Relais égalisant en X et double-X (noms ?)

Flashback sur 2010 : reprise de l’escalade trad/terrain d’aventure au Québec et dans les Adirondacks après un arrêt de quelques années suite à un gros accident (pas en escalade). En l’occurrence, reprise avec une perception plus aiguisée des aspects sécurité. Je revalide et mets à jour mes connaissances dans les techniques de pose de protections, d’installations de relais et d’autosauvetage. Au fil de ces lectures je réalise que ce que les anglo-saxons appellent alternativement « magic X » ou « sliding X » est différent de ce que j’ai toujours fait dans le genre relais égalisant entre 2 points.

Toutes les descriptions que j’ai trouvées sur ce système impliquent de faire un demi-tour sur un seul des deux brins de la sangle et de clipper la boucle en résultant et le brin droit ensemble avec le mousqueton central. De mon côté, il me semble que j’ai toujours fait un demi-tour sur chaque brin et clippé les deux boucles (en faisant bien attention que ces deux demi-tours soient faits dans le même sens). Je ne me souviens pas vraiment où et quand j’ai appris ce système mais ça remonte peut-être bien au tout début de mon apprentissage au début des années 80 (POs, Vingrau). Je parle de « mon » système sur rockclimbing.com mais personne ne semble en avoir entendu parler.

Plus récemment, je le montre à un français et il me dit que c’est comme ça qu’il fait les relais égalisants lui aussi. Suite à ça, je renouvelle mes recherches pour voir si j’arrive à retrouver une référence à « mon » système parmi les sites francophones. Résultat : toujours rien. Le topo Petzl sur les relais triangulés, entre autres, montre lui aussi le sliding X habituel.

Alors : le relais égalisant en « double-X » est-il connu au sein de la communauté d’escalade camptocamp ? Si oui, sous quel nom ? Quels avantages / inconvénients lui attribue-t-on ? Références SVP !

Les mesures d’égalisation réalisées par John Long et Jim Ewing et rapportées dans le livre de Long/Gaines « Climbing Anchors » ont mis en relief ce qu’ils appellent le « clutch effect » (effet de saisie) qui limite de façon aléatoire et parfois très fortement, la capacité d’égalisation du sliding X. Je n’ai vu nulle part d’analyse précise de la mécanique de cet effet mais, d’après ce que j’en comprends, le double X devrait l’éviter (quoique la boucle additionnelle introduise également un peu plus de friction).

La solution au clutch effect proposée par Long/Gaines est l’equalette mais celle-ci requiert 2 mousquetons centraux au lieu d’un, ce qui entraîne d’autres problèmes, surtout pour les relais sur 3 pièces ou plus. C’est, en grande partie, pourquoi je continue d’utiliser le double-X.

Bonjour,

Personnellement, j’utilise ce qui a l’air de s’appeler l’equalette si je me réfère à ce site. Je n’utilise qu’un seul mousqueton central. En gros, 2 noeuds sur la sangle, une boucle sur un des brins entre les deux noeuds et je clippe le mousqueton en prenant cette boucle et le brin droit.
Cela permet de trianguler les points et d’avoir une redondance avec les noeuds (si la sangle est coupée d’un côté ou si un point lâche, on tient toujours sur le point de l’autre côté et on limite l’effort dynamique sur le point restant).
C’est la méthode que j’ai apprise d’un BE à mes débuts (un dizaine d’années en arrière) et que j’enseigne autour de moi.

Si j’ai bien compris, le « clutch effect » est que la triangulation entre les deux points en utilisant le système « sliding X » n’est pas toujours parfaite (sous charge dynamique, la boucle sur la sangle peut empêcher le déplacement du mousqueton diminuant ou annulant l’effet de triangulation, quelque chose dans ce goût là).
Si la friction de la sangle sur le mousqueton central est le majeur problème (je ne vois pas d’autre raison possible), ton « double X » ne doit pas arranger la chose.

Enfin, je ne vois pas quel est l’inconvénient d’utiliser l’un ou l’autre des systèmes avec trois points ou plus.

Nota : il me semble qu’en français (France), on parle de relais triangulé et non pas de relais égalisant.

R&I s’est planté (hé oui, ça arrive). Ce qu’ils montrent comme l’equalette est le simple sliding X modifié pour prendre 3 points. L’equalette telle que décrite par Long/Gaines/Ewing ne fait pas de demi-tour. Elle clippe 2 mousqueton centraux: un dans chaque brin droit. Cette confusion entre l’equalette et le sliding X se retrouve un peu partout. La faute revient probablement à Long/Gaines. En effet, sur les 7 photos de systèmes décrits comme des equalettes dans leur livre, une est, par erreur, un sliding X à 1 seul mousqueton central.

Tel qu’illustré par R&I, ce sliding X ne distribue la charge dynamiquement qu’au niveau du point central. Long/etc. font le même compromis avec l’equalette sur 3 points. C’est si tu souhaites distribuer dynamiquement sur tous les points que les choses deviennent plus compliquées.

D’après ce que je comprends, le clutch effect n’est pas simplement de la friction. Les mesures par Long/Ewing où il a été plus spécifiquement repéré étaient sur des sangles reliant deux points à la verticale l’un de l’autre. Donc une situation où l’angle des bras est de 0 deg et où, sans égalisation dynamique, on a une charge beaucoup plus forte systématiquement sur le bras le plus court (moins extensible). Ils ont aussi rapporté que l’effet peut être essentiellement éliminé en forçant manuellement le croisement à rester au-dessus du mousqueton plutôt que de le laisser se placer à l’intérieur (sous la barre du mousqueton), comme il a tendance à le faire naturellement. Dans la position croisée à l’intérieur, l’un des 2 brins est pris dans l’étau entre la barre et l’autre brin et cet étau est particulièrement fort dans cette configuration de 0 deg. puisqu’il y a une plus grande surface de contact.

Le double X ajoute un peu de friction « normale » (cordage-sur-cordage au niveau du 2e X) mais force les 2 croisements à rester au-dessus du mousqueton, côte-à-côte, empêchant la configuration en étau. C’est pourquoi je pense qu’il élimine le clutch effect mais je n’ai pas de mesures pour le prouver.

et quand un des deux point lache, on se retrouve sur un demi cab? (pour voir si j’ai bien compris)
marrant comme variante :slight_smile:

Si on parle bien de la figure n°3, je ne vois pas pourquoi

A priori, le point le plus bas est celui de gauche, en plus, avec une double cordelette, la liaison est plus « rigide ». C’est donc le point de gauche qui prend le plus d’effort.

Si je comprends bien avec un simple X, un des brins de la sangle se retrouve « naturellement » entre le mousqueton et l’autre brin. Le double X permet en mettant un croisement de plus permet d’éloigner les deux brins et donc de supprimer cette tendance « naturelle » de chevauchement.
Personnellement, je ne pense pas avoir vécu cette situation « naturelle » de chevauchement avec le simple X, mais je reconnais que je comprends ton interrogation et le fait que le double X peut peut-être éviter ça.

En revanche, je ne vois toujours pas pourquoi le simple ou double X changerait quelque chose au niveau de la triangulation à plus de 2 points (si on met de côté le clutch effect).

Je suis d’accord pour dire que si on prend en compte la rigidité des sangles ou autres cordelettes permettant de relier les points, on a une redistribution exactement parfaite pour 2 longueurs de sangle/cordelette rigoureusement identiques et de même rigidité. Et donc on n’arrivera jamais à trianguler parfaitement un relais sur plus de 2 points. Mais si on commence à faire des maths à tous les relais, on ne grimpe plus.

J’arrive à la même conclusion

[quote=« limbo, id: 1856125, post:4, topic:168825 »]et quand un des deux point lache, on se retrouve sur un demi cab? (pour voir si j’ai bien compris)
marrant comme variante :)[/quote]

Tout à fait.