Posté en tant qu’invité par hand:
Est ce que vous pensez que les alpinistes recherchent le risque ou qu’ils ne font que de l’accepter?
[%sig%]
Posté en tant qu’invité par hand:
Est ce que vous pensez que les alpinistes recherchent le risque ou qu’ils ne font que de l’accepter?
[%sig%]
Posté en tant qu’invité par Michel:
Donne nous ton avis, ça fera avancer le débat.
Je ramasse ta copie dans 4h. Thèse, antithèse, synthèse.
Bon courage,
Michel,
Posté en tant qu’invité par Clovis:
Non, l’alpiniste recherche le plaisir dans la maitrise du risque.
Posté en tant qu’invité par Fred68:
Je pense que la majorité des alpinistes pratiquent la montagne, non pas par gout du risque, mais par amour pour quelque chose qui n’est pas simplement un sport, mais bien plus. Lorsque je vois la raison de vivre de la majorité des gens, (boulot, bouffe, bistrot, week-end sans saveur à ne pas savoir quoi faire, pile où face sur les plages, tant mieux pour eux s’ils se contentent de ça), j’estime que nous avons beaucoup de chance de vivre ce que nous vivons, à quelques heures de marche d’un monde composé de gens assistés, qui ne veulent pas où ne savent pas prendre des risques, qui ont peur de l’effort où d’être fatigués. Je suis conscient que la montagne est dangeureuse, mais pas plus dangeureuse que beaucoup d’autres choses et je l’accepte, en réduisant les risques au minimum. Ne sommes nous pas en danger de mort, par le simple fait de vivre? Quelques fois j’ai vu la mort de près, par manque d’expérience au début, par étourderie où par malchance, même après 20 ans de montagne. J’ai vu des morts en montagne, mais aussi sur la route, sur mon lieu de travail, dans un lit d’hôpital, agonisant après une longue maladie. Un jour, mon heure sonnera, où que je sois, en montagne, sur la route, où dans un lit d’hôpital depuis des mois grâce à des médecins qui auront cherché à me faire gagner quelques heures d’une douloureuse et lente agonie, mais elle ne sonnera pas avant parce que je fais de la montagne. Ce n’est pas moi qui choisiras le jour, l’heure et le lieu, alors autant profiter tant que je le pourrai de ma raison de vivre, et lorsque je me retourne, je peux me dire: oui, tu as vécu intensément ta vie! n’est ce pas ça le plus important?
Toi aussi, notre maitre spirituel à tous, Patrick, tu as vécu ta vie intensément, et d’où tu es, je suis sur que tu ne le regrettes pas.
Posté en tant qu’invité par moira:
Ah preux chevallier, bravant les montagnes! Ta dulcinée viendra t’embrasser sur ton lit de mort, fiere de ton héroisme…
Excuse moi, mais je ne peux pas m’empecher. …
Je crois qu’il faut remettre les pieds sur terre. Tu es un esthete. Les autres (je veux dire les « dilettantes ») ne partagent pas tes valeurs. S’ils les partageaient, tu trouverais un autre sport à pratiquer.
La montagne est beaucoup plus dangereuse que beaucoup d’autres activités. Ne prétends pas le contraire. En pratiquant notre activité, nous faison un choix relativement egoiste vis à vis de nos proches (je mexplique de façon abrupte: le jour ou tu disparaitra, ce n’est pas toi que cela fera souffrir).
Bon, c’est mon heure une peu noire. Il est vrai que je viens de lire le livre de John Krakauer (into thin air)…
moira
Posté en tant qu’invité par oliver:
bonne analyse,je fais et pense pareil, j’ai pas envie de dire le lundi matin à mes collègues:
ex:alors ,qu’est ce que ta mangé hier chez la belle mère , ta vue quoi à la télé, et ton gazon ?il est pas trop haut, je l’ai tondu deux fois en une semaine! et le match de foot , il est bon le gardien!!!
non , mais!
c’est pas ça la vie ,il faut de l’aventure ;et l’aventure , il y a forcement un risque, à toi de le gerer.
le bonheur n’est pas dans le canapé!
bonne montagne.
Posté en tant qu’invité par oli_v_ier:
oliver a écrit:
le bonheur n’est pas dans le canapé!
Hum. Ca dépend …
–
oli_v_ier
http://www.randonner.leger.free.fr
Posté en tant qu’invité par Stalker:
« maîtriser le risque » : honnêtement, quand on passe sous un sérac on ne maîtrise pas grand-chose.
Mais quel plaisir de se dire après une course « putain, on est vivants »…
Posté en tant qu’invité par Claude:
Stalker a écrit:
« maîtriser le risque » : honnêtement, quand on passe sous un
sérac on ne maîtrise pas grand-chose.
C’est pour ça qu’en général on évite de passer dessous
Mais quel plaisir de se dire après une course « putain, on est
vivants »…
C’est une façon de voir les choses ; personnelement si je me fais aussi plaisir pendant la course, je suis satisfait aussi.
Posté en tant qu’invité par Bubu:
La montagne est beaucoup plus dangereuse que beaucoup d’autres
activités.
Il suffit d’avoir une bonne définition de « activité », et ce n’est pas le cas…
Et ce qu’il faut bien comprendre, c’est que le lieu est naturel, donc non aseptisé. Donc il ne faut pas aller n’importe où n’importe quand, mais si on fait le bon choix, il n’y a jamais de problème.
Ce n’est pas comme le tennis, où au pire il peut y avoir une tempête de neige sur le cours, mais on n’y risque pas grand chose car il a été construit pour ça. Par contre, on choisit bien de jouer sur le cours et non à côté pour que ça se passe mieux. En montagne c’est pareil, mais il faut choisir soi-même l’itinéraire en fonction des conditions, ce n’est pas écrit en gros où il faut passer, comme l’est un cours de tennis…
En pratiquant notre
activité, nous faison un choix relativement egoiste vis à vis
de nos proches (je mexplique de façon abrupte: le jour ou tu
disparaitra, ce n’est pas toi que cela fera souffrir).
Parce qu’une mort en dehors de la montagne serait indolore pour nos proches ?
Mais quel plaisir de se dire après une course « putain, on est vivants »…
Ouais bof, perso quand j’en suis à me féliciter d’être vivant après une course, c-à-d que j’ai survécu à une course où il y avait pas mal de chance d’y rester, j’ai plutôt un sentiment d’échec, échec d’avoir été surpris par la difficulté ou les conditions (chutes de pierres, avalanches, météo) malgré la marge que je me réserve…
Mais c’est vrai qu’au début j’étais content de rentrer de courses qui me semblaient inaccessibles l’année précédente… jusqu’au jour où je n’aurais pas dû rentrer. Et là on trouve plutôt gamin de s’engager dans des trucs en ne sachant pas si on reviendra, mais en se disant que si on revient, quel plaisir ce sera…
Posté en tant qu’invité par Francois:
Il est vrai que la montagne est un milieu à risque, quoiqu’on en dise. On ne va pas en montagne « à cause » du risque (quoiqu’il doit bien exister quelques caractériels surexités ou quelques psychopathes illuminés qui vont en montagne « à cause »…) mais « malgré » le risque. Le risque doit être minimiser par des dispositions techniques adéquates. C’est ça qui est intéressant. Moyennant quoi, tout se passe bien…
Posté en tant qu’invité par David:
Pour être encore plus tranché, un chercheur propose la thèse suivante : " L’Alpinisme n’existe QUE dans un rapport à la mort. Dès lors que l’on est plus dans ce rapport, on ne pratique plus l’Alpinisme …" C’est net et clair …
Ce dernier avait d’ailleur argumenté à une AG du SNGM que le métier de Guide de Haute Montagne s’arrêtait là où l’Alpinisme (selon sa définition) commençait. Je trouve au final que c’est une approche très intéressante et assez juste …
Posté en tant qu’invité par Michel:
Pour être encore plus tranché, un chercheur propose la thèse
suivante : " L’Alpinisme n’existe QUE dans un rapport à la
mort. Dès lors que l’on est plus dans ce rapport, on ne
pratique plus l’Alpinisme …" C’est net et clair …
Question de terminologie sans aucun doute.
Si je comprends bien, le nombre « d’alpinistes » doit quand même etre assez réduit,
l’alpinisme commence au K2 sans doute
David a écrit:
Ce dernier avait d’ailleur argumenté à une AG du SNGM que le
métier de Guide de Haute Montagne s’arrêtait là où l’Alpinisme
(selon sa définition) commençait. Je trouve au final que c’est
une approche très intéressante et assez juste …
et les guides, dans l’exercice de leurs fonctions, pratiquent « l’accompagnement en montagne »…
David, as tu les références exactes de cette thèse. Merci,
Michel,
Posté en tant qu’invité par Bubu:
Pour être encore plus tranché, un chercheur propose la thèse
suivante : " L’Alpinisme n’existe QUE dans un rapport à la
mort. Dès lors que l’on est plus dans ce rapport, on ne
pratique plus l’Alpinisme …" C’est net et clair …
C’est sa définition de l’alpinisme… que je ne partage pas. Mais si c’est une définition officielle, dans ce cas je ne fais pas de l’alpinisme. Mais je ne vais pas changer ma pratique pour me conformer à la définition…
Je ne suis pas d’accord, car pour moi l’alpinisme n’a pas pour but de se mettre en danger et d’essayer de s’en tirer une fois dans la mouise. Parfois on s’est mis en danger et il faut essayer de s’en tirer, mais pour moi c’est que j’ai fait une erreur, ce n’est pas ce que je voulais faire et j’éviterai la prochaine fois de faire une erreur analogue qui me mènerait dans une situation semblable.
Ou alors je fais de l’alpinisme sans le savoir car j’essaye de rester en vie en montagne, et que c’est le premier critère quand il faut prendre une décision… Mais c’est toujours le premier critère dans toutes mes décisions, pas seulement en montagne (ce que je mange, comment je me déplace, …). Auquel cas je fais alors toujours de l’alpinisme… ce qui est un peu réducteur à mon goût.
Posté en tant qu’invité par claudio:
« La montagne sauve plus de vies qu’elle n’en prend », a-t-il été écrit sur ce forum.
(comme quoi, il est pas mal ce forum)
il y a plus longtemps, Voltaire disait qu’« elle n’était pas dangereuse, la montagne, qu’on risquait juste de s’y casser le cou »
et quant à l’opposition snobe héroïsme/canapé - on va pas en montagne pour « avoir autre chose à raconter à ses collègues », on va pas en montagne pour se distinguer, que diable - c’est Gabarrou me semble-t-il qui avait répondu à un journaliste que l’alpinisme lui paraissait être un bon moyen de profiter de la sieste sans avoir mauvaise conscience…
claudio
Posté en tant qu’invité par pierre:
C’est une idée extrèmement interessante, et j’aimerais bien également, si tu en disposes, avoir les références de son travail.
Ce qui est sûr, c’est qu’il faut prendre garde au contre-sens, et ne pas croire que cela sous-entend que l’alpinisme est une activité exclusivement risquophile, où le but est de se faire peur à tous les instants.
Il me semble au contraire que c’est une attitude d’aprivoisement philosophique de sa propre finitude : approcher, pour la voir (alors que toute l’organisation de notre société semble faite pour la masquer), la reconnaitre, essayer de se la rendre familière peut-être, mais bien sûr la tenir à distance.
On est pas si loin du stoïcisme de (grand) papa.
Dans cette perspective,« se faire peur » est un échec, et rentrer dans la vallée en se disant qu’on l’a échappé belle n’est que la preuve de son incompétence (en tout cas à ce moment-là, dans cette situation-là).
C’est finalement proche de l’intuition que nous sommes nombreux à ressentir !
Posté en tant qu’invité par Alexis:
Fred68 a écrit:
Je pense que la majorité des alpinistes pratiquent la montagne,
non pas par gout du risque, mais par amour pour quelque chose
qui n’est pas simplement un sport, mais bien plus. Lorsque je
vois la raison de vivre de la majorité des gens, (boulot,
bouffe, bistrot, week-end sans saveur à ne pas savoir quoi
faire, pile où face sur les plages, tant mieux pour eux s’ils
se contentent de ça),
Pourquoi penser que ces activités que tu decries sont idiotes et ne t’offrent pas assez de stimulus pour avoir des sensations (fortes, douces, agréables ou interessantes, tout est relatif de ce qui donne du plaisir) ? Peut-etre est-ce toi qui ne sait plus ressentir avec suffisement d’attention ce qui t’entoure et, comme un drogue, as-tu besoin de stimulus de plus en plus forts pour eprouver ce plaisir recherchée par ton activite alpinistique ? Meme sur une plage, meme a pile ou face, il y a des centaines de choses a regarder, a ecouter, a sentir, a ressentir qui me tiennent autant en eveil qu’en montagne. Souvent meme, en montagne, lors d’une course, on ne peut etre suffisement contemplatif pour capter le monde exterieur avec autant d’intensite que sur une plage. Tout ca parceque le milieu est dangereux, mouvant, alors, il faut avancer, il faut grimper, il faut poser ses protections, il faut faire attention aux pierres, etc … Et le coucher de soleil magique, alors que tu bourrines ces rappels sans savoir ou tu mettras le suivant parceque tu fait une retraite, ben, tu le vois meme pas.
retourne, je peux me dire: oui, tu as vécu intensément ta vie!
n’est ce pas ça le plus important?
Bien sur, vivre intensement sa vie, c’est le plus important pour moi aussi. Mais proner une activite a « fortes sensations » comme permettant de vivre plus intensement, c’est un discours de consommateur actuel (« toujours plus »). Etre toujours interesse et curieux par ce qu’il y a autour de nous (humain ou non, petites choses ou grands edifices), c’est le meilleur moyen de vivre intensement.
Par ailleurs, je suis completement d’accord avec Bubu, lorsqu’il dit : " quand j’en suis à me féliciter d’être vivant après une course, c-à-d que j’ai survécu à une course où il y avait pas mal de chance d’y rester, j’ai plutôt un sentiment d’échec, échec d’avoir été surpris par la difficulté ou les conditions (chutes de pierres, avalanches, météo) malgré la marge que je me réserve… ".
Alexis.
Posté en tant qu’invité par baghirati:
" L’Alpinisme n’existe QUE dans un rapport à la mort. Dès lors que l’on est plus dans ce rapport, on ne pratique plus l’Alpinisme …" C’est net et clair …
tout aussi bien on pourrait dire "la vie n’existe que dans son rapport à la mort " , à mon avis c’est un peu du branlage de mou d’écrire un truc pareil
Posté en tant qu’invité par J2LH:
Rébuffat disait aimer la difficulté, pas le danger et je pense que c’est la bonne façon de voir les choses (et puis je ne me permettrais pas de contredire Rébuffat A mon avis il faut commencer par faire ce distingo dès qu’on aborde le problème de l’alpinisme et du risque.
Traverser une pente chargée de neige instable c’est dangereux mais ce n’est pas difficile. Passer du 6 en grosses c’est difficile mais ce n’est pas dangereux.
Posté en tant qu’invité par J2LH:
David a écrit:
Pour être encore plus tranché, un chercheur propose la thèse
suivante : " L’Alpinisme n’existe QUE dans un rapport à la
mort. Dès lors que l’on est plus dans ce rapport, on ne
pratique plus l’Alpinisme …" C’est net et clair …
Ce qui reviendrait à dire qu’un type comme Rébuffat n’était pas un alpiniste… (voir la réponse que j’ai donné à hand.