Posté en tant qu’invité par florian:
J’ai lu le livre de LD et j’ai aimé. Il ne fait pas étalage de ses succès. Il rappelle que l’aventure est encore possible. Certes il publie chez Grasset pour se démarquer. Il y a un lexique à la fin mais le lecteur de littérature de montagne du dimanche n’est pas forcément au fait des termes de l’artif et autres. C’est un peu ampoulé parfois et platement spontané un peu plus loin. Peut-être faut-il lire le « Vertical Pleasure » (seulement en anglais et malheureusement introuvable) de Mick Fowler pour trouver une éthique proche avec un peu plus d’humour et un peu moins de prétentions littéraires. En tout cas ce n’est pas un mauvais livre. Je pense que c’est surtout un livre trop décalé qui, à ne parler que de choses oubliées, ne parle plus aux lecteurs.
J’avais relevé dans le livre de LD ce passage qui résume bien, je crois, l’esprit de l’auteur :
« Ces montagnes ignorées des feux de la rampe, qui ne comptent pas parmi les plus hautes, et donc les plus prestigieuses, de notre terre. Elles offrent cependant tous les ingrédients d’une aventure totale : une très haute difficulté technique parfois liée à un accès complexe, résolus avec un style et une éthique puristes (by fair means, comme aiment à dire les Anglo-saxons, c’est-à-dire avec une limitation de moyens et souvent pas de radio, pas d’assistance, pas d’approche mécanique). Tout cet ensemble parachève l’aventure et peut amener l’homme bien plus haut que la cime de l’Everest.
Et contrairement aux géants de notre planète, ces montagnes ne sont soumises ni à des royalties, qui iront enrichir des gouvernements douteux (l’éthique doit-elle s’arrêter quand cela nous arrange ?) ni à de sévères restrictions (dans une pratique sans contrainte ne retrouve-t-on pas l’un des fondements de l’alpinisme ?). Et l’altitude ne constitue pas forcément un critère décisif dans l’évaluation d’un « exploit » : il existe des sommets de plus de 8000 m accessibles à un alpiniste un peu entraîné. A l’inverse ce même alpiniste ne pourra pas gravir certains sommets de 2000 m, parce que trop techniques ! L’évaluation de la performance en alpinisme reste très complexe, car innombrables sont les facteurs rentrant en ligne de compte, et multiples sont les directions de l’alpinisme. Mais par-delà la performance pure, n’est-ce pas ce que l’on retire d’une ascension (dont éventuellement on pourra transmettre l’essence…) qui importe ? »