Risques d'avalanches à la baisse en étant à pied?

Posté en tant qu’invité par alpiniste-avalanche:

Salut,
Dans le BRA on parle toujours de déclenchement skieurs, mais quand est-il pour le type à pied qui fait de l’alpi ?
En gros en remontant un couloir à pied, je suppose que tu risques moins de faire partir une plaque qu’en le descendant à ski mais dans quelle proportion ? Limites-tu beaucoup le risque ? ou pas ?
Je ne parle évidemment pas de départs spontanés
Merci pour vos avis (éclairés)

Patiente un peu, Bubu et J2LH vont tout t’expliquer… (par contre je sais pas s’ils seront d’accord entre eux !)

Posté en tant qu’invité par L’autre:

Le risque est le même. Ce qui declanche une avalanche est la surpression dans la couche fragile de neige. Même si tu vas à pied tu peux souffrir une avalanche, et même si tu ne y marches pas: de fois le vent c’est sufficent pour declancher une avalanche.

Posté en tant qu’invité par Nico74:

Le déclenchement d’une plaque étant lié à l’effondrement d’une couche fragile enfouie, le risque de « déclencher » l’avalanche est plus important à pied ! (pression plus grande qu’avec des skis) (petit rappel au cas où P=F/S !!)

Mais par contre les appuis sont un peu plus forts à ski. Il y a aussi le risque de cisaillement plus important à ski. Alors, l’un dans l’autre… je ne saurais trancher.

On parlait d’une personne seule, à deux ou plus, forcemment c’est pas pareil :smiley:

C’est une idée reçue. Le risque est plus important à pied qu’à ski.

et si on la perce, la couche, alors on ne l’enfonce pas, non ? Comment a-t-on plus de chances de la percer, à pied ou à ski ? Et de l’enfoncer sur une grande surface ?

explication ?

En effet.
Par contre à pied, on peut plus facilement respecter un itinéraire qui reste en dehors ou en bordure d’accumulation.
Typiquement, une accu dans un goulet : on pourra monter à pied tout droit le long des rochers, alors qu’à ski il faudra au moins 3-4m de large pour faire des conversions.
Dans un couloir, on a souvent plus de déclenchement à la descente à ski qu’à la montée à pied, mais parce qu’on skie sur toute la largeur du couloir voir sur les rives (bien plus raides et bien moins nettoyées par les coulées).
Idem à la descente dans les pentes : à pied on peut rester dans la zone qui est potentiellement la moins risquée, même si elle fait 50cm de large, alors qu’à ski on balaye forcément une bande de 5-10m de large (si on skie vraiment).

Mais répartis sur une surface 5 à 10 fois plus grande : la pression est bien moindre, ce qui se remarque par une trace bien moins profonde, même dans les virages.

Voir Nico74. Le mieux est de lire l’article fondateur d’Alain Duclos dans la revue de l’ANENA. Tout ceci y est clairement expliqué. Si j’ai le temps, je te rechercherai la ref. de l’article en question.
Concernant les accumulations dont parle Bubu, il faut remarquer que les bords sont souvent plus risqués que le centre vu que la couche de neige y est plus mince donc que la couche fragile, si elle existe, est beaucoup moins enfouie et donc plus facile à solliciter.

Oui, mais si on est contre le rocher, on est sûr d’être au bord de la plaque si elle part. Si le rocher n’est pas dans le sens de la pente, on est même sûr d’être en amont de la plaque. C’est quand même déjà bien plus safe qu’ailleurs !
Mais si on considère une grande pente à remonter ou traverser, par le même itinéraire à pied ou à ski, c’est à ski que le risque de déclenchement est le plus faible. Mais il ne faut pas croire que c’est 10 fois plus faible (enfin, des fois ça doit être le cas, mais c’est rare), c’est juste un peu plus faible.

si on part du principe: que le déclencheur est dans un effondrement localisé d’une couche fragile qui va se propager comme avec des dominos dans l’ensemble de la couche faible, et emporter tout le manteau.
On imagine que l’enfouissement de celle ci la rends plus ou moins facilement atteignable, et à priori, plus facilement à pied qu’à skis;
alors intervient le choix du cheminement à pied ou à skis en compensation de ce problème;

[quote=« alpiniste-avalanche, id: 1694881, post:1, topic:149832 »]Salut,
Dans le BRA on parle toujours de déclenchement skieurs, mais quand est-il pour le type à pied qui fait de l’alpi ?
En gros en remontant un couloir à pied, je suppose que tu risques moins de faire partir une plaque qu’en le descendant à ski mais dans quelle proportion ?[/quote]

La réponse a cette question est OUI : il y a moins de risque à remonter un couloir à pied qu’à le descendre à ski .
La raison essentielle est que , lors d’une descente à ski , ton poids sur la neige est multiplié par 4 lors des virages et par 8 en cas de chute .
L’impact sur une eventuelle plaque sera donc majoré .

Voila une question qui montre la stupide approche probabiliste et que nous avons du problème des avalanches. La question n’est pas de savoir si avec tel équipement, tel degré de pente, tel niveau de risque… on a plus ou moins de chance d’être victime d’une avalanche mais de savoir si on devrait être là ou ailleurs. Quand on en arrive à se poser ce genre de question c’est qu’on devrait être ailleurs.

Posté en tant qu’invité par bas oui:

La pression est plus forte à pied qu’a ski d’accord.
Par contre, dans une plaque friable, à pied on la traverse sans exercer de pression alors qu’a ski, en restant en surface, on crée une pression sur cette plaque friable.
Donc c’est parfois plus dangereux à ski.

oui, volontiers. Merci.

selon ce raisonnement si on « pique » la neige avec une sonde, p.ex. alors le risque est encore majeur, car on atteint et on casse toutes les couches?

Posté en tant qu’invité par Mid:

C’est pas faux. Mais il y’a des situations, en montagne, ou l’on est dans l’obligation de devoir avancer, on doit rentrer chez soi ou atteindre le refuge lors d’un raid par exemple. On peut se retrouver face à un passage ou l’on a des doutes qu’on n’avait pas anticipé sur la stabilité du manteau neigeux (changement météo imprévu, mauvaise évaluation de la situation lors de la préparation de la course, modification d’itinéraire pour une raison x/y, etc…, peu importe la raison). Dans ces cas-là, se poser la question de la stratégie la plus sûre a son intérêt (choix d’itinéraire, à pieds/à skis,…).

Ensuite de manière générale, sachant qu’en nivologie le risque zéro n’existe pas (même si on en est très proche parfois) (pour autant qu’on soit en terrain suffisamment raide), il n’est pas absurde de réfléchir sur les « stratégies » les moins risquées.

Quant à la question initiale « à skis ou à pieds », je n’en sais rien, mais j’ai l’impression que ça peut dépendre du type de terrain et aussi beaucoup de la qualité de la neige… Si a pieds, on enfonce jusqu’au cuisses en cassant plusieurs croûtes intermédiaires, on sollicitera beaucoup plus le manteau neigeux qu’à skis. Par contre, si on progresse avec peu d’enfoncement sur une couche bien portante (en crampons pour ne pas devoir taper des pieds pour faire des marches) on sera peut-être plus « légers » qu’à skis en zippant avec les peaux à la montée et en devant taper les skis pour faire mordre les carres (ça peut arriver même avec des couteaux).

En résumé, la réponse me semble devoir être appréciée au cas par cas…

Ok, il y a le risque de déclenchement. Je suis plutot d’accord avec Bubu :
avantages du pied : on peut mieux cibler les zones de parcours
avantages du ski : moins de pression

Dans un couloir, je ne saurai pas dire ce qui est le « mieux »
Mais il y a des situations où à pied, on se sent plus fragile qu’à ski : ce sont les longues traversées. Gros avantage au ski

Mais le déclenchement n’est pas tout. Il y a aussi les consequence d’un déclenchement. Et à ski on peut parfois s’echapper, alors qu’à pied…

Imaginons trois types de couches faible de différentes caractéristiques:

  • une omelette
  • un papier hygiénique
  • une délicieuse galette fine et croustillante
    chacune réagira différemment selon si on la presse avec un couteau, une fourchette ou le dos d’une cuillère; en se déformant, perçant, cassant, ou s’enfonçant.
    Dans quel cas de figure est-on ?

Tout ça pour dire que la vie est très compliquée…

Je suis d’accord avec ce que tu dis sur les situations (très) délicates mais dans les situations ordinaires, quand le risque est proche de zéro, la question ne se pose pas.