer plutôt que faire prendre des risques à la cordée.
[quote=« J-Baptiste, id: 1659772, post:24, topic:147079 »]arrêtons de nous leurrer, un renoncement est toujours douloureux, sinon ce ne serait pas un renoncement de par sa nature (je vous laisse le soin de rechercher dans le dico, je pense que la définition est très claire)
Malgré ma toute petite expérience pro et perso en montagne, j’éprouve toujours un peu d’amertume lorsque je suis forcé de me retirer lors de l’attaque d’une voie ou c’est que je ne tenais pas tant que ça à ce projet.
Ce n’est pas mauvais en soi, c’est qu’il y a toujours une marge de progression, c’est donc sain[/quote]
Si tu y tiens vraiment, tu peux aussi préférer le faire dans de bonnes conditions
Pour résoudre ton problème fait comme moi grimpe tout seul!!!
T’emmerde personne tu n’es responsable que de toi et si tu tombe tu tombe tout seul!!
Bon forcement cela va entrainer des commentaires du style aller en montagne seul c’est dangereux etc…
Après c’est un choix!!! Pour moi c’est pas plus dangereux que d’y aller a plusieurs ou que de prendre son véhicule tout les jours!!!
Après faut savoir ce que tu fais et ou tu va…il y aura toujours des dangers chute de pierre glace avalanche etc…encordé ou pas le résultat risque fort d’être le même!!!
Cependant, le problème est que tu te limites tout de même beaucoup sur tes itinéraires… Les glaciers un peu tourmentés sans corde, tu oublies ou tu joues à la roulette russe. Les voies rocheuses ou cascade de glace sans corde, tu oublies ou alors tu es très confiant (Pas sur qu’Alex Honnold tente des solos sur du rocher type Oisans).
Et, c’est dommage quand même (même si j’adore le solo!)
[quote=« paplol74, id: 1660026, post:29, topic:147079 »]Pour résoudre ton problème fait comme moi grimpe tout seul!!!
T’emmerde personne tu n’es responsable que de toi et si tu tombe tu tombe tout seul!!
Après c’est un choix!!! Pour moi c’est pas plus dangereux que d’y aller a plusieurs ou que de prendre son véhicule tout les jours!!!
Après faut savoir ce que tu fais et ou tu va…il y aura toujours des dangers chute de pierre glace avalanche etc…encordé ou pas le résultat risque fort d’être le même!!![/quote]
La question est surtout de savoir comment tu vas le vivre si ton compagnon de cordée tombe et pas toi. Tu pourras te ressasser pour le restant de tes jours la fameuse question: « et si on avait été encordé, est-ce que j’aurais pu le sauver? »
pas encordé c’est vieux comme l’escalade surtout quand l’argument était « une corde en chanvre ça pète comme un rien et en plus autour du ventre… » les plus jeunes taper « Paul Preuss » sur internet, vous allez voir…
ça revient à fond avec le haut niveau, et surtout le super matos c’est logique, mais deux « haut niveau » dans du « dur » ne fonctionnent pas comme une cordée classique « un leader + un moins bon, voire débutant » dans du plus facile… j’imagine pas un guide dire au client « tiens là c’est trop expo, on se décorde, ah, ah »
Non, mais on peut faire un nœud de Guide, celui qui tient si c’est le Guide qui chute et qui se défait si c’est le client qui dévisse !
[quote=« JP13, id: 1659883, post:26, topic:147079 »]
J’aurais tendance à penser que, s’il y a un endroit où la question de s’encorder ou pas ne se pose pas du tout, c’est justement sur glacier.
Je suppose donc que tu voulais dire « en pentes de neige »[/quote]
exacte
[quote=« greg57, id: 1659931, post:27, topic:147079 »]A leur retour ils nous diront s’être bien fait peur car au 2/3 ils sont arrivés sur de la glace noir petante juste recouverte. Le plus haut placé à juste eu le temps de brocher, deplier et balancer la corde aux 2 autres. A peine accroché le 2eme lachait tout et quelques seconde apres le 3eme faisait de même. Encordé ils aurais pu brocher/corde tendue, se vacher ou tirer des longueurs.
A quelques secondes pres, il y avait 2 belles boites voire pire.[/quote]
attends quand je pense si s’encorder est de mise ,je ne prends pas de risque ,surtout si c’est ma femme.
Et puis pour en revenir a « paplol74 » ,partir seul ,ne serait-ce pas une sorte d’égoïsme ?
Je ne pense pas que ce soit seulement de l’égoïsme, parfois on peut souhaiter s’isoler du monde ou choisir de partir seul simplement pour ressentir certaines émotions.
Ne serait-ce que pour se prouver quelque chose ou ce mettre en difficulté.
[quote=« J-Baptiste, id: 1660172, post:35, topic:147079 »]Je ne pense pas que ce soit seulement de l’égoïsme, parfois on peut souhaiter s’isoler du monde ou choisir de partir seul simplement pour ressentir certaines émotions.
Ne serait-ce que pour se prouver quelque chose ou ce mettre en difficulté.[/quote]
peut être s’isoler du monde ,peut etre mais partager une passion avec sa femme qui a la même ,je trouve que si dans mon cas.
Maintenant ,nous prenons ce que la montagne veut bien nous donner .Les difficultés sont en rapport avec nos capacités :a nous de les juger et d’en être conscient
Je ne comprends pas trop la relation du fait de s’encorder ou pas avec le renoncement de ce qu’a souligné bubu
Le partage est important, seulement il y a toujours je pense des moments où on souhaite être seul, je peux comprendre Paplol74.
Pour ce qui a été souligné plus haut, il était question d’encordement à risque en des endroits sans protection ou assurage pour se donner du courage (ou du « mentale ») afin de passer une difficulté technique, en gros la corde est là pour leurrer l’esprit et n’a pas vocation à arrêter la moindre chute (et risque même d’être un facteur de risque supplémentaire) mais nous rassure (ou tout du moins les personnes qui sont avec nous). D’où le fait que plutôt avoir recours à ces pratiques dangereuses, reconnaître qu’on a pas le niveau ou que l’on est pas pret psychologiquement à ce genre d’engagement et faire le choix de renoncer.
Sur des passages non-protegeable, choisir de se des-encorder pour faire courir le moins de risque à une équipe peut être difficile moralement et ce n’est pas donné a tout le monde (d’un autre coté, on ne rencontre pas ces situations difficile tout les jours non plus).
edit : reformulation
C’est pourtant la routine pour de nombreux grimpeurs qui font des approches, L0 et sorties de voies improtégeables, en baskets et décordés. A ce que je sache, ça ne fait pas des centaines de morts.
En effet, mais beaucoup moins sur une pente avec un peu de ° en neige pourri avec du rocher pourrave en dessous, terrain pas vraiment protegeable et comme l’a tres bien dit vieux piton : "j’imagine pas un guide dire au client « tiens là c’est trop expo, on se décorde, ah, ah »
Même si pour certains cela peut sembler facile, il faut un certain état d’esprit et faire preuve d’une grande pédagogie pour accepter ou faire accepter l’idée que pour être protégé parfois il faut se des-encorder
A chacun son Everest n’est ce pas?
Ce à quoi je fais référence :
Tu tombes souvent en montagne, encordé ?
Surement jamais, comme la plupart des gens.
Donc sur un itinéraire d’1km par exemple, si tu n’es pas encordé sur 50 ou 100m, tu penses que ça augmente le risque de combien ?
De pas grand chose.
Donc je ne vois pas en quoi il y a une barrière psychologique à se décorder (à part une barrière artificielle). Il faut être conscient qu’on est décordé, mais justement si on redouble d’attention, on diminue encore le risque. Surtout si on n’est jamais tombé encordé, même quand on était distrait.