Les accidents mortels sont rares dans le secteur d’Aiclefroide et pourtant il y a beaucoup d’occasions d’accidents.
Il me semble qu’en amont de toute cette discussion, il faudrait évoquer 1. la question du contraste entre l’idée d’une grimpe « safe » donnée à la fois par la pratique en salle et 2. les topos trop débonnaires.
Dans le 1er cas, la salle, la sécurité (pourtant parfois illusoire) incite à surestimer son niveau. Passer à l’aise du 6a avec un pt tout les 1M80 et aucune manoeuvre délicate à opérer va donner au jeune grimpeur l’illusion que, par exemple, la Fissure d’Ailefroide, c’est de la tartignole. Et c’est ainsi que presque tous les soirs au camping, l’on observe des cordées coincées dans leur progression. L’an dernier un soir à minuit, quatre cordées étaient encore à se dépatouiller au sommet, étant parties vers 16h ! Evidemment, grimper en cheminée large ne se rencontre pas en salle. Et le 5 fissure, c’est autre chose que du 6a salle ou falaise école.
Dans le 2e cas, celui des topos, je crois qu’il n’est pas assez insisté sur l’expérience que demande la descente de telle ou telle voie. Dire qu’un rappel doit faire 50 m et pas 45 n’est pas suffisant. Il faudrait ajouter des encarts avec des récits d’accidents de rappel ou de galère de rappel pour bien faire comprendre tout ce qu’il peut en coûter de négliger la délicatesse d’une descente.
Pas seulement en rappel d’ailleurs. Autre exemple à Ailefroide, la descente à pieds du secteur Fissure.
Elle serait désormais plus sécurisée. Il y a douze ans, j’y ai vécu, avec ma compagne, une frayeur sans équivalent en paroi : passages très expos sans aucun moyen de s’assurer, de la terre meuble, pas même les arbustes pour s’aider.
Descendre n’est pas l’objet d’une cotation et pourtant cela demande de l’expérience, du sang froid et de la marge de forme. Arriver au sommet d’une voie avec un temps doublé ou triplé, cela va minimiser la réserve de réactivité qui’l faut pour descendre correctement, de garder un bon équilibre, de savoir prendre les bonnes décisions.
Une suggestion particulièrement pour le camping d’Ailefroide : mettre des panneaux français/anglais pour sensibiliser les grimpeurs aux risques réels et complets qu’ils encourent, notamment dans les GV.
Autre suggestion, pour C2C, outre la rubrique sur les accidents (peu renseignée), encourager à raconter les circonstances précises (quand on les connaît) de tel ou tel accident. Ce n’est pas de la morbidité mais un moyen pour tous d’accroître son expérience. C’est ce que le grand Rébuffat conseille dans son Roc, neige et glace. Il dit qu’aucun grimpeur n’aura une carrière assez riche pour répertorier tous les cas de figure. Il invite donc à échanger, à faire part aux autres de ses expériences ou de celles qu’il a entendues.
Intervenir pour dire « que c’est triste » ou « la sécurité absolue n’existe pas » et d’autres banalités n’apporte rien. Il faut raconter, avec le souci d’être objectif et sans juger, surtout les victimes ; et faire part de ses propres trucs, de ses méthodes pour éviter des erreurs, anticiper des galères etc.
Parlons, racontons, mais avec précision et sans querelles inutiles.
Olibleau