REx incident corde coupée Isère

Bonjour,

Mon ami Google faisant bien son travail, je me suis vu recommander dans mon fil d’actualité cet article récent du Dauphiné Libéré sur un accident d’alpi de corde coupée par chute de Pierre.
ledauphine . com /faits-divers-justice/2024/07/14/isere-plusieurs-personnes-blessees-ou-en-difficulte-en-montagne-ce-dimanche
C’est la première fois que j’entends un retour d’expérience concret sur ce type d’accident.

Cela m’encourage à avoir encore plus dans ma pratique le réflexe de faire des longes molles dès que je reste trop statique ou que je suis expo aux chutes de pierre.

Quelqu’un as-t-il des infos sur cet accident ? Ou avez-vous d’autres REx d’accidents similaires ?

Merci et Arvi Pa !

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C’est une des raisons pour lequel j’aime bien utiliser des cordes à double (pliès en deux si pas besoin de plus de 25/30m) pour les courses d’alpi… Mais ça reste une situation « vraiment pas de chance ». Faudrait éventuellement revoir le noeud de papillon pour pouvoir isoler les sections endommagés.

L’article est réservé aux abonnés mais il parle du Col de Freydane - donc on peut imaginer un accident vers le Pic Couttet/Grande Lance de Domène, un coin assez pourri.

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J’ai vu cet article passé hier, et j’en discuté avec mon père. Début 2000, il était en route pour le sommet du grépon et une chute de pierre provoqué par une cordée au dessus d’eux à sectionnée un des deux brins sur lesquelles ils grimpaient. Heureusement, 0 incidence et ils ont pu continuer. Une « petite » embrouille avec la cordée du dessus éclata quelques minutes plus tard :joy:

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Oui, je n’ai pas non plus le détail de l’article mais il y a une nette différence de typologie d’incident entre :

  • chute de pierre -> corde endommagée -> mise sous tension -> Rupture.
    Pouvant être évité par un isolement de la section avec, par exemple, nœud papillon alpin.

  • Corde sous tension (Longe ? , rappel sur 1 seul brin ? Moulinette ? Quoi d’autre ?) -> Chute de pierre -> Rupture instantanée.
    Ne pouvant donc être évité, sauf par une longe molle installée préalablement.

L’intérêt du REx serait aussi de savoir si effectivement une chute de pierre ne peut qu’endommager une corde tendue. Si non, alors là ça complexifie le tout. Je n’ai pas vu de test en ce sens.

Enfin, si on pousse jusqu’au bout, est-ce que deux cordes à double sont vraiment plus sécuritaires qu’une corde à simple ? Les cordes à doubles étant plus fines, sur une arrête, je ne me sens pas plus en sécurité en double qu’avec une simple/multilabel avec nécessairement plus de gaine.

Ah oui, ça doit être tendu la discussion au sommet !
C’était de gros rochers ou de la petite pierre ? La corde était tendu à la montée ?

Simple, Booster III 9.7mm : 42% de gaine soit 4.07 de gaine.
Multi label, Joker 9.1 : 35% de gaine soit 3.8mm de gaine.
Double, cobra II 8.6 : 39% de gaine soit 3.35mm de gaine.

Donc autant c’est vrai pour de la corde à simple, autant la multilabel à moins de gaine (et sera probablement utilisé à simple plutôt que doublé.

Évidemment ça depend des circonstances exacte de l’accident, mais je pense que même si une corde à simple a plus de gaine, avec une corde à double on a… deux cordes.

Pour les multilabel je suis d’accord mais sur une arête autant les plier en deux et les utiliser en mode simple que quand il y a une grande longueur verticale (où de toute façon il devrait avoir moins de risque de coupure).

Ah bah oui… Comme quoi la discussion est utile contre les croyances !
La resistance à 12 KN en force de choc en simple/multi contre 8KN en double ne se retrouve pas pour du cisaillement… Qui ne figure je crois dans aucune norme !

C’est vrai que j’aurai pu donner + de détails mais mon père ne s’est pas trop attardé.
Ce qu’il ma dit c’est qu’en gros, lui et son compagnon était à un relais, vachés tout les deux et en train de se préparer pour la suite de la voie. Ils étaient sur une vire convenable. Un grimpeur au dessus à fait partir des petits blocs et cailloux. Quand je lui ai demandé, il ma juste montré avec ses bras la taille du caillou qui a coupé la corde, c’était l’équivalent d’une bonne brique.
La corde sectionnée était posé sur la vire, en vrac je pense. J’ai pas plus d’infos concernant cette partie (quand il me racontait cette histoire, on était en train de s’encorder sur un glacier et apres on a attaqué la marche).

Concernant l’embrouille, le compagnon de cordée de mon père avait le sang chaud et c’était sa corde. Ils ont hurlé pour leur dire de faire gaffe / avoir des excuses je pense aussi. Aucunes réponses de la cordée du dessus. Ducoup ils ont mis un coup de boost et ont continué sur un brin. Ils ont finalement rattrapé les tombeurs de cailloux et ont pu s’expliquer assez violement (verbalement). Je n’ai pas le mot de la fin, je le lui demanderai si ça interesse haha

Et non, le pourcentage est sur la surface de la section, pas sur le diamètre. Et concernant la résistance de la corde à une coupure sans atteindre l’âme, il faut regarder l’épaisseur de la gaine.

Épaisseur de la gaine :

  • Simple, Booster III 9.7 mm : 42% de gaine => 1,16 mm
  • Multi label, Joker 9.1 mm : 35% de gaine => 0,88 mm
  • Double, cobra II 8.6 mm : 39% de gaine => 0,94 mm

Effectivement, je suis aller un peu vite dans mon calcul, j’avoue ne pas avoir creusé précisément ce que représentaient ces pourcentages(d’ailleurs ya une typo dans mes chiffres : j’étais arrivé à 3.18mm pour la Joker, pas 3.8mm).

Mais le constat reste le même, la multi label est celle avec la gaine la plus fine.

Des tests sont faits régulièrement sur le terrain… Quand une pierre de 3kg avec un bord tranchant tombe sur la corde en vrac posée sur un rocher, typiquement une pierre qu’on fait partir vers le début d’une descente en rappel, et qui tombe sur la fin de la corde posée sur une vire, ça coupe facilement la corde. Si elle n’est pas complètement coupée, c’est que le choc n’a pas été optimale (pas perpendiculaire au rocher dessous, un bout de la pierre qui touche aussi le rocher, arête émoussée, etc), mais il y a assez d’énergie pour la couper.

Les fabricants ont leurs propres méthodes de test, voir par exemple la vidéo d’hardi zizi chez Mammut qui est très bien faite.
En gros, plus y’a de gaine mieux c’est, même si les différences sont pas fofolles. Les cordes restent extrêmement fragile à tout ce qui est vaguement coupant (d’autant plus si elles sont en tension).
La nouvelle techno Mammut (protection en aramide entre la gaine et l’âme) semble améliorer fortement la résistance à la coupure/arrachage toutefois.

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Ah oui ! très intéressant les tests ! Même si bon, l’objectivité se questionne vu le partenariat avec la marque.
Par exemple, est-ce plus efficace que la Swift Protect Pro Dry d’Edelrid qui existe elle depuis quelques années ?

J’ai déjà lu aussi une histoire sur une Joker neuve coupée lors d’une course d’un guide (je n’ai plus la source, sur C2C ?).

Je trouve qu’on manque quand même cruellement de retour d’expérience sur ce sujet…
Est-ce important au point de devoir faire changer nos pratiques ?
La multilabel doublée devrait-elle devenir la norme en course d’arête ?
De ma petite expérience, ce n’est pas ce que je constate dans les pratiques, tant des initiés que des guides que j’ai croisé dans du < D+.

Faut envoyer hardi zizi enquêter en Allemagne :wink:

Tendue ou pas, quand ça écrabouille, il ne reste pas grand chose
https://www.camptocamp.org/xreports/778154/fr/chute-de-pierres-dans-la-voie-des-trous

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C’est pas les chutes de pierres mais rupture par frottement/cisaillement : https://www.youtube.com/watch?v=dpmUFQhMdbI
Schéma a 12:05 deux brins valent mieux qu’un même bien plus épais!

Le graph présenté est issu de cette étude : Communiqué de presse Mammut 2012 Accident dégaines et mousquetons.

Je te rejoins on est plus proche ici du cisaillement qu’un simple essai de traction où [Résistance à la traction = Force de traction maximale / Surface de section transverse] avec ainsi résistance proportionnelle à la section.
Il s’agit ici de tests sur banc de chute normalisé effectués sur un mousqueton avec un poids de 80 kg en bout de corde (pour du 9.5, sectionné avec une hauteur de chute de 2,7 m et un facteur de chute de 1,0). Il y est précisé que le mousqueton utilisé ne présentait pas d’arête extrêmement vive.

Dans ces conditions je conçoit largement que deux cordes plus fines valent mieux qu’uniquement une corde plus épaisse car elle travaillent en simultané dans exactement la même direction avec exactement la même tension. Le montage est donc bien en parallèle et la section équivalente est le double du brin. (7,5= 44mm² ; 8,7=59mm² ; 9,5=70mm² ;10=78mm² ; 2x7,5=88mm²).

Dans la vraie vie, est-ce que les deux cordes travaillent dans les mêmes conditions ?
Car si l’une est sollicitée, puis l’autre, alors la résistance de la corde est bien égale à un seul brin (R(brin1) puis R(brin2), à chaque fois le cisaillement est supérieur à la limite de rupture).
Qu’en est-il d’ailleurs lors d’une chute sur une arrête où les deux brins sont tranchés indépendamment ? La force de choc (induisant force de cisaillement) est-elle divisée en deux ?
Ce serait des test de labo intéressant !

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il me semble pas avoir vu de test avec une corde à double. Ni même dans la vidéo là
https://www.youtube.com/watch?v=x3PMT6K0_Gg

Mais ça suppose aussi que les deux cordes cisaillent sur un arête uniform. Alors que souvent les arête sont coupant par endroits et pas tout au long. On peut imaginer qu’une corde cisaille alors que l’autre se coince dans un becquet sans cisailler, par ex.

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