Réchappe en crevasse : noeud de coeur ou ficellou

Je zieutais récemment les techniques de remontée sur corde en cas d’auto-sauvetage en crevasse. Ma question concerne l’autobloquant du bas (en haut je ferais un nœud de bachman). En gros, en l’absence de matériel spécifique, il y a deux solutions :

-Nœud de cœur
-Machard/prussik/… bref autobloquant avec une cordelette

Perso le nœud de cœur je suis pas fan. Je me plante une fois sur deux (il bloque toujours ans le mauvais sens) et en plus j’ai l’impression que si la corde navigue dans les mousquetons ça bloque plus rien du tout. Du coup ça serait pas plus simple de prévoir deux ficellous? Un long pour une poignée Bachman et un court pour un machard? Ou est-ce qu’il existe une troisième solution miracle ?

De quelle situation parles-tu exactement ?

S’il s’agit de faire de la remonte sur corde pas trop longue, je ferais simplement deux prussiks. ( j’ai toujours deux cordelettes sur moi en montagne, c’est ce qu’il y a de plus polyvalent )
Ceci dit, je n’ai jamais essaye d’utiliser le noeud de coeur pour la remonte sur corde, mais je doute que ca soit tres pratique a cause des frottements dans le noeud mais je peux me tromper.

Sinon, j’ai appris a faire le noeud de coeur en mettant les doigts des mousquetons a l’oppose ce que je trouve plus lisible.

Enfin, en crevasse, tu n’es pas tout seul donc j’aurai tendance a attendre que les autres m’aident a sortir, surtout si je ne sais pas si ils ont pu faire un bon relais ou pas.

La situation serait la suivante. Moi au fond, en bon état et capable de faire des manips (c’est à dire pas archi-coincé entre les parois de la crevasse) et un second qui assure un ancrage correct. A priori pas d’autre seconds qui pourraient aider à me sortir.

Je décide donc de sortir par mes propres moyens (beaucoup plus rapide qu’un mouflage, évite la galère pour le passage de la lèvre).

C’est clair qu’un prussik en bas c’est sûr et il n’y a aucun moyen que je me plante en le faisant, par contre la corde va devoir être tirée en bas à chaque traction. Alors que le nœud de cœur, si ce que j’ai lu sur le net est correct, ne présente pas ce désavantage.

perso, je préfère largement un noeud français (machard dans lequel tu repasses les brins de tourner dans la boucle initiale), qui est beaucoup plus facile à déplacer que le prussik, plus directionnel (il monte facilement mais de descend pas, c’est son principe), se débloque plus facilement que le prussik et pour lequel tu ne peux pas te tromper sur le sens. Deux noeuds français en haut et en bas, çà marche assez bien.

Pour tous ces types de noeuds, le problème, c’est toujours de tendre suffisamment la corde par en bas pour débloquer le noeud du bas (pour celui du haut, on a le poids du corps dessus grace au pied). Le marchard (ou le noeud français), tu n’as pas besoin de trop tendre la corde, il monte quand même.

Bon, dans tous les cas, la manip dépends un peu de la configuration etc, mais ce qu’on m’a appris c’est que celui qui est en haut fait son relais, le teste bien, utilise le reste de la corde (qu’il avait en anneau autour du buste ou dans son sac) pour s’assurer jusqu’au bord de la crevasse ou du moins assez pres pour pouvoir communiquer avec celui qui est tombe et eventuellement le moufler.

Pour la remonte sur corde avec un prussik ou autre noeud autobloquant, il faut des cordelettes assez longues ou les rallonger avec des sangles pour etre efficace : il faut pouvoir remonter bien haut l’autobloquant du haut et ne pas avoir a aller chercher trop bas l’autobloquant du bas.

Sinon, je suis d’accord sur le fait que le noeud francais frotte moins, mais je trouve qu’il est plus difficile de le faire propre avec une cordelette mouillee ou un peu gelee. Le choix du noeud autobloquant est qqch de personnel de toute facon.

tu dois prendre en compte la dépense d’énergie que tu vas devoir employer dans ta remontée…

Tout en ayant un coût relatif, un ropman au pontet avec le mou de la corde qui remonte vers le haut et redescend vers ta main via un mousqueton de renvoi, c’est trés efficace.

De plus trés utile en cas de moufflage (situation externe à la crevasse par exemple, pour un second dans l’impossibilité de se remonter).

Attention, comme tout matériel mécanique, un certain apprentissage est nécessaire.

Sinon par expérience, la poulie bloqueur de chez petzl, plus cher mais plus de rendement et trés fréquente dans le massif de cham par exemple.

Attendre au fond que ceux restés en haut te remonte n’est pas une bonne idée sauf s’il sont vraiment très nombreux. Un mouflage, c’est toujours l’usine a gaz et ça marche moins bien que la remontée sur corde.
Pour installer le noeud de coeur d’emblée, il faut dans tout les cas se détacher (que la réserve soit dans le sac ou en anneaux ne change rien), ce que je ne fait pas. Donc pas utilisable.
Si je n’ai ni ropeman, ni poulie bloqueur ni poignée: autobloquants avec cordelettes. Pour ma part je n’utilise que le Machard (en passant les deux boucles directement dans le mousqueton) qui est bidirectionnel. Il bloque moins que l’autre (boucle inf passée dans la boucle sup) il faut donc faire un nombre de tour suffisants.
Ce qui est assez dur (mais moins que le passage de la lèvre bien sur), c’est de s’installer sur les autobloquants quand on pend au bout. C’est mieux de s’entrainer avant.
Pour tendre la corde en bas, y mettre le sac avec un mousqueton coulissant (première chose à faire).
Un WE sécurité glacier avec sortie de crevasse est quelque chose qu’il faudrait refaire assez fréquement

Dans la situation que tu décris, je vois 2 choses à ne pas oublier :

  1. Il gèle. Cela signifie que ton machard va écraser un peu de neige sur la corde, et va geler en 2 secondes. Du coup, il va être compliqué de le défaire.
  2. Il y a la lèvre de la crevasse à passer, pour lequel tu dois pousser ton bloqueur a un niveau suffisant malgré le frottement contre la neige, et le décoincer ensuite.

Et quelques éléments personnels pour alimenter ta réflexion :
J’ai fait un exercice de sortie de crevasse en hiver, avec des machards. Malgré 20 ans d’expérience de remontée sur corde spéléo, je ne suis pas parvenu à m’en sortir (bloquage des machards par le gel, passage de la lèvre trop physique pour moi ce jour là)
Je connais deux personnes qui ont du faire des réchaps en crevasses. Sur glacier, elles se promènent maintenant systématiquement avec des bloqueurs, malgré le surpoids.

A toi de choisir ton équipement, mais je te suggère de faire un essai « réel » (par exemple en hiver, dans une congère : ça permet de s’en sortir par le bas si ça ne fonctionne pas)
Pour ma part, suite à mes essais malheureux et aux conseils du guide formateur, j’ai mainternant toujours sur moi une poignée spéléo (pour défoncer la lèvre de la crevasse), et un tibloc.

Posté en tant qu’invité par camox:

idem sam soul, sur glacier j’ai toujours une poignée ascension + minitraction, pour avoir testé en réel avec des bloqueurs mécaniques tu remontes 2 à 3 fois plus vite qu’avec des cordelettes , la poignée est très efficace pour passer la lèvre, bien sur c’est plus lourd que des ficelles…

je ne connais pas la configuration en crevasse mais moi en réchappe j’utilise le nœud Rémy pour remonter : http://olivier.humbert1.free.fr/technique/noeuds/remy.html
Les explications sur ma page présentent le nœud Rémy au relais. Il faut donc retourner les images pour le faire au pontet.

je confirme que des machards, c’est beaucoup plus fastidieux que des poignées, mais d’un autre coté, « normalement », çà doit pas arriver, ou si peu… mais ce coté passage de la lèvre est sans doute de meilleurs arguments, surtout si on est avec une personne dont on doute qu’elle pourra vraiment vous sortir de la crevasse toute seule…

Je ne trouve pas que le mouflage soit quelque-chose d’aussi terrible que ca. Meme sans materiel specifique, je trouve que ca marche assez bien pour qu’une seule fille soit capable de moufler un homme sur une dizaine de metres (teste en exercice avec comme unique materiel quelques mousquetons et 2 cordelettes longues).

Le seul probleme, c’est que je pense que la force exercee sur le relais est enorme donc il faut vraiment betonner, ce qui n’est pas toujours facile sur glacier. Ceci dit, je ne me vois pas non plus commencer a remonter sur la corde sans que celui qui est en haut ne le sache. Ca m’interresserais de savoir ce que celui qui est en haut est sensé faire si il ne vous entends pas (ce qui est je pense tres frequent)

Je suis d’accord, et dans le cas ou ca arrive, on devrait pouvoir s’en sortir sans donc je m’en passe également pour le moment. J’hesite plus sur le tibloc ou le ropeman par contre. Peut-etre que si je passais plus souvent sur des glaciers pourris et isoles je changerais d’avis.

C’est quoi un mousqueton coulissant ?

En fait non. La force sur le relais d’un mouflage est d’au maximum celle du poids du grimpeur. Comme lors de la traction sur le mouflage, on tire sur le brin entre le relais et la charge, on soulage en fait le relais.

J’ai déjà vu sur ce forum plusieurs schémas avec les différentes forces à l’œuvre. Par contre je sais plus exactement où.

Réaliser correctement un mouflage efficace (triple) en situation de stress c’est pas toujours évident. Et si tu as mal fait les choses au niveau de la tête de mouflage (ex noeud autobloquant mal posé qui ne coulisse pas bien) un fois le transfert de poids fait, c’est terminé (d’ou l’intéret d’une mini traxion ou équivalent).
Mais le vrai problème est que la corde va s’enfoncer dans la lèvre de la crevasse. Ensuite ça frotte ou même ça coince. Le passage de cette lèvre est difficile quand on remonte soi-même (dur de remonter le machard quand la corde s’est enfoncée dans la lèvre). Et c’est la galère quand on moufle. Il va souvent falloir casser la lèvre et appliquer des forces importantes pour compenser les frottements/coincements de la corde (c’est pour ça qu’il vaut mieux que l’ancrage soit bon).
Il faut essayer le mouflage et la remontée sur corde dans une situations proche du réelle (vraie crevasse ou congère). Ça n’a rien à voir avec des essais en falaise ou autres. C’est aussi pour ça qu’il vaut mieux suivre le conseil donné par d’autres: une poignée et un bloqueur mécanique plutôt que des machards.
C’est pas mal aussi de faire une vraie formation sécurité glacier bien complète (avec un club ou un professionnel). Ça change la façon de voir les choses.

Une fois l’ancrage terminé (et le transfert fait), il s’autoassure avec un noeud autobloquant sur le brin de corde qui va vers la crevasse. Il se détache ou défait les anneaux de buste (selon le type d’encordement qui avait été choisi) et, autoassuré, il s’approche de la crevasse (éventuellement en rampant) pour 1) voir si son coéquipier est conscient et capable de remonter par lui même et 2) essayer de placer quelque chose sous la corde pour qu’elle ne continue pas à s’enfoncer dans la lèvre. Si nécessaire, il envoie la réserve corde à son coéquipier en faisant ce qu’il faut pour qu’elle ne s’enfonce pas dans la crevasse.
Si son coéquipier est inconscient, il installe un mouflage et essaye de remonter son camarade (en n’oubliant pas de prier pour qu’une autre cordée arrive vite).

Tu clip un mousqueton sur ta corde entre ton noeud d’attache et les systèmes autobloquants (machard, ropeman, poignée, etc) et tu y met ton sac. Tu seras moins gêné pour te redresser puisque tu ne l’aura plus sur le dos. De plus, une fois qu’une boucle sera faite et que ton poids sera sur les autobloquants, ça tendra ta corde vers le bas. Le sac remontera en même temps que toi mais sur une demi-distance à chaque fois.

Mis a part ca, je suis d’accord : dans mon cas, il s’autoassure avec la corde restee libre (en anneau ou dans le sac). Mais c’est un detail.

Ca, je ne sais pas si j’ai bien compris: tu restes encordé? Au depart, le sac a dos va te gener (il est sur ton ventre). Ensuite tu vas a moitie le porter pendant que tu remontes sur la corde non?

Personellement, j’aurais tendance a utiliser la reserve de corde pour me faire une pedale pour me mettre en tension sur mon autoblocant de pontet et monter un peu, puis me decorder pour n’etre plus que sur l’autoblocant, mettre le sac la ou j’ai fait la pedale et me faire une pedale de pied avec mon deuxieme autoblocant. Je recupererai le sac une fois en haut en tirant la corde. Comme ca, je n’ai pas besoin de le porter.

L’enfer c’est que les autres ne sont pas tous d’accords… Plus serieusement, je juge que pour l’instant, le risque que je tombe dans une grosse crevasse est tres faible, et que meme si ce sera la galere, je devrais pouvoir m’en sortir avec l’aide de ma cordee donc ca me suffit. Tant pis si ca me gache mon weekend.

Je vois assez mal comment tu peux faire ça si tu es en tension sur ton noeud d’encordement.
Pour que ton nœud d’encordement ne soit plus sous tension lorsque tu monte sur la pédale il faut que celle ci soit reliée à la corde au dessus (et non pas au dessous) de ton nœud d’encordement. Il faudra donc de toute façon mettre la pédale sur un un dispositif autobloquant placé au dessus de ton nœud. Dans ce cas pourquoi utiliser la réserve de corde? Pourquoi ne pas prendre simplement une sangle pour faire la pédale?

Sinon, utiliser la réserve de corde pour se déleste,pourquoi pas, surtout si en plus du sac il y a les skis. Mais avec ce système du mousqueton coulissant on ne sent pratiquement pas le poids du sac quand on remonte (quasiment divisé par deux).
Et si le noeud s’est un peu serré pendant la chute, je préfère ne pas avoir à le défaire

Perso dans ce genre d’exercice je suis toujours remonté avec deux machards (tresse) placés d’avance à portée de main (i.e sur le haut des bretelles du sac), quitte à prendre une cordelette plus longue pour le pied, ou à rajouter une sangle. Le noeud de coeur je sais pas faire et je m’en passe très bien :wink:
En réel j’ai toujours été retenu par des copains vigilants, merci à eux :wink:

Il est clair que sauf blessure invalidante c’est au chuté à se tirer d’affaire tout seul. Un vrai mouflage nécessite non seulement de la force, mais aussi du sang-froid et de la technicité pour que le point soit béton. C’est déjà pas mal que le second ou la seconde sache fixer la corde de remontée, et mieux lancer l’autre bout après s’être auto-assuré, pour éviter les problèmes de lèvres.

En cas de blessures invalidante, c’est le 112 sauf si ça passe pas, ou si conditions de vol hélico pas glop : éviter de mobiliser n’importe comment un blessé dont on ne sait pas ce qu’il a, sauf s’il n’y a aucun moyen de faire autrement.

Ne pas oublier de tenir compte des vêtements du chuté si l’attente risque de se prolonger, c’est un facteur pour essayer d’agir vite avant l’arrivée des secours.

Posté en tant qu’invité par max45:

Salut,

Que pensez vous du mouflage autrichien ? J’en ai entendu parlé lors d’un cours de formation en Suisse… Le système m’avait l air top a condition de posséder une réserve de corde suffisante ( 2 fois la distance séparant la personne a l’extérieure et celle en crevasse) Ca fait quand même pas mal de corde…
Mis a part ça il neccesite très peu de matos et élimine le problème délicat du passsage de la lèvre de la crevasse.

késako ?