…Et là, tu vois un gars pas mal bâti à la salle qu’a l’air bien empoté avec son projet. Tu lui dis « vous voulez que je vous aide à enlever votre teeshirt ?
Salle d'escalade discriminatoire ?
Semaine dernière, 14h00, Maja et moi arrivons à la voiture, au pied de la paroi (Cap de Long) après une grande voie. On se pose sur un rocher, et on picnique. 2 filles, la trentaine, passent devant nous, arnachées/casquées pour grimper.
- Moi : Salut !
- La première, sur un ton énervé : Pas le temps de papoter, désolée !
Je suis comme un rond de flan, un peu estomaqué. La seconde, qui marchait quelques mètres derrière, m’adresse un grand sourire, en levant les yeux au ciel, comme pour excuser sa copine. Je lui fais « Vous partez où ? », et elle « On va sur le secteur couenne, au fond. ». Je lui adresse un sourire, avec salut de la main, et elle répond pareil.
Il y a des mauvais coucheurs/coucheuses partout, quels que soient le genre, la couleur de peau, la religion, l’âge, etc… Faut pas se formaliser.
(En revanche, j’irais jamais « conseiller » une fille en salle de grimpe, ou un gars, c’est pareil commac ; quel que soit le niveau. Sauf si c’est parce que je vois que le nœud au baudrier est pas fini, ou l’assureur est mal brêlé, mais ça arrive rarement.)
En salle de bloc, ça a pu m’arriver, plutôt pour des mecs d’ailleurs, quand tu vois que la personne passe à côté d’une petite subtilité et enchaîne les essais sans succès.
Et par exemple quand @Lulu002, je crois, parle d’entrer dans l’arène… ça me parle tout à fait (ressenti perso).
En revanche salle à corde jamais conseillé personne hors partenaire.
Pourquoi pas, mais pas moi, on sait jamais comment ça peut être interprété. (Mais j’apprécie quand une personne qui passe en dessous, voyant que je merde, m’indique la solution… )
Un jour, à Bleau, je venais d’avoir 39 ans, je grimpais seul, je merdais lamentablement sur un bloc, sans crash-pad ; la situation était critique, j’avais pas envie de tomber. Deux jeunes, 18-20 ans, arrivent et se mettent en-dessous. « Monsieur, vous voulez une parade ou un crash-pad ? » J’ai marmonné un « Non merci ! » inintelligible, un peu énervé… C’est la première fois qu’on m’appelait « Monsieur »… Saloperie de jeunes !
Bah, c’est juste que tu as la tête d’un gars qui aime papoter…
PS petite illustration du deuxième adage de la morale de cette triste histoire .
En fait, on est typiquement dans ce que j’essaye d’expliquer certainement très mal sur la difficulté du sujet. Une fois qu’on a intégrer les violences sexuelles et sexistes, comment on questionne la société patriarcal et l’éducation qu’on a reçu notamment en tant qu’homme (nos actes, nos désirs) ?
- Tu ne le fais pas parce que cela pourrait être mal interprété, mais tu apprécies qu’une personne te donne une astuce quand tu merdes.
- Tu mentionnes que le refus n’a potentiellement rien à voir avec le sujet des violences faites aux femmes : ego de vieux mal placé, mauvais coucheurs/coucheuses
Bien sûr on peut s’arrêter à l’idée de respect de l’autre (perso, j’en suis là) mais on aura pas tous la même réponse… et ça n’a rien évident de s’arrêter à une idée quand tu as la charge de l’éducation de petits humains males (on voit par exemple, qu’on aurait certainement pas le même discours sur les conseils en bloc).
Pas là. Dans le flim c’est des nélicoptères.
(mansplaining inside).
Il est la le problème. Dans un refuge non gardé ,2 jeunes en basket arrivent et veulent faire le col bien enneigé que je venais de faire et limite en étant bien équipé. Evidemment je leur dis tout cela et au final partent pour faire autre chose moins haut le lendemain. Que cela soit des vieux ou 2 femmes en basket j’aurai dit la même chose évidemment. Le problème si c’était 2 jeunes femmes cela aurait pu être mal perçu vu le matraquage qu’il y a aujourd’hui, ce qui n’a aucun sens et y seraient peut être allé. La compassion est pourtant l’une des bases du vivre ensemble et qui est pour le moins en difficulté. (40% des français(es) (18 millions) sont aujourd’hui célibataires )
Je grimpais avec les garçons et je les dépassais. Quand les jeunes hommes voyaient qu’une fille avait monté la voie, ils pensaient que c’était facile et s’y ruaient. Et, quand ils n’y arrivaient pas, ils pestaient, comme si quelque chose clochait ! Alors j’ai compris que j’avais un niveau exceptionnel. C’est l’époque où il n’y avait pas de chaussons à ma taille. Je glissais un peu sur les rochers parce qu’ils étaient deux pointures trop grands, on m’appelait « Patin à roulettes ». […] J’ai voulu faire taire les critiques des hommes. Devenir une vraie alpiniste, monter en glace. Je me suis entraînée avec l’Américain Jeff Lowe, mon mentor, dans les cascades de glace du Colorado et les Rocheuses canadiennes. Il y croyait, quand tous les autres pensaient que mon objectif était fou. Il suffit qu’une personne que vous admirez croie en vous pour vous porter loin.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2024/10/13/catherine-destivelle-alpiniste-quand-les-garcons-n-arrivaient-pas-a-monter-une-voie-qu-une-fille-avait-reussie-ils-pestaient_6350645_3242.html
Article intéressant.
Les années 80, le rapport à l’engagement, une forme d’inconscience (de l’image que véhiculait d’elle les médias, des risques pris, etc…). Le portrait en creux d’une époque de l’alpinisme.
Je suis un vieux con de boomer et j’ai beaucoup de mal à ne pas « mecxpliquer » des trucs aux jeunes (et moins jeunes) grimpeuses de la salle. Pas tellement au sujet de la sécu -sauf truc grave-, mais plus au sujet de la technique de grimpe. J’essaye de faire qu’elles ne le prennent pas mal en tentant de désamorcer le truc genre « si tu me permets 10 secondes de mansplaining… » ou « tu peux m’envoyer chier vu que c’est pas mes oignons… ».
Je comprends donc tout à fait qu’on ait envie de grimper tranquille à l’abri des semi-relous dans mon genre!
Quand je serai total déconstruit je laisserai sans doute les filles (et les garçons d’ailleurs) tranquilles.
et aux jeunes (et moins jeunes) grimpeurs?
Pourquoi continuer si tu es conscient que ce que tu fais est déplacé ? C’est quand même simple de juste ne rien dire.
Je dois être en manque d’interactions. Et puis je me dis que ça peut leur être utile. Ce que je voulais dire en fait c’est que le caractère déplacé ou pas dépend quand même pas mal de la manière de faire. Si tu donnes un conseil, non pas, du haut de ta science, mais en précisant, par ex. que tu as bénéficié du fait qu’on te le donne, ou que toi-même tu as du mal à le mettre en pratique, ça passe beaucoup mieux. La plupart du temps, les interactions à la salle sont agréables, souriantes, détendues. Il faut juste faire attention à la façon qu’ont les autres de prendre ces interactions.
Ce qui est chiant en la matière c’est les gens qui viennent avec leurs gros sabots pour limite crier dans les oreilles des autres « Il faut faire ça » de manière non sollicitée, qu’on soit homme ou femme d’ailleurs, les femmes sont juste plus visées.
En fait il suffit de demander : « est-ce que tu veux que je t’explique une méthode où tu préfères chercher ? ». C’est pas bien compliqué.
Ah, c’est très vrai et quelque soit le niveau.
On en voit qui sont carrément vexés. C’est presque marrant.
Il y a quand même une voie à Mouries dans les Alpilles que Catherine Destivelle a faite, elle était côté 8a, et qui a été dévaluée par la suite assez rapidement. Je ne sais pas si c’était justifié 'sûrement) mais quand même…
Finalement, cela a été une motivation supplémentaire pour elle apparemment. C’est intéressant la façon dont elle en parle.
Fleur de Rocaille. J’ai eu les deux sons de cloche sur la cot réelle par des gens qui sont allés dedans, mais il reste clairement un doute sur le fait qu’elle aurait été décotée à l’époque sans l’ascension de Destivelle.
Je pense que oui . C’est clairement 7c+ . Au regard en tout cas des autres voies de la falaise, dont des 7c beaucoup plus dur . Dont certains sont , de nos jours, revalorisé à 8a par certains grimpeurs. Je pense à Vent du sud par exemple .
Tu compares Fleur de Rocaille à Le Cœur est un chasseur solitaire , y a un écart de cotation énorme . 2 8a à cette époque .
Après c’est sur que à cette époque même si tout le monde pensait la voie à 7c+ , ils ne se sont pas gêné pour dévaloriser la cote juste à ce moment là .
Je ne suis pas sûre que cette époque soit révolue. A l’arête sud de la Grande Ruine, il y à six ans, nous étions deux clients, un homme et moi, chacun avec son guide. Au début, ambiance sympa, cordiale, sourire, on progressait ensemble. Puis, nous avons commencé, mon guide et moi, à prendre franchement de l’avance : j’étais plus à l’aise et je « déroulais » plus vite que l’autre client. On a fait une bonne pause au sommet, hé bien le client, à son arrivée, faisait la tronche, ne m’a pas décoché un regard. On a filé dans la descente et quand les deux autres sont arrivés au refuge, pareil. En fait, le mec était vexé comme un pou qu’une femme soit plus à l’aise que lui.
Pour revenir sur les micro-comportements, le mansplaining etc, je vous propose de faire un pas de côté.
En tant qu’homo, il y a belle lurette, parce que j’ai une éducation de femme et que l’homophobie est toujours susceptible d’envenimer les choses, que je ne m’autorise jamais ces comportements envers les femmes : pas de regards insistants, de drague… si je ne perçois pas d’invitation contraire (et l’invitation contraire, c’est statistiquement extrêmement rare dans mon cas). Je ne m’en ressens pas frustrée : c’est simplement intégré.
Donc, pourquoi serait-ce impossible pour un mec ? Certains y arrivent très bien, d’ailleurs.
En revanche, c’est vrai : les préjugés inverses étant ce qu’ils sont, quand je vais proposer mon aide à une nana, je ne serai pas perçue comme une menace…