Posté en tant qu’invité par Chems:
Bonsoir à tous
J’ai enfin décidé à essayer de comprendre les notions de nivologie après avoir uniquement fonctionné sur l’estimation du risque avec des connaissances restreintes issues de l’expérience (pente, convexités/concavités, vent, quantité de neige récente,etc).
J’ai donc potassé pal mal d’ouvrages spécialisés notamment ceux de l’ANENA. Je tiens à préciser en préambule que je suis tout à fait d’accord avec ce que beaucoup ont dit à savoir que la nivologie n’aidait pas spécialement à agir en toute sécurité. Il n’empêche que j’ai maintenant envie de comprendre ce qui se passe sous mes spatules et que je me prends à jouer « l’apprenti nivologue » devant mon chalet et pas dans une pente de neige pour savoir quel type de grain j’ai dans les mains. Il s’avère que la réalité est plus complexe que les schémas des bouquins.
Je vous propose de vous livrer dans les grandes lignes ce que j’ai compris de mes quelques jours de lecture car j’ai encore plein de doutes/questions et que certains/certaines ici ont l’air d’être des spécialistes.
Je précise encore que ma démarche est de [b]mettre en relation les données nivologiques (assorties des connaissances en physique / chimie) avec les connaissances empiriques rencontrées sur le terrain (neige soufflée, croûtée,…) pour que ces connaissances servent réellement en pratique.
Pour cela je vous propose de retracer l’évolution que peut prendre une strate de neige de sa chute à sa fonte.
La neige tombe : déjà plusieurs options soit il fait proche de 0° et la neige est humide et collante (on peut en faire des boules de neige). Pour moi si les températures restent proches de 0 voire à peine positive on se situe directement sur une métamorphose de fonte et donc des grains ronds assez vite (le lendemain?). La cohésion lorsqu’on fait des boules de neige est capillaire Vrai ou faux?
Deuxième option : il fait plutôt froid quand la chute a lieu donc neige poudreuse très légère sans cohésion impossible de faire des boules de neige. Pour autant la neige tient aux arbres grâce à une cohésion de feutrage. Vrai ou faux? Mais alors il me semblait que la cohésion de feutrage correspondait à l’enchevêtrement des dendrites des cristaux. Or l’anena précise qu’en fonction de la température il peut s’agir de colonettes ou de plaquettes : quid alors de la cohésion de feutrage?
En même temps que la température des actions mécaniques peuvent se produire : vent et poids de la neige au sol qui a tendance à tasser la neige. Que veut dire tasser la neige (j’ai bien compris que ca veut dire diminuer l’épausseur du manteau neigeux donc à priori le stabiliser) mais d’un point de vue nivologique :passer du cristal en particule reconnaissable puis grains fin et cohésion de frittage si grand vent?
Une fois que la neige est tombée arrive la question des métamorphoses de neige sèche et humide.
Pour la neige sèche tout a très bien été évoqué. En résumé la métamorphose destructive ou d’isothemie ou de faible gradient (ce sont les trois termes que j’ai trouvés qui sont synonymes d’après ce que j’ai compris) conduit à la formation de grains fins et la cohésion de frittage. Si il fait froid (métamorphose constructive ou métamorphose de gradient) formation de grains à face planes voire gobelets (je ne reviens pas vers les processus de sublimation et recristallisation liés à la pression saturante de l’air qui ont été très bien expliqués) donc d’une couche légère sans cohésion. je m’arrête d’abord ici pour bien comprendre : de la neige tombe par températures négatives en face N en hiver. Il continue de faire froid à très froid on dit que la neige est restée poudreuse de manière caricaturale. Pour moi en réalité on skie sur des grains à face planes ou gobelets : est ce que c’est vrai ou faux?? En résumé toute neige poudreuse s’est retransformée mais en restant légère?
Si des gobelets se sont formés processus irréversible jusqu’à la fonte sinon si il refait moins froid on peut repasser sur des grains fins.
Le vent intervient et souffle très fort en créant des accumulations : si c’est des grains fins, cohésion de frittage très forte et création d’une plaque à vent, ce qui voudrait dire que chaque fois qu’on trouve de la neige soufflée béton où il faut mettre les couteaux on est sur une potentielle plaque à vent? Les plaques de neige qui se créent sans vent uniquement par métamorphose destructive (faible gradient) ne sont donc pas compactes (quid alors de la cohésion de frittage?)? Quel est l’effet du vent sur des faces planes ou gobelets : accumulation d’accord mais cohésion ou pas? Lorsque le vent souffle sur un versant il durcit la neige qui reste au vent en lui donnant une cohésion de frittage forte mais la neige qui s’accumule de l’autre côté peut être moins compacte voire poudreuse? En fait de la neige poudreuse et légère peut elle constituer une plaque (je crois que oui mais c’est ce que je n’arrive pas à comprendre)?
La question de la neige cartonnée : pour moi il s’agit d’une cohésion de frittage sur une couche plus légère sans cohésion (une mini plaque à vent finalement) assez fine et qui s’écroule un peu comme du carton quand on passe dessus, c’est ça?
Pour la neige humide : là tout parait plus simple, c’est le cycle classique du printemps avec fonte et regel nocturne et cohésion capillaire et de regel. L’intermédiaire c’est la neige croûtée dans les versants sud. Pour moi la neige croûtée cest une fonte du manteau neigeux en surface et donc la formation de grains ronds sur les grains de neige sèche et plus froide qui fait que ca fond en surface le jour sur une faible épaisseur et que ca regèle la nuit (cohésion de regel) sur cette même faible épaisseur et que ca casse quand on skie dessus.
Voilà ce qu’il me semble avoir retenu mais de nombreux doutes persistent et vos remarques seront toutes les bienvenues