Résistance et escalade

Posté en tant qu’invité par septogradiste:

Selon une étude suisse, que l’on m’a citée, mais que je n’ai hélas pas les références, chaque personne détient le même taux d’acide lactique.
C’est à dire que l’on a beau s’entrainer, si on ne délaie pas et ne ventile pas, à force égale et poids égal, on dauberai tous pareil.
Ce qui vaudrait dire que pour augmenter son niveau; cela ne sert à rien d’entraîner sa résistance, mais qu’il est plus important de travailler sa force. Et pour la conti, ou la rési il vaut mieux faire du cardio vasculaire et des exercices respiratoires, et apprendre à se relacher entre les crux.
Qu’en pensez vous?

Posté en tant qu’invité par Pascval E:

Tu as raison sur le constat de départ, mais la conséquence est inverse: on peut entraîner les muscles pour diminuer la dose d’acide lactique qu’ils contiennent.
D’abord, il faut savoir que quelque soit la personne, la production d’acide lactique commence au bout d’une trentaine de secondes d’effort intense. Donc effectivement, on peut développer la filière anaérobie alactique (la force) de manière à ce que les trente premières secondes ne constituent pas un effort d’intensité max (mais on peut aussi ne faire que des voies pas trop dures dans les premiers mètres!)
Ensuite l’acide lactique produit s’accumule dans le muscle si l’effort se fait en dette d’oxygène. Mais nous produisons aussi des substances tampon qui retardent l’engorgement du muscle. On peut en augmenter la dose et l’efficacité, en sollicitant le muscle saturé d’A.L. (par exemple en travaillant jusqu’à la tétanie).
Attention toutefois à ne pas systématiser ce type de séance dont les résultats sont assez moyens…
Enfin, si l’apport d’oxygène est suffisant, l’A.L. est brûlé à nouveau avec de l’oxygène dans le cycle de Krebs pour donner une nouvelle énergie au muscle. D’où l’intérêt, comme tu le dis, de développer sa VO2 max. Des séances de PMA (puissance maximale aérobie) donnent aussi de bons résultats, tu trouveras ça sur le net je pense.
Tu as entièrement raison aussi pour ce qui est du contrôle de la ventilation et surtout le relâchement. Ne contracter que les muscles nécessaires au moment opportun s’apprend et se travaille.
Enfin, pour terminer, dis-toi bien que le bourrinage n’a jamais remplacé la technique, qui s’acquiert en grimpant, pas en s’entraînant, et que la souplesse joue aussi un rôle important pour retarder la fatigue.

attention à ne pas aller trop loin…

d’abord, le lien rélachement-rési est évident et il suffidrait de s’arreter là.

Mais si on veut voir ce qui se passe dans l’avant bras.

Pour un effort isometrique tel que la tenue de prise, la force influence la rési d’une façon assez simple:

disons qu’on a une règle de pangullich et qu’on y suspend deux mains, lestés ou delestés.

appellons « maximal » la charge totale pour la quelle on tient dite règle 6 secondes au max (poids corporel+ ou - charge additionnelle).
Par ex: poids grimpeur 65kg + 35kg additionnels = 100kg

à ce moment, disons qu’on se deleste jusqu’à quand on obtient une charge totale égale au 40% du maximal.
Donc 40 kg, c’est à dire que notre grimpeur faisant 65kg pousse 25 kg sur un pied

Ensuite on cherche de suspendre le plus longtemps possible avec cette charge et on note le temps.

Clair jusqu’à ici?

Bien, deux études scientifiques spécifiques à l’escalade montrent que ce temps varie peu ou très peu entre très forts grimpeurs (niveau compet national/international) et individus lambda qui ne grimpent pas du tout!!!
…Donc, en simplifiant: toute chose égale par ailleurs, on peut extrapoler que monter en force (de l’avant bras) te permettra d’avoir les mêmes qualités de rési qu’aujourd’hui…dans des voies plus dures!
( MacLeod 2007, Philippe 2011 … googlescholar avec mots clé « climbing » et « intermittent »)

Mais il y a plus…

disons que pour cette même charge 40% du maximal tu t’autorises un repos de 3" chaque 7" de suspension.
Un travail intermittent qui ressemble à un rhytme de grimpe vraisemblable…
Bien, c’est dans uniquement dans ce type de travail qu’on voit des énormes différences entre grimpeurs et non grimpeurs, ainsi que des plus petites différences entre grimpeurs d’élite!

ajoutons que pour toute charge supérieure à 20% du max, le sang ne circule pas dans ton avant bras.
(moins que 20% du max c’est vraiment facile, même pas de la conti)

La rési en grimpe est donc surtout capacité de l’avant bras de profiter au max du petit temps dans le quel le sang peut circuler : quand on cherche la prise suivante par ex.
Au delà de la grande question « comment entrainer cette qualité physique », une chose est sure : sans une bonne gestion du rythme et des délayages placés au bon moment, on n’aura jamais assez de rési…

1 Like

Posté en tant qu’invité par septogradiste:

Merci pour ces réponses. Je m’étais toujours demandé si ces longues seances de rési que j’ai pratiqué à une certaine périodes servait à quelque chose.

Et aussi mettre des mots et des termes techniques sur cette question, je ne suis pas très doué. Mais là je vais épaté mes potes au pied des voies.

Autre question, on m’a toujours dit qu’au dessous de 14 ans, on n’avait pas d’acide lactique, Est ce vrai?

Posté en tant qu’invité par septogradiste:

J’ai encore relu les réponses :
Celle de Pascva lE est très bien et lorsque je vais parler de filière anaérobie alactique à mes potes, ils vont être impressionnés! Ma prochaine voie s’appellera FAA, PMA ou VO2, au choix!
L’entrainement d’escalade est devenu très pointu avec les connaissances actuelles, et il est loin le temps ou l’on grimpait avec un sac de pierre dans le dos pour s’exploser les avant bras. Les coudes de certains grimpeurs ne s’en sont jamais remis…

Quand a l’explication de Ghisino, il m’a fallu boire une bière de plus, mais j’ai fini par comprendre :slight_smile:

Posté en tant qu’invité par JAQ:

Bonjour,

Sujet intéressant… Sii j’ai bien compris les posts précédents, on se daube que lorsque l’on fait un effort max. Cependant, lorsque je fais de nombreux mouvements (+60) dans du facile et bien j’arrive à me daubé quand même (donc production d’acide lactique)…

Il doit avoir un détail qui m’échappe. Je pense qu’il ne faut pas trop lié l’effort max au daubage mais plutôt au fait que le muscle en activité récupére de moins en moins bien peu import l’intensité. Exemple pour le footing, on serait jamais fatigué.

C’est une hypothèse personnelle et pas du tout une étude scientifique.

[quote=« JAQ, id: 1471203, post:6, topic:129836 »]Bonjour,

Sujet intéressant… Sii j’ai bien compris les posts précédents, on se daube que lorsque l’on fait un effort max. .[/quote]

non, au contraire, tu peux dauber même dans du très facile!

en fait l’élément clé est « l’effet garrot » : à partir de 20% de l’effort maximal de tenue de prise, le sang ne circule plus dans ton avant bras, car les vaisseaux sanguins sont comprimés par la contraction.

donc tant qu’on reste figé sur une prise qui demande plus que ce fameux 20%, on « vide le reservoir » du muscle, donc on le fatigue, donc on « daube ».
Bien sur plus c’est facile (=plus on est fort par rapport à la prise) plus ce processus est lent, mais par ex si en TA on bricole longtemps pour poser un point, et on est en devers, on peut se dauber à mort tout en serrant un bac énorme…

au contraire à chaque fois qu’on lâche une prise le sang circule et le « reservoir » de cet avant bras peut se refaire un peu (tant plus vite qu’on a une bonne vascularisation du muscle etc etc)

à mon avis ce qu’il faut retenir de tous ces discours théoriques est que penser la résistance en tant que qualité physique fait plus de mal au grimpeur que du bien.
La résistance en escalade (=arriver à faire X mouvements d’une certaine difficulté) est plutôt le résultat de l’interaction entre certaines qualités physiques, tactiques et techniques…

exercice: avec un peu de raisonnement on peut comprendre pourquoi parmi les grimpeurs de haut niveau certains préfèrent « courir » dans les voies et d’autres ne ratent pas une occasion pour délayer…

1 Like

petit déterrage, je pensais avoir compris, mais ce dernier poste me perturbe
la valeur pour atteindre cet effort maximal dépend de l’individu, donc un mutant qui ne bosse que la force, aura donc jamais de bouteilles dans une voie facile pour lui car il restera en dessous de ces 20%?
donc quelqu’un qui veut gagner en resi outre s’ameliorer techniquement, devrait plutot travailler la force? a quoi servent alors les exos pour ameliorer sa ressistance (suspension longue etc)?
merci

Un point a noter quand on voit les pros : ils secouent souvent le bras entre 2 mouvements, sans s’arreter. Maitriser ces « micro-repos » fait une grande difference dans la capacite a recuperer.

Plutot qu’a ameliorer la resistance, ce qu’on veut ameliorer est la capacite a recuperer rapidement, au moindre repos. C’est ce que ces exercices travaillent reellement.
Mais oui, la force va limiter la resistance a un certain point.

2 Likes

pour mieux comprendre, en raisonnant comme si la technique (placement relachement rythme) ne comptait rien:

-sur le long terme le gros facteur limitant est le niveau de force. Des grosses variations dans le niveau de force demandent beaucoup de temps (mois, années)

-dans le court/moyen terme on peut être plus ou moins « optimisé » pour que l’avant bras récupère de façon plus efficace entre deux mouvements ou sur un repos (conti) ou pour qu’il puisse encaisser quelques mouvements de plus sur un niveau assez soutenu (rési). Cette fluctuation de forme est plus rapide (1 à 3 mois pour atteindre un pic de performance), ça se gagne et ça se perd beaucoup plus vite. Mais pour un niveau de force donné, on ne peut pas devenir « infiniment résistant », on arrive forcement à un plafond.

Ce qui complique beaucoup la donne, par contre, est le fait que les exercices ont aussi une influence technique, quand on travaille beaucoup une filière on change aussi sa façon de rythmer sa grimpe, de profiter des points de repos, d’attaquer les crux etc…

1 Like

merci, c’est interessant, j’aurais pensé qu’on perdait la force aussi vite que la resi,
donc en continuant de raisonner sans la technique, un bloqueur qui sort de sa retraite aura moins de surprises qu’un vieux falaisiste
mais globalement pour quelqu’un qui s’entraine avec une poutre (je demande ça par culture, c’est pas dans mes projets :p, mais j’aimerais bien comprendre un peu plus les mecanismes derriere tout ça ), c’est par exemple les temps (plus de 10s, moins etc) et rythmes de suspension qui vont faire qu’il developpe plûtot la force ou l’endurance, ou les deux vont se retrouver solicités par la force des choses?

Si tu veux connaitre tous les secrets de l’entrainement , procure toi le N°183 de Aout septembre 2017 du magazine Grimper , ou tu pourras découvrir les toutes dernières techniques d’entrainements

1 Like