Intéressante et « courageuse » question que celle posée par la gardienne du refuge.
Question qui concerne autant la capacité à émettre un avis, à formuler un conseil (pour un gardien, une gardienne ou autre pratiquant non professionnel)…, que la capacité à le recevoir (guide ou professionnel de l’encadrement).
Lorsqu’elle écrit : « Il nous est souvent compliqué de dire à un guide « tu te trompes, ça craint », et pourtant parfois nous aimerions bien »…, comment ne pas s’interroger sur les freins qui l’empêchent d’évoquer son ressenti?
Et pourtant, qui mieux qu’un(e) gardien(ne) peut émettre des doutes sur les conditions de la montagne? Eux qui observent au quotidien ses transformations, ses évolutions, ses changements. Qui mieux qu’un(e) gardien(ne) peut se faire une idée de l’historique de son environnement proche, immergés qu’ils sont en altitude? Qui mieux qu’eux peut croiser autant d’informations recueillies auprès des visiteurs, jours après jours, pour évaluer la stabilité ou l’instabilité de la montagne?
Aussi serait-il important de s’interroger pourquoi il est si difficile d’émettre un avis, un conseil à un professionnel? La question de l’humilité ne serait-elle pas au cœur de la problématique?
Gitaneau évoque le risque de « froisser les susceptibilités »!
Sans doute que la majorité des guides apprécieront ce conseil, cette information, peut-même même cet avis en contradiction avec le projet envisagé (« tu te trompe, ça craint »). Un esprit ouvert et humble n’a aucune raison de ne pas entendre cet avis, et de l’intégrer à sa prise de décision; un avis comme un complément d’information nécessaire aux décisions à venir…!
Tous les guides ou professionnels n’auraient-ils pas cette capacité à recevoir un conseil, un avis, avec humilité?
Serait-ce la raison qui explique pourquoi « il est si souvent compliqué de dire »?
Quel pratiquant éclairée de la montagne n’a t-il pas été un jour confronté au manque de considération, au « regard de travers », sinon au mépris d’un professionnel… parce que lui ne l’est pas? Je dois bien avouer que dans ma pratique polyvalente de la montagne, il m’est arrivé d’être le témoin de cette absence totale d’humilité qui pour quelques pros, sans doute minoritaires, croient que la médaille procure à elle seule tous les pouvoirs (celui de prendre les bonnes décisions, de détenir la vérité, et de s’abstenir d’entendre les conseils, aussi avisés soient-ils!).
pensée cachée
Pour être franc, et au risque de me faire tailler, il m’arrive parfois de me dire " à quand un module humilité dispensé par l’ENSA"? (attention, je ne l’évoque pas pour les 99% qui disposent déjà de cette qualité sans qu’elle ne nécessite de formation ;))
Caricature? (qui par ailleurs doit coller à bien d’autres métiers…)
Caricature peut-être…, mais ces comportements, aussi marginaux soient-ils, ne sont-ils pas ceux qui empêchent un jour au gardien, à la gardienne, ou à l’amateur de dire « non, tu te trompes », … de crainte d’être sinon ignoré, reçu avec dédain!?
Aussi, je serai tenté de féliciter la gardienne pour son témoignage, qui en toile de fond semble marquer le regret de ne pas pouvoir partager facilement et sereinement ses avis, ses conseils. Je serai aussi tenter de l’encourager à le faire, avec plus d’aisance, parce que comme il l’a été évoqué depuis l’ouverture de ce post, personne n’est mieux placé qu’elle (qu’eux) pour émettre un avis. Et cet avis, quoiqu’il en soit, et quelque soit la manière dont il est reçu, n’exonérera jamais le professionnel de prendre et d’assumer ses propres choix, ses propres décisions.
Gardiens, gardiennes, n’hésitez pas, un homme averti en vaut deux
!
Au passage, un petit coup de chapeau pour ce métier de gardien(ne)…, qui ne doit pas être facile tous les jours!
Bon printemps « la-haut »!