Saintelyon2007 / récit de course

Posté en tant qu’invité par jc l’éternel invité:

Entre course à pied et rando-raid, la Saintélyon est un raid nocturne de 69 km sur les Monts du Lyonnais entre Saint-Etienne et Lyon, et qui fête ses 54 ans d’existence cette année.

Récit pour mes amis, et tous les autres.

                                                                  SAINTELYON – 2 décembre 2007

Avertissement au lecteur, qui a le droit d’être une lectrice: je ne vous cache pas que certaines exagérations et digressions à tendance humoristique se sont glissées subrepticement dans le récit, malheureusement le correcteur d’orthographe ne peut les repérer. Bien fait pour vous! Mais si la forme est olé olé, le fond est bon. L’ultrafond aussi, d’ailleurs.

                                                                          *******************

Commençons par une petite citation de Michel Delore, 21 participations à la Saintélyon, et plusieurs victoires à son actif surtout du temps où on y marchait, car il était interdit de courir (ne riez pas):

« L’effort de la Saintélyon me paraît représenter l’effort de deux marathons successifs, et pourtant elle reste une course de vitesse, ce qui fait une grande partie de son charme. Prenez le départ avec un moral d’enfer […] » (riez)

2 marathons?

Oui pas loin, si l’on considère que les 1300m de dénivelé positif (et 1700 négatif) équivalent à un effort de course supplémentaire de 13km, cela donne donc 69 + 13 = 82 km. De plus il y a la nuit, le froid de décembre, la boue, la cohue, la fatigue de courir après minuit. Bref, tous les ingrédients sont là pour motiver les troupes! Plus c’est dur, plus on aime. Faut-il qu’on soit maso! Le principe de base de la course à pied…

Vu que j’ai couru et terminé mon 1er marathon fin octobre, je me dis tout guilleret que doubler la mise à la Sainté, c’est laaaaaaaaaargement possible (1, 2, 3 … riez, vous n’êtes pas filmés).

De toute façon, je n’ai pas le choix, vu que le 2 décembre tombe un dimanche. Tout le monde sait que le dimanche est le jour de la sortie longue. Alors franchement, quelle excuse pour ne pas y aller, hein, je vous le demande?

Quoi? Comment? Vous dites?

C’est à 850 km de chez moi? Lundi je travaille? J’ai jamais couru si longtemps? Le temps est incertain? Ma femme avait préparé un gâteau et pas du gatorade? Je vais rater Michel Drucker?

Je vous réponds: ben… vous avez raison. Sauf pour le gâteau. (ne riez pas, je ne vois pas où c’est drôle, parce que c’est bon, les gâteaux, surtout ceux de ma femme). Et pour le lundi, finalement accordé comme jour de congé.

Bon, reprenons.

« Course de vitesse » qu’il dit, l’autre, là… et il ajoute que « ça fait partie de son charme ». OK, noté.

« Moral d’enfer ». Ah la bonne heure! Voilà ce qu’il me fallait entendre!
C’est que le moral et moi, on est devenu copain, depuis Toulouse et ces 95 fameuses dernières minutes de souffrance, depuis les nuits de bivouac en montagne, dont en particulier celle de l’été 2003 accroché en bout de corde à 3300 m d’altitude dans la face sud de la Meije, après 22 heures d’escalade en aller-retour, tous deux avec mon frangin plantés là sous un surplomb à grelotter jusqu’au petit matin (il paraît que c’était un été de canicule – ne riez pas), sous les éclairs à la même altitude que nous (c’était une course d’escalade avec photomaton gratuit), et le lendemain on est redescendu comme des zombies, mais sains et saufs et fiers d’être sortis de cet enfer tout seuls. Même ma mère nous a reconnus, c’est pas beau ça? Je ne sais pas pourquoi elle pleurait alors… (là vous pouvez rire, il y a prescription sur cette aventure familiale qui mériterait bien au moins 20 pages)

Où en étais-je?

Ah oui, au moral. Hé ben il en faut quand-même un p’tit peu, à la Saintélyon.
Comme disait l’autre, au premier relais atteint après une heure de montée, « on n’est pas rendu ».

Mais le moral, on en a tous une bonne dose dans la famille, et comme on a fait un pot commun, chacun se retrouve avec un MORAL GROS COMME CA, ce qui nous avantage sur les concurrents. Lesquels sont plutôt nombreux cette année: 8000 annoncés dont 4400 individuels. Record. Et disons tout de suite que les organisateurs des prochaines éditions feraient bien d’acheter leur café chez Maxwell qualité filtre, car ce n’est pas la peine d’en rajouter ! Du début à la fin, doubler ou se laisser doubler est une constante préoccupation, le rayon d’action de la frontale est diminué, on se marche un peu dessus. Personnellement ça ne me convient pas trop, je préfère rester un peu à l’écart des autres, avoir de l’espace, courir dans ma bulle, conserver un peu d’intimité (notamment, désolé mesdames, messieurs aussi d’ailleurs, quand la différence de pression due à l’altitude qu’on prend ou qu’on perd exerce des influences gastro-intestinales qu’il faut, disons, évacuer…amis de la poésie bonsoir).

La famille, disais-je. Important, la famille.

Présentations:

Il y a le plus jeune, 35 ans (ne riez pas), mais aussi le plus expérimenté: Renaud. 3 UTMB, 2 Grands Raids, des 24h, 100km, etc. (là on rit moins, hein?).
Puis Hervé, 41 ans, le coéquipier du précédent, avec lequel il a commis tous ces délits cités plus haut. Presque le même niveau, et toujours moins bien classé car il est V1, et V1 c’est le vivier des champions dans les courses d’ultra.
Avec moi, ça fera 3 solos.
Et l’addition. Merci. Gardez la monnaie.
Yvan, 37 ans, courra en relais à 2 avec mon fils Thomas, bientôt 19 ans, pompier bon oeil, pompe l’air, mais pas pompiste. Et une grosse envie de battre ses tontons. Mais c’est pas demain la veille, comme on lui dit, privilège des « vieux »! Rien de tel pour l’agacer et le motiver. Hahaha, je me marre, car cette fois encore, les « vieux » feront les plus belles perfs. Enfin, pas tous. Mais j’anticipe…
Un copain podologue du sport nous accompagne, il court aussi en solo. 30 ans. Un gamin, quoi.

Retrouvailles familiales samedi chez les parents près d’Annonay, berceau de la mongolfière, lieu de notre enfance, toujours un brin d’émotion et beaucoup de convivialité. On ouvrirait bien une bouteille de St Joseph mais soyons sérieux, le programme ne le permet pas. A ma demande, le paternel met une bouteille de champagne au frais en prévision de l’après-course et on sort de la cave un excellent rouge dont je cacherai le nom, vu que je ne m’en souviens pas. Encore de quoi nous motiver.

Sieste générale obligatoire samedi après-midi. Au réveil vers 17h, on constate qu’il a plu. Comme prévu par la météo. On appréciera les chaussures de trail, parce que la boue, on va en déguster!

Derniers préparatifs. Le salon est jonché de bidons, porte-bidons, tubes de crème, gels, barres, photocopies de certifs (bien entendu, 2 l’ont oublié, il faudra, comment dire… « se débrouiller »… « allô chérie? Tu vas rire… tu sais envoyer une pièce jointe? »). Chacun s’enNoke ou s’enNike.
Pâtes à 19h30.
20h30. Grand départ pour StEtienne. La voiture nous emmène à 1161m d’altitude, col de la République. Puis descente vers StE, passage devant le chaudron alias stade Géoffroy Guichard, et on se rappelle l’année 1976, le 6-0 de StEtienne-Eindhoven ou le 5-1 contre Mönchengladbach en match retour, ah la grande époque des Janvion Revelli Rocheteau Repellini et autres Curkovic ! Allez les verts! C’est encore écrit à la craie à côté de la vitre de ma chambre chez mes parents!!! Y’a aussi écrit: allez l’ASVEL, on n’est pas chauvins… et mes parents sont natifs de Lyon!
21h15. Dans le grand hall du parc des expositions, on récupère les dossards, puces, T-shirt de bienvenue. On s’isole un peu à l’étage. Photos. Ravito. Dodo. Blagues de base. Comme d’hab, quoi. Faut se donner une contenance, ne pas stresser, et profiter en famille de ces moments exceptionnels.

Le speaker annonce les heures de départ. On (on=les 4 solos) finit par rejoindre la cohorte de coureurs à 23h45. On se faufile vers l’avant. 5 minutes avant le top départ, tous allument leur frontale pour les photos et la télé. Bonsoir les lucioles! Sympa.

00h00. C’est parti mon kiki. Hervé et Renaud prennent les avant-postes, ils y resteront longtemps, une heure ensemble, puis Renaud, disons-le tout de suite, va s’échapper pour terminer en 7h pile, à la 259ème place. Superbe. 9,9km/h de moyenne sur ce parcours, c’est une excellente performance. Hervé finira en 8h15, il obtient donc la « Saintélyon de bronze », Renaud celle d’argent.

Cédric (le copain podo) et moi partons nettement plus prudemment. Lui, il a comme objectif de « finir ». Sans idée de temps. Il mettra 8h50. Il sort des Templiers et n’a pas couru depuis. Chapeau.
On court 5 à 10 minutes ensemble, mais son rythme est un poil trop rapide pour moi, alors il me faut rapidement choisir entre courir avec lui ou courir au rythme prévu. Le choix est vite fait: ce sera l’option 2, pas question de fabriquer un mur!! J’ai parfaitement intégré tout le parcours, dont je connais la 2ème moitié courue en 2006, et je sais qu’il me faut courir les 5 premiers km plats à 9-10 km/h, surtout pas plus vite. Je n’y dérogerai pas. C’est ainsi que des centaines de coureurs vont me doubler pendant une demi-heure, mais rien ne me fera changer de mon « plan ». Je m’y tiens. Je vais donc courir seul. Allez OK. Bye bye Cédric, on se reverra au lever du jour, de l’autre côté du Rhône!

J’avais écrit et plastifié 4 mini-fiches recto verso à la taille de ma poche de veste, avec les indications des km et montée/descente/plat, km par km, ravito par ravito. Je les consulterai régulièrement pour anticiper l’effort et rectifier mes allures si besoin. Très pratique. A conserver.

Les rues larges et éclairées de St Etienne manquent un peu de charme. Frontale inutile, je l’éteins dès le départ. Le peloton s’étire, énormément de coureurs sont manifestement partis sur des allures trop rapides, je sais qu’ils vont le payer tôt ou tard. Ca rigole, ça discute, ça perd son énergie en zigzaguant, mais bon c’est ça les courses aussi. Quelques fiévreux du samedi soir klaxonnent ou font vrombir leurs moteurs dans les rues adjacentes.

Et puis plus rien, plus de bruit: on est dans la looooooooongue montée bitumée et ensuite en chemin, direction St Christo. Aucune surprise pour moi, je m’attendais même à plus dur. Certains coureurs sont un peu dégoûtés: « si c’est comme ça au début, qu’est-ce que ça va être dans 50 km!!! »
Je marche dès que le % de montée n’autorise pas une différence de plus de 2km/h entre course et marche rapide. Autant dire la plupart du temps! Je marche vite, et donc je double pas mal de (dis)coureurs.

Il fait frais, presque froid. 1 à 2°. Ce n’est pas pour me déplaire. Je transpire à peine. Le bonnet en polaire « Saintélyon 2006 » est le bienvenu, je le garderai jusqu’à la fin. J’apprécie également les gants en soie achetés 8 jours plus tôt.
Les champs sont blancs de givre, sur les crêtes un petit vent nous rappelle qu’il ne faut pas s’arrêter plus de quelques minutes au ravito. Ambiance hivernale. Plus bas, la vallée illuminée dans le silence nocturne; c’est magnifique de se retourner et de contempler toutes ces lumières: les lumières fixes de la ville qui s’éloigne, les lumières mouvantes des milliers de lucioles qui s’agitent en file indienne, nous autres. Magie de cette course! Rien que pour ce spectacle inédit, elle vaut le coup.
Arrivée au 1er ravito (16 km) à St Christo en 1h50, parfait! Je suis pile poil dans les temps que je m’étais fixés.

5 minutes après je repars. La montée continue un peu. Après 2h02 de course, le coureur n°2 du relais x4 me double à une vitesse concordesque! Un rapide calcul mental me permet de déduire que son relayeur, parti à 1h du matin de St Etienne, a mis moins d’une heure pour monter à St Christo!! Impressionnant.
C’est maintenant que commencent les dépassements des solos par les relayeurs. Bonjour la différence de rythme entre les indiv’ qui ont déjà 2h de course dans les jambes et doivent se préserver pour la suite, et les meilleurs relayeurs encore tout frais! Plus tard passeront et dépasseront les autres relayeurs, ceux des relais x3, des relais x2. Tout ça est intéressant à vivre. Mais la cadence des dépassements nuit un peu à l’agrément de course, pour les dépasseurs comme pour les dépassés. « Relais! À gauche! » On se gare. « A droite, relais! ». On se décale encore.
Plus tard, la fatigue aidant, gauche et droite se confondent un peu dans la tête, car on percute moins. Donc ça percute davantage entre coureurs!! Pas bien grave, l’ambiance reste tout à fait cordiale et « compréhensive ». Encouragements mutuels.

La boue se mêle désormais à l’ambiance. Faudra faire avec. La pluie de la semaine et notamment celle de l’après-midi ont forgé un terrain glissant. Splash splash permanent, et pour certains boum badaboum! A un certain endroit, plus de 30 cm de profondeur dans une flaque gigantesque! Passage obligé entre les arbres.
Non non les chaussures ne resteront pas propres. Non non les pieds ne resteront pas secs. Oui oui le chrono va en prendre un coup! Disons tout de suite aux mauvaises langues que 8 ou 9 km/h de moyenne sur ce genre de terrain est loin d’être ridicule, et qu’à partir de 10 km/h on est à l’avant de la course! Rien à voir avec un marathon.

Sur les crêtes, quand le chemin ou la route sont suffisamment lisses et réguliers pour se permettre de regarder ailleurs, je lève la tête pour admirer la voûte étoilée. Il ne faut pas se priver de ce spectacle. Il est compris dans les 30€ de l’inscription! « Course pour amateurs éclairés » qu’ils disent. « Courez la nuit, ça n’a rien à voir ».
Spectacle sublime des vallées dormantes éclairées, à gauche comme à droite. Plus on avance, plus on croit que là-bas, tout au loin, c’est la ville de Lyon. Que nenni!! Il faut bien se mettre en tête que ce n’est pas Lyon, CE N’EST JAMAIS Lyon. D’ailleurs, il est où le crayon, hein?
(pour les non connaisseurs, le crayon c’est la tour du Crédit Lyonnais près de la Part-Dieu).
Lyon, on en reparlera plus tard, nettement plus tard. Pour l’instant, c’est Givors, au mieux! Et là, de l’autre côté, la vallée du Gier.

2h42 à ma montre. 2ème ravito: Moreau. Arrêt d’une minute, pas plus, car je m’étais bien chargé au 1er ravito, et j’ai assez de réserves. Je bois je mange. Du sucré du salé.

2h50: avis de tempête: prémisses de crampes aux mollets, je sens que ça va arriver. Oulala c’est pas top ça, va falloir vite, mais alors très vite rectifier le bazar. Pas question de me faire avoir comme à Toulouse! Je marche, je gère, OK c’était juste pour me rappeler que si la tête va bien, le reste du corps a ses exigences. Pas trop n’en faut, hein, jc !

La descente vers Sainte-Catherine est un parcours du combattant: très glissante, des pierres, de la boue, des racines, une bonne pente et un chemin étroit. Les relayeurs pressés donnent tout dans les derniers hectomètres avant de transmettre leur puce au suivant (relais x2 et x4). Ca double dans des conditions plus que limite! Je me rappelle l’an dernier, j’attendais là à Ste Catherine pour le relais, les secours s’activaient ferme! Des coureurs avaient chuté dans la descente. Aussi je me modère, je reste très concentré sur le tracé, hors de question de se tordre une cheville ou se retrouver dans les barbelés.

3h32. Je passe sur le tapis électronique et m’arrête au ravito, 8 minutes. Normalement mon fils est là, il doit me passer 2 gels pour ma seconde partie de course. Malheureusement je ne le vois pas, trop de monde. Tant pis, je continue. Hervé, Renaud et Cédric sont loin devant. Yvan ne m’a pas rattrapé, hahaha non mais oh qui c’est le chef, hein? lui qui est parti une heure plus tard de StE, … mais il n’est pas loin, car il mettra 2h47 avant de passer le relais à mon fils Thomas. Quant à ce dernier, il s’élance donc quelques minutes après mon passage.

Montée raide après Ste Catherine, c’est le 31ème kilomètre. Presque tout le monde marche, surtout les solos.

« Bientôt la moitié ».

2 ou 3 km plus loin, quasi à la mi-course, je regarde ma montre: 4h10 = exactement la moitié de mon objectif de temps (8h20) et l’essentiel du dénivelé positif est derrière. Je suis donc plutôt confiant, très content. Mais forcément, toujours très prudent. D’ailleurs je commence à aller beaucoup moins vite. Surtout dans cette montée vraiment raide.

Au fait, Thomas ne m’a pas rattrapé? Bizarre, ça.

En réalité, il m’a doublé, sans me voir !!! Il n’a pas vu son père! Le père n’a pas reconnu le fils! Drame familial! Non je rigole.
Ca donne une idée de ce qui se passe sur cette course nocturne: on ne se rend pas compte de qui est qui et les sensations sont très différentes.

Ravito de St Genoux atteint en 5h exactement. Je suis à 36 km. Dans 40 secondes le premier arrivera à Lyon!

Je viens de faire à peine 6 km en 1h19… J’ai du mal à l’accepter ! Il y avait de la montée, oui, mais quand-même! Je révise mon objectif chrono, forcément! 9h serait bien. Partons là-dessus. Ou 9h30? On verra bien.

De descentes en faux-plats descendants, de montées en faux-plats montants, je module les allures, mais dans une fourchette nettement plus resserrée: je dois osciller entre 5 et 8 km/h. Les douleurs diverses et variées arrivent aux alentours du 40ème kilomètre. Et la ville de Lyon qui n’est toujours pas visible. Grrrrr! Mais je continue à mon train de sénateur. Je profite du moment présent, j’essaie de penser à tout autre chose que mes douleurs. Je regarde autour, je regarde les autres coureurs. Une course, c’est très mental. Ce qui se passe dans la tête est primordial. S’apitoyer sur soi est le début de l’abandon. Allez les verts! Allez l’ASVEL! Ouais!

A l’approche de Soucieu-en-Jarrest, une douleur inconnue se fait très présente, très continue, en haut de la cuisse gauche. Tiens donc, connais pas! Voyons voir (en pleine nuit!). Je passe du mode ‹ alternance course/marche › au mode ‹ marche systématique ›. Quand-même, quelques mètres avant le ravito du km 46, également lieu de relais pour les x3 et x4, je me remets en course très modérée, car il y a beaucoup de monde par là, j’ai un peu honte de marcher… mais alors quel enfer, oui quel enfer!

J’invente un nouveau slogan: à Soucieu-en-Jarrest, je suis soucieux pour mes jarrets !

Je me ravitaille énormément à Soucieu. Je bois de tout, du thé, 2 verres au moins, 3 autres dans la gourde. Je mange un peu de tout. Je bois encore.

Je repars en trottinant. On est sur la route, ça descend. 47ème kilomètre donc. Au bout de 300 mètres, la douleur là, à gauche, me mord encore plus fort et m’oblige à marcher. Et à boiter. Ouille ouille ouille, ça craint. Stop obligatoire. J’essaie des mouvements et des positions que j’appellerai présomptueusement des étirements. Je me tiens la cuisse.

« Vous allez bien? Vous voulez qu’on appelle les secours? Ca va?
Non, ça ne va pas. »

Pas trop envie de me faire plaindre, mais pas envie non plus de laisser croire que ça va… de toute manière les apparences sont contre moi!

Je gamberge, je pèse les choses. Il reste 23 km et le fait est que je boite en marchant. Ca nous fait du 4 à 5 h au bas mot. +6h29 déjà derrière… allez c’est bon, laisse tomber garçon… t’as battu ton record de distance aujourd’hui, avec pas loin de 1000m+ en plus. Arrête les frais. Ce serait dommage de revenir chez toi en vrac, avec un temps ridicule, tout ça pour « finir ». Je n’aurai pas mon T-shirt finisher, je ne verrai pas les quais de Saône, la place Bellecour, la finish line. Remarque, je ne verrai pas non plus l’horrible montée de Ste Foy!

J’abandonne.
Lentement, je remonte les 300 mètres vers le ravito. Je boite de plus en plus, j’ai bien fait d’abandonner. Sage décision. Et si dans un quart d’heure ça allait mieux ?

Je rebois du thé. Non ça ne va pas mieux. Je me renseigne sur l’horaire des navettes de rapatriement sur Lyon. On annonce une navette à 7h. C’est dans quelques minutes. J’attends. Comme d’autres, qui plaisantent un peu pour conjurer leur déception d’avoir stoppé là. Ou ceux-là, silencieux. Je m’accroupis, pour changer de position. 7H10, toujours pas de navette. Le froid m’oblige à sortir la couverture de survie pour ne pas trembler. On a l’air vraiment bizarre, tous, là, avec nos habits brillants de cosmonautes, un dimanche matin dans les rues de Soucieu !!

La navette arrive, elle est aux trois quarts pleine de coureurs qui ont abandonné à Ste Catherine. Peu de coureurs montent. La prochaine est à … 9 heures! Mais celle-ci reviendra. En attendant, je rentre dans le gymnase et me trouve un radiateur près duquel je m’accroupis et somnole. Le gymnase, on dirait un hôpital de campagne: des zombies errent lentement, çà et là, dorment par terre, assis, prostrés, ou allongés dans les couvertures de survie.

« Navette! »: ce cri me sort de ma torpeur matinale. Il fait jour maintenant. Les cosmonautes dorés d’un côté, argentés de l’autre, rejoignent lentement le car qui nous ramènera en 30 minutes à la Doua, lieu d’arrivée.

Un peu de tristesse, dans le car c’est silence radio, tout le monde est fatigué, déçu. Forcément. Chacun son histoire. Mon voisin avec qui j’engage la conversation s’est fait une entorse quelques kilomètres après avoir pris son relais. Alors qu’il l’avait déjà faite en solo l’an dernier, cette STL. Rageant! On se console un peu, on partage notre ressenti.

A l’approche de la Doua, on longe le parcours des derniers hectomètres. J’essaie de repérer mon fiston, un frangin. Personne. Ils sont presque tous arrivés.

A la descente du car, les douleurs reprennent de plus belle. Je marche 300 mètres et puis impossible de faire un seul pas. Je suis bloqué! Je pousse ma jambe gauche avec la main, seule façon d’avancer…
Je zone un peu vers la ligne d’arrivée, je ne vois aucun frangin. Ils sont dedans, ou sous la douche.
Il faut me reposer. Je rends ma puce et récupère mes 15€ de caution.

Je retrouve mon fils dans un hall, finalement les autres aussi.

On se raconte brièvement « ce qui s’est passé » pour chacun, on se félicite. Ticket repas. Pâtes au menu. Ben oui, faut reconstituer les réserves! Le champagne ça sera dans une heure, chez les parents.

Pas le courage de bouger pour aller à la douche. Je me traîne vers la voiture. Réflexion de Thomas: « C’est bien d’avoir des bras, c’est pratique pour faire rentrer les jambes dans la voiture! »

Finalement on l’a bu ce champagne! Et aussi 2 bouteilles de la cave paternelle, avec un excellent gratin dauphinois!

Sur la route du retour, 800 km, on se repasse le film de la nuit. Impossible de tout dire ici. Mais comme je voulais faire ce compte-rendu aujourd’hui lundi, j’arrête ici ma prose.

L’année prochaine, on reviendra. Pour quoi faire? Je ne sais pas. Il y a quelque chose qui nous a tous accrochés sur ces collines des monts du Lyonnais; comme un aimant, ou un amant peut-être?

jc

Incroyable, ça existe vraiment Soucieu en Jarrest :lol: Cherche pas, tu dois avoir des origines là-bas avec tes soucis du jarret :lol::lol:
Merci, c’est long et maintenant, je suis en retard pour le boulot à cause de toi ;), mais j’ai lu ta prose avec grand plaisir.

.

[quote=Flo73]I
Merci, c’est long et maintenant, je suis en retard pour le boulot à cause de toi ;), mais j’ai lu ta prose avec grand plaisir.[/quote]
Moi aussi punaise … :slight_smile:

Posté en tant qu’invité par Marcel Demont:

Le retour de Monsieur Printemps… à l’avant-veille de Noël.
Excellent.
C’est un cadeau.
Merci.
J’aime les cadeaux.

Il court, il court, le jc
Il a passé par là à pied
Il est revenu nous enchanter.

Posté en tant qu’invité par yougs_4:

Super ton récit! tout est dans le vrai , tout :wink: . T’étais encore bien lucide bravo.
J’ajouterai que les centaines de bénévoles sont d’une gentillesse sans limite, ceux qui ravitaillent, ceux qui font la circulation, et tous les autres que j’oublie.
D1332

Posté en tant qu’invité par lilounet:

et encore ce n’est rien
la neige n’était pas au rendez-vous ?
ni le brouillard ni le vent ni le froid
que nenni!!!:wink:
bon le sol était gras c’est le minimum syndical " la sainté " comme une autoroute faut pas exagérer non plus

3fois1/2 marvejols-mende … et de nuit de surcroît
t’as payé tes 30euros il faut que tu en aies pour ton pognon non mais !!!
et encore avec les quelques coups de bâtons que l’on reçoit dans la forêt de la part des branches
ça rajoute un peu de piment à ce parcours du combattant

enfin moi je dis ça je dis rien ! mais les raids j’aime bien les faire seul sur plusieurs jours
et surtout ce système à la queuleleu les lucioles avancent pour aller à la ville avec 15km de bitume sur la fin berk berk
mais bon les traditions ont du bon aussi le succés est là chaque année
et certains sont à leur 20ème participation
des malades moi je dis
bon j’ai bien fait 10fois marvejols-mende donc je dois être un peu toctoc aussi:)

Posté en tant qu’invité par jc l’éternel invité:

[quote=AlbanK]L’année prochaine, je m’inscris !!!

:lol:[/quote]
Chiche !

Posté en tant qu’invité par jc l’éternel invité:

[quote=lilounet]et encore ce n’est rien
la neige n’était pas au rendez-vous ?
ni le brouillard ni le vent ni le froid
que nenni!!!:wink:
bon le sol était gras c’est le minimum syndical " la sainté " comme une autoroute faut pas exagérer non plus

3fois1/2 marvejols-mende … et de nuit de surcroît
t’as payé tes 30euros il faut que tu en aies pour ton pognon non mais !!!
et encore avec les quelques coups de bâtons que l’on reçoit dans la forêt de la part des branches
ça rajoute un peu de piment à ce parcours du combattant

enfin moi je dis ça je dis rien ! mais les raids j’aime bien les faire seul sur plusieurs jours
et surtout ce système à la queuleleu les lucioles avancent pour aller à la ville avec 15km de bitume sur la fin berk berk
mais bon les traditions ont du bon aussi le succés est là chaque année
et certains sont à leur 20ème participation
des malades moi je dis
bon j’ai bien fait 10fois marvejols-mende donc je dois être un peu toctoc aussi:)[/quote]
Je regrette qu’il y ait eu tant de monde, comme je le disais dans mon compte-rendu. Car en effet on est trop proches les uns des autres. Il y avait plus de participants, là on atteint un seuil critique.

Pas reçu trop de branches cette année !

Pour ce qui est des conditions atmosphériques, on a été chanceux. On est passé quelques heures après la pluie. mais il faisait quand-même assez froid, il ne fallait pas s’arrêter de trop, et le vent soufflait un peu sur les hauteurs. Personnellement ça ne m’a pas gêné, d’autres ont eu froid car pas assez couverts…

Des malades?
Ouais t’as raison finalement, en y repensant… -))

Posté en tant qu’invité par jc l’éternel invité:

[quote=Marcel Demont]Le retour de Monsieur Printemps… à l’avant-veille de Noël.
Excellent.
C’est un cadeau.
Merci.
J’aime les cadeaux.

Il court, il court, le jc
Il a passé par là à pied
Il est revenu nous enchanter.[/quote]
Salut Marcel.
Merci.
Si tu as encore des piles à ta frontale, viens faire équipe l’année prochaine !!
Ar’vi donc.

Posté en tant qu’invité par jc l’éternel invité:

[quote=Flo73]Incroyable, ça existe vraiment Soucieu en Jarrest :lol: Cherche pas, tu dois avoir des origines là-bas avec tes soucis du jarret :lol::lol:
Merci, c’est long et maintenant, je suis en retard pour le boulot à cause de toi ;), mais j’ai lu ta prose avec grand plaisir.[/quote]
Hello Flo.
Toi en retard?
T’as qu’à dire que c’était un cas de force majeure (je suis un cas, je suis majeur, pour la force… bof faut voir).

« Soucieu en Jarrest »: ça ne s’invente pas! Théorie du complot?

[quote=jc l’éternel invité][quote=Flo73]Incroyable, ça existe vraiment Soucieu en Jarrest :lol: Cherche pas, tu dois avoir des origines là-bas avec tes soucis du jarret :lol::lol:
Merci, c’est long et maintenant, je suis en retard pour le boulot à cause de toi ;), mais j’ai lu ta prose avec grand plaisir.[/quote]
Hello Flo.
Toi en retard?
T’as qu’à dire que c’était un cas de force majeure (je suis un cas, je suis majeur, pour la force… bof faut voir).

« Soucieu en Jarrest »: ça ne s’invente pas! Théorie du complot?[/quote]
3soucieu en Jarrest", c’est à 2 pas de ma campagne lyonnaise : c’est l’endroit privilégié de mes sorties vtt à la saison des pommes et des poires !!

L’année prochaine, on reviendra. Pour quoi faire? Je ne sais pas. Il y a quelque chose qui nous a tous accrochés sur ces collines des monts du Lyonnais; comme un aimant, ou un amant peut-être?

Ahh, c’est sûrement l’amour de l’Olympique Lyonnais, ou le beaujolais nouveau peut-être !!

waouh ! quel athlète, ce jc !!! :smiley:
Bravo pour la perf, et bravo d’avoir arrêté à temps avant de tout te casser !

Mais dis, si t’essayais, juste comme ça pour voir, des trucs qui font moins mal ? :stuck_out_tongue:
Non, j’ai pas dit la pétanque ou le tricot, mais par exemple des longues distances à ski de fond : tu as essayé ?
Remarques, si tu aimes les crampes, là tu pourras te faire plaisir facilement ! Mais il y a quand même moins de chocs sur les articulations.

Posté en tant qu’invité par jc l’éternel invité:

[quote=catherine]waouh ! quel athlète, ce jc !!! :smiley:
Bravo pour la perf, et bravo d’avoir arrêté à temps avant de tout te casser !

Mais dis, si t’essayais, juste comme ça pour voir, des trucs qui font moins mal ? :stuck_out_tongue:
Non, j’ai pas dit la pétanque ou le tricot, mais par exemple des longues distances à ski de fond : tu as essayé ?
Remarques, si tu aimes les crampes, là tu pourras te faire plaisir facilement ! Mais il y a quand même moins de chocs sur les articulations.[/quote]
Athlète c’est vite dit… alors que sont les Kenyans en comparaison, ou, plus proches de moi, mes p’tits frangins pour qui c’est une promenade de sainté, pardon de santé…

Merci quand-même!

Le ski de fond, j’en ai fait un peu, mais pas assez pour être bon, et je n’ai pas vraiment l’occasion de faire des sorties longues en ski de fond.
Et puis on ne peut pas tout faire, non plus.

La pétanque, j’ai essayé, avec mon fils, au col de la Girose. C’est pas génial de jouer avec 3 boules, surtout qu’il avait oublié de cochonnet.

J’ai aussi essayé le badminton sur le dôme du Goûter: pas top, il y a trop de vent.

Tu vois, je fais des efforts. -))

ps tout est véridique

re ps: oui je sais je suis frappé/ on ne se refait pas.

jc

re re ps (pour les modos): je suis toujours en guerre contre la V5, je peste quand je poste, je poste quand je peste moins…

Ton récit nous a captivé et fait renaître des souvenirs vivaces de notre participation en 2005, Agnès et moi. Déjà qu’on trouvait que c’était un peu limite en terme de monde…

On n’est pas rapides comme vous, on avait mis 9h20, mais peut-être le fait de n’avoir qu’un petit moteur diesel aide a préserver le chassis et nous a épargné des pépins comme le tien. Mais ta chance est d’avoir maintenant envie d’y retourner, ce qui est moins le cas quand on a déjà terminé une fois. Bonne chance et on attend ton récit victorieux en 2008 !

Cher JC,

C’est un très bon récit, mais un poil romancé dès que tu parles des Verts de St Etienne…c’est qui EUX, une équipe de Hockey sur gazon ?

Bonnes fêtes et à bientôt

PS : en tous cas, la phrase de Thomas est vraiment très drôle…

Posté en tant qu’invité par jc l’éternel invité:

Merci Hydra.

C’est qui EUX ? On voit bien que tu es très jeune, mon cher.

EUX, ce sont les exceptionnels joueurs de St-E qui ont su faire vibrer la planète foot (l’Europe, quoi) dans les années 70.
Même les anti-foot étaient obligés de le reconnaître: les VERTS « c’était kekchose » ! A l’époque j’avais un copain dont la chambre était 100% décorée en vert, il connaissait quasiment tous les résultats du championnat, les scores de tous les matches des verts, évidemment, et le reste. Du délire. Ca m’énervait d’ailleurs. (Denis, si tu me lis…)

Au fait, merci pour ton mail. Belle montagne, mais la MEIJE eût été plus appropriée. Vu qu’elle est la plus belle.

Je te souhaite de bonnes n_ _ _ _ cette année/ Trouver les lettres manquantes: 2 voyelles et 2 consonnes.

A plus

jc, de passage, furtivement, sur c2c, et en cours de montage d’un projet de fou, peut-être que j’en parlerai un jour ici.

Posté en tant qu’invité par Pat:

[quote=jc l’éternel invité][quote=AlbanK]L’année prochaine, je m’inscris !!!

:lol:[/quote]
Chiche ![/quote]
Mais qui ne connais pas la ST???
des amendes se perdent!:cool:
bon assez rigolé,j-1???
Qui a la réponse? A vos claviers traileurs…

moi j’en ai fait qu’une partie cette année les 30km entre st cristo et soucieu genial :smiley:
mais l’année prochaine je fais la totale
a+
laurent