Réflexion de gardien

Je partage avec vous cette réflexion du gardien d’Adèle Planchard, bien démunie après l’avalanche qui a touché le groupe qui était parti de son refuge le matin.

Toujours plaisant de suivre les saisons des Ecrins à Adèle Planchard ou au Promontoire

Prenez soin de vous!

Est-ce qu’on sait le type d’avalanche lié à cet accident ? Plaque sous les skieurs, ou partis d’au dessus, ou effondrement de corniche, ou avalanche de fonte… ?
Et s’il y-a déjà eu des accidents par avalanche sur ce versant ? De quels types ?

Le gardien ne peut que donner les retours qu’il a eu des autres alpinistes, ou lier la situation neigeuse à un accident qui a déjà eu lieu.
il peut penser que untel sous-estime le risque, mais à part lui amener des arguments qui ferait repencher la balance du bon côté, je ne vois pas ce qu’il peut faire ?

Posté en tant qu’invité par gitaneau:

[quote=« mangouste power, id: 1722229, post:1, topic:152284 »]Je partage avec vous cette réfléxion de la gardienne d’Adèle Planchard, bien démunie après l’avalanche qui a touché le groupe qui était parti de son refuge le matin.

« Le rôle des gardiens en situation de risque d’avalanche n’est pas toujours évidente. Nous n’avons ni la formation, ni le diplôme de guide de montagne (pour nous en tous cas) pour interférer dans une prise de décision. Il nous est souvent compliqué de dire à un guide « tu te trompes, ça craint », et pourtant parfois nous aimerions bien. Nous vivons au jour le jour la météo, l’évolution de la neige autour du refuge et souvent un peu plus loin en allant skier, cette expérience est sûrement bien plus parlante qu’un constat visuel du manteau neigeux. »

Toujours plaisant de suivre les saisons des Ecrins à Adèle Planchard ou au Promontoire

Prenez soin de vous![/quote]

Salut,
Je comprends la tentation de livrer tes observations ou tes conseils aux gens de passage ou aux professionnels. C’est un exercice délicat, au risque de froisser les susceptibilités.
Cela dit, tu peux consigner tes prévisions/observations sur un panneau effaçable sur le mode de l’humour ou encore dans un cahier où tu consignes par écrit les prévisions météo prises auprès des organismes compétents avec un petit encadré « commentaires du gardien »…
Bon courage.

Posté en tant qu’invité par ElGringo:

…Juste envie de soutenir la gardienne…Sans doute pas si évident pour elle.
Pas du tout envie de causer ENCORE sur les sempiternelles réflexions du « pourquoi là », et du « pas ici »…
Un accident pour enfoncer une fois de plus, une porte grande ouverte, ce n’est pas rationnel et la neige encore moins. On peut tous, un jour, se faire ramasser comme des petits Mickeys…Tous autant que l’on est!..

Quand on entend les commentaires du Maire en faire un fromage à la télé : …« il faut savoir redescendre… », on se dit qu’il ne fait pas de Montagne, ce type. Pas possible…Et faire son « Cinoche » d’un drame pareil, ce n’est pas très digne. J’ai été choqué d’entendre ça.
Un Montagnard, un vrai, avant tout, c’est surtout solidaire…

Amitiés aux familles.

Pour moi, l’avis du gardien fait partie de la prise de décision avant de décoller le matin. En 30 ans de pratique, jamais regretté un conseil de gardien. Surtout quant à l’état de la neige (ou les conditions d’un couloir, d’une goulotte), parce que personne ne suit mieux qu’eux « au jour le jour la météo, l’évolution de la neige autour du refuge et souvent un peu plus loin en allant skier, cette expérience est sûrement bien plus parlante qu’un constat visuel du manteau neigeux ». Et quand les grimpeurs précédents font état de ce qu’ils ont vécu dans la journée, les gardiens deviennent des C2C sur patte.

L’ancien gardien jean Faure du refuge des Ecrins faisait toujours un briefing sécurité.

Intéressante et « courageuse » question que celle posée par la gardienne du refuge.
Question qui concerne autant la capacité à émettre un avis, à formuler un conseil (pour un gardien, une gardienne ou autre pratiquant non professionnel)…, que la capacité à le recevoir (guide ou professionnel de l’encadrement).

Lorsqu’elle écrit : « Il nous est souvent compliqué de dire à un guide « tu te trompes, ça craint », et pourtant parfois nous aimerions bien »…, comment ne pas s’interroger sur les freins qui l’empêchent d’évoquer son ressenti?

Et pourtant, qui mieux qu’un(e) gardien(ne) peut émettre des doutes sur les conditions de la montagne? Eux qui observent au quotidien ses transformations, ses évolutions, ses changements. Qui mieux qu’un(e) gardien(ne) peut se faire une idée de l’historique de son environnement proche, immergés qu’ils sont en altitude? Qui mieux qu’eux peut croiser autant d’informations recueillies auprès des visiteurs, jours après jours, pour évaluer la stabilité ou l’instabilité de la montagne?

Aussi serait-il important de s’interroger pourquoi il est si difficile d’émettre un avis, un conseil à un professionnel? La question de l’humilité ne serait-elle pas au cœur de la problématique?

Gitaneau évoque le risque de « froisser les susceptibilités »!

Sans doute que la majorité des guides apprécieront ce conseil, cette information, peut-même même cet avis en contradiction avec le projet envisagé (« tu te trompe, ça craint »). Un esprit ouvert et humble n’a aucune raison de ne pas entendre cet avis, et de l’intégrer à sa prise de décision; un avis comme un complément d’information nécessaire aux décisions à venir…!

Tous les guides ou professionnels n’auraient-ils pas cette capacité à recevoir un conseil, un avis, avec humilité?
Serait-ce la raison qui explique pourquoi « il est si souvent compliqué de dire »?

Quel pratiquant éclairée de la montagne n’a t-il pas été un jour confronté au manque de considération, au « regard de travers », sinon au mépris d’un professionnel… parce que lui ne l’est pas? Je dois bien avouer que dans ma pratique polyvalente de la montagne, il m’est arrivé d’être le témoin de cette absence totale d’humilité qui pour quelques pros, sans doute minoritaires, croient que la médaille procure à elle seule tous les pouvoirs (celui de prendre les bonnes décisions, de détenir la vérité, et de s’abstenir d’entendre les conseils, aussi avisés soient-ils!).

pensée cachée

Pour être franc, et au risque de me faire tailler, il m’arrive parfois de me dire " à quand un module humilité dispensé par l’ENSA"? (attention, je ne l’évoque pas pour les 99% qui disposent déjà de cette qualité sans qu’elle ne nécessite de formation ;))

Caricature? (qui par ailleurs doit coller à bien d’autres métiers…)

Caricature peut-être…, mais ces comportements, aussi marginaux soient-ils, ne sont-ils pas ceux qui empêchent un jour au gardien, à la gardienne, ou à l’amateur de dire « non, tu te trompes », … de crainte d’être sinon ignoré, reçu avec dédain!?

Aussi, je serai tenté de féliciter la gardienne pour son témoignage, qui en toile de fond semble marquer le regret de ne pas pouvoir partager facilement et sereinement ses avis, ses conseils. Je serai aussi tenter de l’encourager à le faire, avec plus d’aisance, parce que comme il l’a été évoqué depuis l’ouverture de ce post, personne n’est mieux placé qu’elle (qu’eux) pour émettre un avis. Et cet avis, quoiqu’il en soit, et quelque soit la manière dont il est reçu, n’exonérera jamais le professionnel de prendre et d’assumer ses propres choix, ses propres décisions.

Gardiens, gardiennes, n’hésitez pas, un homme averti en vaut deux :wink: !

Au passage, un petit coup de chapeau pour ce métier de gardien(ne)…, qui ne doit pas être facile tous les jours!

Bon printemps « la-haut »!

Posté en tant qu’invité par nicog38:

C’était un plus… Jean Faure est guide, dans le Briançonnais qui plus est.
Si mes souvenirs sont bons, comme gardien de l’Aigle, il allait planté, seul, les broches à glace pour permettre la descente de la Meije Orientale à ses clients. Il allait au delà du service que l’on peut attendre d’un gardien, quit à assumer de grosses responsabilités car il n’était pas dans son exercice officiel de guide.

On ne peut en demander autant à tous les gardiens.

A la décharge de la gardienne d’Adèle, les guides du groupe accidenté ont été au plus prêt des conditions nivo une fois engagés dans l’itinéraire: ils restent donc les mieux placés pour prendre les décisions… Bonnes ou mauvaises, c’est l’enquête de gendarmerie qui le dira.
Il faut attendre les conclusions… mais je comprends que cela ne soit pas évident pour un gardien, étant donné son isolement relatif et l’émotion causée par un tel accident.

Bon courage

(je reprends mon message précédent qui ne s’adaptait pas forcément à l’accident dramatique du Col Emile Pic)

Même si les guides prennent en compte des avis des gardiens (je pense que c’est le cas), ce sont eux qui décident in fine :
Ce sont eux qui sont responsables de leur groupe, et qui s’exposeront eux-mêmes (ce ne sont pas des kamikases).
Il faut peut-être de la « diplomatie » pour aborder avec certaines personnes (pas forcément guides) le risque de leur itinéraire,
mais les informations données par les gardiens sont précieuses, il ne faut pas hésiter à les donner !
Ensuite, les gens en font ce qu’ils veulent.

En nivologie, on n’est en général pas sûr à 100%. Il y a déjà eu des avalanches mortelles, même par risque 2.
Et puis des fois on a l’impression que ça craint un max, et puis plein de monde passe sans problème :
et là, en fait on se sait pas si ça craignait quand même…
C’est parfois difficile d’évaluer le risque, surtout en plus lorsque l’itinéraire est en traversée, avec différentes orientations de pentes, différents vallons. Difficile de décider d’y aller ou pas.

Merci à la gardienne pour son témoignage, en lui souhaitant ainsi qu’à son compagnon, une belle saison à Adèle Planchard.

Posté en tant qu’invité par lolll:

je suis pas d’accord sur le supposé manque d’humilité des guides.
Même si les guides en question étaient très sympa, ouverts et humble, il n’en reste pas qu’ils sont guides et pas la gardienne, et que ca change tout. Inconsciemment ou pas, son avis ne peut pas etre traité à égalité avec celui du guide.

C’est exactement comme au boulot… Vous n’avez jamais vécu ça ?

merci pour cette confirmation car c’est ce que je croyais.

Tiens ! pourquoi ça ? les guides sont comme les papes, infaillibles ? La possession d’un diplôme ne dispense pas de faire des erreurs. C’est exactement comme au boulot… tu n’as jamais vécu ça ?

Posté en tant qu’invité par lolll:

[quote=« Francois, id: 1722283, post:12, topic:152284 »]

Tiens ! pourquoi ça ? les guides sont comme les papes, infaillibles ? La possession d’un diplôme ne dispense pas de faire des erreurs. C’est exactement comme au boulot… tu n’as jamais vécu ça ?[/quote]

je dis juste que c’est se leurrer que de croire qu’il puisse exister une discussion d’égal à égal entre un guide et un pratiquant lambda, fut ce un gardien. Je ne dis pas que c’est justifié, je constate seulement … après avoir justement vécu ce type de soucis dans mon travail.

Posté en tant qu’invité par claude G:

mon expérience des conseils d’un gardien de refuge.
1998 : arrivée au refuge Durier dans un brouillard pas possible après la traversée des Dômes de Miage. Le gardien, sympa, était venu à notre rencontre au pied du petit rappel avant le refuge. Le mauvais temps persistant, il nous avait fortement déconseillé un aller-retour à l’aiguille de Bionnassay. Son expérience était surement très supérieure à la nôtre et nous avons pris le chemin de la descente en compagnie de 2 autres cordées.
Bien nous en a pris car, malheureusement, ce matin là, une cordée a dévissé.

Je ne sais pas s’il était guide mais il connaissait le secteur et la montagne.

Posté en tant qu’invité par jano Faure:

j ai eu autant de plaisir a etre remercier des petites attentions que j apportais a mes hotes ( meme si legalement equiper ou securiser un itineraire ou preter du matos pose des problemes juridiques…) que j ai ete assommé lorsque des " journalistes" m avaient mis en cause lors d un accident ( deja a Neige Cordier !).
Je ne connais pas la gardienne de Planchard : qu elle continue son boulot sereinement…avec passion.

Posté en tant qu’invité par Un des hôtes:

[quote=« jano Faure, id: 1722298, post:15, topic:152284 »]j ai eu autant de plaisir a etre remercier des petites attentions que j apportais a mes hotes ( meme si legalement equiper ou securiser un itineraire ou preter du matos pose des problemes juridiques…) que j ai ete assommé lorsque des " journalistes" m avaient mis en cause lors d un accident ( deja a Neige Cordier !).
Je ne connais pas la gardienne de Planchard : qu elle continue son boulot sereinement…avec passion.[/quote]
Je fais partie de ceux qui ont bénéficié tout à la fois des « attentions » (Abalakov à la rimaye), comme de l’excellente ambiance que tu réussissais à créer à l’Aigle, malgré les conditions difficiles, l’exiguïté, etc, etc…
… Et je n’oublie pas le petit salé aux lentilles !

Grand merci pour tout.
Très amicalement.

Un qui passait par là.

Juste quelques petites précisions et ou corrections de la part des gardiens du refuge Adèle Planchard.
Cette réflexion n’était pas uniquement en lien avec l’accident tragique du col Émile Pic, mais un ressenti plus général. Nous ne voulons en aucun cas accabler un peu plus les deux guides concernés.
Donner des conseils à des guides nous le faisons tous les jours sans le moindre problème, la plupart du temps ils en sont demandeurs. Mais leur dire que nous les pensons dans l’erreur est autrement plus compliqué.
Autre petite précision, il s’agit là du point de vue du gardien et non celui de la gardienne.

Noëmie et Aurélien, les gardiens du refuge Adèle Planchard

Posté en tant qu’invité par Du mal a y croire:

En d’autres termes, les guides seraient trop imbus de leur personne pour écouter sérieusement l’avis d’un gars connaissant le secteur mieux qu’eux? J’ai du mal à y croire que ce soit le cas de la plupart. Comme dans toutes les professions, il y a des cons, des orgueilleux, mais aussi des gens plus humbles et plus sages.

D’un côté il y a le guide, le professionnel et le responsable en cas d’accident, formé, diplômé et qui passe beaucoup de temps en montagne sur de multiples lieux différents avec des clients différents. De toute façon c’est lui qui décide.
De l’autre il y a le gardien, qui connait mieux que quiconque son secteur avec son vécu météo local irremplaçable, mais qui, par son métier, passe certainement moins de temps en montagne que le guide.
Mais la problématique n’est pas si binaire. On est dans une environnement bien plus complexe.

Certains guides, alpinistes autonomes, vont écouter le gardien. D’autres peut être non. Certains accepteront les conseils, d’autres non.
Certains gardiens sont peu concernés par ce qui se passe en dehors de leur refuge, d’autres non. Certains estiment que leur travail consiste à informer, d’autres non.
Et en plus, il y a ce manteau neigeux que personne ne sait modéliser à ce jour. On estime…et on prend sa décision.
Et sans compter la météo, qui d’un versant à l’autre de la même montagne, sera peut être différente.

La proposition de Gitaneau de consigner sur un tableau, un livre, le ressenti du gardien (et de la gardienne) sur les conditions est une bonne idée. Tout le monde peut le lire, en tenir compte ou non, le prendre bien ou mal. Mais il ne faut pas que ça devienne systématiquement « compris dans le service » du gardien. On peut comprendre que tous les gardiens n’adhèrent pas à ce mode communication.

Après être passé à Adèle Planchard, au Chatelleret, au Promontoire, à la Lavey, et dans pas mal d’autres refuges de montagne: Gardiens vous vous avez chacun votre style et je (on) vous écoute. Mais parfois, mon (notre) envie de réussir la course, ajoute de la distorsion dans votre discours. Et là ce n’est plus vôtre problème.
Mais sans vous, nous ne pourrions pas profiter de la même manière de cet environnement sublime. Alors, accueillez nous, enrichissez nous de votre vécu, de votre connaissance des lieux, et tant pis pour ceux qui ne veulent (peuvent) pas entendre. Face à cet environnement complexe, en tant qu’alpinistes nous acceptons les règles du jeu qui nous sont imposées par l’environnement montagnard. Si nous n’avons pas su tenir compte des conseils et signaux d’alerte, vous n’êtes pas responsables des conséquences.
Et si vous estimez que votre rôle n’est pas d’informer, de mettre en garde, d’alerter. Eh bien vous avez également raison.
Bref faites comme vous le sentez. Et personne ne doit vous en tenir rigueur, d’un côté comme de l’autre.
C’est certainement plus facile à écrire qu’à vivre au quotidien… Et le réflexion d’Aurélien est tout à fait légitime.

Posté en tant qu’invité par luc48:

je ne comprend pas ce debat : Un gardien s’occupe du refuge. On peut raler apres lui si c’est sale si on bouffe mal (etc voir nombreux autres débats par ailleurs).
Il n’est pas chargé de la sécurité et n’a, sauf exception, pas d’autorité pour le faire.
Bien sur, il a tres souvent une grande connaissance de ‹ sa › montagne, de son historique (evolution des conditions etc) et peut donner des conseils mais ca s’arrete là.
Il n’est pas dans les godasses de celui qui a pris une mauvaise décision.
Sinon, tous les gardiens sont responsables de tous les tués en montagne qui ont dormi en refuge … C’est absurde.
Il reste le sentiment de responsabilité que peut éprouver un gardien après un accident, mais c’est là un problème exclusivement personnel.