Retour à la montagne

Bonjour à tous,
Je ne savais pas tellement dans quelle case ranger cette discussion,si jamais elle n’a pas sa place ici faites le moi savoir!
Je ne vais pas traiter du célèbre roman de frison Roche,mais d’une expérience personnelle.
J’ai commencé la montagne depuis tout petit,j’ai débuté l’escalade par la compète,mais je me suis vite lassé de cette ambiance,c’est tout naturellement que je me suis tourné vers la falaise.
J’ai intégré un club super qui proposait des stages d’initiation à l’alpi.
J’ai tout de suite accroché.
Je me suis formé petit à petit avec la ffme.
Et j’ai pris mon envol,avec un camarade de lycée,que j’ai converti,nous grimpons tout les sommets et tout les couloirs possible dans mes petites montagnes d’Auvergne.
Très vite ,on a progressé vers le AD,voir le D.
On avait peur de rien,la fougue de la Jeunesse !
On s’est forgé une superbe amitié,et avons partagé des moments et des émotions que seule la montagne peuvent procurer…
Nous avions 17 ans,et rêvions de gravir tout les sommets possible.
Notre plus belle réalisation fut le mont blanc par l’arête Nord du dôme,par les grand mulets, à 18 ans,sans guide, simplement parce qu’on avait pas assez de sous…
Mais les années ont passées,nous nous sommes quelques peu éloigné avec les études,et il y a désormais 2 ans,j’ai appris le suicide de mon compagnon de cordée.
Cette nouvelle m’a bouleversé,et j’ai eu un mal fou à faire mon deuil.
Nous avions encore tellement de projets…
Et durant ces deux ans,il me fut impossible de regarder mon matos sans verser une larme.
Des tas d’amis m’ont proposé des sorties,mais je ne pouvais juste pas…
Je repensais à l’alpinisme avec nostalgie et regret,pensant que je ne pourrai plus jamais rechausser les crampons de ma vie.

Mais dimanche,j’ai enfin passé le pas… J’ai fait une belle course d’arête,même si je n’ai plus la caisse comme auparavant ça a été comme un exutoire.
Je me sens quelque peu revivre,et des rêves de sommets jaillissent de nouveau dans mon esprit.

Et vous?
Avez vous déjà douté de la montagne ?
Avez vous déjà eu peur au point de vous dire ‹ ‹ plus jamais je ne ferais ca › ›?
Vous êtes vous déjà demandé si le jeu en valais la chandelle ? Si ce n’était pas trop égoïste de risquer sa vie pour quelques instants de bonheur?

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ça fait plaisir à lire.
Non pas pour les expériences relatées pour lesquelles je n’ai aucune remarque à faire; ça vous appartient.
Mais pour la qualité de vos réflexions. Et la qualité de l’écriture.
Merci.

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Bonsoir,

Comme dans un autre fil, « je doute donc je suis », le doute fait partie de notre existence, le doute est peut-être même la base de notre existence. Chacun peut avoir des envies variables, des raisons qui l’obligent à s’éloigner d’une activité plaisante pendant des mois ou des années. Et puis un jour, si vraiment le plaisir y était, le souvenir du plaisir revient, et parfois la pratique revient aussi, c’est un choix personnel, éventuellement une nouvelle étape de la vie.

Bernard

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Merci pour ce partage d’expérience, de vécu et ces réflexions et questionnements de fond. Leur réponse dépend de chacun, mais se poser ces questions est essentiel à mon avis.
J’ai personnellement beaucoup cherché également à y répondre, par la lecture, et aussi et surtout par l’écriture (NB : et cette recherche se poursuit, comment pourrait-il en être autrement ?).

David Roberts, dans « Moments de doute » écrit : « Cela en valait alors la peine ».

Il me paraît à la fois important de comprendre plus ou moins pourquoi on va en montagne d’un côté, et saisir tout ce à quoi on tient de l’autre, et essayer de trouver un équilibre durable entre ces deux éléments.

Bonsoir.
Déjà eu peur au point de dire « plus jamais ça » ? Pas en montagne pour le moment mais dans l’avion en direction du Népal. Mon premier vrai voyage.
Qu’est ce que je foutais là dans cette carcasse volante qui pouvait s’écraser loin de chez moi et des miens juste pour aller voir d’autres montagne ? Elles ne sont pas assez bien nos Alpes? « T’aurais mieux fais d’aller dans les écrins c’est largement assez magnifique pour voyager. »
Et puis un final évidement quel voyage extraordinaire! J’attends impatiemment d’y retourner, même si je sais très bien qu’une fois dans l’avion, au milieu de nulle part, je me dirais « qu’est ce que tu fou là, elles sont pas suffisantes nos Alpes? »

Merci pour cet émouvant témoignage !

Douter de la montagne… Je ne suis pas sûre de pouvoir, personnellement : la montagne est, de fait ! Je ne peux douter que de mes capacités à la gravir, de mon adaptation à ce qu’elle me proposera…
Donc je ne crois pas avoir déjà douté de la montagne.

Par contre, lorsque que je me suis trouvée au mauvais endroit au mauvais moment, ce n’est pas le « plus jamais ça » qui m’a traversée… C’est, lorsque le bras déchiqueté je tombais dans les vapes, une sensation douce, de « ok, je vais mourir ici, dans cet univers »… Très égoïste mais paisible état d’esprit…
C’est au « réveil » que d’autres émotions ont surgi : « ah ok suis toujours vivante, maintenant va falloir se sortir de là et apprendre à vivre à un bras ».

Encore une fois, jamais de « plus jamais ça ». Au contraire, en zigzaguant entre les crevasses au mieux pour aller chercher du réseau, congelée et douloureuse, une ébauche de sourire intérieur venait parfois prendre le dessus sur la douleur, et disait : « fille, ces moments sont uniques, tu en tireras des forces et sera « contente » de les avoir vécus, un jour » (un jour hin, parce qu’en live ce n’était pas tant la joie :wink: )

Bref, tout cela pour dire que je dois être particulièrement égoïste, ou peut-être particulièrement raisonnée dans mes projets, où juste inconsciente, ou un mix de tout cela…
Toujours est t’il que, si j’ai l’impression d’y vivre beaucoup de bonheur, je ne ressens pas cette idée de risquer ma vie à chaque sortie en montagne…

Une plus grande perception des « risques » est apparue depuis, lors des minis-sorties où la moindre petite chute de caillou réveillait une angoisse : mais je sais qu’elle est juste due au trauma, sur lequel je bosse pour que le plaisir prime !
Et les rêves reprennent vite le dessus sur les larmes…

Prends-soin de toi, et prends le temps d’accueillir tes émotions : tu as vraisemblablement franchi une phase de ton deuil, mais il y a encore du taf… C’est cela qui est, bien que douloureux, passionnant !!!

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Je n’ai vécu ni la perte d’un proche ni un traumatisme comme Lulu002.

Mais j’ai été marqué par un discours de Joe Biden à la famille de 2 policiers tués et qui ressemble un peu à ce que dit Lulu002. Joe Biden était alors vice-président des Etats-Unis. Quand on sait qu’il a lui-même perdu sa première femme et une fille puis plus tard un fils, son discours prend beaucoup de portée et de valeur : « Le temps viendra où le souvenir de Rafael vous fera sourire avant de vous faire pleurer. Alors vous saurez que vous vous en relèverez. C’est difficile à croire mais je vous promets que ça arrivera ».

Le lien vers le documentaire :

La séquence sur le meurtre des policiers commence à 37’25. La séquence sur le discours à 38’30.

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Bonsoir,

J’ai été pris dans une avalanche il y à 10 ans. Un de mes meilleurs amis est décédé, un autre sorti à quelques minutes d’y rester et moi sorti miraculeusement indemne après 45min sous la neige… je te laisse imaginer les pensées que tu ressasses sans cesse après ce genre d’accident - « pourquoi moi ? », « et si on avait fait comme-ci, comme ça », etc… Je ne m’attarderai pas sur l’accident.

J’ai repris le ski dès que j’ai pu, environ 2 semaines après. J’en avais besoin, je ne saurais l’expliquer. Étonnamment, la reprise de l’escalade a été plus difficile, j’avais toujours l’impression que les prises allaient me rester dans les mains…

Le plus jamais ça, j’y ai pensé évidemment, mais quand on vit en montagne et que le ski est une passion, on y revient vite. Mon approche n’est plus la même, je fais demi-tour beaucoup plus facilement qu’avant. Par contre je continue de faire de la pente raide, pratique qui n’est pas exempte de risques… Je crois que chacun place le curseur de ce qui est acceptable là où il le sent. Pour ma part, je pense prendre moins de risques en pente raide que dans une pente entre 30° et 40° un jour de poudre… mon entourage est compréhensif et je crois que c’est important d’être clair avec eux sur la pratique que l’on a.
Est-ce que le jeu en vaut la chandelle, oui la plupart du temps. Egoïste, oui complètement.

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Bonjour,

C’est drôle,
Parce qu’aujourd’hui, j’ai écrit un petit texte personnel traitant à peu près de ces interrogations.
Parce que oui, j’ai douté 100 fois de l’opportunité de ma passion de la montagne,
Parce que oui, je me suis de nombreuses fois répété « plus jamais ça »,
Parce que oui je me suis dit qu’au moment de mourir je penserai « quelle connerie cette montagne », et qu’il sera trop tard.
Je suis en permanence tiraillée entre ces doutes et cette attirance magnétique irrépressible.
La solution n’est peut-être pas de tirer un trait définitif, même si cela est nécessaire un temps donné. Je crois que j’essaye d’apprendre à connaître mes limites, et surtout de les accepter, difficile art de l’équilibre.
Mais surtout, j’ai appris des autres. Parfois, un simple sourire de plaisir d’un-e compagnon-gne de cordée qui ne saura jamais combien ce sourire m’a fait du bien, relâche les tensions, apaise, permet à la petite étincelle de motivation intérieure de rejaillir, de retrouver une sérénité, et de jouir du bonheur d’être là, débarrassée d’un stress malin. La réconciliation avec la montagne, passe parfois par les autres.
Je te souhaite un très beau retour à la montagne !

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Ton témoignage m’intéresse, dans la mesure où, comme @Bougnaman, ou ce qu’évoque @abc38, il s’agit d’avoir « été là », « témoin ou proche » d’un accident, tout en étant resté entier.
Et, dingue, mais j’crois que c’est presque pire !

A chaque fois que je vois le psy pour bosser sur mon trauma, il me demande des news du pote qui était avec moi : le « syndrome du survivant », cette culpabilité qui détruit est tellement fréquente… Et destructrice !
J’ai le sentiment qu’elle entraine souvent « auto-flagellation » : pourquoi j’aurais le droit d’aller en montagne alors que l’autre ne peut plus, etc etc… Sauf que ce n’est pas toi qui l’a tué, et surement que l’autre aurait voulu que tu continues à vivre tes passions, non ?

En fait c’est pour cela que je crois ne pas considérer cette pratique comme si égoïste que cela : penser à soi et aller vers ce qui nous fait vibrer, c’est se nourrir et se faire du bien… Les personnes qui nous aiment ne peuvent pas souhaiter autre chose pour nous, non ?
Même si, parfois, elles peuvent accuser… Je trouve que laisser l’autre vivre sa passion est la plus belle façon de l’aimer… Tout en cherchant le fameux équilibre évoqué par @ThierryC

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Je comprends totalement vos témoignages, @Bougnaman, @Lulu002 et @roufff. Je ne vais pas m’étaler ici mais j’ai vécu des choses similaires, et effectivement le syndrôme du survivant peut être terriblement destructeur. A ce titre, les propos de Biden relatés par @abc38 sont essentiels : il n’y a que le temps et un travail sur soi qui atténueront les effets délétères et permettront de retrouver… un équilibre !
Quant à « l’égoïsme », tu dis de belles choses Lucile : une passion comme celle qui nous anime peut être le moteur d’une vie. Arrêter rimerait à se couper les ailes, s’empêcher de respirer, …
j’ai toujours pensé que je revenais meilleur et riche de plein de choses, transformé, souscrivant ainsi totalement à cette phrase de Paul Keller :
« On dit qu’on fait de la montagne, mais c’est la montagne qui nous fait. »

Je souscris également aux propos d’ @Alpine quant à la force, la puissance décuplée du lien humain, cet esprit de cordée (présent même sans corde). Cette force des sentiments et du vécu commun peut dans certains cas nous unir à jamais, accentuant la douleur de la perte, à laquelle des sentiments de culpabilités pourront s’ajouter selon les cas de figure…

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bonjour,
ce sujet est effectivement très intéressant et finalement peu présent dans les récits des grands alpinistes (le questionnement sur la légitimité d’être là) ou même dans les récits de courses tout court, notamment des voies engagées (ce sujet n’apparait que très peu, et en lisant de tels comptes rendus dans des voies qui nous font envie mais hésiter, on a parfois l’impression d’être seul à de poser de telles questions, d’avoir peur, ou de se sentir illégitime etc…)

je trouve personnellement que l’arrivée des enfants dans une vie change beaucoup la donne et amène à une remise en cause plus importante de sa prise de risque : car si l’entourage peut effectivement être heureux que nous vivions notre passion et soyons heureux, les enfants chamboulent tout et amènent à une plus grande remise en cause de la « beauté de l’égoïsme » (sans vouloir être péjoratif). Question très forte qui est omniprésente lorsqu’on assiste à un enterrement d’un copain qui avait des enfants…

tout est question d’équilibre… parfois sur le fil

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Effectivement, j’ai entendu parler de ce syndrome du survivant. A l’époque je ne voulais pas voir de psy, et j’ai fait mon deuil avec le temps.
Quand je parle d’égoïsme par contre c’est plutôt vis-à-vis de mon entourage qui avait déjà souffert suite à cet accident. Le fait de savoir que je vais en montagne les stresse déjà, alors quand en plus c’est pour un truc un peu engagé ou expo, j’avoue que j’ai du mal à me justifier. Mais bon comme tu dis c’est ce qui me fait vibrer, et le fait de m’en passer me rendrait irascible. (ceci dit, étant papa depuis peu, je pense que ma pratique va changer petit à petit…)

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Comme de nombreux témoignages je me retrouve en vous.
pratiquant passionné par la montagne sous toutes ces formes (trail, Parapente, ski, escalade, alpinisme). Je suis vite devenu dépendant de cette Adrenaline que procure un zest d’engagement. Et puis au fur et à mesure je me suis accoutumé et j’ai eu besoin de toujours plus, toujours plus raide, toujours plus dur toujours plus engagé…
Sauf qu’une fois ça n’est pas passé.
Je suis passé à un cheveux de la faucheuse et ai brûlé mes 9 vies de chat d’ un coup.
Sur le moment on ne sait pas qu’on peut mourir à tout moment on est dans l’instant.
Je n’ai pas revu le film de ma vie et si j’avais du y passer c’était avec cette vision de moi en mauvaise posture.
Pas celle de mes 3 enfants, pas celle de ma femme, de ma famille, de mes amis.
Juste moi tout seul.
Heureusement je suis revenu et n’ai pas subit cette mise hors tension. Mon entourage oui.
Et miraculeusement je m’en sors intact. Les compteurs sont de nouveaux à zéro.
Alors personnellement j’ai de nouveau envie de reprendre un coup de cette Adrenaline. Mais le jeu en vaut-il la chandelle ? Ma famille serait elle capable encore de subir cette absence ?
Je n’ai pas la réponse et suis encore « frais » dans cette analyse.
Aujourd’hui je dirai non mais le temps racontera son histoire.

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Bonjour,

Qui n’a jamais douté ? Certains disent que la peur nous permet de survivre…

Je pense que comme « tout le monde » ou sans doute beaucoup, j’ai douté.

Il y a une dizaine d’années, en SAE, j’ai vu un gars tomber de 10m : nœud de 8 pas retressé après passage dans le pontet.
Il « était » (du moins pensait l’être) en moulinette mais à un moment, son assureuse avalant la corde, il s’est retrouvé en solo.
Il a volontairement sauté en s’écartant du mur (et en gainant, ce qui l’a certainement sauvé).
D’en bas, on a surtout vu le type se prendre 10m.
La vie a fait que je n’ai pas pu regrimper tout de suite après et pendant quelques semaines.

Quand j’ai pu regrimper, c’était franchement dur moralement, car je voyais (dans ma tête) systématiquement un corps tomber. Ça a durer un moment. Je n’osais plus grimper en tête et je vérifiais 15 fois mon noeud.
L’avantage est que j’ai systématisé la double vérification.
Puis ça a fini par me passer. Je ne me rappelle pas avoir douter de regrimper ou pas, mais j’ai mis plusieurs semaines (voire mois) pour que le « traumatisme » passe.

Aujourd’hui je n’y pense plus du tout.

Je crois qu’il est humain de s’interroger sur nos pratiques, mais que comme dit Lynn Hill « passion create possibility ».

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Bonjour à tous et merci de vos témoignages/avis.

Cela vaudrait sûrement un autre fil mais je ressens également cette culpabilité/égoïsme.

-Quand ma mère m’envoie un message me dimanche soir pour savoir si je suis en vie (un peu au sens figuré mais parfois au sens propre).
-Quand ma copine connait parfaitement mes plans et ne peut s’empêcher de s’inquiéter pour moi.
-Quand tout ne s’est pas passé comme prévu et que je crame l’horaire mais qu’il n’y a pas de réseau pour prévenir (bienvenu dans les Pyrénées)
-Quand on part à l’étranger et qu’on dit, bon ben je te donne des nouvelles dans 1 mois.

Bref, entre l’amour de la montagne et l’égoïsme de laisser les proches s’inquiéter.

Mon argument est souvent: « tu peux aussi t’inquièter à chaque fois que je prends la voiture… » Mais c’est pas vraiment le discours rassurant. C’est plutôt, « acceptes le risque d’accident »

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Perso, j’avais pris l’habitude d’appeler mes parents plutôt le dimanche soir ou le lundi en leur racontant mon chouette week-end plutôt que le jeudi ou le vendredi en disant où j’allais aller et éviter qu’ils stressent…
C’est ma façon de les protéger, sachant qu’ils n’y connaissent pas grand chose à la montagne, je ne sais pas quel degré d’inquiétude ils peuvent avoir…

Et voui, du coup les personnes pour qui nous comptons nous aiment avec cette part de nous… J’me souviens de quelques samedis matins où j’avais trop la flemme de me lever pour faire 4h de route « juste » pour aller en montagne, et que j’me suis fait sortir du lit en mode « vas-y fonce, si tu n’y vas pas tu seras dégoûtée et pas bien détendue toute la semaine »… L’a tout compris, c’est chouette !

Je ne sais pas à quel moment tu situes l’arrivée, mais ici la crevette se manifeste depuis bien avant d’être « finie » (mais qui est fini ?!) : du fond d’mon ventre, elle me signifie régulièrement « hey hey t’es plus toute seule, fais gaffe à ce que tu fais ! »
Donc encore ce fameux équilibre surement, entre ce qui est nécessaire et ce qui est également nécessaire !!

Du coup j’ai recherché la définition de l’égoïsme, qui en plus de porter un attachement à ses intérêts, évoque un mépris des intérêts des autres.
Sauf que si l’un de tes « intérêts », l’une de tes « nécessités », c’est d’être là pour ta famille, tu feras un compromis d’intérêts au mieux, et l’un n’empêche pas l’autre…

De mon côté, cela fait des années que je ne donne plus d’horaires retour, visant au contraire très large (« ça peut se prolonger jusqu’au lendemain, y aura surement pas de réseau, etc etc ») : au moins c’est forcément une bonne surprise quand tu rentres avant !
De même je ne parle pas d’« alpinisme » aux non-initiés, « je vais en montagne » suffit pour ne pas risquer d’être associée au catastrophisme des médias…

J’aime bien ce regard… Les choses ont un peu changé ici depuis cet été, où personne ne savait que j’étais en Suisse et ça leur a fait tout bizarre que je les appelle de là-bas juste avant d’entrer au bloc…
Des horaires de retour potentiel j’ai d’abord donné pour tenter de rassurer… Mais à peine j’ai débordé que l’angoisse a été encore plus vive… J’me suis d’abord dit que j’allais être plus clean, et puis je sais que les débordements et imprévus sont inhérents à la pratique (pour moi !). Alors je lui ai proposé de travailler sur ses angoisses de mort, parce que c’est inutile d’anticiper chaque fois l’accident sinon pour souffrir à chaque fois…

Je crois qu’il est naturel d’avoir peur pour l’autre auquel on tient… Mais qu’il s’agit d’abord d’apprendre à gérer cette émotion, plutôt que de se faire du mal par projection…

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J’ai remarqué (je ne suis pas le seul, évidemment) que @Lulu002 est assez portée sur l’analyse et l’introspection. C’est curieux car elle est plutôt du genre extravertie.
NB. Ce n’est pas une critique hin ! (Comme dirait l’autre) Dieu m’en garde, mais une simple constatation.

Effectivement, ça me rappelle une belle nuit blanche à attendre un coup de fil, c’est pas cool pour celui ou celle qui attend non plus…

J’ai à peu près la même stratégie !