Question d'ordre nivologique

Et oui…
Mais attention, « soufflé » n’implique pas forcément neige dure à très dure. Ca peut être juste de la neige avec de la cohésion, dans laquelle les skis s’enfoncent en faisant des rails (bien chiant à skier).

Et pourtant, après un épisode de vent qui a cartonné des pentes poudreuses, le carton peut disparaitre par faceplanisation. Exemple. Bien sûr, plus le carton est épais et dense, plus ce sera long, et le fort gradient risque de ne pas durer assez longtemps.

Les vraies faces planes sont très fluides, comme de la fraiche très légère, et plus que de la fraiche « normale ». Les faces planes glissent bien mieux, et permettent de faire des godilles dans du 10° sans perdre de vitesse.
Par ailleurs, la fraiche est souvent homogène sur son épaisseur, alors que les faces planes sont souvent de moins en moins avancés avec la profondeur. On a donc une cohésion croissante avec la profondeur, donnant un meilleur rebond qu’avec de la fraiche.

En général ça sera une sensation de skier dans de la poudreuse !
Une plaque friable, ça peut être (souvent ?) une couche de poudreuse un peu fritté dans sa partie inférieure. En ski, soit tu ne traverses pas jusqu’à la couche fragile, soit tu traverses sans forcément t’en rendre compte.

Une accumulation de neige par le vent aura souvent un peu ou beaucoup de cohésion de frittage (elle peut être masquée par une neige tombée ensuite sans vent). Ceci dit, il ne faut pas trop se focaliser sur le vent, c’est l’erreur de nombreux pratiquants de la montagne. Le principal facteur de présence de plaques, c’est la présence de couches fragiles préexistantes : soit des faces planes voire gobelets (ils sont plus rares), soit une couche de neige fraîche légère. Quand cette couche fragile est recouverte soit par une accumulation apportée par le vent, soit par une nouvelle chute de neige (tombant à température assez proche de 0°C ou ventée pour avoir suffisamment de frittage), alors on a une plaque, qui persiste jusqu’à ce qu’elle se désagrège sous l’effet d’un fort gradient ou que la couche fragile se consolide ou les deux en même temps. Un profil de plaque peut disparaître en une journée voire quelques heures à peine quand l’évolution est rapide, ou au contraire persister pendant plusieurs jours, pour ne pas dire plus d’une semaine dans certains cas. A noter aussi que des profils de plaque persistants (couche fragile en gobelets ou gros faces planes) deviennent peu dangereux quand la couche fragile est très enfouie (plus d’un mètre) car le skieur n’arrive plus à déclencher.

tiens une question bête:
y a t’il plus de risque de déclencher une avalanche en raquettes ou en skis ?
quand les couches fragiles sont enfouies, je suppose qu’il n’y a pas de différences
mais une plaque friable en surface ?

les skis coupent plus la neige, à ce qu’il me semble, mais les raquettes fond rapidement des « tranchées » a la fois plus profondes et plus compactes; dans quel cas y a t il le plus de risque ?

Ben non, les skis s’enfoncent moins que les raquettes, ils coupent moins la neige.
Le problème est : est-ce qu’on va déclencher la couche fragile ? Plus on s’enfonce, plus on se rapproche de la couche fragile, et plus il y a de risque de la déclencher.
Mais bon, quand on en est à regarder l’enfoncement à 10cm près, c’est qu’on n’a rien à faire là, il aurait fallu renoncer avant, que ce soit en raquette ou à ski. Car si on est sur plaque déclenchable en raquette mais pas à ski à un endroit, peut être que 5m plus loin elle est déclenchable en raquette et à ski…

[quote=« Oncle Bill, id: 1458332, post:74, topic:128731 »]

En effet, à altitude élevée, la base du manteau neigeux est à température négative. Grosso modo plus haut que 2500 m, sauf peut-être en sud.

Si les BRA font rarement cas de la haute montagne, c’est surtout par manque de données d’observations.

Le danger d’avalanche, surtout pour les plaques, est plus faible en haute montagne qu’en moyenne montagne en plein hiver : vent fort fréquent qui « bétonne » la neige, gradients de température plus faibles > deux facteurs qui font que la constitution de mauvaises sous-couches est moins « favorable » en haute montagne qu’à plus basse altitude (en plein hiver).[/quote]

Merci pour cette réponse très claire. C’est vraiment très appréciable de voir des gens compétents prendre de leur temps pour partager leur savoir. Merci pour toutes les réponses constructives!! :slight_smile:

+1 !

Merci pour tes interventions Oncle Bill.

Par contre, la longueur de trace, à la montée et à la descente, est généralement plus longue à sksi qu’a raquettes. Donc sans adapter la trace, à enfoncement équivalent, la probabilité de passer sur une zone « fusible » est plus élevée à ski.

c’est juste,plus on trace long, plus on à de …chances de décrocher "le gros lot!!!
D’ou la nécessité d’adopter une construction réfléchie de la trace, en fonction de ce qu’on voit et connait de la situation ou l’on se trouve:c’est l’avantage du skis plus polyvalent dans les déplacements montées descentes que la raquette qui va plus tout droit dans la pente.
Les couches fragiles n’ont pas partout la meme « immersion », en particulier , elle « remonte en surface » près des bords de plaques dures ou de couloirs, ou d’accumulations ou près de rochers…etc
Pour limiter alors les conséquences d’un déclenchements éventuel dans ces zones , seul l’adaptation du comportement peut etre efficace: écartement des randonneurs,gestion du groupe…
bon ski à tous.

a bubu: tout à fait , je me « bat » avec les qote et autres …mais je me soigne…doucement :rolleyes: merci

merci à tous pour cette discussion! J’avais retenu d’un stage nivo le cas classique de faces planes se formant en début de saison dans la couche au contact du sol. J’ai maintenant compris qu’elles peuvent se former n’importe quand, du moment que les conditions sont réunies…(D’où ma question, Bill, suite à ton CR de la Combaz!) Par exemple en avril ou mai dernier, avec le retour de l’hiver, en avez vous trouvé??